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Le Plan B

Summary:

Averti de son funeste destin, Tom Jedusor décide de changer en tout point ses plans de domination du monde. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin alors qu'il est sûr de parvenir à faire plier le monde sorcier ? Il lui faudra juste de la patience, et un peu d'éducation.

Vingt ans plus tard, en 1966, Edward Lee, un adolescent fugueur au passif compliqué arrive à Poudlard. Il fait rapidement la rencontre de l'étrange professeur Jedusor et de ses deux enfants, Médusa et Salazar. Si Eddy a des choses à cacher, il semblerait que la famille Jedusor ait elle aussi de bien sombres secrets.

(Update toutes les semaines)
Crossposted sur ff

Notes:

Chapter 1: Prologue

Notes:

Bonjour à toutes et tous, merci d'avoir cliqué sur cette histoire, qui sera longue mais dont l'essentiel est déjà écrit. L'histoire se concentre sur les années soixantes avant l'ère des maraudeurs, quelques OCs sont donc prévus.

 

Disclaimer : Harry Potter appartient à JK Rowling.
Cette histoire contiendra des thèmes réservés à un public averti, rien d'explicite cependant.

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text


Prologue : Sang de mon sang.

 

Le sol n’était qu’un craquement sec et laborieux sous ses pieds. Les aiguilles de pins, les feuilles séchées à l’état de décomposition avancée s’effritaient sous ses talons. Quelques petits insectes à l’entente de ces craquements se terrèrent sous des souches mortes ou des pierres rendues brûlantes par le soleil.

 

Il le savait, il approchait. C’était presque comme un sixième sens pour lui, il pouvait sentir sa magie se tendre rien qu’à l’idée de se rapprocher de sa cible depuis plusieurs mois. Il avait écouté laborieusement l’apitoiement d’Helena Serdaigle et cette dernière avait été claire sur sa destination et sur le lieu où elle avait caché son précieux trésor.

 

Tom se saisit de la gourde en cuir attachée contre son flanc droit et y but à grandes goulées. L’eau tomba dans sa gorge sèche comme la crue d’une rivière. Il s’essuya la lèvre d’un revers de main, puis son front rendu moite par la transpiration. Le soleil et la chaleur de l’Albanie risquaient bien d’avoir raison de ses réserves lui qui avait été si longtemps habitué à la fraicheur de la Grande Bretagne.

 

Il inspecta la forêt desséchée autour de lui d’un œil fiévreux. Sous la fournaise de l’été, une brume de chaleur avait envahi les bois rendant indiscernable le chemin à prendre. Tom enleva sa robe de sorcier pour se retrouver en chemise et pantalon, il remit sa gourde contre son flanc et se remit à marcher. Il savait très exactement où aller désormais.

 

Au bout d’à peine quelques minutes, il arriva au niveau d’un tronc d’arbre et d’une vieille souche recouverte de feuilles mortes. Son cœur s’emballa d’excitation alors qu’il se mettait à genoux pour creuser au niveau du tronc d’arbre. En quelques secondes ses doigts entrèrent en contact avec une surface lisse et froide contrastant avec la fournaise des bois alentours. Il amena l’objet à ses yeux qui rougirent de plaisir. Le diadème de Rowena Serdaigle.

Enfin. Après tout ce temps il avait enfin trouvé la relique de la fondatrice de la maison Serdaigle. Avec le médaillon de Serpentard pendu à son cou et la Coupe d’Helga Poufsouffle cachée dans sa besace il avait trouvé trois reliques des fondateurs désormais. Tout à son enthousiasme, il ne sentit pas tout de suite que des yeux l’observaient dissimulés dans l’ombre et quand il le remarqua l’ombre avait déjà filé.

 

Tom pensa que c’était un animal un peu trop curieux, il inspecta la forêt du coin de l’œil les mains serrées sur sa précieuse trouvaille. Mais il n’y avait que lui semblait-il dans cette parcelle de la forêt, lui et quelques petits insectes en train de lentement cuire dans la brûlure de cet été caniculaire.

 

Il reporta son regard sur le saphir qu’un rayon de soleil entre l’enchevêtrement de feuillage faisait luire d’une lueur bleuté. Curieux, il rapprocha son regard du diadème.

 

Helena Serdaigle dans ses larmoiements de petite sotte lui avait confié les précieux attributs de cette relique pour elle même en avoir fait les frais. Le diadème montrait toujours le chemin le plus sage. Il suffisait de suivre le chemin tracé par le saphir lorsqu’on l’exposait à la lumière. La fille Serdaigle qui avait volé ce diadème à sa mère avait dû voir que le chemin le plus sage était de suivre bien gentiment le Baron Sanglant appelé à sa recherche, mais comme sottise rimait rarement avec sagesse elle n’en avait fait qu’à sa tête, avait caché le diadème, refusé de suivre le Baron et étaient tous les deux morts devant cette souche des siècles auparavant. La sagesse est rarement entendable, pourtant elle est souvent mère de sûreté. Ce fut pourquoi Tom exposa le joyau du diadème à la lumière avec un frémissement d’intérêt et d’inquiétude.

 

Devant lui serpenta une nuée bleuâtre entre les troncs morts qui s’enfonçait dans la brume de la forêt. Intrigué, Tom but une gorgée de sa gourde et commença à suivre la nuée. Elle semblait indiquer un chemin clair entre les branches cassées, les souches vermoulues et les pierres brûlantes recouvertes de mousses séchées jaunâtre. Et Tom ne voyait absolument pas en quoi ce chemin là était sage à part pour le perdre plus profondément dans l’épaisseur de la forêt. Il était arrivé dans un endroit plus touffu des bois, ici il la chaleur était à peine moins étouffante, les arbres étaient plus hauts et anciens, il s’était trop éloigné.

 

Alors qu’il s’apprêtait à faire demi tour et ranger le diadème dans sa besace pour ne plus jamais utiliser son pouvoir de sagesse complètement inutile selon lui, il fut détrompé par une masse sombre découpée par les troncs d’arbres. La lueur bleutée s’arrêtait pile en face de la masse sombre. En s’approchant, Tom remarqua qu’il s’agissait d’une carriole conduite par des sombrals.

Elle ressemblait aux carrioles des forains moldus de son enfance mais la présence de sombrals l’intrigua, c’était indubitablement une habitation sorcière. Près des sombrals justement, se trouvait une silhouette en train de brosser leur corps squelettique. La silhouette sembla le sentir car elle se retourna vivement vers lui. C’était une jeune femme au visage creux qui poussa un glapissement avant de disparaître entre deux troncs d’arbres.

 

À nouveau intrigué, Tom partit à la poursuite de la silhouette mais celle-ci semblait avoir disparu entre l’ombre de deux troncs. Alors qu’il contournait un des arbres, il sentit quelqu’un lui saisir violement l’arrière des cheveux et plaquer une lame froide contre sa gorge.

Un geste et tu es mort, siffla une voix éraillée de femme à son oreille.

 

Mis en joue, Tom se cramponna à sa baguette dans sa poche et au diadème dans son autre main. La fureur et l’intérêt se disputèrent la faveur dans sa tête. Il darda du coin de l’œil la personne qui le tenait cherchant à voir l’individu qui le mettait ainsi en joue. Son agresseur lui demanda quelque chose dans une langue que Tom ne comprit pas. Voyant son manque de réaction, elle réitéra dans une autre langue, puis enfin en anglais :

—Lâche ta baguette et le diadème… tu es anglais n’est-ce pas ?

 

Tom ne répondit rien, les mains encore fermement serrées sur ses biens qu’il ne comptait pas lâcher de sitôt. Devant lui, une ombre émergea de l’ombre d’un tronc noueux. C’était la jeune femme qu’il avait vue plus tôt et qui se découpait de l’ombre dont elle émergeait comme le bourgeon d’une étrange fleur.

 

C’était une grande fille sale, habillée de haillon au visage creusé et mat et aux longs cheveux emmêlés sous un foulard déchiré. Elle s’approcha pour se saisir de sa baguette et du diadème mais se figea en voyant le médaillon de Serpentard briller à son cou.

 

Mère, siffla-t-elle en fourchelangue. Il faut que vous veniez voir ça.

Surpris d’entendre le fourchelangue dans la bouche de cette femme, Tom décida de tirer avantage de la situation et siffla à son tour :

Je ne suis pas un ennemi.

 

Pas encore tout du moins, il avait trop d’intérêt envers ces deux individus perdues au milieu de la forêt albanaise parlant la langue de son ancêtre. Sa réponse surprit sa geôlière qui desserra sa prise et aussi leste qu’un serpent Tom se dégagea, se retourna et tint les deux femmes en joue, satisfait de les avoir enfin dans sa ligne de mire.

 

L’autre femme était âgée d’une soixantaine d’année quoi qu’il aurait été difficile de dire son âge tant elle était sale et couverte de loque, ses cheveux blancs étaient attachés en une natte folle recouverte de feuilles mortes. Elle sentait mauvais et ses longs ongles noircis de crasse tenaient fermement son coutelas comme arme de fortune devant elle. Pourtant, ses yeux rouges étaient baissés sur la poitrine de Tom où brillait le médaillon de Salazar. Quand elle reporta son regard sur son visage, ses yeux brillèrent d’une joie mauvaise et presque folle.

 

Un siffleur… Qui es-tu ? Quel est ton nom ?

Je crois que vous n’êtes plus en position de poser les questions, siffla en retour Tom d’une voix tranquille.

 

Pour autant, la vieille femme ne semblait nullement inquiète. Elle le regarda, puis sa fille qui ne bougeait pas telle une statue de sel.

—Tu es des nôtres, éclata-t-elle férocement. Tu es héritier de Salazar.

 

Ce fut comme un coup de massue pour Tom. Il avait jusque là pensé qu’il était le dernier héritier de Serpentard, c’était même une certitude à ses yeux. Il n’avait jamais trouvé d’autres héritiers que ce soit à Poudlard ou même en Angleterre, mais n’avait pas pensé un seul instant que son sang circulait à l’autre bout de l’Europe dans cette forêt brûlante et désolée. Cette pensée enflamma son esprit d’une rage puissante. La vieille femme se mit à faire les cents pas malgré la menace de la baguette de Tom et le regard de l’autre femme qui semblait perplexe.

—Vos noms, siffla-t-il, brûlant d’impatience.

 

La vieille sorcière daigna enfin arrêter ses cents pas et murmura d’une voix rocailleuse :

Murciella Gaunt, et elle c’est Méroé, rajouta-t-elle en montrant sa fille qui ne bougeait toujours pas.

 

Murciella Gaunt. Ce nom disait bien quelque chose à Tom. Quelques années auparavant après avoir tué son moldu de père il avait fouillé la masure crasseuse où se terrait son oncle. Parmi les breloques de magie noire et le salpêtre il y avait un arbre généalogique de leur famille. Marvolo Elvis Gaunt suivait de près le nom de Murciella Aphomia qui avait été barré. Tom avait jusque là pensé que c’était parce qu’elle était décédée, mais sa famille n’avait pas fini de livrer ses secrets, semblait-il. Cette femme qu’il avait devant lui était la petite sœur de Marvolo, par extension, donc sa grande tante et l’autre femme Méroé, une lointaine cousine. Assommé par ces révélations, il n’en desserra pas pour autant les dents.

 

—Et toi de qui es-tu le fils ? Morfin ou Mérope ?

—Mérope. Elle est morte, répondit-il d’une voix sèche en refusant d’en ajouter d’avantage.

 

La femme prit l’air peiné. Elle s’assit devant un reste de braise en pleine concentration. Elle tisonna du bout de son couteau des cendres encore vaguement chaudes et Tom remarqua quelque chose tatoué sur son avant bras maigre entre les déchirures de ses haillons.

—Navrée de l’apprendre, Mérope était une brave gamine. Pas très futée, mais brave. J’aurais voulu l’emmener avec moi quand je me suis enfuie, mais Marvolo ne me l’aurait jamais permis. Veux-tu t’asseoir sang de mon sang ? Je suis vieille et fatiguée, j’ai besoin de repos.

 

Indécis, Tom finit par obtempérer, s’asseyant sur une souche pourrie non loin du réchaud tandis que Méroé s’asseyait elle aussi avec des gestes fébriles. Elle semblait terrorisée sous la menace de sa baguette d’if en cherchant à se cacher derrière la barrière de ses cheveux noirs et sales tandis que Murciella semblait s’enfoncer d’avantage dans la folie. Il y avait des milliers de questions que Tom aurait voulu poser à cette femme, mais elle le prit de court :

—Et toi ? Ton nom ?

—Tom, finit-il par lâcher du bout des lèvres.

En répondant à cette femme, Tom sut qu’elle emporterait sa réponse dans la tombe quoi qu’il advienne, mais il avait encore trop de questions à poser. Méroé semblait vouloir disparaître derrière l’ombre rachitique de sa mère mais celle-ci lui gronda quelque chose dans un dialecte que Tom ne comprit pas. Ce n’était ni de l’anglais, ni du fourchelangue et encore moins de l’albanais. La jeune femme se leva lentement comme une proie face à un chasseur sous la menace de la baguette de son vis à vis.

—Veux-tu boire quelque chose sang de mon sang ? demanda la vieille Gaunt. S’il coule en toi le sang de ce moldu de Little Hangleton, je ne peux malgré tout refuser le gite et le couvert à un membre de ma famille.

 

Tom reporta son attention si brusquement sur Murciella que son cou craqua. Elle savait qui était son père. Méroé se carapata dans la roulotte et revint telle une ombre discrète pour apporter une carafe rouillée et couverte de calcaire qu’elle posa sur le réchaud. Murciella, indifférente souriait de toutes ses dents noirâtres.

 

—Tu lui ressembles énormément à ce moldu. Quand je suis partie, il n’avait que quinze ans, Mérope un peu moins. Elle était déjà transie d’amour pour lui, murmura-t-elle dans un mélange d’anglais et de fourchelangue.

—Pourquoi êtes-vous partie ? demanda finalement Tom d’une voix froide à sa grande tante.

—Pour rester avec Morfin et Marvolo ? Je vois la chevalière à ton doigt, tu sais qui ils étaient, tu as vu comment ils vivaient. J’espère bien qu’ils sont morts. Ils ont souillé l’honneur de notre noble sang dans la crasse.

 

Tom aurait pu pointer avec ironie que Murciella et sa souillon de fille n’avaient rien à envier à la crasse dans laquelle il avait rencontré Morfin, mais il se contint. L’œil de la vieille Gaunt dériva ensuite vers le diadème de Serdaigle encore dans son poing serré.

—Intéressant ce bijou de Serdaigle, n’est-ce pas ? Il semble t’avoir mené vers nous. Je l’ai découvert il y a presque vingt ans. À moi, il ne m’a montré aucun chemin.

—Comment ça ?

L’expression de Murciella changea pour un plissement disharmonieux de rides et de crasse mêlées. Ce devait être une expression supérieure ou du moins ce qu’il en restait derrière ce masque brunâtre de salpêtre.

—Parfois le chemin le plus sage, ce n’est pas d’avancer, c’est de rester sur place. J’étais curieuse de voir qui viendrait ensuite, alors j’ai remis le diadème à sa place et attendu. C’était une bonne décision. Latcho Drom.

 

La lueur de convoitise qui brillait dans son regard alors qu’elle était obnubilée par le médaillon de Serpentard et par la bague à son doigt ne trompait pas. Tom s’autorisa un rictus méprisant. La carafe entre eux siffla, Méroé se pencha vers elle et leur servit la contenance brunâtre dans des tasses ébréchées. Quand elle lui tendit la sienne, elle se cacha derrière son rideau de cheveux noirs craignant de croiser son regard.

 

La jeune femme ne pratiquait pas la magie dans ces gestes simples, pour autant il l’avait bien vu tout simplement disparaître dans l’ombre d’un tronc comme évaporée. Tom plissa les yeux et fit semblant de boire sa tasse.

 

—Comment avez-vous trouvé ce diadème ?

—Tu ne poses pas les bonnes questions, Tom Jedusor, répondit la vieille femme.

 

Agacé d’être infantilisé ainsi par cette femme, le bout de sa baguette d’if crépita. Méroé eut un mouvement de recul comme si on l’avait battue, tandis que la vieille Gaunt prit un air mauvais avant de consentir à lui donner une réponse :

—La question devrait plutôt être grâce à quoi j’ai trouvé ce diadème. Grâce à mon don. Celui que le sang des Serpentards m’a légué. Tu as aussi des dons toi aussi mon garçon, n’est-ce pas ? Des choses que les sorciers ordinaires ne peuvent pas faire.

 

Oui, le Fourchelangue, la Légilimancie et bien sûr une certaine habilité avec le feu. Mais ça, la vieille Gaunt n’avait pas à le savoir. Avec un hochement sec de tête, il l’invita à continuer.

—Je suis une Augure comme l’était ma mère avant moi. Capable de voir certaines choses si elles peuvent se retrouver sur mon chemin. Salazar cherchait la pureté du sang pour la communauté magique, mais pour les siens… les siens, il les voulait supérieurs aux autres. Et nous le sommes. Notre sang au cours des siècles a connu bien des sorciers et sorcières aux dons étranges que nous avons mélangés. J’ai vu ce qu’il adviendrait de mon frère et Morfin, à quel point il était misérable de rester avec eux qui n’avaient pas les dons. Je suis partie, et mon œil a vu le diadème sur mon chemin. Puis… enfin te voilà.

—Et elle ? Qu’est-elle ? demanda Tom en pointant Méroé qui se recroquevilla encore plus en dardant sur lui un regard farouche.

Cela ne te concerne pas, gadzo, marmonna Méroé en prenant pour la première fois la parole dans leur échange.

Elle disparut aussitôt derrière son enchevêtrement de nœuds crasseux alors que la poigne de sa mère s’abattait avec violence sur son épaule. Elle lui gronda quelque chose à nouveau dans cet idiome que Tom ne comprenait pas. Cela fit redoubler sa colère. D’un geste de baguette, il sépara les deux femmes, aucune des deux ne sortit une baguette pour se défendre. Elles étaient à sa merci. Sa main encore crispée sur le diadème de Serdaigle frémit.

—Si tu es Oracle ou Augure, reprit Tom d’une voix dédaigneuse. C’est bien tout ce que tu es, du reste tu es une cracmolle à moitié folle, comme ton engeance pouilleuse.

 

—Et ne voudrais-tu pas savoir ce que moi, je vois pour toi ? Si le diadème t’a mené jusqu’à nos poux c’est qu’il y a bien une raison, rétorqua Murciella d’un air grotesque.

 

Tom se dit qu’il allait la tuer dans l’instant. Il avait eu la réponse à ses questions, comme avec Morfin quelques années auparavant. Il n’aurait plus à supporter la vue de membres de sa famille aussi fous et misérables les uns que les autres. Il lui suffisait d’occire les deux femmes, leurs corps répugnants iraient nourrir les animaux de la forêt et il pourrait à loisir fouiller la roulotte pour voir s’il pouvait conserver quelque chose de valeur. Le meurtre de la vieille servirait pour créer son nouvel horcruxe, se dit-il, pour autant il hésita. Il avait toujours voulu tout maitriser et la possibilité de savoir son avenir l’excitait au plus au point. Depuis l’orphelinat il s’était toujours vu plus puissant et plus grand que les autres, ce qui était le cas au milieu de ces moldus. Son avenir devait en être de même, il serait immortel, puissant et règnerait sur le monde des sorciers, tel était son destin.

—Montre ce que tu as à montrer, Cracmolle.

—Tend ta main, sang de mon sang, répondit Murciella lentement.

 

Répugnant à toucher la femme crasseuse plus que de raison, il tendit une main hésitante vers la paume moite et sale de la sorcière qui avait lâché son coutelas. Quand leur paume entrèrent en contact ce fut comme si Tom avait reçu un jet d’eau glacé au milieu de la fournaise des bois. Il se sentit mis à nu, les yeux de Murciella Gaunt avaient arrêtés de briller d’une joie mauvaise, ils étaient au contraire troubles alors qu’elle enchainait d’une voix gutturale :

Tu as préparé si longtemps ta grandeur… tu la prépares encore… Le chemin que tu t’es choisi est dangereux, Lord Voldemort

 

Sa main frémit sur sa baguette. Méroé retint un glapissement et Murciella eut une sorte de rire rocailleux :

Lord Voldemort… oui tu voleras la Mort… Mais tu ne la vaincras pas ; dans ce chemin que tu t’es choisi tu perdras. Je peux te l’assurer. Tu auras la puissance, tu seras crains, mais… mais un garçon se mettra sur ta route. Il te vaincra. Dans ce chemin-là de l’immortalité tu perdras à coup sûr Tom Elvis Jedusor. Telle est ma prédiction.

—Tu mens, misérable vieillarde !

Murciella eut un rire fou, Tom saisit brutalement sa main et empoigna la racine de ses cheveux comme elle même l’avait fait avec lui plus tôt et plongea son regard dans le sien. De là, avec ses pouvoirs de legilimens, et avec violence il s’imposa dans son esprit. Il y lut alors ce que cette vieille folle avait vu, s’entortillant plus profondément dans les méandres de son esprit. Quand il la relâcha ce fut avec douleur, le coutelas s’était profondément enfoncé dans son épaule par Murciella.

 

Après l’avoir poignardé, Murciella cria quelque chose dans son étrange idiome à Méroé cherchant à lui arracher le médaillon de Serpentard. Ce fut comme un détonateur pour lui, il jeta un maléfice à la jeune femme qui fonçait comme une furie vers la roulotte, s’arracha le coutelas et poignarda Gaunt en plein cœur.

 

La vieille femme cracha du sang sur lui, suffoquée par la douleur. Pour autant, Tom ne la lâchait pas du regard, il y avait dans ses yeux gris terne une certitude violente et inébranlable. Elle avait dit la vérité, il l’avait vu lui aussi. Il s’était vu perdre.

 

Dans un gargouillis guttural de sang et de douleur mêlée, Murciella susurra quelque chose une dernière fois dans son étrange langage et sa misérable vie prit fin. Tom porta son regard vers la roulotte où sa cousine se trouvait quelques instants plus tôt. Elle s’échinait fébrilement à détacher les deux sombrals du reste de la roulotte tout en tenant entre ses bras un lourd volume au cuir noir. Quand elle s’aperçut qu’il s’était relevé et que sa génitrice était morte, elle eut un glapissement d’horreur. Elle abandonna les sombrals et s’enfuît entre les arbres avec le lourd volume sous les bras. Écumant de rage et de douleur Tom jeta un maléfice entre les arbres qui ne l’atteignit pas car elle avait à nouveau disparu. Dans un beuglement sourd de colère sa magie s’enflamma avec lui, et il carbonisa d’un geste de la main les arbres alentours alors que le soleil entamait sa descente derrière lui. D’un autre mouvement de poignet, d’autres arbres prirent feu. Avec la sècheresse ambiante, le brasier s’emballa rapidement comme si on avait jeté un Feudeymon dans les bois.

Tom, malgré la douleur eut la satisfaction de voir émerger la silhouette de sa proie entre deux bosquets enflammés, sa robe brûlée. Alors qu’elle tentait de se dégager de la prise brûlante, il lui jeta un maléfice qui la maintint au sol.

 

Indifférent au brasier autour de lui, aux sombrals qui s’envolaient rendus fous de panique sans la carriole avec eux, et à sa propre douleur à l’épaule,  il se pencha vers la souillon tétanisée de terreur devant lui. Ses grands yeux sombres n’étaient que deux petits points d’horreur dans lesquels se reflétaient les flammes.

—Tu as besoin d’une ombre pour disparaître, siffla Tom en fourchelangue. Je ne laisserai pas la moindre ombre dans cette forêt, crois-moi. Maintenant qu’est-ce que tu es ? Parle ou tu rejoindras ta cinglée de mère par les flammes !

 

Méroé toussa, cherchant à respirer autre chose que la fumée toxique du brasier et répondit d’une voix lente et farouche :

—Lis ce livre… Et tu le sauras.

 

Elle tenait si fermement serré contre elle l’ouvrage qu’il fallut à Tom presque lui arracher des mains. En lisant le titre du vieux manuscrit, son sang ne fit qu’un tour. En lettres d’argents cerclées d’or, Le Codex de Serpentard était nommé. Son cœur s’emballa puissamment dans sa poitrine, ce n’était plus de la rage, mais une profonde excitation envers cet ouvrage inconnu. Dévoré par la curiosité et n’y tenant plus, il stupéfixia la femme.

 

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—Lave-toi, siffla Tom quand Méroé émergea.

Elle regardait confusément la tente où elle se trouvait, cette tente misérable qui l’abritait depuis le début de son voyage et qui lui avait coûté pas moins de la moitié de son dernier salaire de vendeur chez Barjow et Beurk. Au centre de la tente il y avait une cuvette remplie d’eau, une robe volée sur le fil à tendoir de paysans moldus mais surtout des bougies absolument partout. Tom en avait invoqué jusqu’à ce que sa tente soit iridescente et donc impossible pour la femme de s’échapper. Elle semblait avoir compris ce fait à la façon dont elle lorgnait les lieux d’un air inquiet.

—Je t’ai demandé de faire quelque chose, fais-le, ordonna Tom d’une voix sèche envers sa cousine en la menaçant de la baguette. Tu es crasseuse et me répugnes.

 

Elle baissa les yeux et s’exécuta fébrilement, Tom était devant l’entrée de la tente, assis sur un fauteuil abîmé par les années, lisant le Codex de Serpentard. Il ne jeta pas un regard sur la nudité de la femme, trop occupé à déchiffrer les notes de son ancêtre. Ou plutôt de ses ancêtres, car à l’intérieur de ces pages jaunies il y avait les notes de tous les Serpentards nés et morts avant lui, tant de sortilèges, d’incantations et de notes sur les membres de sa famille que cet objet aurait eu sa place dans un musée. Murciella avait emporté avec elle ce précieux trésor en jugeant indigne Morfin et Marvolo de le posséder sans parvenir à mettre la main sur le médaillon et la bague avant son départ.

 

Ces trois objets étaient désormais en son unique possession, songea Tom d’une joie mauvaise. Il continua sa lecture ainsi pendant plusieurs minutes, perdu dans les notes de ses aïeuls. Arrivé aux dernières pages, de curieuses informations étaient notées, et ça, Tom les lut avec avidité.

Il releva les yeux. Méroé Gaunt avait fini sa toilette et était habillée de la robe qu’il avait chapardée en revenant vers sa tente.

Elle n’était plus couverte de crasse, ses cheveux noirs et mouillés lui tombant au creux des reins, son visage débarrassé de saleté était un peu moins miséreux qu’il y paraissait avec son long nez droit et ses pommettes hautes. Tom réalisa qu’elle était à peine plus âgée que lui. Elle dardait sur lui des yeux noirs inquisiteurs et soumis. Cela renforça la satisfaction de Tom, il était le plus fort, et ça ils le savaient tous les deux.

Elle attendait donc qu’il décide de son sort avec la même soumission qu’elle avait eut toute sa vie avec sa pouilleuse de mère.

 

Tom arracha les dernières pages du Codex de Serpentard, les glissa dans la poche de sa robe de sorcier et se releva indifférent à la douleur de son épaule tous juste soignée. Il avisa le diadème de Serdaigle luisant à la lueur des bougies. Cette journée avait été une des plus intéressante qu’il ait vécu et c’était peu de le dire. La sagesse du diadème avait eut raison sur bien des points et l’avait éloigné d’un chemin où il se serait perdu. Les révélations de l’Augure Gaunt encore dans son esprit tout comme les informations du Codex, Tom réalisa qu’il n’existait pas qu’une seule voie pour le pouvoir et la vie éternelle. Il y avait de nombreuses voies qu’il n’aurait jamais songé à emprunter persuadé que ses horcruxes auraient raison de la Mort.

 

Mais maintenant, en regardant Méroé Gaunt, illuminé à la lueur des bougies comme un spectre de fortune, il lui vint à l’esprit un autre plan. Un plan b. Quelque chose auquel il avait déjà pensé par le passé et qui venait d’être confirmé par ses ancêtres.

 

—Aimais-tu ta condition de vie, cracmolle ? demanda Tom d’une voix mauvaise en fourchelangue.

—Non, répondit-elle dans le même idiome sans l’ombre d’une hésitation. Je détestais cette caravane et cette forêt.

—Je peux t’offrir autre chose.

Il s’était arrêté devant elle. Ils faisaient presque la même taille tous les deux. Tom saisit ce visage maigre et inquiet et l’inspecta. Elle aurait pu être qualifiée de jolie si elle n’avait eut ses traits trop creusés, ces yeux trop enfoncés dans leur orbite et ces lèvres trop fines. Pour autant, Tom jugea que cela ferait l’affaire pour ce qu’il avait prévu.

 

—J’ai grandi dans une misère semblable à la tienne, se confia-t-il sur un ton doucereux pour lui inspirer confiance. Le sang de Salazar Serpentard a trop longtemps côtoyé le salpêtre. Tu n’es pas d’accord chère cousine ?

Elle hocha lentement la tête, cherchant à savoir où il voulait en venir. Il lui tendit nonchalamment la main.

 

—Ensembles nous pouvons faire de grandes choses. Ensembles plus jamais notre sang ne subira pareil affront. Me suis-tu ?

Il la vit cette petite étincelle qui faisait s’enflammer le regard de ses camarades à Poudlard, il suffisait de quelques phrases et tous étaient prêts à l’écouter. Méroé n’échappait pas à la règle. Elle lui saisit la main.

 

 

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Notes:

Après le deuxième chapitre nous nous retrouverons la semaine prochaine pour la suite ! Un update toutes les semaines est prévu.
À bientôt :)