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Possession, Pénitence, Passion & Amants

Summary:

Quand le ménestrel charismatique est possédé par la Sorcière des Bois, les villageois tout comme les moines veulent le voir brûler sur le bûcher. Seul le Frère Sebastian est convaincu qu'il peut récupérer cette âme perdue.

Mais cela va nécessiter certaines méthodes peu orthodoxes.

Basé sur "Witchface" Ches et "The Gallbladder Burst" Glam.

Chapter 1: Possession

Summary:

Les yeux de Ches étaient le plus grand rappel de son humanité perdue.

D’un noir profond comme ceux d’un prédateur, ils étaient dépourvus de toute émotion, excepté de la haine pure. De la haine contre le monde, la lumière et tout ce que Dieu représentait. Regarder dans ces profondeurs d’encre, c’était entrevoir l’Enfer lui-même, faisant se reculer de peur tous ceux qui les voyaient.

Tous sauf Sebastian.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

 

“Frère Sebastian !” La voix résonna à travers le jardin détrempé comme un grondement de tonnerre. “Au nom de tout ce qui est bon et sacré, que pensez-vous être en train de faire ?”

Sebastian leva les yeux pour trouver le Prieur Roft se tenant devant la porte du monastère. Les bras croisés au-dessus de sa robe noire et le visage tordu en un rictus, il n’avait pas l’air ravi. Cela dit, le vieil homme avait rarement l’air ravi.

C’est bien ma chance , Sebastian soupira intérieurement. Tout en collant un sourire sur son visage pour cacher sa grimace, il continua son chemin sur le sentier boueux qui le ramenait du village. 

La réprimande du Prieur Roft avait déjà attiré l’attention des moines alentour. Ceux qui s’occupaient du jardin d’herbes aromatiques ou qui rassemblaient le bétail levèrent les yeux de leurs tâches pour observer. Peut-être qu’ils aimaient voir l’assistant prieur honoraire être discipliné pour une transgression de plus.

Ou peut-être qu’ils ne pouvaient détourner le regard de la créature impie qui le suivait… attachée à une chaîne.

“Frère Roft.” Sebastian fit une révérence respectueuse, retirant sa propre capuche sombre et révélant un halo de cheveux blonds qui brillaient sous le ciel maussade de la fin de printemps. “Mais, j’offrais seulement les grâces aux villageois. Leurs âmes doivent être purifiées à temps pour-”

“J’ai conscience de vos devoirs, Frère Sebastian.” Roft leva son nez crochu en l’air. “Ce que je trouve discutable, c’est votre décision d’amener cet animal avec vous.”

Ne portant rien d’autre qu’un collier et une muselière, il était facile de prendre l’homme qui suivait Sebastian pour une bête. 

Avec ses cheveux non lavés et sa peau bronzée éclaboussée de boue, il y avait une sauvagerie troublante à son propos. Il se penchait plutôt que se tenait debout, alternant entre ramper à quatre pattes et chanceler maladroitement sur deux jambes. Ses dents du bonheur apparaissaient depuis les barreaux de la muselière à chaque fois qu’il grognait, et ses doigts recourbés se finissaient par des serres.

Mais c’était ses yeux qui étaient le plus grand rappel de son humanité perdue.

D’un noir profond comme ceux d’un prédateur, ils étaient dépourvus de toute émotion, excepté de la haine pure. De la haine contre le monde, la lumière et tout ce que Dieu représentait. Regarder dans ces profondeurs d’encre, c’était entrevoir l’Enfer lui-même, faisant se reculer de peur tous ceux qui les voyaient.

Tous sauf Sebastian.

“Son nom est Ches.” Il corrigea Roft pour ce qui devait être la centième fois, tenant fermement la laisse de Ches. “Je pensais que lui faire observer la volonté du Seigneur à l’oeuvre pourrait lui faire un peu de bien. Dans le cadre de sa réhabilitation.”

Il choisit d’omettre le détail concernant le fait que Ches claquait toujours les dents dès que quelqu’un s’approchait trop près, faisant fuir les paysans. Ou le fait qu’il le trouvait souvent en train de tirer obstinément sur le bout de sa chaîne, ces yeux invisibles fixés sur la forêt, là où elle l’appelait à revenir.

“En ce qui me concerne, le païen a perdu son nom le jour où il a égaré son âme chez la sorcière.” Renifla Roft, ignorant ostensiblement la tentative de Sebastian d’ajouter de la légitimité à sa cause. “Il devrait être enfermé dans la cabane là où il ne peut faire de mal à personne.”

Les moines auraient aussitôt écorché Ches plutôt que de lui offrir l’asile, Sebastian le savait. Il était hors de question qu’il les laissent le prendre en charge.

“Le fer scelle la sorcière.” Expliqua calmement Sebastian en faisant un geste en direction de la muselière. “Il ne représente aucune menace sérieuse.”

Mais Roft n’avait pas terminé sa liste de doléances. “Quel genre de message l’Église envoie-t-elle aux villageois quand un homme de Dieu s’associe avec un serviteur de Satan ? Surtout un qui se conduit de façon si…” Son regard noir s’accentua quand Ches s’accroupit, leva une jambe, et se soulagea juste au milieu du chemin. “Indécente.”

“Avec tout le respect que je vous dois, Frère Roft,” Intervint Sebastian, essayant de cacher la scène derrière ses bras tendus. “Le malheur de Ches sert d’avertissement pour tous ceux qui s’éloignent du chemin de Dieu. Il n’était peut-être pas le disciple de Dieu le plus pieux, mais il reste un Chrétien.” Il fit un haussement d’épaules innocent. “Et hélas, rien ne peut être fait à propos de son manque de décence. Ches déchire chaque robe que nous lui donnons. Au moins cela évite à vos caisses le poids de devoir fournir plus de remplacements.”

“Très bien. Tu exposes là un argument sensé.” Concéda le prieur conscient de son argent, son expression s’adoucissant légèrement. “Il est bon de savoir qu’en tant qu’assistant prieur, tu as encore le bon sens de savoir ce dont ce monastère a vraiment besoin. Maintenant éloigne le. Je ne veux pas qu’il cause plus de désordre que ce qui a déjà été fait. Ou tu devras en porter la responsabilité.” Il écarta les plis de sa robe pour révéler le fouet accroché à sa ceinture en un avertissement silencieux.

Les neufs noeuds à l’air menaçant au bout des neufs cordes en cuir ramenèrent Sebastian à ses années en tant que novice. Là où il y avait eu trop de règles à suivre et beaucoup à enfreindre. Sa chair le démangea avec leur morsure fantôme.

Tu n’es plus un enfant , se rappela-t-il, réprimant l’envie irrépressible de frissonner. Il ne peut pas te faire de mal maintenant .

À haute voix, il répondit gaiement. “Bien sûr, Frère Roft. Il n’y a aucune raison de s’inquiéter.” Concernant Ches, il tira brusquement sur la chaîne avec un sec, “Avance, Ches.” Lui faisant perdre son équilibre pendant qu’il grattait un endroit derrière son oreille avec un pied. “Prions pour ton salut avant les vêpres.”

La tête baissée, il marmonna un “au revoir” poli et se précipita dans la sécurité relative du monastère. 

Les murs de pierre oppressants bloquaient le moindre rayon de soleil, et les chandeliers muraux vacillants ne faisaient pas grand-chose pour améliorer l’humeur maussade de Sebastian.

Ce bâtiment a été érigé il y a plus de 100 ans, un témoignage de la dévotion de leur ordre envers Dieu, ce que l’abbé aimait bien leur rappeler. Génération après génération, des hommes de foi avaient marché dans ces mêmes cloîtres. Les mêmes dalles sous ses pieds avaient été frottées, avaient été rendues propres et lisses par tant de personnes avant lui. Les mêmes murs, rendus noirs par des siècles de cendre.

La tradition avait été construite dans la maçonnerie même, donnant au monastère un air d’intemporalité où rien ne changeait. Rien ne devait changer.

Les autres moines avaient peut-être trouvé du réconfort dans la familiarité durable, mais malgré ses efforts, Sebastian ne pouvait pas écouter la tentation de la sécurité et de promesses vieillissantes que cette répétitivité murmurait.

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, le monastère l’avait hébergé, et pourtant ce n’était pas une maison. Pas avec sa stagnation et sa routine étouffante. Il l’avait dépassé comme une vieille paire de chaussures, chaque jour passé ici intensifiant le vide qui s’ouvrait en lui.

Maintenant, son âme désirait quelque chose… de plus. Quelque chose qu’il n’osait pas nommer. 

Il serra la simple croix d’argent accrochée autour de son cou, jetant un regard à Ches et se rappelant du jour où il était entré en sa possession pour la première fois.

Les serres cliquetant sur la pierre, Ches avait un flanc pressé contre le mur tandis qu’il trottait après Sebastian, le visage muselé gardé près du sol, là où les ombres étaient les plus profondes. Quelque chose dans l’influence de la sorcière lui faisait mépriser la lumière, comme un vampire dans une légende. Peut-être qu’il était vraiment une créature de la nuit.

Ou peut-être qu’il ne pouvait pas supporter cet endroit sacré.

“Toi et moi. Tous les deux.” marmonna Sebastian en souriant tristement.

“Toi et qui d’autre exactement ?” La voix grondante fit s’arrêter Sebastian net, et il laissa échapper une exclamation de surprise peu digne en trébuchant en arrière, le bras levé automatiquement.

“Père !” Il regarda bouche bée l’homme plus grand qui s’était matérialisé devant lui depuis les ténèbres. 

Les flammes d’une torche vacillante déformaient le visage froid de l’Abbé Gustav en un masque de jubilation démoniaque tandis qu’il dévisageait Sebastian avec un regard glacial.

Rattrapant son erreur, il inclina la tête en avant. “Je veux dire, toutes mes excuses, Père Gustav. Je ne vous avais pas vu.”

“À l’évidence non.” grommela-t-il. “Et avec qui étais-tu en train de parler Frère Sebastian ?”

“P-personne, Père.” Sebastian tint la chaîne plus près, voulant que Ches se comporte bien- juste pour cette fois .

Ces yeux bleus se plissèrent quand Gustav passa rapidement son regard sur Ches en fronçant les sourcils. “Tu t’occupes de ta pupille, je présume ?”

“Oui, Père. Avec la bonne grâce de Dieu, il a fait des progrès remarquables.” Il sourit, essayant de se convaincre lui-même tout autant que l’abbé.

“La bonne grâce de Dieu ?” se moqua Gustav. Croisant ses mains derrière son dos, la croix dorée et ornée sur son torse brillait sous la lumière de la torche. Avec sa robe blanche luxueuse et sa taille impressionnante, il surpassait Sebastian comme l’archange Lucifer en personne. “La seule grâce que la créature a reçue est celle que je lui ai accordée. Je n’ai pas besoin de te rappeler que tu es la seule chose qui se trouve entre cette créature du démon et les flammes .”

À ses pieds, Ches était assis avec les poils hérissés, observant l’échange mais ne donnant aucune indication qu’il en comprenait le moindre mot. Le langage humain était peut-être au-delà de ses capacités, mais même la plus simple créature de Dieu pouvait sentir une menace, et il fit un grognement bas en signe d’avertissement.

“Votre tolérance est fortement appréciée, Père.” Sebastian parla au-dessus du grognement en espérant que sa voix résonnait avec une reconnaissance qui semblait sincère. “Je suis convaincu qu’avec un peu plus de temps, je pourrai ramener cette brebis égarée dans notre troupeau.”

“Si cela avait été fait à ma façon, il aurait déjà été brûlé au bûcher il y a des semaines. Son existence même est une offense à Dieu. Une abomination.”

“Il n’est pas une-”

“Tu oublies ta place, mon garçon.” Le coupa brusquement Gustav. “As-tu aussi oublié qui t’as recueilli quand tu as été laissé sur le pas de notre porte ?”

Bien sûr, la question était rhétorique, et Sebastian tint sa langue comme ce qui était attendu de sa part. Il avait déjà entendu l’histoire un million de fois. Mais c’était une des préférées de Gustav, et il savait qu’il ne devait pas oser interrompre. Il baissa consciencieusement la tête, cédant à son supérieur et le laissant réciter l’histoire comme l’un de ses sermons du dimanche.

“Un bébé sans défense, abandonné par ta propre mère.” Gustav exprima sa désapprobation en secouant la tête. “Tu serais mort si tu avais été laissé à la merci des éléments. Mais je t’ai accueilli. Nourri. Habillé. T’ai placé sur le droit chemin après la misère de laquelle tu venais. Et pourtant, c’est comme cela que tu choisis de me remercier ? En déshonorant l’Église, en me déshonorant ? En gaspillant ton temps avec le réceptacle d’une sorcière ?” Le dernier mot siffla aux oreilles de Sebastian, envoyant un frisson le long de sa colonne vertébrale. “Ta volonté est aussi faible que celle de ta mère.”

Rassemblant son courage, Sebastian rejeta ses épaules en arrière. “La Sorcière des Bois possède peut-être déjà l’esprit de Ches, Père, mais elle n’a pas encore son âme.” Il leva les yeux, même pendant que le reste de son corps se tassait sous la peur. “Je parviens à l’atteindre.”

Gustav haussa un sourcil interrogateur. “Et je te prierais de me dire, mon fils, comment es-tu parvenu à le faire ?”

Un rougissement soudain brûla les joues de Sebastian. “Je-c’est… C’est difficile à expliquer.” Une piètre réponse, mais certaines choses ne pouvaient être reconnues à voix haute.

L’abbé soupira. “Aussi nobles que puissent être tes intentions, ma patience n’est pas sans limites. Si je ne vois pas de progrès prochainement, la créature sera placée sous ma garde. Et je m’assurerai qu’on s’en débarrasse correctement.” Il était en train de passer son regard sur Ches avec un dédain évident, quand quelque chose changea dans son expression.

Sebastian suivit son regard. Et avala presque sa langue.

Une fine volute de ténèbres serpentait depuis la base du dos de Ches - les contours d’une queue.

Baissant la tête, Sebastian murmura la courte incantation qui cacherait ces ténèbres non désirées : “Absconde ab oculis.”

En un clin d’oeil, la volute disparut, et l’esprit de Gustav l’oublia comme si elle n’avait jamais existé. Il secoua la tête et fixa son regard noir sur Sebastian. “En attendant, veille à ce que ton petit animal se tienne à carreaux.”

Avec cela, il se tourna et s’en alla, sa robe voletant derrière lui pendant qu’il disparaissait le long du couloir.

Sebastian le regarda partir avec la tête baissée jusqu’à ce qu’il soit hors de vue. “Oui, Père.” murmura-t-il, ses mots aussi vides que le couloir dans lequel ils résonnaient. Son poing trembla autour de la chaîne de Ches.

Père…

L’ironie du titre honorifique ne lui échappa pas. Il y en avait beaucoup au sein de l’ordre qui soupçonnaient qu’il était le fils illégitime de Gustav. Étant donné la similarité de leurs traits - avec leurs cheveux dorés immaculés, les mâchoires carrées semblables, et les yeux bleus glaciaux - ce n’était pas difficile à croire. Bien sûr, les hommes d’église juraient un voeu de célibat, mais les maîtresses et les bâtards étaient un secret de Polichinelle au sein de l’Église. L’abbé, qui s’éxonérait ouvertement des restrictions austères de la vie monastique, n’était sûrement pas une exception.

Sebastian n’osait pas aborder le sujet directement avec Gustav, mais il ne cessait jamais de se poser des questions sur la femme qui l’avait mis au monde.

Il refusait de croire qu’elle l’avait volontairement abandonné, comme le disait Gustav. Les détails de sa vie étaient aussi mystérieux que les circonstances de sa mort prématurée, et tout ce qu’avait Sebastian pour se souvenir d’elle était le seul souvenir qu’elle lui avait laissé : un chapelet de perles dorées qu’il portait sous sa robe.

Tout ce qu’il savait d’elle, c’était son nom. C’était poétique, d’une certaine façon, qu’il doive involontairement prier sa propre mère à chaque fois qu’il récitait l’Ave Maria.

Des petits coups persistants à ses côtés le sortirent de ses souvenirs, et il baissa le regard pour trouver Ches replié sur lui-même avec la tête entre ses jambes - essayant désespérément de lécher ses propres parties génitales.

“De tout ce qui est dégoûtant-!” Sebastian eut un mouvement de recul, poussant un cri de dégoût. “Pourquoi dois-tu toujours être comme ça ?” Il partit en trombe, traînant derrière lui un Ches confus en direction de sa chambre à coucher. Il respira sereinement seulement quand ils furent à l’intérieur.

Verrouillant la porte derrière eux, il s’avachit contre celle-ci avec un soupir pendant que Ches gambadait à l’intérieur. Au moment où il avait passé le seuil, le sort de Dissimulation s’était levé, et sa queue réapparut derrière lui. C’était un fouet semblable à un serpent, avec un bout en pique qui fouettait l’air d’avant en arrière de façon animée - transmettant tout, de l’agitation à la curiosité, dépendant de son humeur.

Depuis sa possession, l’esprit de Ches avait été réduit à celui d’un animal. Mais la familiarité avait fini par avoir un effet sur son esprit diminué, et il paradait dans la chambre à coucher de Sebastian comme si elle était à lui. Reniflant par-ci et donnant un petit coup par-là, il explora les mêmes dix mètres carrés encore et encore avec la ténacité d’un chiot curieux.

Mais la pièce peu meublée n’offrait pas grand-chose en termes de nouvelles découvertes. Il y avait seulement son matelas de paille surmonté de draps en lin fin, une bassine fissurée, et une chaise avec sa Bible posée dessus. Un luth, qui avait aussi été précédemment dissimulé, apparut près de la cheminée.

Sebastian lança un regard noir aux ambres mourantes à l’intérieur du foyer. “On s’en est vraiment sorti de peu, Ches.” réprimanda-t-il à voix haute, pendant qu’il traversait les joncs séchés pour raviver les flammes en un brasier vif. “Tu sais ce que Père Gustav aurait fait s’il avait vu ? C’est comme si tu essayais de m’attirer des ennuis.” marmonna-t-il. Il fouilla dans la cheminée avec le tisonnier, évacuant sa frustration sur les bûches qui se consumaient. “Tu réalises qu’ils veulent t’envoyer sur le bûcher. Et laisser tes envies te submerger comme cela-” il plissa le nez, apercevant le sexe enflé de Ches qui dodelinait de façon obcène entre ses cuisses pendant qu’il faisait des allers retours. “-n’arrange pas mon cas. Comme si je n’avais pas déjà assez de choses dont je dois m’occuper.”

Le luth ne fut pas la seule chose qui fut libérée du sort. Les ongles de Sebastian se révélèrent être de longues serres noires : la toute dernière d’une série de transformations subtiles contre lesquelles il avait lutté une bonne partie de la semaine. Comme la queue de Ches, ils étaient gardés dissimulés quand ils étaient à l’extérieur de sa chambre. Et comme la queue de Ches, ils étaient des rappels physiques de ses propres batifolages sordides avec le Diable.

Car si Dieu avait fait l’homme à son image, apparemment le Diable en avait fait de même.

Le pénis laissant toujours échapper du liquide pré-séminal sur les joncs, Ches s’était résolu à se frotter contre tout ce qu’il voyait à la recherche d’un peu de soulagement. Mais il rencontra peu de succès. Ça semblait douloureux, et Sebastian émit un sifflement compatissant.

“Et en parlant de choses dont on doit s’occuper…” Il essuya ses mains sur sa robe et s’agenouilla au coin du foyer. Il passa ses doigts le long des bords des dalles jusqu’à ce qu’il trouve celle qu’il cherchait, il l’arracha. Elle céda, révélant un renfoncement secret creusé dans la terre compacte. De l’intérieur, il en sortit un gros livre relié de cuir. “Maintenant, il est temps de s’occuper de toi.”

Il plaça une main sur sa couverture, retraçant les mots en feuilles d’or, Triginta Septem . Même réciter le titre en silence envoya une rafale de vent invisible à travers la cheminée, faisant vaciller les voiles oranges et se hérisser les poils sur les bras de Sebastian.

Ches s’était immobilisé pendant qu’il regardait Sebastian ouvrir le grimoire à la page requise. Il devenait toujours comme ça dès qu’il manipulait le livre. Le dos droit et le regard alerte, similaire à la façon dont il regardait la forêt de laquelle il venait, comme s’il entendait un sifflement aigu uniquement fait pour ses oreilles ensorcelées.

Contenant des sorts d’utilité et d'invocation, des malédictions et des rituels, le livre était un ouvrage des ténèbres, écrit par un fidèle de Satan dans un passé lointain et obscur. Il transmettait au lecteur la connaissance de 37 divinités de la cour du démon - chacun étant censé accorder à l’homme des richesses au-delà de l’imagination - donc, il était écrit dans la même langue ancienne que celle du maître de Ches.

Trouvé profondément au sein des archives du monastère et oublié par le temps, Sebastian était tombé dessus par accident. À l’origine, il avait essayé d’en découvrir plus sur sa mère, quand ses doigts frôlèrent son dos. Il avait frissonné.

Au début, il avait essayé de résister à son appel, tout ce qu’il avait appris par l’Église lui disant de l’ignorer. Mais la part secrète de lui qui désirait quelque chose de plus lui ordonnait de le prendre, d’étudier ses pages de près, et d’absorber sa sagesse.

Prenant une longue inspiration pour se concentrer, il fouilla à l’intérieur en quête de la magick .

Elle gargouilla loin en dessous de la surface, une source de pouvoir insondable qui était plus vieille que la terre, encore plus vieille que les étoiles. Avec rien de plus qu’un dessein précis, il pouvait y puiser des ressources comme un homme tirait de l’eau d’un puits. La magick étanchait une soif qu’il ignorait posséder mais qui, après réflexion, avait toujours été là.

⋅À un niveau conscient, Sebastian savait que c’était un sacrilège de s’essayer à la magie démoniaque. Il serait traîné et écartelé par l’Église s’il était découvert. Mais c’était tellement bon d’utiliser la magick - la sensation semblable à celle d’être accueilli à la maison par des bras aimants - Il ne pouvait pas voir cela comme quelque chose de mal .

Maintenant, les sorts simples était comme une seconde nature pour lui, bien qu’instables, mais tout ce qui était un peu plus complexe nécessitait l’aide du grimoire. 

Le pouvoir s’écoula à travers les pages et dans sa main en suspens au-dessus de celles-ci, rencontrant la magick à l’intérieur de lui - deux royaumes disparates trouvant un endroit commun au milieu. Là où des étincelles volaient.

“Capto membra.” souffla-t-il.

À son commandement, des vignes de fumée noire se déployèrent de sa main tendue, serpentant dans l’air vers Ches. Toujours fasciné par la présence de magick concentrée, son visage était relâché et son corps ne réagissait pas pendant que la fumée encerclait ses poignets et ses chevilles. Elles bloquèrent ses membres plus efficacement que n’importe quelle chaîne.

Plaçant le livre sur le côté, Sebastian s’accroupit devant lui et regarda dans ses yeux vides. “C’est mieux. Pas besoin de rendre ça plus difficile que ça ne l’est déjà.” Il murmura une prière de courage silencieuse… puis prit l’érection de Ches dans sa paume.

Ches fut brusquement sorti de sa fugue au contact, les yeux s’écarquillant soudainement sous la panique et la rage. Il haletait tandis qu’il luttait, claquant ses dents muselées vers la gorge de Sebastian, mais il pouvait seulement bouger la tête de quelques centimètres, et ses grognements se mélangèrent à des gémissements frustrés.

“Allons, ne fais pas comme si tu n’aimais pas ça. Nous savons tous les deux que c’est pour ton propre bien.” Sebastian gardait ses yeux sur le mur au-dessus de l’épaule de Ches pendant que sa main s’affairait sur sa queue, serrant la hampe de chair de haut en bas, de la façon qu’il savait être la plus efficace. “Ou préférerais tu retourner aux techniques de saignées de Frère Hans ?”

Bien sûr, c’était une menace en l’air. Il tremblait encore en pensant à quel point ils avaient fait saigner Ches durant les premiers jours de sa captivité.

Les frères suivaient simplement les méthodes qui avaient fait leurs preuves ; tout le monde savait que la force de vie de quelqu’un résidait dans les quatre humeurs du corps : le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire. Les saignées étaient censées restaurer l’équilibre dans les tempéraments de Ches et le guérir de son affliction.

Mais les vieilles méthodes n’étaient pas adaptées pour la sorcière qui le possédait.

La queue de Ches fouettait l’air sauvagement, les mains se recourbant en griffes tandis qu’il luttait contre ses restrictions. Le sort de Maintien diminuait déjà à cause de la rupture dans la concentration de Sebastian. Avant que Ches ne puisse complètement se libérer du sort, il le plaqua contre le sol avec force, une main agrippant sa muselière, pendant que l’autre continuait à le masturber avec vigueur.

Maîtrisé mais pas encore prêt à abandonner, Ches continuait à se débattre sous lui, sa volonté de résister s’affrontant avec l’instinct sexuel. Le résultat final était une agitation maladroite, les hanches se ruant pendant que ses serres laissaient de longues entailles dans les dalles déjà sillonnées par des marques de griffes. Pressés aussi près l’un de l’autre, une jambe était calée au-dessus de l’épaule de Sebastian, mais il parvint à donner un coup de pied à l’arrière de ses côtes.

“Personne n’a envisagé qu’il puisse y avoir une cinquième humeur.” Souffla Sebastian en ignorant la douleur. Il avait enduré pire. Ajustant sa prise pour avoir un meilleur angle, Ches gémit brusquement en réponse, du pré-sperme coulant généreusement de son sexe. “Les émissions séminales.”

Pour n’importe qui d’autre, Sebastian aurait semblé fou, de se soumettre à une telle dépravation avec cette créature qui était plus canine qu’humaine. La sorcière avait maudit Ches avec une libido insatiable, exigeant de lui qu’il poursuive une libération sexuelle presque aussi souvent qu’un homme en bonne santé nécessitait de la subsistance. C’était un travail sale et honteux, mais Sebastian s’était engagé. De tout ce qu’il avait apprit ces dernières semaines, ses méthodes fonctionnaient.

Déjà, le changement se mettait en place. Les grognements de Ches devinrent des gémissements torrides, et ses hanches roulaient agréablement dans le poing de Sebastian au lieu de s’enfoncer de façon erratique. Sebastian ne pouvait détourner le regard, hypnotisé par la vue du visage de Ches se contractant sous l’effort, la salive s’écoulant de ses lèvres entrouvertes. Même sa queue s’enroulait autour de son avant bras dans une étreinte peu naturelle pendant qu’il s’affairait avec lui.

Allez. Encore un petit peu plus.

“Nous devons purger la sorcière-” Sa main était floue tandis qu’il accélérait vers son but, respirant aussi fort que Ches. “-en te drainant de sa cruauté !”

À ce moment, l’excitation de Ches atteignit son pic. La tête rejetée en arrière et la queue se dressant brusquement droite comme un “i”, son corps s’arqua jusqu’à ne plus toucher le sol pendant que son sexe gonfla encore plus dans la main de Sebastian, plus épais- jusqu’à ce que finalement, il explose avec un spasme qui secoua tout son corps et un cri de pure extase.

Les textes anciens décrivaient l’orgasme masculin de beaucoup de façons- un ingrédient nécessaire à la procréation, la capitulation ultime aux besoins les plus basiques d’une personne. Ou de temps en temps, un moyen de communier avec le divin.

Dans cette fraction de seconde dépourvue de pensées, un bref vide mental s’ouvrait dans lequel Dieu lui-même pouvait être entraperçu. Les fidèles Grecs le poursuivait à travers la pratique de rituels sexuels, et même les Français y faisait référence en tant que la petite mort . Et pas sans bonne raison. On racontait que l’illumination pouvait être atteinte uniquement dans la “petite mort” de l’égo.

Il semblait que les anciennes méthodes contenaient un peu de vérité après tout, car au moment où Ches éjacula, l’essence de la sorcière s’affaiblit et il fut temporairement libéré de son emprise.

Sebastian regarda, fasciné, tandis qu’il était récompensé pour ses efforts avec la preuve que l’humanité de Ches revenait. Ses serres se rétractèrent, sa queue disparu, et les ténèbres d’encre se retirèrent de ses yeux pour révéler une intelligence humaine - et la même couleur gris orageux dont il se souvenait dans sa jeunesse.

C’était pour ça qu’il vivait, ce qui faisait que son dur labeur valait la peine et qui faisait s’évaporer ses doutes. Pendant que d’autres recherchaient Dieu, Sebastian désirait juste la chance de capturer un aperçu fugace de l’homme qu’il avait perdu. De l’homme qu’il aimait.

Il agrippa Ches par le bras et le tira près de lui. “Ches, c’est moi !” Il le secoua, les yeux brillants de désespoir. “Tu te souviens ? Tu te souviens de qui je suis ?”

Ches cligna lentement des yeux, les sourcils froncés pendant qu’il essayait de rassembler ses esprits. C’était comme regarder un vieil homme se réveiller d’un profond sommeil, toujours dans le vague et incertain de ce qui l’entourait. Progressivement, ses yeux trouvèrent Sebastian, et la reconnaissance brilla sur la périphérie de sa conscience. Léchant ses lèvres, il finit par réussir a croasser un timide, “Tu…”

Puis le moment fut terminé, et son esprit lui fut arraché encore une fois. Avec son départ, l’encre noire se glissa à nouveau sur ses yeux et toute trace d’émotion humaine fut drainée de son visage. Parti aussi vite qu’il était venu, l’âme de Ches était de nouveau enfermée derrière le contrôle de la sorcière.

Tout ce qui restait était la bête qui bailla à s’en décrocher la mâchoire et s’étira sans le moindre souci. Son désir comblé, il roula sur le côté, satisfait de se recroqueviller juste là et dormir parmi les joncs souillés pendant que Sebastian était accroupi, choqué.

Un mot , s’émerveilla-t-il. Ches avait réellement dit un mot !

Un sourire hésitant s’étira sur son visage. Ce n’était pas beaucoup, mais c’était plus que ce qu’il avait obtenu les semaines précédentes. Enfin un réel progrès ! Il aurait poussé un cri de joie - si seulement il avait eu quelqu’un avec qui partager son triomphe. Mais Ches était déjà profondément endormi, la queue enroulée autour de lui. Et Sebastian était seul.

Résigné, il se leva et regarda Ches. Le visage adouci par le sommeil, il fut rappelé que sous la sauvagerie, Ches était effectivement quelqu’un de charmant. Il y avait un air enfantin dans ses traits qu’il n’avait jamais vraiment dépassé, avec ses joues pleines et ses cheveux ébouriffés. Jusqu’à la dent manquante entre ses lèvres entrouvertes.

Dans des moments comme cela, il ressemblait beaucoup au Ches dont il se souvenait depuis toutes ces années. 

Cette nuit dans le jardin.

Son coeur se serra douloureusement dans sa poitrine, empestant d’un amour non réciproque, et il se retourna.

Rinçant la saleté qui recouvrait ses mains dans la bassine, il se sermonna pour avoir agi comme un amant avec qui on venait de rompre. C’était ridicule, et il le savait. Après tout, il n’avait aucun droit sur Ches. D’aussi loin qu’il savait, Ches ne se souvenait probablement pas de son existence. Et pourquoi devrait-il ? Ils venaient de deux mondes complètement différents.

Tout ce qu’il faisait maintenant, il le faisait pour remplir son serment en tant que serviteur de Dieu. C’était son devoir d’aider ceux dans le besoin, quels que soient ses propres sentiments personnels. Ce n’était pas comme s’il appréciait réellement tout cela. Il frotta le sperme pris entre ses doigts avec colère. Mais, s’il avait été maître de la décision, il aurait préféré des méthodes beaucoup moins dégradantes pour soigner Ches.

Malheureusement pour eux deux, il n’y avait pas d’autres moyens.

Soupirant, il sécha ses mains et prit le grimoire. Avec un morceau de charbon, il prit en note les informations pertinentes de la soirée sur un morceau de parchemin plié dans le dos du livre : la date, l’heure, la durée de la session, et les détails notables. Une fois qu’il eut fini, il réfléchit à ce qu’il ferait ensuite en regardant Ches somnoler au pied du lit.

Cette soirée avait été une réelle avancée. C’était peut-être un signe qu’il devait réessayer d’entrer en contact. Quelques jours ont passé depuis sa dernière tentative, raisonna-t-il. Si Ches avait réussi à dire un mot, alors peut-être qu’ elle pourrait aussi être d’humeur plus bavarde.

Il se tint à une certaine distance de Ches, ouvrant le livre à la bonne page de runes ésotériques. Laissant son regard se perdre dans le vague, il plongea ses orteils proverbiaux dans la magick, la sentant s’étirer vers lui, impatient d’obéir à ses ordres. Elle satura sa conscience comme de l’encre à travers un parchemin, déployant les limites de son esprit au-delà du royaume terrestre.

Il pouvait sentir la présence d'innombrables divinités l’observant pendant qu’il accédait à leur sagesse. Elles ne le regardaient pas avec hostilité ou dérision, mais avec une curiosité ouverte à propos de ce que cet être simple en forme d’homme pourrait faire.

Si petit et sans défense, Sebastian était un simple visiteur devant leur grandeur.

Mais elles reconnurent son pouvoir naissant et le trouvèrent digne.

D’un un ton grondant, il récita le sort d’Invocation : “Daemonium libertatis.”

La température de la pièce chuta, toute chaleur étant retirée du feu dans la cheminée, pendant que les flammes brillaient d’un vert étrange.

Ches s’étira. Lentement, il se leva de là où il était allongé comme s’il était tiré par un fil invisible, un gloussement inhabituellement féminin chatouillant sa gorge. Tournant sur lui-même, il chancela avant de lever la tête et d'ouvrir les yeux. Là où auparavant brillait la noirceur froide d’un ciel nocturne, étincelait maintenant deux yeux de serpents aussi rouges que du sang. Ils étaient brillants de ruse et de malice.

La Sorcière des Bois était là.

“Tu m’appelles encore une fois, homme de foi ?” La voix était un étrange mélange entre la voix rauque et éraillée de Ches et le ton lyrique d’une femme, un rictus qui n’était pas celui de Ches relevant le coin de ses lèvres. “Je te manquais tant que ça ? Je t’aurais rendu visite dans ton lit moi-même, mais…” Un haussement d’épaules pendant que Ches - qu’elle tapotait la muselière en fer. “Je peux deviner quand je ne suis pas la bienvenue.”

“Garde ta langue de serpent pour quelqu’un de plus stupide, sorcière.” Cracha Sebastian, faisant instinctivement un pas en arrière. “Je souhaite seulement discuter avec toi.”

“Que c’est ennuyeux.” Bouda la sorcière, de plus en plus de la voix efféminée s’infiltrant dans chaque mot. “Quelle pitié. Et moi qui pensait que tu voulais t’amuser.” Elle leva les bras au-dessus de sa tête dans un étirement sensuel. “Mais assez de ‘sorcière’. J’ai un nom, tu sais. C’est Nelifara.” Elle battit des cils dans sa direction, ajoutant gentiment. “Mais tu peux m’appeler ‘Lif.’”

Lif ? Et bien, c’était quelque chose de nouveau. La sorcière ne lui avait jamais offert son nom auparavant, donc peut-être qu’elle se sentait vraiment coopérative cette nuit. “Très bien, alors. Soeur Lif,” dit-il en s’inclinant. C’était une réaction automatique, et il s’en voulut immédiatement d’avoir montré de la révérence à une créature des ténèbres.

Cependant, cela semblait plaire à Lif, parce qu’elle sourit avec approbation. “J’admets que tu manies notre pouvoir avec une aisance naturelle.” songea-t-elle, s’asseyant sur le bord du lit. Croisant une jambe au-dessus de l’autre, elle s’appuya sur ses mains, la poitrine poussée vers l’avant comme si elle avait une poitrine à mettre en avant plutôt que le torse plat et musclé d’un homme. Reniflant l’air, elle fit un son approbateur. “Tu as l’odeur de Glamarythos sur toi, homme de Dieu. Je peux la sentir dans tes veines et dans ta magick.” Elle pencha la tête sur le côté. “Penses-tu que tu aies pu choisir le mauvais côté ?”

Sebastian se renfrogna. Comment osait-elle questionner son engagement envers Dieu. Son propre mode de vie ! Il ne s’associerait jamais avec les forces de Satan ! Ravalant sa mauvaise humeur, il dit à la place de façon sympathique, “Je t’en conjure encore une fois, Lif. Laisse-le partir.”

“Encore avec la canaille !” Elle roula des yeux. “Tu as vraiment un penchant pour lui.” Son pied se balançait de haut en bas, pendant qu’elle rejetait une mèche de cheveux invisible par-dessus son épaule, quand en réalité, ceux de Ches allaient à peine jusqu’au dessous de ses oreilles. “Alors, pourquoi un moine avec un penchant pour la magie noire se soucie autant d’un modeste ménestrel ?” Se demanda-t-elle à voix haute. “Mais si tu veux tellement le retrouver, tu auras besoin de plus que ça -” Elle fit un geste de la main grossier, mimant l’acte de masturbation. “-pour te débarrasser de moi.”

C’était ce que craignait Sebastian. “Alors comment ?” Sa voix était serrée. Il savait que c’était un jeu dangereux de rechercher des conseils auprès d’une sorcière dont les mots étaient conçus pour piéger et embrouiller. Comme si elle lui avait déjà donné une réponse directe auparavant. Mais il était désespéré.

Un sourire aguicheur étira ses lèvres tandis qu’elle roucoulait. “Pourquoi voudrais-je quitter ce réceptacle de toute façon ?” Passant une main le long de son ventre - le ventre de Ches , elle la fit courir à travers les éclaboussures de sperme toujours dispersées sur son abdomen. Elle regarda le sperme s’étirer comme de la soie d’araignée entre ses doigts écartés, avant d’enrouler une langue monstrueusement longue à travers les barreaux de la muselière pour lécher ce qui restait. “Peut-être que je vais rester ici pour toujours.”

“Tu ne le ferais pas-” Sebastian osa faire un pas en avant, la colère prenant le pas sur sa logique.

La malice brilla dans son regard. Elle se leva, les hanches se balançant de façon hypnotisante pendant qu’elle avançait vers lui d’un pas nonchalant. Pendant un instant très bref, Sebastian pensa pouvoir discerner sa vraie forme : Une fille frêle, pâle comme la lune, avec des cheveux d’un noir d’ébène et une unique boucle tombant sur son joli visage. Il secoua la tête pour se débarrasser de la vision, mais d’ici là, elle était pressée contre lui.

“Après tout, tu nous donnes une attention si agréable.” Sa main glissa le long de son corps, évitant tout juste la croix en argent qui était accrochée sur sa chaîne. Elle plissa les lèvres d’une manière qui sembla beaucoup trop attachante sur Ches. “Tu sais qu’il aime ça presque autant que moi. Et apparemment-” Son autre main s’infiltra plus bas, et elle serra son érection à travers sa robe. “-il n’est pas le seul.”

Les yeux de Sebastian s’écarquillèrent, son indignation teintée d’une quantité inconfortable d’excitation. “Ne me touche pas, enfant du démon !” Cria-t-il en la repoussant brusquement.

Lif tomba au sol avec un rire moqueur. “Oh, ça sera amusant de te briser.” Exulta-t-elle, le visage tourné et les épaules baissées tandis que sa voix s’évaporait de nouveau dans le vide. “À la prochaine… Glam.”

Et elle était partie.

À sa place, un Ches perplexe clignait des yeux dans sa direction, ayant l’air d’avoir été brusquement réveillé d’une sieste. Les sourcils au-dessus de ses yeux noirs étaient froncés de désarroi. Ne sachant pas que son corps venait juste d’être manipulé par son maître, il ignora Sebastian avec un grognement perturbé et s’éclipsa dans un coin de la pièce pour dormir. Il encercla le même endroit plusieurs fois, et il se roula en boule, dos à Sebastian.

Sebastian respirait toujours avec difficulté, regardant Ches avec méfiance comme si la sorcière pouvait réapparaître à n’importe quel moment. En quelques secondes, cependant, il était profondément endormi, et Sebastian s’écroula sur sa chaise, soudainement vidé. Il laissa tomber sa tête entre ses mains. Aussi brève fut-elle, la rencontre l’avait secoué jusqu’au plus profond de son être. Quelle ironie qu’une simple fille puisse l’effrayer encore plus qu’un homme à moitié sauvage.

Là encore, Lif n’était pas une simple fille. Elle était beaucoup plus vieille qu’en apparence, un produit de magick sombre qui avait vécu pendant une éternité en s’occupant des affaires de Satan. Il pouvait sentir son pouvoir déferler comme les vagues dans une tempête, menaçant de le consumer.

Pire encore, il pouvait sentir sa propre magick noire s’élever pour la rencontrer en retour.

Sebastian regarda le livre à ses côtés avec un air abattu. Même avec sa couverture fermée, ses pages semblaient murmurer, dans une tentative de le pousser à plonger à nouveau dans sa source. Entouré par la lumière blanche de Dieu, il pensait qu’il serait capable de résister à la malveillance du Diable. Mais maintenant, cela évoluait en quelque chose au-delà de sa compréhension - une force ni purement bonne ni purement mauvaise, mais un mélange blasphématoire.

Il ne savait pas ce qu’il adviendrait de lui s’il continuait sur cette voie. Et il n’était pas sûr que cela importait.

Son regard glissa sur la créature qu’il avait autrefois désiré appeler son compagnon, endormie dans un coin.

Il était clair que sa mission pour sauver Ches n’était pas aussi désintéressée que ce qu’il aimait croire. Ses sentiments pour lui longtemps enfouis commençaient à se glisser dans l’équation, et il ne pouvait plus tracer la ligne entre le devoir et le désir. Il s’était déjà éloigné de ses voeux au moment où il avait ouvert le grimoire.

Avec Ches, il était peut-être au-delà de la salvation.

“Dieu aidez-moi.” Soupira-t-il avec lassitude. “Dans quoi me suis-je plongé ?”

Notes:

Un grand merci à @lost_gentleman pour cette incroyable illustration !

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