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Le monde de Demain

Summary:

Kaamelott, Premier Volet. On commence pendant, et on avance.
Des petits shots sur Kaamelott Premier Volet, pendant, après...
Pas forcément tous liés, pas forcément dans le bon ordre non plus...
Arthur est de retour.
(très centré sur la relation Arthur et Guenièvre)

Notes:

(See the end of the work for notes.)

Chapter 1: 1ere nuit en Carmélide

Chapter Text

Sa première nuit dans un lit, sur les Terres qui lui appartenaient à nouveau.
Il dormait dans une des chambres du château de Léodagan, dans le même lit que sa femme.
Pas de cauchemars. Il n'était attendu à en faire, cette nuit comme les autres. Et pourtant, il avait dormi.
Guenièvre n'y était sans doute pas étrangère. Elle avait passé la nuit collée à son dos. Il avait senti son souffle entre ses omoplates, et quand il changeait de position, elle avait toujours ses doigts entortillés sur le tissu qui lui servait de chemise de nuit.
Le visage de sa femme, près de lui. Elle semblait sereine lorsqu'elle le touchait, quand elle sentait sa chaleur. Elle n'avait jamais laissé Lancelot se rapprocher d'elle, et celui-ci ne l'aurait pas forcé. Il vouait une véritable obsession à Guenièvre.
ça lui faisait mal d'imaginer que sa femme avait été prisonnière autant de temps dans cette tour, sans pouvoir sortir ne serait-ce qu'une heure. Elle aurait été vue, et Lancelot ne voulait pas. Il la voulait pour lui seul.
Le soleil se levait à peine. Arthur le voyait percer à travers les volets. Il s'étira, puis jeta un regard à sa femme. Elle dormait encore. Il se rappelait, dans ses quelques moments d'éveil nocturne, qu'elle ne dormait pas vraiment non plus. Quand elle se rendait compte qu'il était réveillé, elle lui caressait doucement le dos.
"Vous pouvez vous rendormir, il ne vous arrivera rien. Je suis là".
Elle avait chassé ses cauchemars. Ils s'étaient retrouvé. Il avait brisé la distance qu'il avait mis entre eux en montant cette tour. Il avait renouvelé son vœu de l'aimer.

Arthur se redresse, faisant délicatement lâcher les doigts de Guenièvre, enchevêtrés dans sa chemise de nuit. Il hésite à déposer un baiser sur sa joue, avant de battre en retraite pour aller aux toilettes.

Guenièvre, elle, ouvre enfin les yeux, pour voir une faible lumière au fond d'un couloir. Elle se lève, intriguée.
- Arthur, c'est vous?
Seuls quelques bruits de pas font écho à sa question. Elle s'avance, lentement. Jusqu'à une salle éclairée par le soleil perçant par les trous de la toiture. Un sol lisse, une statue en son centre.
- Père n'aurait jamais mis ça dans son château...
Elle s'approche pourtant de la grande statue blanche, au style romain.
- Je me souvenais que vous aimiez ce style.
Elle se retourne, soudainement effrayée. La voix de Lancelot.
- Qui est là?!
Personne dans le rayon de lumière dans lequel elle-même ne se sent plus à l'abri. Elle voit enfin Lancelot s'approcher, sortir de l'ombre.
- Bonjour Guenièvre. Je suis heureux de voir que ça vous plaise.
- Qu'est-ce que vous faites ici?
- Je vous accompagne. Je vous ai dit, personne ne pourra vous retrouver.
- C'est faux. Arthur m'a retrouvé.
Lancelot a un petit rire désabusé.
- Arthur?! Ne vous faites pas d'illusions, il n'avait aucune chance contre moi. Je vous l'ai dit, vous êtes mienne Guenièvre!
- Non !
- Je me le suis promis, sa tête se balancera bientôt au bout d'une pique!

Arthur rentre dans la chambre, pour voir Guenièvre gémir, se plaindre dans son sommeil. Il s'approche.
- hé...
Il lui saisit doucement les épaules, pour l'aider à se sortir se son mauvais rêve.
Pour Guenièvre, ce toucher se traduit par Lancelot qui lui saisit les épaules. Et cette fois, elle se met à hurler aussi fort qu'elle peut. De peur, de rage. Un cri tellement puissant qu'elle se met à hurler aussi dans la réalité. Arthur a un mouvement de recul, avant de lui saisit doucement le visage.
- Guenièvre, c'est moi, c'est Arthur. Vous faites un cauchemar.
La voix d'Arthur arrache Guenièvre aux limbes de ses cauchemars. Elle rouvre les yeux, la respiration haletante, le regard perdu. Jusqu'à ce qu'elle finisse par se retrouver happée par le regard perçant de son mari.
- Vous êtes avec moi ?
Elle hoche doucement la tête, avant de se jeter à son cou. Elle a cru le perdre, une nouvelle fois.
La porte s'ouvre à nouveau, dans un fracas. Léodagan est là, l'épée à la main. Le cri de sa fille, sous son toit, alors qu'il venait de la récupérer...
- Elle a fait un cauchemar beau-père.
Léodagan soupire et range son épée. Peu importe l'âge de sa fille, il restait un père. Inquiet et possessif.
- ...c'était quoi ce cauchemar, pour ameuter tout le château? ...c'est rien les gars, reprenez vos positions!
Un ordre à certains de ses hommes, venus en renfort. Arthur voyait dans les yeux de son beau-père qu'il avait espéré qu'il ne soit pas la cause de ces cris.
- ...Lancelot...
Arthur resserra son étreinte autour du corps frêle de sa femme.
- ...j'étais à nouveau enfermée...seule... face à lui.
Elle recule légèrement, sentant les bras d'Arthur suivre le mouvement, réticents à la lâcher, et pourtant la laissant libre de sa décision. Elle tourne la tête.
- ...je vais aller m'habiller. Angharad est là?
- Je vous la fais appeler. Sire, vous venez?
Arthur hoche la tête, sans pour autant lâcher du regard Guenièvre. Elle lui jette un regard à son tour. Il voudrait l'embrasser, effacer le souvenir de Lancelot, là, de suite. Il voit dans son regard qu'elle n'est pas prête. Qu'un baiser n'était pas la solution. Pas maintenant. Elle voulait s'enlever cette sensation, pas l'associer à un baiser de son mari.
- Je suis désolé d'être sorti sans vous réveiller. ça n'arrivera plus.
Elle acquiesce.
- Je vous attendrai dans la salle du déjeuner. Prenez le temps qu'il vous faut.
- On vous attendra.
Elle jette un petit sourire à son père.
- Je vous rejoints dès que je suis prête.

 

Léodagan fixait son gendre avec un regard sombre.
Il lui devait le retour de sa fille, et pour ça, il lui était reconnaissant.
Pour autant, il n'aurait pas hésiter à le tuer, le Roi de Bretagne, s'il avait fait du mal à sa fille. S'il avait été responsable de ses cris.
Il bougonna à Arthur, de sa voix rauque.
- Si je mets la main sur ce saligaud, c'est pas ma main dans la gueule qu'il se mangera.
Arthur restait silencieux, se contentant de hocher la tête.
Il ne se sentait pas à l'aise de laisser sa femme seule, même si chaque personne dans ce château ferait tout pour la protéger.
Il l'avait tenue dans ses bras et elle avait hurlé. De peur, de colère. Il voulait savoir. Il voulait partager son fardeau.
- Si c'est vous qui vous le coltinez, vous avez pas intérêt à le ménager.
Il baragouina, un peu plus bas.
- ça serait encore plus simple si vous pouviez nous en débarrasser définitivement...
Arthur n'écoutait qu'à moitié ce qu'on lui disait. Il scrutait la porte, attendant de voir Guenièvre passer le seuil. Il voulait la voir telle qu'il en avait toujours eu le souvenir. Un brin de femme plein de vie. Pas une boule de peur.
- ...s'il m'arrivait quoi que ce soit...ne laissez rien arriver à votre fille.
- Je croyais que les dieux vous avaient choisi.
- Je les ai un peu envoyé péter, les dieux, au cas où ça vous reviendrai pas. J'ai récupéré Excalibur, mais elle ne brille plus vraiment.
Il soupire.
- J'ai pas été tendre avec votre fille, et elle m'en a fait baver aussi. J'ai jamais voulu lui faire du mal. J'avais juste... le sentiment de devoir tenir une promesse.
- Et maintenant?
Arthur grogne un instant. Il ne voulait pas dire à son beau-père ce qu'il n'a pas encore dit à Guenièvre. Il se lève.
- Je vais voir où elle en est.
Il avance jusqu'à la chambre. Angharad est en train de finir de lacer la robe de Guenièvre, qui est assise sur le lit, les yeux fermés. Arthur frappe doucement à la porte, pour annoncer sa présence. Si la servante se tourne vers lui, Guenièvre, elle, reste immobile.
- Je peux parler à ma femme?
- J'ai presque fini, si monsieur veut bien...
Elle voit Arthur avancer, silencieusement, la contourner, pour aller s'asseoir face à Guenièvre.
- Je peux attendre.
Sa voix était lente, douce. La servante reprend son œuvre, alors que Guenièvre sent les mains de son mari se poser sur les siennes. Elle relève doucement la tête. Le regard intense et un peu inquiet de l'homme qu'elle aime agrippe le sien.
- Racontez-moi. Racontez-moi ce que vous avez rêvé.
- C'était juste un cauchemar.
Elle se renfermait. Encore. Il aurait pu lui en vouloir, comme il faisait à chaque fois auparavant. Comme quand il voulait la repousser chaque fois qu'elle voulait l'aider, entrer dans son monde, lui tendre la main. Pourtant, là, tout de suite, c'était la dernière chose qu'il voulait.
- Angharad, vous avez fini avec la robe de madame?
- Oui, juste à...
- Vous pouvez nous laisser ? Je vous ferai appeler si elle a encore besoin de vous.
Angharad hoche la tête. Arthur n'avait que rarement prononcé son nom. C'était important. Guenièvre, elle, avait tressailli. Arthur l'avait senti.
- Bien. Je prends congé.
Elle sort et referme doucement la porte. Une fois la servante sortie, Arthur baisse les yeux vers les mains de Guenièvre.
- Je comprends que vous voulez pas en parler, parce que les rêves, des fois, ça fait peur.
Il tente un regard vers elle. Guenièvre était peut-être naïve à l'époque, mais elle a vais appris. Elle avait copié le mécanisme de défense de son mari. Elle avait muri.
- Mais moi, j'étais là. J'étais près de vous, et vous avez hurlé. Je vous tenais dans mes bras, et ça n'a pas suffi.
Elle secoue la tête.
- Je n'ai pas envie d'en parler, je veux juste oublier...
- Racontez-le-moi. S'il vous plaît.
Elle soupire. Ce n'était pas souvent qu'Arthur lui demandait ce genre de choses. Depuis qu'ils s'étaient embrassés, il semblait vouloir être proche d'elle. Comme elle l'avait espéré depuis leur mariage. Elle ferme les yeux.
- J'étais dans un couloir sombre. Il y avait de la lumière, au loin, et je pensais que c'était vous, qui étiez déjà levé. Alors je me suis approchée en vous appelant. Je suis arrivée dans une grande salle, baignée de lumière en son centre à cause des trous dans le plafond. Il y avait une statue de vous, au centre. Une grande statue, toute blanche, au style romain.
Elle ajoute, d'un air un peu bougon.
- Elle vous ressemblait même pas, cette statue...
Les doigts d'Arthur glissent doucement sur ses phalanges serrées.
- Je me suis approchée...jusqu'à être dans la lumière, voir de plus près cette statue. Je comprenais pas trop ce que mon père pouvait avoir eu comme idée de ramener ça, vu qu'il aime pas ça... Et plus je regardais la statue, moins elle vous ressemblait. Et puis...il y a eu sa voix.
- Celle de Lancelot.
Il la sent tressaillir.
- La même voix avec laquelle il me parlait à chaque fois qu'il essayait de me faire plaisir. Je me suis retournée, mais je le voyais pas. J'étais à sa merci. Moi dans la lumière, et lui, caché dans l'ombre.
Sa voix s'enfonce dans sa gorge, avant qu'elle ne se racle la gorge.
- ...on peut s'arrêter là?
Elle tente un regard à son mari. Elle voit dans son regard qu'elle doit continuer. Même s'il ne l'y obligerai pas si elle refusait farouchement.
- ...il a fini par s'avancer à son tour, dans la lumière. Il s'est avancé. Je reculais, mais il allait plus vite que moi. Il m'a dit qu'il savait que j'aimais ce style.
Elle secoue la tête.
- Je le voyais tourner autour de moi, pour me dire que j'étais toujours sa captive. Que vous n'aviez jamais réussi à me libérer. Que si vous tentiez de m'approcher, votre tête finirai au bout d'une pique. Et moi, je répétais que vous le vaincriez.
Elle fronce les sourcils.
- Et il y a eu un contact. Je l'ai senti m'attraper les épaules et me fixer, de ses grands yeux fous, me dire qu'il vous avais déjà capturé. Que je serai aux premières loges pour votre exécution. Que je deviendrai sa femme. Et je me suis mise à hurler. Je frappais comme je pouvais. Jusqu'à ce que j'entende votre voix.
Elle secoue la tête.
- Je vous l'ai dit, c'était un cauchemar. J'ai l'air stupide à le raconter.
- Non.
Il serre les mains de Guenièvre, lui caressant les poignets. Il lui frôle aussi le bout des doigts.
- ça fait des années que vous vous battez silencieusement. Vous avez retrouvé votre liberté, mais son ombre plane toujours pour vous.
Il regarde à côté de Guenièvre. La couronne qu'ils étaient parti rechercher.
- Et ça, vous avez fait passer ça comment, pour la garder?
- Quand il m'a capturé, il m'a laissé passer prendre quelques affaires. Je lui ai dit que c'était un souvenir. Oh, il a bien compris que c'était lié à vous. Il ne m'aurait pas laissé le prendre. Alors j'ai demandé à Angharad de la cacher dans son pochon de vêtements. Et après, c'est moi qui m'en suis occupée.
- Vous l'avez caché?
- La plupart du temps, non. Elle restait près de ma couche. Je la regardais tous les matins, en espérant que vous alliez bien. Et quand Lancelot venait fouiller, elle était bien cachée. Regardez.
Elle soulève un des pants de sa robe. Des liens de cuir on été rajouté dans les jupons.
- On a trouvé que c'était le meilleur endroit. Lancelot interdisait à ses hommes de me fouiller, et il pouvaient retourner la pièce. Ils ne l'auraient jamais trouvé.
Arthur était étrangement heureux du stratagème que les deux femmes avaient mis au point.
- ...votre père doit commencer à s'inquiéter. Venez déjeuner.

Chapter 2: La tarte

Summary:

Arthur entraîne les burgondes, et Guenièvre s'essaie à la patisserie

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Deux semaines.
Cela faisait deux semaines que Guenièvre était revenue en Carmélide, avec Arthur.
Tous les jours, depuis cette nuit à la tour, depuis son cauchemar, il la réveillait aux aurores. Arthur se levait pour entraîner les troupes burgondes avec Léodagan.
Ils avaient trouvé la solution. La musique. Comme toujours, la solution était évidente, sous le nez de tous.
Ils l'avaient même prononcée à voix haute, sans s'en rendre compte.
Alors le lendemain de leur retour de la tour de Ban, Arthur avait annoncé son plan. Le début n'avait consisté qu'à faire comprendre aux Burgondes qu'il fallait suivre le son des tambours.

Ce matin ne faisait pas exception à la règle. Arthur s'était réveillé tôt. Il avait déplacé le lit pour être éveillé par les premiers rayons du soleil. Et comme tous les matins, il avait pris le temps de relire les parchemins sur lesquels étaient notés les avancées de la veille. Il prenait le temps de réfléchir à ce qu'il devrait faire.
Quand le soleil fut un peu plus haut, aux alentours de 8h, il se tourna enfin vers sa femme, toujours endormie.
- ...Guenièvre, je vais me lever.
Comme tous les matins, il lui sourirait, lui glissant un baiser sur le coin des lèvres, avant de partir.
Elle entrouvre les yeux, bougonnant légèrement.
- ...bonjour.
Il se penche vers elle, avant de s'arrêter.
- Vous avez l'air fiévreuse.
Elle fronce les sourcils, avant de s'asseoir dans le lit, imitant Arthur, esquivant sa main sur son front.
- J'ai juste mal dormi cette nuit.
- Encore un cauchemar?
- Non. Juste mal dormi. Je ne fais pas de cauchemars tout le temps.
ça, c'était un mensonge. Elle savait qu'elle faisait des cauchemars. Elle ne s'en rappelait pas, c'est tout.
- Bon. Dans tous les cas, je vais me lever, votre père va s'impatienter.
- Oui oui, allez-y.
Il se presse pour s'habiller. Guenièvre le regarde faire, faisant semblant de chercher quelque chose. Elle n'avait pas beaucoup l'occasion de voir son mari torse nu. Encore moins depuis qu'il portait une marque sur le poignet.
- Si vous voulez aller de l'autre côté du château aujourd'hui, ce serait une bonne idée. On va jouer du tambour toute la journée.
- Oh, je sais bien! Je pourrai en jouer aussi, à force de l'entendre! *bam bam bam*
Elle esquissa un petit rire, qui apaisa un instant Arthur. La situation dans laquelle ils étaient lui revint vite en tête.
- Je vous retrouve pour déjeuner.
- D'accord.
Alors qu'Arthur sortait de la chambre, il ne vit pas le sourire de sa femme s'effacer. Elle se frotta le bras, doucement.

 

3h de tambours plus tard, et aucun burgonde ne s'était marché dessus ni insulté. C'était une véritable avancée. Arthur jetait un regard au château de son beau-père. Sur une des corniche, il devinait Guenièvre. Elle avait une allure de reine, digne, fière. Peut-être qu'il n'avait jamais fait attention à son attitude auparavant, ou alors elle avait mûri.
Le soleil était à son zénith quand ils s'accordèrent une pause. Arthur s'installa à la table du château, près de son épouse. Ici, il n'était pas en bout de table, avec chaque personne d'un coté ou de l'autre. Il était juste Arthur Pendragon, à la table de sa belle-famille.
Léodagan et Séli s'envoyaient des pics, comme à leur habitude. Arthur avait appris à déceler leur amour dans leurs disputes.
Guenièvre, elle, s'était levée avant la fin du repas.
- J'ai préparé le dessert!
Elle se pressa de revenir avec une tarte. Ses parents jetèrent un regard à Arthur, sans dire un mot.
- Quoi?!
Séli soupira, un peu trop fort, avant de se retourner vers sa fille.
- J'espère qu'elle est bonne, parce que j'ai pas envie d'entendre votre père râler que vous avez pillé son buisson de myrtilles pour rien!
- ça pourra pas être pire que quand c'est vous qui les faites, les tartes.
Un lourd silence tomba entre eux. Guenièvre ne se laissa pas démonter et coupa la tarte. Elle en tendit à ses parents, puis à Arthur. Il observa la tarte, et puis...
- ARTOUUUUUUUUUUUUUUR !!!
La voix du chef burgonde. Arthur se releva, jetant un regard désolé à Guenièvre, mais ravi d'éviter le goûter de tartes. Il ne voulait pas devoir dire à Guenièvre qu'elle cuisinait mal.
- Désolée, le devoir, tout ça...
Il fut pris d'une seconde d'hésitation devant la mine renfrognée de son beau-père, qui ne bougeait pas de la table.
- Oui, allez-y, je vais la mettre à l'abri, elle sera meilleure fraîche!
Léodagan fini par se lever pour suivre Arthur. Celui-ci remarqua des tâches sur les manches de Guenièvre. Des traces de myrtilles. Il s'approcha doucement, pour lui toucher le bras.
- Vous êtes tâchée...vous devriez...
Avant qu'il puisse toucher la robe de Guenièvre, Léodagan posa sa main dans le dos d'Arthur et le fit avancer d'un coup sec.
- Je croyais que vous étiez pressé de revoir les Burgondes.
Il hocha la tête, un peu surpris du mouvement. Il tourna une dernière fois la tête, voyant Guenièvre regarder ses manches d'un air absent.

L'après-midi lui semblait sans fin. Le bruit des tambours emplissait sa tête, c'était la seule chose qui l'empêchait de lâcher prise. Il n'y avait pas le regard de Guenièvre sur la corniche pour l'encourager. En même temps, il aimerait être loin de ça, lui aussi. Il avait besoin de silence, de calme.
Sauf que le dernier "calme" qu'il avait eu au royaume de Logres avait failli le tuer.
- Hé, vous foutez quoi?
Il sursaute. Léodagan lui jette un regard noir.
- Vous êtes pas causant aujourd'hui.
- Je suis juste en train de réfléchir à d'autres choses.
- Ouais, ouais, bien sûr. Faut que vous les canalisiez, dès que vous donnez plus d'ordre pendant 10minutes, ils font n'importe quoi.
En effet. Certains commençaient à déserter le champs d'entraînement. Il soupire.
- S'ils ont besoin d'une après-midi de repos, autant qu'on en profite aussi.
Il lance quelques mots au roi Burgonde, avant de repartir vers le château. Il se dépêcha de rentrer dans la chambre pour se changer. Il sentait le poids du commandement dans chaque couche de vêtement. Il mis une tenue plus légère, avant de s'asseoir sur le lit. Il prenait le temps de regarder ce qui était devenu leur chambre à coucher depuis qu'ils étaient rentrés.
De con côté, des parchemins. Du celui de Guenièvre, sa couronne de fleurs. Elle n'avait pas voulu mettre autre chose.
Il se redresse pour retrouver sa femme. Il pensait la trouver dehors, à faire de la broderie. Personne ne l'avait vu dehors. Sa servante non plus n'avait pas été appelée à ses côtés depuis le repas du midi.
Il se décida à retourner dans la grande salle à manger. Seule, à la table, Guenièvre était assise. Arthur avait failli prononcer un mot, avant de s'arrêter. Sa femme fixait la table d'un air absent. Comme si elle n'était pas vraiment là.
- ...Guenièvre?
La voix d'Arthur la tira de sa torpeur. Elle tourna la tête vers lui, soudainement souriante, joyeuse.
- Oh, vous êtes de retour? Vous avez déjà fini l'entraînement des troupes?
- Oui, je... ils avaient besoin d'un peu de repos. ça va, vous?
- ça va. J'ai un peu perdu la notion du temps je crois.
- Vous êtes restée là tout ce temps?
Elle lui sourit. Un véritable sourire, doux, sincère.
- Vous savez, j'ai passé des années dans une minuscule chambre, sans pouvoir sortir. J'ai besoin de me réhabituer peu à peu à la taille des choses.
Il hoche la tête. Guenièvre pose ses mains sur celles d'Arthur.
- ça vous dirait de m'emmener faire un tour?
- Où ça?
- Je sais pas moi...dans le jardin par exemple. Je suis sûre que l'air frais me fera du bien!
- Et ça vous a pas traversé la tête de faire ça plus tôt?
- Non. Pas du tout.
Il se releva, manquant de soupirer. Quelque chose lui posait soucis, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il accompagna donc Guenièvre, qui observait les plants qu'avaient planté son père. Elle s'accroupi pour regarder les blettes qui peinaient à pousser.
- C'est drôle quand même, ils ont du mal à faire pousser ça, mais la mauvaise herbe s'accroche à la vie de toutes ses forces.
- En effet. La nature est parfois curieuse.
Elle esquissa un soupir en frôlant la terre.
- C'est étrange, comme ce calme peut sembler assourdissant.
Il regarde autour de lui. Oui, il avait lui aussi perdu l'habitude de ce calme. Ils observait l'horizon pendant qu'elle fixait les plantations.
Lorsque le soleil déclina un peu plus, elle se redressa, manquant de tomber. Arthur l'agrippa fermement pour l'empêcher de basculer.
- Oulà! Merci d'être resté à côté de moi. Parfois, je me perds dans des souvenirs.
Il avait hésité à la prendre dans ses bras, à la serrer contre lui. Au lieu de ça, il l'avait fixée, jusqu'à ce qu'elle se perde dans ses yeux.
- On rentre?
Elle lui lança un nouveau sourire, plus léger.
- Oui, je devrais aller me changer aussi.
Il jette un oeil aux manches noircies par les myrtilles.
- Je pense qu'elle est fichue, votre robe.
- C'est pas grave.
Il se met à ses côtés, pour qu'elle lui attrape le bras. Ils remontent dans le château, dans la chambre. Arthur s'assied sur le lit, dos à Guenièvre. Il voudrait dire quelque chose, mais les années d'absence et toutes leurs années de mariage non consommé, tous les silences qu'il avait mis entre elle et lui le rattrapaient aujourd'hui. Guenièvre lui avait dit qu'elle pourrait s'en sortir seule, qu'elle ne comptait pas remettre de grande robe aujourd'hui. Et il n'osait pas se tourner. La pudeur peut-être. Ou voir enfin le corps de sa femme.
- Dites...
- Oui ?
- Je me demandais...comment vous avez fait pour rester aussi courageuse, tout ce temps? Je veux dire, ça devait pas être facile, enfermée dans cette pièce...
- Ah, ça... on n'avait pas beaucoup de choses à faire, avec la petite. Alors la moindre occasion devenait une échappatoire. Entre les tentatives de fuite, les gâteaux qu'on essayait de partager avec les gardes...d'ailleurs, les oiseaux ne me font plus autant peur qu'avant. Je veux dire...ils sont toujours flippants, mais j'ai fini par voir qu'ils ne me feraient pas de mal.
Elle esquisse un petit rire.
- Vous auriez dû voir la fois où il y en a un qui est entré dans la chambre! Je hurlais à perdre ma voix. Les gardes sont arrivés en panique, et l'oiseau s'est enfui, mais je continuais de hurler comme une folle...
Arthur jette un regard vers Guenièvre, espérant qu'elle soit rhabillée.
Elle fini d'enfiler une tunique. Elle baisse les manches, lentement. Arthur aperçoit une rougeur le long du bras. Quand elle se retourne, il lève un sourcil.
- Vous vous êtes fait mal?
- De quoi?
- Votre bras.
- Ah, ça? Je me suis égratignée ce matin en allant cueillir les myrtilles.
Il retient un rictus. Elle s'évertuait à s'occuper, et lui avait tout fait pour éviter de goûter au fruit de ses efforts.

 

le repas du soir fut plus léger. Tout le monde parlait, sous la tente burgonde. Guenièvre essayait de discuter avec une femme burgonde, pendant qu'Arthur finissait de manger un bout de volaille.
- Bon, et si on y goutait, à cette tarte?
Guenièvre tourne la tête. Arthur lui jette un regard.
- Quoi, j'ai dit quelque chose qu'il fallait pas?!
- Non, non...je vais la chercher!
Elle se précipite, pour revenir, une dizaine de minutes plus tard, avec la tarte dans les mains.
- y'en aura pas assez pour tout le monde du coup...
- Premier arrivé, premier servi.
Léodagan se lève et attrape la première part, raflant la place à Arthur. Son regard de défi ne lâchait pas son gendre. Arthur se leva ensuite prendre sa part, juste avant que les burgondes ne se jettent dessus. Les enfants avalèrent goulument ce qu'ils arrivaient à attraper.
Léodagan lança un petit regard à sa fille, où Arthur y lit de la tendresse. Il dévora sans sourcilier sa part. Arthur, avec hésitation, croqua dans sa part.
La pâte était un peu dure, mais mangeable. Les myrtilles avaient bon goût. Arthur hocha la tête pour sa femme.
- Elle est bonne. Je veux dire...c'est une bonne tarte.
Elle hausse les sourcils, l'air faussement fâchée.
- Je vois que la confiance règne ici.
Ils avaient fini par aller se coucher, comme à leur habitude. Arthur se changeait rapidement, et écrivait les avancées des burgondes. Guenièvre, elle, se changeait dans dans un renfoncement, et Arthur se contentait de ne pas regarder. Ce soir, contrairement à toutes les nuits précédentes, il laissa un oeil vagabonder vers elle. Elle avait déjà fini d'enfiler sa chemise de nuit, mais s'occupait de sa chevelure. Les manches longues se retroussèrent alors qu'elle se débattait en tentant de dresser sa tignasse en tresse.
Cette fois, Arthur eu le temps d'apercevoir un peu mieux la trace rouge.
Ce n'était pas une marque de ronce. pas non plus une plaie comme ce qu'il avait sur le poignet.
Il y avait des marques d'ongles sur le bras de sa femme. Il la voyait ce midi, lorsqu'il s'éloignait, repoussant la tarte, se frotter le bras. Son beau-père qui l'empêchait de toucher sa fille... il était au courant de l'état du bras de Guenièvre?
Il enfoui son regard dans les écrits qui lui semblent flous. Il n'arrive pas à se concentrer.
- Me voici mon ami.
Elle s'installe dans le lit, collée à lui.
- Demain, ça vous dirait de m'accompagner à l'entraînement?
- Sérieusement?
Elle le regardait, surprise, mais joyeuse.
- Je vous le proposerai pas sinon. Et puis, j'ai cru comprendre que vous aviez retenu le rythme de la musique.
Elle sautille dans le lit.
- Oh oui! Je ferai ce que vous me direz! ça va être amusant!
Elle s'allongea, et fini par s'endormir, paisiblement. Arthur, lui, l'observait. Il se retenait de relever les manches de Guenièvre, pour valider ou infirmer ses craintes.
Lorsqu'il s'allongea, cette nuit, ce fut lui qui fit le premier pas. Il tâtonna jusqu'à trouver la main de Guenièvre, pour entrelacer deux de leurs doigts. Il avait besoin de sentir qu'elle était là.

Notes:

ça m'arrive souvent d'écrire sur une idée basée sur pas grand-chose, et j'avais envie de faire un rappel à l'histoire de la tarte avec Séli.
Pour moi, Arthur est dépressif et torturé par tout ce qui l'entoure, mais Guenièvre n'a pas été épargnée.
Je la vois forte, parce qu'elle l'est, uniquement en public. Elle aussi a des choses à gérer, et j'espère pouvoir explorer cet aspect à l'avenir.

J'espère que ce chapitre vous aura plu.

Chapter 3: Le son des tambours

Summary:

Comme proposé la veille, Guenièvre va aider à entraîner les burgondes.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Ce matin, quand Arthur ouvrit les yeux, il était presque front contre front avec sa femme. Un instant surpris, il ferma les yeux pour profiter de la sensation. 
Il avait étrangement bien dormi, malgré ce qu'il avait cru apercevoir. 

- ...Guenièvre? 
La femme émit une réponse plaintive, avant d'ouvrir les yeux. 
- ...oui? 
Le silence refit surface entre eux. Pour autant, celui-ci n'était pas gênant. Ils se fixaient, chacun apaisé par la présence de l'autre. Cet instant sembla s'étirer, lentement, jusqu'à ce qu'Arthur, ébloui par un rayon, plissa les yeux et brisa le silence. 
- Vous voulez toujours participer à l'effort de guerre? 
- Bien sûr! 
- Dans ce cas, on devrait se préparer. J'ai pas mal de choses à vous montrer. 
Elle se leva rapidement, pour sortir des habits simples, comme ceux qu'elle portait lorsqu'elle était partie avec lui en vadrouille. 
- ça irait ça ?
- Si ça ... Oui, mais vous voulez vraiment mettre ça? 
- Bah quoi? 
- Vous avez pas peur qu'ils vous confondent ave une servante, les burgondes? 
- On s'en fiche, non? C'est vous qui donnez les ordres, moi j'obéis. 
Arthur la contempla quelques secondes, avant de faire la moue. 
- Mettez un truc un peu plus chaud quand même. 
Elle était attelée à mettre une robe un peu plus présentable, sans l'aide de servante. Arthur avait fini de se préparer qu'elle peinait à finir d'attacher sa robe. 
- Je suis presque prête! 
Sa voix trahissait un agacement envers sa propre lenteur. Arthur s'approcha quand elle se mit à se battre avec ses épis récalcitrants. 
- Désolée, je pensais que les attacher hier aurait suffit à... 
Elle s'arrêta. Sans un mot, Arthur glissa ses doigts dans les cheveux de Guenièvre, aplatissant les épis, défaisant un ou deux nœuds au passage. Il se rendait compte qu'il aimait ça. Toucher ses cheveux. La toucher, elle. 
Sans s'en apercevoir, sa main avait suivi une mèche, pour finir sur la nuque de sa femme. Elle le regardait faire, à la fois surprise, craintive et impatiente. Il se pencha pour atteindre ses lèvres. Guenièvre émit un petit son étouffé, mais ne recula pas d'un millimètre. Arthur commença à pousser le baiser, quand la porte s'ouvrit. 
- Monsieur est attendu par le seigneur Léodagan...
Arthur tourna la tête vers la porte, rageant de s'être fait interrompre. Sa voix était emplie d'une colère à peine contenue. 
- La barbe! On est là dans quelques minutes! 
- Oui...pardon monsieur... 
La porte se referma aussi vite qu'elle s'était ouverte sur le jeune soldat. Arthur soupira, avant de revenir à sa femme. Il n'avait pas enlevé la main de sa nuque. 
- ...vous êtes sûre que vous avez pas de fièvre? 
Il se moquait de Guenièvre, qui avait les joues rosies par la situation. Elle gonfla un instant ses joues avant de se radoucir. 
- Je suis juste heureuse. Ne faisons pas attendre mon père. 
Arthur ne l'entendait pas de cette oreille. Il voulait l'embrasser. Encore. Sa deuxième mais se glissa à son tour sur la nuque de Guenièvre, son pouce frôlant sa mâchoire, tout en se rapprochant à nouveau. Il ne la quittait pas des yeux. Il voulait son accord. Quand elle fit le mouvement pour se rapprocher, il fondit sur ses lèvres, alors que les mains de Guenièvre se glissaient à son cou et dans sa chevelure de jais. 
Cet instant était suspendu, alors qu'ils se découvraient l'un l'autre. Jusqu'à ce que de nouveaux coups sur la porte ne les éloigne. Cette, fois, Arthur gronda réellement. 
- On arrive
Guenièvre, les joues rouges, le souffle encore court, enfilait ses chaussures et son manteau en gloussant de voir son mari énervé de la lâcher. 
- Je suis prête! 
Elle se hâte, aux cotés d'Arthur, pour rejoindre le champs où s'étendaient les troupes. 
Léodagan jeta un regard suspicieux à Arthur et Guenièvre. 
- Il se passe quoi? 
Arthur hausse les épaules. 
- Guenièvre va jouer du tambour. 
Léodagan jette un regard à sa fille. 
- C'est fatiguant vous savez. Si vous le faites, va falloir tenir le rythme. 
- Je peux vous aider. 
Pas "je veux". Elle n'abandonnerait pas. La force de caractère de Guenièvre était toujours là. Arthur cacha un petit sourire, avant de se tourner vers les tambours. 
- Allez là-haut. Et quand je vous le dis, vous tapez. 
Elle s'était perchée à hauteur des tambours, surplombant la scène. 
- C'est haut quand même. 
- Allez-y! 
Elle se mit à frapper, avant de pousser un petit cri. 
- Quoi?! 
- ...rien, je...je m'attendais pas à ce que ça résonne comme ça. 
- Vous voulez plus le faire? 
- Si! si si si !
Elle se met à frapper sur la peau tendue des tambours, en rythme. Ses bras tremblent en réponse au tambour. C'était étrange et grisant à la fois. 
Elle avait passé la matinée à frapper, à essayer de suivre les ordres d'Arthur. 

Le repas du midi , elle sautillait encore, ravie d'aider. Léodagan observait sa fille, près d'Arthur, qui mangeait en silence. 
- ça va pas être la même chose cet après-midi. 
- Ouais, je sais. 
Guenièvre jeta un regard vers son père. 
- En quoi ça sera différent? 
- C'est pas les mêmes exercices. Va falloir vous arrêter et reprendre souvent, c'est plus difficile à suivre. Et je pense pas qu'il compte vous épargner. 
- Je ne veux pas de traitement de faveur! 
Arthur et Léodagan échangent un regard. Arthur n'avait pas spécialement prévu de ménager Guenièvre, mais pas forcément de la pousser comme il avait fait avec les derniers joueurs de tambour. 
- On verra si vous arrivez à suivre. 
Elle hoche la tête. 

L'après-midi avait bien commencé. Guenièvre s'en sortait bien. Arthur criait les ordres, qu'elle suivait sans broncher. Les bruits du tambour emplissaient sa tête. 
- ...OH!! 
Elle sursaute et s'arrête. Arthur lui jette un regard noir. 
- Vous écoutez plus ou quoi?! 
- Si, je... 
- Vous jouez pour les gars du fond aussi, vous ramollissez là! 
Elle pose les bâtons de bois pour s'attaquer à son manteau. 
- C'est juste que j'ai un peu chaud, je vais... 
- Attendez! 
Arthur fait le tour pour monter avec elle. 
- Virez pas votre cape, vous allez attraper froid. On va relever les manches de votre robe. 
- ...je peux le faire moi-même. 
- Soyez pas têtue, ça ira plus vite comme ça! 
Elle capitule et tend les bras. Il lui remonte la manche droite, puis la gauche. Il voit enfin des longues griffes. Il s'arrête, glissant le doigt sur les marques, sans la regarder. Le silence s'immisçait entre eux, encore. Il inspire, puis fini de lui remonter les manches. Il redescendit, et lui jeta, seulement en bas, un long regard attentif. 
- Allez-y. De toutes vos forces. 
Elle se saisit à nouveau des bâtons, et se mit à taper en rythme, au son de la voix de son mari. 
C'était une déchirure qu'il les ai vu comme ça. C'était aussi inespéré. Ils se disputeraient peut-être à cause de ces satanées marques, mais ce ne serait plus un secret entre eux. 
- PLUS FORT!
Elle tapait de toutes ses forces, et Arthur lui intimait de faire plus. Elle ne savait pas si c'était lié ou pas à ce qu'il venait de voir. S'il voulait la punir ou pas. Et elle s'en fichait. Chaque coup sans plainte d'Arthur était une victoire. Elle aidait. Elle n'était pas qu'une petite créature fragile comme on lui avait répété tant de fois. 
- ...ça suffit pour aujourd'hui! Guenièvre! Vous pouvez arrêter! 
Elle laisse les bâtons rebondir une dernière fois, avant de les poser. Elle est en nage. 
- C'est sûr...ça fait les bras ce genre de musique. 
Arthur s'approcha de Guenièvre et lui mis une étoffe autour du cou, avant de rabaisser ses manches. 
- Vous êtes en sueur. Vous aller vraiment finir par choper froid. Vous allez venir avec moi prendre un bain, histoire de vous réchauffer. 

Notes:

J'ai écrit ce chapitre très vite, parce qu'il était dans ma tête aujourd'hui.
J'avais prévu d'écrire quelques shots, et c'est devenu une petite histoire que j'avance quand je peux.
Et j'avoue que le chapitre suivant est commencé...
Et qu'il a pas mal bifurqué entre l'idée que j'en avais en le commençant, et où il en est à ce moment précis.
C'est frustrant parfois, de commencer à écrire quelque chose, et que ça n'aille pas où on voudrait.
A bientôt pour la suite !

Chapter 4: Le bain

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Guenièvre se laissa conduire jusqu'à la salle de bain. Arthur fit ordonner aux servantes de faire couler un bain chaud. 
- Vous, vous attendez ici. Vous enlevez votre manteau, et vous attendez. 
Elle l'observe partir d'un pas décidé. Elle soupire en regardant la porte, se rendant à peine compte qu'elle a recommencé à laisser courir son ongle sur son bras. Le bruit de l'eau l'angoissait. Elle n'osait pas regarder le bain. Dix ans après, l'image d'Arthur livide, du sang...elle n'y arrivait pas. Alors, elle fixait la porte. 

Arthur était revenu peu après avec des vêtements. Une chemise, un vieux pantalon en toile. Une chemise pour Guenièvre. Il la vit sursauter quand il ouvrit ouvert la porte. Il avait posé les habits sur un tabouret, et s'était mis à rapprocher les éponges, les sels, les savons liquides. Il semblait chercher la meilleure position, alors que les servantes l'évitaient. Guenièvre lui jette un regard absent. 
- Vous savez, les filles savent où elles mettent leurs affaires... 
Arthur ne l'écoutait déjà plus. Il tournait et virait, avant de regarder l'eau fumante du bain. Il fit un signe aux servantes, qui sortirent sans poser de questions. Il n'eut pas eu regard pour sa femme. 
- Changez-vous. 
- Hein? Mais je croyais... 
- Discutez pas. Enfilez la chemise que je vous ai amené. Et ensuite, vous radinez. 
Elle s'éloigna dans un recoin de la pièce pour enlever sa robe. Arthur lui aussi se dépêcha de se changer. Il l'observait. Elle avait relevé ses cheveux en un chignon rapide, des mèches volant de tous les côtés. Il avait vu son dos pâle émerger de la robe. Il semblait doux. Elle se dépêchait d'enfiler la chemise qui lui descendait jusqu'au cuisses avant de se battre avec le reste de la robe. 
A peine changé, Arthur se plongea dans la bassine, avant de jeter un regard à Guenièvre. 
- Venez. 
Elle se tourna à moitié, surprise. 
- Où ça? 
- Montez dans la baignoire. Allez. 
- Mais vous y êtes déjà... 
Il lui jeta un regard impatient. Guenièvre ne semblait pas comprendre. 
- Vous allez pas commencer à discutailler. Je vous dis vous venez, vous venez. Un point c'est tout. 
Guenièvre avança, glissant le pied dans l'eau. Au deuxième, elle était debout, face à Arthur. Il avait les mains là où elle pouvait les voir. Sur le rebord. 
- Vous comptez rester debout? 
- Je...je sais pas comment vous voulez que... 
Cette fois, il soupira d'énervement. Il ne voulait pas se fâcher, et tenta de se radoucir. 
- Retournez-vous. 
- Quoi?! 
- Retournez-vous je vous dis. Je vais vous guider. 
Elle lui obéit, gênée. Arthur tendit les bras, lui saisissant les hanches. 
- Descendez doucement. Asseyez-vous. Comme si j'étais pas là. 
Elle fini assise dans la baignoire, les jambes serrées, tentant de ne pas prendre de place. Le bras d'Arthur se glissa à sa taille et la ramena contre lui. 
- Voilà. Comme ça. 
Il la sentait mal à l'aise. Elle ne savait pas comment réagir. C'était leur premier bain ensemble après tout. 
- C'est pour ça que j'ai ramené des habits. C'est pas très conventionnel, mais ça permettra qu'on s'habitue un peu, non? 
- ...oui. 
Il restait là, à attendre que Guenièvre se détende. Elle semblait craindre quelque chose, et il ne savait pas quoi. Peut-être qu'elle avait peur de lui. Il fini par lâcher la phrase qui lui brûlait les lèvres et le cœur. 
- ...vous voulez que je sorte? Je sens que vous êtes pas à l'aise. 
- Non, je... je pourrai voir vos mains? 
- Si vous voulez. 
Arthur tendit les bras de chaque coté de Guenièvre, pour lui montrer ses mains. Un moment immobile, elle lui saisit subitement les poignets avant de les serrer contre elle. Arthur mis un moment à comprendre son geste. Sa respiration chaotique, son dos qui s'arrondissait tant elle se penchait en avant... Elle faisait une crise. 
- Tout va bien...Guenièvre, tout va bien. Je suis là. 
Les bras d'Arthur forcèrent doucement, pour la forcer à garder la tête loin de l'eau. Elle s'était tellement recroquevillée qu'il s'était mis à craindre qu'elle ne respire l'eau du bain. Elle entravait ses poignets de toutes ses forces. D'une force désespérée. Guenièvre n'était pas là, avec lui, dans un bain qu'ils partageaient. Elle était face au spectre du suicide d'Arthur. 
Tout ce qu'il pouvait faire, c'était attendre. Etre là, la rassurer, le temps qu'elle reprenne ses esprits. Il se permit un baiser, juste sous son épaule, là où la chemise avait glissé. 
- ça va aller...Je suis là. 
C'était une maigre consolation. Il était là. 
- ...Guenièvre, je suis désolé. 
il s'était légèrement redressé, pour suivre l'arrondi du dos de sa femme. Il avait bougé ses poignets comme il pouvait, pour l'étreindre de son mieux. Il posa son oreille sur son dos, et ferma les yeux. Il essayait de se concentrer sur elle. Il essayait de l'atteindre, là où elle s'était perdue. 
Il était reconnaissant que personne ne tente de venir le voir. Il entendait la respiration sifflante, manquant de se perdre. 
- Revenez avec moi Guenièvre. C'est du passé. Je suis là
Il lui parlait doucement, espérant ne pas la faire paniquer.  

Quand Guenièvre recommença à respirer calmement, elle ne se souvenait plus de ce qu'elle faisait là. Elle regarda autour d'elle, avant de se rendre compte qu'elle tenait des mains. 
Les mains d'Arthur. 
- ...vous êtes de retour? 
Elle se mordit la lèvre. 
- ...j'ai fait quoi? 
- Une crise, je dirais. Vous m'avez attrapé les poignets, et vous vous êtes mise à respirer très vite, très fort. Et de plus en plus faiblement après. 
Elle grimace. Arthur, lui, fixe la nuque de Guenièvre. Il sait qu'elle ne tournera pas la tête vers lui. 
Il aurait voulu l'embrasser, la rassurer. Continuer leur baiser de ce matin. Mais ce n'était pas le moment. Guenièvre était une boule de nerfs, et il voulait que chaque baiser soit apprécié. Elle avait passé sa vie à l'attendre, il pouvait bien patienter un peu aussi. Il devait prendre le temps de soigner les plaies qu'il avait fait naître en elle. 
Il émit un long soupir. 
- Est-ce que ça vous dit qu'on se lave un petit peu, avant que l'eau ne soit glacée? 
- Oui. 
- Faudrait peut-être me rendre mes mains. 
Elle sursaute et relâche son étreinte, avant de grimacer en se massant ses doigts. Elle a serré fort, ses doigts sont crispés. Arthur reprend, sur le même ton neutre. 
- ça vous dérange si je vous frotte le dos? 
- Vous êtes pas obligé de... 
- Je dis pas que je suis obligé. 
Elle inspire, puis hoche la tête. 
- ça serait gentil de votre part. 
Il saisit une éponge et se mit à frotter, doucement, à travers la chemise. Guenièvre pris les devants et tira sur la chemise, dévoilant sa peau nue à son mari. Il se mit à frotter, doucement, avant de prendre du savons et de laver consciencieusement le dos de son épouse. Ses mains sur sa peau. C'était un contact électrisant pour les deux. Malgré ce qu'ils venaient de vivre, il y avait cet instant de bien-être qui les apaisa. Jusqu'à ce qu'il voit la chair de poule remonter dans le dos de sa femme. 
- Vous voulez qu'on fasse changer l'eau? Elle n'est plus très chaude... 
- C'est comme vous voulez. 
- Vous commencez à tremblez. 
Elle fronce le nez. 
- Je veux bien. 

Arthur avait élevé la voix pour appeler les servantes, qui se pressent pour changer l'eau. Lui en profite pour passer ses bras aux épaules de Guenièvre, juste au-dessus de sa poitrine. Il fixait l'eau, tout en posant à nouveau ses lèvres sur l'épaule de Guenièvre. Elle ne bouge pas, observant le manège des servantes finir de remplir. Arthur les fixait aussi, impatient qu'elles ressortent. Il s'accrochait à Guenièvre comme s'il craignait que quelqu'un n'entre et veuille l'enlever. Ses yeux s'étaient assombris avec la porte entrouverte. Il aurait pu menacer n'importe quel homme posant ses yeux sur la femme qu'il tenait contre lui. Quand l'eau fut à nouveau chaude, les servantes sortirent et refermèrent la lourde porte. 
- ...je suis désolée. 
Arthur hausse les sourcils. 
- Désolée de? 
- Bah...tout ça...vous avez fait préparer un bain, et moi je...  
- Le bain est toujours là. 
- Oui, mais. 
Il secoue la tête. 
- En parlant de choses qui fâchent...votre bras, c'est quoi? 
Elle tend le bras, le sortant de l'eau laiteuse. La plus visible lui faisait face, sur l'intérieur de son bras. 
- ça? C'est moi, quand je me gratte. C'est souvent inconscient. Au début, c'est rien. Et ça empire si je le fais trop. 
- Vous avez fait ça souvent? 
Elle ne lâche pas des yeux les marques. 
- Quand je vous ai cru mort, oui. Et après...c'est surtout quand j'étais enfermée. la petite avait bien essayée de m'occuper, mais quand j'avais une visite de...
Ses yeux se voilent un instant,. Elle secoue la tête. Pas encore
- ...de Lancelot, je finissais dans un état bien pire. 
- Et pourquoi vous continuez? 
- Je sais pas. Quand je m'occupe, quand vous êtes là, ça va. Et parfois, ça me submerge. La solitude, l'angoisse, tout ce temps perdu... 
Arthur soupire. Guenièvre avait énormément pris sur elle, et il avait beau l'avoir libéré, elle restait toujours prisonnière de tout ça. Comme lui. Il voulait bouger, mais le tissu sur les bras commençait à peser et à l'énerver. 
- ...ça vous gêne si j'enlève ma chemise? 
- Non. 
D'un geste rapide, il détacha sa prise de sa femme, pour retirer le tissu qui s'était alourdi. Son regard se fixa à nouveau sur la nuque de Guenièvre. Il laissa son doigt glisser de la naissance de ses cheveux jusqu'au milieu de ses omoplates, lui arrachant un frisson. 
- Je vais vous prendre dans mes bras, d'accord? 
Elle hoche la tête, les bras serrés contre sa poitrine. Arthur passe les bras de chaque côté d'elle, pour ne pas la surprendre. Si son bras droit s'enroule à ses épaule, le gauche glisse sous l'eau pour se coller à son ventre. 
C'était un comportement possessif, que Guenièvre ne semblait pas déceler. Arthur, lui, voulait se conforter dans l'idée qu'elle était là. Qu'elle était SA femme. 
Il savait que c'était stupide. Guenièvre le n'avait pas abandonné en dix ans de séparations. 
Lui par contre l'avait relégué dans un coin de sa tête. Il voulait la croire heureuse avec quelqu'un d'autre. Ou peu importe, en vrai. 
Et là, il la voulait pour lui seul. Elle n'avait pas trouvé le bonheur, alors il lui apporterait, tant qu'il en était capable. 

Il rapprocha Guenièvre un peu plus contre lui, et se mit à déposer de petits baisers sur son épaule, la sentant frissonner, avant de l'embrasser à la jointure de son épaule et de son cou. Elle poussa un petit gémissement en relevant l'épaule, forçant Arthur à reculer son visage. 
- ça vous plaît pas? 
- ...si. 
Elle l'avait soufflé. Arthur resserra à peine son étreinte, et parla plus doucement. 
- Alors laissez-moi l'accès. 

Elle remit sa tête droite. Quand il déposa un nouveau baiser, elle se tendit, se retenant de se défiler à nouveau. 
Et pour la première fois depuis longtemps, elle ferma les yeux dans le bain, et se laissa guider par des sensations inconnues. 
C'était agréable. 
- On prendra le temps qu'il faut, mais je vous sortirai de tout ça. 
Guenièvre chercha à tâtons le poignet gauche d'Arthur, et frôla sa cicatrice. 
- Moi aussi, je n'espère que ça. 
Encore une fois, il était au centre de ses pensées, de ses attentions. Pris d'une impulsion, il la serra plus fort et lui mordit tendrement l'oreille, arrachant un petit gémissement à Guenièvre. Puis il posa le menton sur son épaule. Sentir son cœur, c'était étrangement apaisant. Il fini par entendre des pas dans le couloir, des rires, une langue qu'il ne comprenait pas. 
- ...on dirait que le repas est bientôt près, et que les invités de votre père ont faim...on devrait se sécher. 
Elle hocha la tête. Il la lâcha à regrets, avant de sortir. Guenièvre le fixait alors qu'il saisit une serviette.  
- Vous sortez pas? 
- ...j'ai enlevé ma chemise tout à l'heure. 
- Et ? 
- Je suis...complètement nue. 
Cette fois, il compris. Elle avait peur qu'il la voie nue. Il soupire. 
- Je vous ai tenue dans mes bras dans le bain Guenièvre. Vous voir nue ne va pas... 
Elle venait d'attraper son regard. Ce n'était pas la femme gênée et rougissante qui ne voulait pas. C'était la femme qui avait des choses à cacher. Elle était mature, elle était digne, et décidée. Elle était magnifique à cet instant. 
Au point qu'Arthur n'osait pas bouger. Il était passé à côté d'une femme aussi belle que réfléchie. Une femme qui voulait le sauver lui, avant de se sauver elle. 
- ...vous pouvez me passer une serviette? 
Il secoue la tête. 
- Je...bien sûr, attendez. 
Il tendit une longue serviette devant la baignoire, essayant de ne pas la regarder. Elle s'approcha et s'enroula dans la serviette, laissant ses bras à l'air. 
- C'est vous qui allez attrapez froid, à rester comme ça. 
- Vous pourrez toujours me soigner. 
Elle émit un sourire tendre et maternel. Arthur avait envie de se jeter sur elle pour l'embrasser. Il se retourna. 
- Je vous ai ramené une robe simple, je vous laisse vous habiller. 
Il s'éloigna pour se changer aussi. Ils sortirent ensemble de la salle d'eau, pour rejoindre les tentes. Guenièvre était calme, presque apaisée par ce qui venait de se passer. 
Arthur, lui, gardait sa main liée avec celle de sa femme. Ils avaient besoin de se sentir proche ce soir. 
Tant qu'il n'était qu'Arthur, pas le Roi Arthur, il pouvait se permettre ce genre de petites attentions. 

Notes:

Ce chapitre a été plus difficile à écrire que prévu...
Je n'avais pas prévu la crise de Guenièvre, mais ça m'a paru évident qu'elle ne pourrait pas agir de façon anodine dans une salle de bain avec Arthur.

Je ne sais pas où l'histoire va aller maintenant.
Peut-être parler un peu d'évènements passés, avant de voir s'ils se décident à prendre le risque de découvrir un peu plus les failles l'un de l'autre.
J'espère que ce chapitre vous aura plu !
Yumeka

Chapter 5: Un chateau en ruines

Summary:

Arthur est ressorti du château, sauvé par Gareth et Meghan.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Les balistes continuaient à tirer en cadence, au loin. 
Arthur observait la scène, laissant le vent emporter toute la poussière qu'il avait amassé à se battre dans un château tombant en miettes. 
Il était fixé par Meghan, une des filles de Karadoc. Gareth, lui, est retourné à son poste de guet. Après un moment d'hésitation, elle s'approche d'Arthur. 
- Je comprends pas, pourquoi vous bougiez plus, là-bas? Tout était en train de s'effondrer, et... 
Meghan s'adressait à Arthur, seul avec elle, parlant pourtant à voix basse. Elle sentait que ce n'était pas quelque chose à ébruiter. 
- J'avais...je sais plus. C'est pas la peine d'en parler. 
- Mais... 
Arthur voit Guenièvre apparaître, montant la colline où ils sont encore, tournant le dos au château s'effondrant de plus en plus. 
- Ah vous voilà! On commençait à se demander ce que vous faisiez! En plus Karadoc refusait de faire effondrer les galeries. Heureusement qu'il s'est pris les pieds dans les cordes et que c'est lui qui a tout démarré... d'ici ce soir il dira que c'est lui qui a pris la décision! 
Elle était à bout de souffle. Il imaginait qu'elle avait couru jusqu'ici. 
- Qu'est-ce qui vous a pris si longtemps? ...vous avez vu Lancelot? 
- Il est parti. 
Guenièvre cligna un instant des yeux. Puis elle lu dans le regard d'Arthur ce que cela signifiait vraiment. Il était parti. Pas mort
- Mais ça nous dit toujours pas pourquoi vous étiez allongé sur cette table quand tout se cassait la gueule. 
Arthur ouvrit de grands yeux. Autant, entendre Meghan poser la question quand ils étaient seuls était déjà désagréable... là, elle venait d'exposer la situation à Guenièvre. A la personne qu'il voulait le plus protéger de son moment de faiblesse. 
- Je vous ai dit... 
- Je pense qu'il est tombé de fatigue. 
Guenièvre a un petit sourire envers Meghan. 
- ça fait des semaines qu'il entraîne les troupes la journée, et que la nuit il prépare ses stratégies. Il a combattu Lancelot, et quand ce lâche s'est enfui, tout ce qui le tenait jusqu'ici a lâché. Il avait besoin de se poser. 
Elle pose la main sur celle de Meghan. 
- Merci d'être allé le chercher. Vous avez eu du courage, tous les deux. Je peux vous laisser aller rejoindre tout le monde? Je pense qu'il a encore besoin de se reposer, et qu'ils doivent déjà être en train de faire la fête. Par contre, pas un mot de tout ça aux autres, d'accord? 
Elle se penche à l'oreille de la jeune femme. 
- Il déteste être ménagé, et ce n'est pas non plus agréable de se faire railler parce qu'on a eu un moment de fatigue. 
Meghan hocha la tête, serrant la main de Guenièvre. 
- Je leur dis que vous arriverez plus tard. Vous voulez que Gareth reste monter la garde un peu plus au cas où... 
- Je pense qu'on n'a plus grand-chose à craindre pour le moment. 
Elle s'éloigne, jetant malgré tout des regards en arrière au couple, avant de totalement disparaître. 

Arthur n'avait pas ouvert la bouche. 
Guenièvre avait pris les choses en main, elle avait donné des explications qui pouvaient paraître sensées. 
Elle était toujours là, dos à lui. Elle ne lui adressait pas la parole. C'était à lui de faire le premier pas. 
- Guenièvre... 
Il pose la main sur l'épaule de sa femme et la fait se retourner vers lui. 
Il s'était attendu à ce qu'elle pleure. 
Ce n'était pas le cas. Elle était blessée, peut-être déçue, mais elle ne pleurait pas. Ce n'était pas ses yeux rougis qui l'empêchaient de le faire. 
C'était plus profond. 
Guenièvre ne pouvait plus pleurer, tout simplement. Il ne l'avait pas vu pleurer depuis qu'il l'avait récupéré. Elle s'était construit une forteresse, et elle s'y retranchait. 
- Nous ne sommes que tous les deux. Reprochez-moi ce que vous avez à me reprocher. 
- Je n'ai rien à vous reprocher. 
Elle s'y retranchait, même de lui. Il referma ses mains sur le haut des bras de Guenièvre, le regard sombre. Il n'était pas question qu'il la laisse faire. Il ne savait que trop bien ce que ça faisait. 
Elle commençait à jouer trop bien son rôle. A trop bien refouler ses sentiments. Il était hors de question qu'il la regarde s'enfoncer là-dedans sans rien faire. S'il attendait, s'il la laissait faire... 
Le jour où elle craquerait, elle s'effondrerait. 
Et il savait qu'il ne supporterait pas de la voir dans cet état. 
Peut-être même qu'elle arriverait là où lui avait échoué. Elle était discrète, et personne ne s'inquièterai de ne pas la voir pendant plusieurs heures. 
- Vous foutez pas de moi. 
- J'ai rien à... 
Il se mit à monter le ton. 
- Vous êtes la SEULE qui peut me faire des reproches Guenièvre, la SEULE que je suis prêt à écouter, alors vous allez cracher ce que vous avez à cracher. 
Elle esquiva son regard, sans pour autant craindre un arrivant. 
- Vous me reprochez de vous protéger? 
- de me... Changez pas de sujet, je veux entendre ce que vous avez à me dire Guenièvre. Je ne vous lâcherai pas tant que vous ne l'aurez pas fait. 
- Vous voulez que je vous dise quoi? "Je pensais que vous vous en étiez sorti, je ne comprends pas ce qui vous a pris?" Eh bien non. Je sais que ce n'est pas comme ça que ça marche. 
Elle refusait de lui partager ses sentiments. Il sentait qu'elle voulait s'éloigner, se détacher de ses mains. 
- Je vous demande pas... 
- Alors vous me demandez quoi?! 
Elle commençait à trembler. 
- Je veux juste savoir ce que vous avez à me reprocher sur ça. Sur ce qu'elle a dit. 
- je n'ai RIEN à vous dire! C'est clair comme ça?! Je n'étais pas là!! 
Cette fois, elle avait haussé le ton aussi. Arthur resserre légèrement son étreinte. Il veut qu'elle le regarde. 
- Qu'est-ce que vous voulez dire? Vous ne pouviez pas... 
- Je n'étais pas là! Vous avez fait votre plan, et j'étais à l'autre bout de la bataille! Vous dites que je suis la seule personne qui vous importe, mais vous m'avez mis là-bas pour empêcher Karadoc de tout faire foirer! Vous m'avez foutu dans un trou avec Karadoc, qui a failli m'ensevelir! J'aurai dû refuser! J'aurai dû être là! J'aurai dû vous attendre là où les enfants se trouvaient! Vous seriez revenu! 
Arthur la prend dans ses bras. Pour Guenièvre, c'est comme un électrochoc. Elle recule, aussi subitement que violemment. 
- ...vous ne seriez pas revenu. 
Cette fois, la douleur était visible dans ses yeux. La colère et la peine se mêlaient. Mais elle ne pleurait toujours pas. 
- Guenièvre...
Elle leva les yeux aux ciel, mordant l'intérieur de ses joues, puis recula à nouveau. 
- Quelle sotte j'ai été. Quelle sotte je suis à croire que vous vouliez recommencer avec moi. 
- C'est ce que je veux. 
- Alors c'était quoi ça?! Vous dites que vous voulez que je vous fasse des reproches?! C'était quoi, tout le temps qu'on a passé, si c'est pour me laisser comme ça?! 
Arthur s'approcha, les mains en avant, pour essayer d'apaiser sa femme. Elle tournait, reculait. C'était un face-à-face bien plus dangereux que celui qu'il avait eu dans ce château. 
- Je me suis battue contre Karadoc, qui n'arrêtait pas de rejeter votre plan ! J'ai tout fait pour être à vos côtés pour entrainer les troupes! J'ai refusé de laisser mon père décider si je devais rester en arrière ! J'étais prête à vous désobéir pour venir ici, et je ne l'ai pas fait! J'aurai dû être là! J'aurai dû venir vous chercher! 
Dans la colère qui l'enveloppait, c'était contre elle qu'elle se battait. C'était elle qui se reprochait des choses. Elle se reprochait son élan de faiblesse à lui. Il pensa un instant qu'il pouvait avancer à nouveau, sans risque. Le pas vif de Guenièvre et son regard noir le ramenèrent à la réalité. 
- Ne me touchez pas. 
Le combat n'était pas fini. Pas encore. 
- C'est pour ça que vous m'avez libéré Arthur? C'est comme ça que vous comptez me libérer? C'était des paroles en l'air ? Dites-le-moi maintenant, que je fasse de suite le deuil de ces mots qui me font tenir debout! 
- Bien sûr que non ! 
Il ne supportait pas de la voir comme ça. Il voulait que ça s'arrête. Il voulait s'excuser. Il voulait qu'elle comprenne. 
- Je n'ai pas décidé ce qui s'est passé! Je n'ai rien prévu! J'ai...j'étais fatigué de tout. Je pensais que ça s'arrêterai. Que ce vide disparaîtrait. 
- ET MOI?! 
Elle avait crié cette fois. 
- Vous alliez m'abandonner aussi?! Vous aviez vu que j'étais dans le même état, et vous avez rallumé quelque chose, pour faire ça?! Si vous vouliez me tuer, il suffisait de me le dire! Je serai restée en arrière dans les tunnels! Je suis sortie POUR VOUS! POUR VOUS ET J'AURAI PU NE PAS VOUS REVOIR!! 
- Ne dites pas ça! 
Sa voix était cinglante. Il s'en voulait, mais il en voulait à Guenièvre de lui dire ça. Qu'elle aurait pu mourir. Qu'elle aurait voulu mourir. Il ne voulait ni la tuer, ni être sa raison de vivre. C'était un poids trop lourd à porter. C'est ce qu'il voulait être pour elle, oui, mais il ne voulait pas le formuler. 
- Vous voulez que je vous dise quoi alors?! Vous voulez que je vous dise les choses, mais pas celles qui vous déplaisent?! 
Arthur tendit le bras, la touchant presque. Elle repoussa sa main d'une claque. 
- Ne me touchez pas! 
La voix de Guenièvre était tremblante. Elle montait dans les aigus, incapable de se maîtriser totalement. 
Il tenta plusieurs fois de se rapprocher, la manquant toujours de peu. Sa colère la rendait vive. Ses joues étaient rosies par la colère plus que par le vent froid qui commençait à se lever. Elle respirait de plus en plus vite, les yeux alertes à chaque mouvement. Il fronça le front, avant de faire un pas en avant qui manqua de le déstabiliser. Guenièvre hésita cette fois. Entre reculer et le rattraper. 
Il saisit sèchement le poignet de Guenièvre, qui hurla à nouveau quand il la coinça contre lui. 
- LACHEZ-MOI TOUT DE SUITE!! 
Au lieu de l'écouter, il resserra ses bras autour d'elle. Il la garderai contre lui, et elle se calmerai. Oui, elle... 
- PUT... 
Arthur serra les dents. Guenièvre, la Guenièvre qui hésitait encore à le toucher, qui avait essayé de le rattraper, lui mordait le bras de toute ses forces. Il la serra plus fort contre lui. Elle relâcha son bras, et se remit à crier. 
- LACHEZ-MOI ! Lâchez moi 
Et cette fois, elle fondit en larmes. Tout d'un coup, submergée par sa peur et sa peine. Les larmes coulaient, ses sanglots étaient tellement nombreux qu'elle s'étouffait avec, n'arrivant plus à respirer. 
Ses genoux se dérobèrent sous elle, et elle s'affaissa sur l'herbe. Arthur, épuisé par les évènements, fit de même. Il la tenait toujours étroitement contre lui. Il avait peur de la voir se réduire en cendres. 
- Je suis sincèrement désolé... 
Il s'approcha de son oreille. 
- Je vous aime Guenièvre.  
Elle hoqueta, essayant de répondre, avant d'enfoncer son visage dans le cou d'Arthur. Il sentait ses larmes, son souffle brûlant et erratique. Il sentait son cœur battre tellement vite qu'il en vint à craindre qu'il s'arrête soudainement. 

Il fallu presque un demi-heure pour que Guenièvre cesse de pleurer, et presqu'autant pour qu'elle reprenne une allure acceptable. Elle jeta un œil au cache poignet d'Arthur, qui le remit rapidement. Elle savait à quel point il voulait cacher ses cicatrices. Une fois enfilé, elle lui saisit doucement la main. Elle ne le regardait plus dans les yeux. Elle n'en avait plus la force. Ses larmes avaient fini par se tarir, mais des nouvelles n'étaient pas loin. Elle ne voulait pas déclencher un nouveau torrent. Comme si tout ce qu'elle avait retenu jusque-là cherchaient à s'enfuir. 
- ...allons-y. Vous êtes prête? 
Elle hocha la tête. Son bras s'agrippa à celui d'Arthur, alors qu'elle tenait déjà sa main. Elle se sentait ridicule. 
- ...je suis désolée pour votre bras. Je ne sais pas...j'ai perdu la tête. 
- ça va aller. 
- Arthur... 
- Oui? 
Sa voix était plus faible qu'à l'accoutumée, presque hésitante. 
- ...moi aussi, je vous aime. 

Notes:

Je sais.
C'était pas hyper joyeux. C'est le moins qu'on puisse dire...
J'essaierai de faire un chapitre plus léger la prochaine fois.
Et puis, peut-être qu'on repartira voir leur retrouvailles, à la tour de Ban.

Chapter 6: La célébration

Summary:

Le chateau est en ruines. Tout le monde célèbre la réussite

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Arthur avait rejoint le groupe qui dansait et faisait la fête devant les ruines encore fumantes du château. 
Il avait tenté de s'esquiver le plus vite possible, reprendre la main de Guenièvre qu'il avait dû lâcher pour être serré de bras en bras, félicité, applaudit. 
Il n'avait pas eu la force de leur refuser ce bonheur. 
Le soleil avait commencé à décliner, légèrement, et des torches étaient installées un peu partout. Guenièvre, elle, avait la délicate attention de se décaler à chaque fois qu'Arthur était balloté, ne quittant jamais son champs de vision. 
C'était presque une danse entre eux. Elle n'était pas chahuté par le bonheur d'avoir été retrouvée, et ça lui allait. Elle pouvait se concentrer sur les regards de son mari. 
Ils s'étaient lâchés à regret. Elle avait desserré sa main en voyant qu'il ne le ferai pas. Arthur était fatigué, mais il n'aurait pas hésité à se prendre la tête parce qu'on l'éloignait de sa femme. Elle avait pris les devants. Et elle le veillait, derrière les flammes. Il la voyait, toujours. C'est ce qui lui permettait de continuer à parler aux autres. Elle était là, comme beaucoup considéraient qu'elle devait être. En retrait. 
Arthur la voulait près de lui, plus que jamais. 


Il répondait presque machinalement aux questions qu'on lui posait. 
- Vous allez reconstruire le château, hein? 
- Il va bien falloir...on va commencer par devoir nettoyer tout ça... 
Perceval, qui passait derrière le Roi, tenta un regard sur les ruines. 
- On peut peut-être récupérer des pierres, y'en a qui doivent être encore en état... 
- On a le temps. En attendant qu'on s'y attelle, je pense que Léodagan pourra nous héberger. Au moins une partie d'entre nous. 
- Si ça les gêne pas de vivre dans des tentes. 
La voix de son beau-père. Son ton sec et bourru. 
Avant d'être attrapé par un autre homme voulant le féliciter, il aperçu Léodagan s'approcher de sa fille. Sa main rugueuse se posa sur la joue de Guenièvre, avec une tendresse qu'il ne lui connaissait pas. Les mots qu'ils échangeaient étaient couverts par tous les cris de joie, par la voix de cet homme qui se disait fier d'avoir participé. 
Il vit sa femme poser la main sur celle de son père, peut-être répondre quelque chose, avant qu'il ne soit obligé de se remettre droit et de répondre à l'homme qui continuait de lui parler. 
Quand il fini par se débarrasser de lui, Guenièvre n'était plus visible. Il essayait de la voir, dans cette foule. Puis il vit, plus loin, Léodagan. Il s'était avancé, n'hésitant pas à jouer de sa stature et de sa voix rauque pour se frayer un chemin. Il s'était placé suffisamment près pour pouvoir saisir Arthur dès qu'il en avait la possibilité. 
Quand un de ses invités voulu subtiliser Arthur, Léodagan gronda à nouveau. 
- Je peux parler à mon genre au moins?! 
L'homme fit un pas en arrière, battant en retraite. 
Arthur ne savait pas à quoi s'attendre. Son beau-père s'éloigna un peu de l'agitation, et il le suivi, tout en continuant de jeter des regards à la masse humaine qu'il quittait. Guenièvre était toujours introuvable. 
Comme s'il avait compris, Léodagan lui répondit. 
- Elle est avec Perceval. 
- ...d'accord. 
L'homme passa sa main à la nuque d'Arthur, le rapprochant de lui. Dans un élan d'affection, il pressa un instant son front contre celui d'Arthur, avant de le lâcher et de se retourner vers l'ancien château. 
- ...on avait fait construire une chambre avec une petite dépendance, une sortie discrète, au château. En Carmélide. Je pense que ma fille et vous avez besoin d'un peu d'espace...avec tous ces dingues qui vont vouloir vous parler, ces prochains jours. 
Arthur acquiesça. Il n'était pas habitué à ce que son beau-père soit prévenant. Il l'entendit bougonner. 
- J'ai remarqué que vous ne la quittiez pas des yeux, alors j'ai demandé à Perceval de rester avec elle. Et Bohort aussi. 
- Merci. 
Il n'aurait sans doute pas choisi Perceval, mais le fait que ce soit Léodagan qui fasse la demande évitait qu'on se pose des questions. 
- J'en ai pas parlé à ma fille. Vous lui ferez la surprise. 
Il prit le temps de lui expliquer les entrées de la chambre. 
La porte dérobée, peu après la chambre qu'ils occupaient. Une sortie dérobée qui donnait sur le potager qu'il avait réquisitionné. 
- Vous attendez pas à un deuxième château non plus! C'est juste que vous aurez la paix. 
Il acquiesce. Léodagan lâche un soupir. 
- ça fait un coup quand même. J'avais bien rêvé de le déglinguer votre château - quand on s'engueulait hein-, mais ça fait un coup. 
- Au moins, on fera table rase du passé. ça devrait aider. 
- Et vous allez faire reconstruire? En plus grand? 
- J'en sais rien. La salle de la table ronde, oui, il y a plus de chefs de clans, donc va bien falloir. Ensuite, faudra qu'on en discute. 
- "On"? 
- Vous êtes mon conseiller le plus franc. 
Léodagan eu un petit sourire, puis se tourna vers le groupe de burgondes. 
- Va falloir y retourner. Vous vous sentez? 
Arthur jeta un regard vers les lumières, puis soupira. 
- Non. Je vais profiter d'être dehors pour voir ce que fait votre fille. 

Il avait fini par trouver Guenièvre, Bohort et Perceval, tous à quatre pattes dans l'herbe. 
- ...vous foutez quoi? 
- Ah, sire, je... 
Bohort se releva, s'époussetant de son mieux. 
- Nous parlions de fleurs, et il se trouve que j'ai évoqué les trèfles à quatre feuilles. Depuis, la Reine... 
- Oh, je vais bien! Je vais en trouver! 
Arthur soupira en jetant un regard à Guenièvre, puis se fixa sur Bohort. Il avait mis ses mains dans son dos, le menton relevé. Ses attitudes d'avant. Il savait que Bohort espérait retrouver son roi, il pouvait jouer le jeu, surtout si ça mettait Bohort dans l'embarras. 
- Et vous lui avez dit quoi? 
- ...Selon la légende, ça porterai bonheur à la personne à qui on l'offre. 
Il leva les yeux au ciel, avant de s'approcher de Guenièvre. 
- Allez-y. 
- Sire... 
- Bohort, c'est un ordre. Je m'occupe de la Reine. 
- Bien, sire. 
Il jeta un regard à Perceval, qui se releva aussi. 
- Et on leur dit quoi, aux autres? 
- Rien. 
- Mais ils vont s'inquiéter! 
- Ils penseront que je suis retenu par un autre invité. On reviendra. 

Une fois Bohort parti, il s'avança un peu plus de Guenièvre, qui ne relevait pas la tête. 
- Je sais que je peux en trouver un. Je ne bougerai pas d'ici tant que je ne l'aurai pas. 
Elle s'attendait à devoir batailler pour rester là. Au lieu ce ça, elle vit Arthur s'asseoir et se mettre à chercher devant lui, effleurant les trèfles. 
- J'ai une heure à tout casser avant qu'ils me cherchent pour de bon. Alors traînez pas. 
Elle eu un grand sourire, avant de redoubler d'efforts. Arthur cherchait aussi. Guenièvre était un peu naïve parfois, et penser qu'une plante anormale puisse porter chance... 

Presqu'une heure plus tard, Arthur saisit un trèfle à quatre feuilles et se tourna vivement vers Guenièvre. 
- Tenez! 
Il s'arrêta face à un autre trèfle. Guenièvre venait d'en trouver un elle aussi. 
Elle gloussa, lui cachant dans la poche qu'il avait sur la poitrine. 
- Il vous protègera. 
Arthur, lui, glissa le sien dans les cheveux de Guenièvre. 
- Je vous apporterai le bonheur que je peux, tant que vous voudrez de moi. 
Et cette fois, ce fut elle qui fit le premier pas. 
- Sire!!! 
Les yeux d'Arthur dérivèrent vers les voix, avant de revenir vers Guenièvre. Elle recula, rougissante, déçue. 
- Messieurs? 
- On se demandait où vous étiez. 
- Avec ma femme. 
- Tout le monde vous cherchait. 
Il se relève, et tend la main à Guenièvre. 
- On devrait y aller. 

Ils avaient continué leur manège jusque tard. Même sur le chemin de retour vers la Carmélide, tout le monde voulait lui parler. Perceval, un peu enivré, avait menacé les gens qui s'approchaient trop de Guenièvre. C'était ridicule, mais Arthur était ravi d'avoir quelqu'un qui veillait sur elle pendant que lui ne pouvait pas. 

Il faisait nuit noire quand tout le monde arriva devant le château. Léodagan leva les bras. 
- Bon, maintenant, on va devoir faire les comptes et les placements! Alors tout le monde se calme et se met en ligne! 
Il jeta un regard à Arthur, qui empoigna sa femme pour passer derrière son beau-père. 
- Je m'occupe d'eux. Ils vont marcher à la baguette. On a maté les burgondes, c'est pas eux qui auront ma peau! 
Il n'attendit pas son reste et parti rapidement dans l'aile des chambres. Guenièvre s'arrêta devant leur chambre. 
- ...vous allez où? 
Arthur la regarda, avant de se souvenir de ce qu'avait dit Léodagan. Elle n'était pas au courant. 
- J'ai un petit quelque chose à faire. 
Il saisit Guenièvre sous les genoux et la souleva, comme le jour de leur mariage. Elle s'agrippa à son cour, surprise. Il dépassa la chambre et la conduisit, sans qu'ils n'échangent un mot, dans la dépendance que lui avait indiqué son beau-père. La chambre était dans un renfoncement, personne ne les chercherait ici. 
Une fois la porte fermée, Guenièvre se permit de poser la question. 
- ...c'est quoi? 
- Un cadeau de votre père. Il nous prête une chambre cachée. Personne ne sait qu'on est là. A part votre père, bien sûr. 
Il la déposa sur le lit, avant de fondre sur ses lèvres. Elle lui empoigna les cheveux, aussi avide de ce baiser que lui. Ils s'étaient dévoré du regard tout le temps où ils avaient pu. 
Guenièvre défit aussi adroitement que possible le veston d'Arthur entre deux baisers. Elle voulait pouvoir le toucher, lui, pas son armure. 
Et Arthur était avide aussi. A peine libéré, il s'assit sur le lit et saisit le visage de Guenièvre dans ses mains, pour l'embrasser. Il la sentait tenter de suivre le mouvement, malgré ses maladresses. Lorsqu'il la lâcha, elle tomba en arrière, et il la surplomba de toute sa splendeur Ses yeux sombres, ses cheveux noirs dont quelques mèches se perdaient entre eux. 
- Je sais qu'il est trop tôt Guenièvre. Je ne pourrai pas me contrôler. Et je veux que notre première fois soit la meilleure que je puisse vous offrir. 
Elle respirait fort, d'envie, de peur. Arthur pressa ses lèvres sur celles de sa femme, plus doucement. 
- Je propose que notre prochain bain se passe mieux... je vous assure que vous allez apprécier y passer du temps.  

Notes:

Bon, ce chapitre n'est sans doute pas le meilleur que j'aurai pu écrire.
Mais j'avais dit que je ferai plus léger dans le ton.
(je suis meilleure pour le sombre, désolée)
Mais ça m'a fait plaisir de ressortir un peu de positif et de "légèreté".

J'espère que ça vous plaira.
Yumeka

Chapter 7: L'hiver en Carmélide

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

L'hiver en Carmélide. 
Arthur maudissait le froid qui s'était abattu sur l'ile de Bretagne. Tout était recouvert d'un manteau blanc du plus bel effet, mais lui avait vécu pendant presque dix ans dans un pays sans hiver. Il se sentait ridicule, maintenant, emmitouflé dans d'immenses manteaux et peaux de bêtes diverses. Même Guenièvre, qu'il savait frileuse, peinait à dormir sous le nombre de couvertures qu'il entassait sur lui. 
- J'ai froid je vous dis! 
Guenièvre esquissa un petit sourire et se faufila sous les couvertures avec lui. Depuis qu'ils partageaient cette chambre secrète, elle se montrait plus avenante, plus joueuse. Plus tactile. 
Arthur ne s'en plaignait pas, au contraire. Il redécouvrait Guenièvre comme elle était au début de leur mariage. Enjouée. A chaque fois qu'elle parlait trop, il voulait la faire taire en l'embrassant à perdre haleine. Ce qu'il ne se gênait pas pour faire parfois. 
S'il se retenait, c'est qu'elle ne l'arrêterait pas, même si elle le voulait. Guenièvre, malgré leurs nombreuses années de mariage, était inexpérimentée. Il voulait consommer leur union, mais plus le temps passait, plus il hésitait. Il avait peur de perdre le fil, de ne pas la satisfaire...de la blesser. 
Alors il avançait à pas feutrés. Guenièvre n'hésitait plus vraiment à le toucher, mais tressaillait encore quand il découvrait de nouvelles parties de son corps. 
Et elle lui cachait encore des choses. Il le savait. 

Lorsqu'ils prenaient leur bain, Guenièvre ne se montrait jamais nue face à lui. Il avait un moment pensé à de la timidité. Puis il avait vu à son regard que quelque chose de plus sombre était la cause de sa pudeur. 
Il avait cherché, sous couvert de caresses, ce qu'elle cachait. Son ventre ne semblait pas porter de marques. Quand à son dos...il l'avait assez embrassé pour savoir qu'elle ne cachait rien de ce côté-là. 
Ses bras étaient encore parsemés de griffures, mais elles s'amenuisaient. 

- Vous ne voulez pas me montrer ce que vous me cachez, Guenièvre? 
Il la tenait tendrement dans ses bras, sous sa montagne de couvertures. Elle hésita un instant. 
- Vous allez vous énerver. 
- Alors expliquez-moi pourquoi. 
Elle recule hors de ses bras, s'installant sur le dos, pour peser le pour et le contre. 
- Vous ne risquez rien ici. Je suis là. 
Elle tend la main pour attraper celle d'Arthur. Elle lui fait poser la main sur sa cuisse. Arthur rougit. 
- Héla, vous êtes pas obligée d'aller aussi vite en... 
Il s'arrête. la cuisse de Guenièvre, sous sa main brûlante. Le sang commence à lui monter à la tête. Elle remonte doucement, lui faisant remonter lentement le tissu de sa chemise de nuit. 
Il se sentait perdre le contrôle. Sa main ne faisait que l'effleurer, et il avait envie d'empoigner sa cuisse ferme, de la coller à lui, de... 
Une cicatrice? Non, deux...trois... 
La tension sexuelle qu'il s'était créé redescendit aussi vite qu'elle était montée. Vers le haut des cuisses de Guenièvre, il y avait des marques. Il se redressa, envoyant au sol la pile de couvertures. Le froid lui mordit les joues, mais il s'en fichait. Il fit le tour du lit, avant de fixer Guenièvre, qui avait rabaissé sa chemise de nuit. 
- Ne jouez pas à ça. Laissez-moi voir. 
Elle regardait ses jambes. 
- Ce...c'était rien au début, c'était juste une petite entaille...
- Guenièvre
- Et je me suis rendue compte qu'à chaque fois que ça me faisait mal, j'étais là. J'étais en vie. J'avais encore l'ascendant. 
- Faites-moi voir ça. Tout de suite
Elle n'écoutait plus. Arthur était à deux doigts d'entrer dans une colère noire, mais elle ne pouvait pas s'arrêter. 
- J'attendais d'être seule éveillée dans la chambre. Nessa mettait du temps à s'endormir, et au début, je ne faisais qu'effleurer la marque. Et plus le temps passait, plus j'avais l'impression de ne plus exister. J'avais l'impression de perdre le combat. Qu'il allait gagner. Et puis, je me suis rappelée quand je me suis éraflée contre un des clous rouillé qu'il n'avait pas fait enlever. Comme j'avais insulté ce pauvre homme qui n'y était pour rien, comme cet homme qui disait me protéger avait changé de visage...comme s'il ne savait pas qui j'étais... alors j'ai commencé à me faire ça, la nuit. Pour me rappeler qui j'étais. Pour me rappeler que j'étais en vie. Que j'étais là. Qu'il ne gagnerait pas. Jamais. 
Arthur posa la main sur la cuisse de Guenièvre, décidé à voir les marques. Elle resserra les mains autour du tissu. 
- Ne me forcez pas à crier. 
- Je suis votre mari
- Et en tant que mari vous me devez le respect aussi! 
Il retira ses mains, comme s'il les avait posé sur une marmite brulante. Guenièvre lui saisit la manche de sa chemise. 
- Parce que vous croyez que vous avez quelque chose à me reprocher avec le fait de cacher cette marque à tous?! 
Arthur donna une tape sur la main de Guenièvre, la repoussant sans ménagement. Il serra les dents et commença à saisir le tissu qui le séparait de la peau de Guenièvre. 
- Et vous cachez beaucoup de choses vous aussi?! 
Elle repoussa ses mains, tentant en même temps de faire apparaître les marques qu'il avait sur le corps. 
Ce fut une bataille de chiffonniers. Ils étaient brusques, violents, mais ne se blessaient pas. Elle frappait sur son torse à chaque fois qu'il commençait à attraper ses poignets, il repoussait toutes les attaques qui visaient à mettre son torse à nu. 
Jusqu'à cet instant où Arthur réussi à saisir les poignets de Guenièvre et à les coincer au-dessus de sa tête, sur son oreiller. 
Ils se fixèrent, tous les deux. Le souffle court, totalement débraillés. Arthur était au-dessus de Guenièvre, son genou entre les jambes de sa femme. Elle tentait de reprendre son souffle, les cheveux ébouriffés, les joues brulantes... 
Il chercha dans les yeux de sa femme un consentement, qu'il obtint. Il l'embrassa, d'abord doucement, puis de plus en plus poussé. Il lâcha un des poignets pour s'agripper à une des hanches de sa femme sans ménagement. Il senti une main se glisser à sa nuque, pour remonter dans ses cheveux. 
Il relâcha son autre main pour finir par se redresser, à peine. Le regard de Guenièvre était emprunt de défi autant que d'envie. Il aurait pu la prendre, maintenant. Elle n'aurait pas dit non. 
Mais leur première fois, pour finir une dispute? Non. Elle valait mieux. Arthur se força à se calmer, à ordonner à son corps de se calmer. 
- ...vous voulez que tout le monde voit cette marque? 
- Non. 
Elle se redressa doucement, prenant le poignet d'Arthur, et y déposa un baiser. Le roi frissonna. 
- Non. Je ne veux pas que quiconque d'autre le sache. 
- Laissez-moi voir à quoi ça ressemble, Guenièvre. Laissez-moi partager vos souffrances comme vous partagez les miennes. 
Elle se recule et s'assied, ses pieds sur la pierre froide. Elle relève à nouveau sa chemise de nuit, s'arrêtant à mi-hauteur. 
- J'ai essayé de trouver des moyens de faire autrement. J'ai vraiment essayé. 
Elle remonte de quelques centimètres le tissu. Cette fois, il voit ces marques. Des marques de quelques centimètres de longueur, cicatrisées. La dernière devait dater de plusieurs mois. Toujours, de longues marques. Elles ressemblaient à celle que lui avait sur le poignet. A la différence qu'elles avaient été moins profondes. Seulement répétées. Il se pencha pour déposer un baiser à son tour sur ces marques. Il voulait les embrasser, comme elle avait embrassé sa cicatrice. 

Il s'était rallongé, attendant que Guenièvre fasse de même. Elle se recula doucement, pour atteindre Arthur. Elle se redressa légèrement pour qu'il passe son bras sous elle, avant de le sentir s'enrouler à son ventre pour la maintenir contre lui. L'autre bras d'Arthur remis une couverture sur eux, avant de descendre le long du bras de Guenièvre pour mélanger ses doigts avec les siens. Elle eu un ronronnement satisfait. 
Arthur, toujours soucieux, lui grogna dans le creux de l'oreille. 
- Ne me cachez plus jamais ce genre de choses. La prochaine fois, je vous attache pour vérifier vos dires. 
- Vous voulez dire, comme avec vos maîtresses? 
Il resserra un peu son étreinte, s'assombrissant à nouveau. Elle cherchait encore à le taquiner. 
- Ne parlez plus de maîtresses. Vous êtes ma femme, et je ne compte pas récupérer mes anciennes maîtresses, et encore moins en prendre de nouvelles. 

Cette nuit, comme les nuits précédentes, le froid était mordant en Carmélide. 
Pourtant, Arthur n'avait pas froid. Il était sous une immense couverture, avec sa femme plaquée contre sa poitrine. Il sentait sa respiration, son ventre se soulever en rythme. Lorsque le sommeil vint le gagner, il la serrait toujours fermement contre lui. 

Notes:

Alors...
J'ai passé 4h à essayer de réécrire le sauvetage à la tour de Ban, et ça n'allait pas.
Genre, j'avais les dialogues du film dans mon récit.
C'était bien, mais ça ne collait pas. ça parasitait tout, parce que je voulais trop coller à la scène que j'avais vu dans le film, mais du coup ce n'était pas en accord avec ce que j'avais en tête. Du coup, ça m'a beaucoup frustré.

Et puis, il y a cette phrase que j'avais écrite, sans trouver l'inspiration, qui est ressortie.
"Il était emmitouflé dans les couvertures, frissonnant. L'hiver était mordant".
Et j'ai écrit.
J'avais déjà prévu de parler des marques. Du coup, c'est venu sans soucis ça.
Si vous avez envie de lire quelque chose, des idées, n'hésitez pas à en parler dans les commentaires.
Je promets pas d'arriver à les écrire, mais parfois l'inspiration vient d'un rien ;)
Prenez soin de vous.
Yumeka

Chapter 8: Reconstructions

Summary:

Arthur doit superviser les préparatifs de la reconstruction

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Le château de Kaamelott amorçait sa reconstruction. Arthur passait du temps sur la route pour donner ses instructions aux personnes qui s'évertuaient à rebâtir l'immense édifice. 
Il partait souvent à l'aube, lorsque tout le monde dormait encore. Guenièvre l'accompagnait, dans son grand manteau blanc. 
Ils s'étaient disputés un matin, au point de réveiller le château endormi. 
Arthur était habillé, prêt à partir. Guenièvre le suivait, en chemise de nuit, pieds nus, alors que de la buée sortait de sa bouche tellement l'air était froid. 
- Vous ne venez pas avec moi je vous ai dit! Retournez vous allonger, vous êtes pas bien, vous allez attraper froid! 
- je vous avais dit de me prévenir quand vous vouliez aller à Kaamelott! 
- C'était pas prévu! J'ai reçu un message hier soir parce que les artisans sont arrivés plus tôt! 
- Et vous auriez pas pu me le dire hier?! 
- Non, parce que vous auriez insisté pour venir. Et ça ne sert à rien! 
- Et pourquoi ça?! 
Une porte s'ouvrit d'un coup sec, faisant se retourner Guenièvre et Arthur. Dans sa tenue de nuit, Léodagan les foudroyait du regard. 
- Va falloir vous calmer sur la puissance que vous balancez le matin, parce que j'ai pas pour habitude de laisser quelqu'un me réveiller sans lui coller une dérouillée. Il se passe quoi ici?! 
Arthur jeta un regard à sa femme. 
- Je dois partir voir les artisans pour le château. Ils sont arrivés plus tôt. 
- Et en quoi ça me concerne? 
- Elle veut venir. 
- Vous m'aviez dit que je pourrai vous accompagner! 
-
La voix grave de son père stoppa net Guenièvre. Il hocha la tête vers Arthur. 
- Et donc, vous allez parler de quoi? 
- La table ronde. Sa taille, et la taille de la salle. 
- Rien d'autre? 
- Non. 
Il regarda à nouveau sa fille. 
- Vous ne siégez pas à la table ronde, ça vous concerne pas. Vous restez là. Fin de la discussion. 
Guenièvre avait battu en retraite. Elle était retournée dans sa chambre, et Arthur avait remercié Léodagan. 
- Dépêchez-vous de vous barrer. Elle est pas partie se recoucher, elle est partie s'habiller. Si elle vous voit encore là, elle va vraiment vous suivre. 
Alors Arthur s'était hâté. Il avait pris un des chevaux et s'était rendu jusqu'à Kaamelott pour rencontrer les hommes qui travailleraient pour lui. Ils avaient discuté une bonne partie de la journée, Arthur imposant son point de vue sur la taille de la table. Et cette fois, il la voulait réellement en bois. C'était un matériau plus fragile que la pierre, certes, mais tout le monde pouvait se construire sa Table Ronde. Bohort et son petit groupe en étaient la preuve. Il se souvenait l'effet que ça lui avait fait, de toucher le bois brut, les branches, l'écorce... 
Avant de repartir, il donna des directives aux constructeurs. Les plans devraient être préparés, les repères placés, AVANT qu'il ne soit averti. Il ne viendrai pas seul. 

A son retour en Carmélide, quelques jours plus tard, il fut accueilli par Séli, soupirant fortement. 
- Le revoilà celui-ci! 
- Quoi? 
- Rien, rien. Entrez, on allait passer à table. 
Il parti s'asseoir, attendant de voir ce que Séli insinuait. Il commença à vouloir poser une question, quand il vit arriver Guenièvre, courant avec un plat dans les mains. 
- Attention, c'est chaud!! 
Elle manqua de faire tomber le plat, le posant de justesse sur la table. Elle s'aperçu enfin de la présence d'Arthur. 
- Ah, vous êtes de retour? 
Elle avait l'air surprise. Arthur leva un sourcil. 
- J'ai fait aussi vite que j'ai pu. 
Elle hocha la tête, par à-coups. Elle s'était pressée, il le voyait sur son visage. Elle se frotta le bras droit. Arthur se releva. 
- Vous nous excusez deux minutes? 
- Ah non! Vous venez d'arriver, pour l'heure de la bouffe, alors on mange. Vous aurez tout le temps de vous poser après. 
Arthur hésita un instant, avant de s'asseoir à nouveau. Guenièvre s'assit près de lui. Elle trépignait sur place. 
- Guenièvre s'est lancée dans la cuisine en attendant que vous reveniez. 
- Les cuisinières disent que je me débrouille bien! 
- En même temps, vous êtes fourrés dans leurs pattes toute la journée. 
- Faut bien que je m'améliore. 
- Vous êtes là pour vous faire servir, pas pour faire la tambouille. 
- Oui, mais je serai utile si on doit s'arrêter pour monter un camp. 
Ils se mirent à manger, tout en continuant de débattre de l'intérêt pour Guenièvre de savoir faire cuire des pommes de terre, avant de parler des directives données par Arthur aux hommes à Kaamelott. 
A la fin du repas, Guenièvre se leva. Arthur ne leva pas la tête vers elle, continuant à picorer du raisin. 
- Je vous retrouve dans nos appartements. 
Elle cligna des yeux face à Arthur. 
- J'en ai pour quelques minutes, je fini de parler à vos parents. 
Elle s'éloigna sans rien dire. Arthur se pencha sur la table. 
- ça s'est passé comment? 
Léodagan croisa les bras, roulant des yeux. 
- Comme quand elle était gamine. Elle a fait la gueule pendant plusieurs heures, et puis d'un coup, ça lui a pété, elle s'est trouvé une passion pour la cuisine. Heureusement qu'elle cuisine mieux que sa mère..
- Merde
- Elle pourrait vous donner des cours hein! 
- Vous voulez qu'on parte sur ce sujet? Vous voulez que je retente de passer en cuisine? 
Léodagan recula sur sa chaise, les mains en avant. 
- Non! Vous avez essayé de m'empoisonner la dernière fois, ça ira. 
- Alors pourquoi vous remettez le sujet sur le tapis?! 
Arthur voulu se lever, discrètement. La main que Séli écrasa sur la table le fit se rasseoir aussi sec. 
- Vous, vous bougez pas ! 
Le Roi de Bretagne obéit. Séli n'était pas amicale parfois, mais quand elle se mettait vraiment en rogne, même son mari n'avait pas l'avantage. Elle pointa son doigt vers Arthur. 
- Je vous préviens, la prochaine fois que vous nous la laissez dans cet état, c'est à moi que vous aurez affaire! 
- Il fallait...
- Je sais bien que vous deviez aller voir vos pignoufs, pour remonter votre château. Mais nous, on a dû la gérer, la petite ! Et je peux vous dire que quand elle est dans cet état, c'est pas une balade de santé! 
- Oui, mais... 
- Alors la prochaine fois, vous la prévenez. Je l'ai engueulée aussi, vous en faites pas. Si vous lui dites de rester là, elle le fera. Mais la prochaine fois que vous nous faites ce coup, je vous mets au pain sec et à l'eau! 
Elle se leva pour partir, laissant Arthur interdit. Léodagan leva les yeux au ciel. 
- Elle pourrait même vous faire une tarte. 
Cette phrase détendit légèrement l'atmosphère entre les deux hommes. Il fait un signe de tête. 
- Allez-y, avant qu'elle ait quelque chose à rajouter. 
Arthur ne demanda pas son reste, et parti rapidement jusqu'à la chambre qu'il partageait avec Guenièvre. Il la trouva assise à leur table, se frottant les bras. Elle parlait à voix basse. 
- Guenièvre? 
Elle sursauta et se tourna vers lui. Il s'assit face à elle, lui prenant les mains. 
- Je n'ai pas eu le choix, vous devez comprendre. Avec tout ce qu'il faut remettre sur pied... 
- Oui, oui...je me suis un peu emportée. 
- Un peu? J'ai cru que votre mère allait m'arracher les yeux. Bref. Qu'est-ce que vous avez fait, pendant que je n'étais pas là? 
- J'ai appris à cuisiner. Enfin à aider. Et... 
Il caresse doucement ses poignets avec ses pouces. Elle le regarde faire. 
- Et vos marques? 
- J'y ai pas touché. 
Comme pour prouver ses dires, elles déboutonne ses manches et les relève. Aucune nouvelle marque. Le bras était légèrement rougi à force d'être frotté, mais elle n'avait pas planté ses ongles. 
- Je me suis occupée. 
Elle dodeline de la tête. 
- J'ai peut-être été un poil invivable avec mes parents les premières heures... 
Arthur émit un sourire. Guenièvre lui avait manqué, et de voir les efforts qu'elle avait fait pour ne pas replonger le rassurait sur son état. 

Notes:

Alors, ça, c'est un chapitre "bonus".
Le chapitre suivant (qui arrivera peut-être ce soir ^^') était sensé être celui que j'écrivais, mais je me suis emballée dans mon récit.
Et donc, voici la première véritable arrivée de Dame Séli !
J'espère qu'elle vous aura convaincu ^^
A bientôt,
Yumeka

Chapter 9: Visites Diplomatiques

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Arthur passait son temps en Carmélide à essayer de décompresser. 
Les travaux avançaient bien. Pas vite, mais bien. Il croisait souvent certains de ses chevaliers pendant les repas le soir. Perceval s'était mis en tête, comme il ne venait pas souvent, de ramener de la nourriture. Personne ne s'en plaignait d'ailleurs. Le chevalier aux multiples noms semblait ravi d'arriver les bras chargés de vivres. 
Arthur, lui, devait faire régulièrement des trajets jusqu'à Kaamelott, pour s'assurer de la bonne avancée des travaux. Il ne pouvait laisser personne là-bas pour gérer. 
Alors il partait avec Léodagan et Guenièvre. Léodagan s'occupait de la sécurité du château, et Guenièvre était juste là. Il n'aimait pas la savoir là, au milieu d'inconnus, peut-être de voleurs. Il ne savait pas non plus ce que pouvaient dire les rumeurs. Guenièvre avait disparu pendant des années aussi, et il n'avait aucune idée de ce que le peuple pensait d'elle. 

Il pensait pouvoir souffler en rentrant en Carmélide, avant de voir la mine renfrognée et soucieuse de Séli. 
- Ils ont décidé de se liguer pour vous voir. 
- Qui ça ? 
- Les chefs de clans que vous voulez unifier. Ils ont dit qu'ils reviendraient dans 10 jours quand vous veniez de partir. Donc ils sont là...dans trois jours. 
Arthur poussa un soupir de désespoir. Il voulait juste s'enfermer dans sa chambre avec Guenièvre et dormir. Disparaître dans ses bras, contre sa peau... 
- Je fais préparer quelque chose? 
Arthur perdit le fil de sa pensée positive. Léodagan regardait autour de lui. 
- On va faire bouger la table sur le côté, et on mettra une table plus petite près de la cheminée. ça sera plus simple pour discuter en petit comité. 
- Faites comme vous voulez. 
Il saisit la main de Guenièvre et s'éloigna avec elle. 
- Ce soir, on mangera pas. J'ai juste envie de dormir. 
Il ne laissa pas à Guenièvre le loisir de donner son avis. Il se pressa d'entrer dans leur chambre et d'enlever le maximum de vêtements qu'il pouvait sans que Guenièvre ne soit gênée. Il ne restait que son pantalon. Elle s'était retournée. 
- Changez-vous. Vous n'allez pas dormir comme ça. 
Il ne se fit pas prier, et mis le pantalon qu'il n'utilisait que pour dormir. 
- C'est bon. 
Guenièvre avait défait son manteau. Elle se tourna vers lui, un petit sourire désolé sur le visage. 
- Je sais que vous attendiez de rentrer avec impatience...les chefs de clans ont dû avoir vent de la visite régulière de vos chevaliers...
Il grogna à l'évocation de ses futures obligations. 
- Ne parlez pas de ça. Dépêchez-vous de vous changer, je veux profiter de chaque seconde avec vous. 
Elle esquissa un petit rire, gênée d'entendre Arthur lui avouer sans détour. Elle se mis rapidement une chemise de nuit qui appartenait à Arthur, et vint se glisser contre lui. Arthur se lova contre elle, le visage enfoui contre sa poitrine, les bras autour d'elle. 
C'est tout ce qu'il voulait. La chaleur de sa femme. Son amour, son réconfort. 

Quand les délégations de chefs de clans étaient arrivées en Carmélide, Arthur avait pu prendre une journée entière pour dormir. Il aurait voulu faire autre chose, mais en si peu de temps? ça n'aurait servi qu'à le frustrer encore plus qu'il ne l'était maintenant. 

Le premier chef qu'il reçu était Horsa, qui arriva avec un groupe de saxons. 
- Il est avec nous celui-là du coup? 
Léodagan et son franc-parler. Arthur hocha la tête. 
- Oui. Beau-père, je vous présente Horsa. Il a obtenu l'île de Thanet, et compte participer à la quête du Graal, donc... 
Horsa fut courtois, s'exprimant de son mieux dans leur langue. Il leur présenta Wulfstan, son bras droit. La femme jetait des regards à son chef, cherchant à savoir ce qu'il voulait faire. 
- Ah, tant que vous êtes là, vous devez ne pas connaître la Reine. 
Il désigna Guenièvre, qui entrait dans la pièce. Horsa fit une révérence. 
- Ma Reine. 
Elle émit un petit sourire gêné, avant de le saluer à son tour. 
Leur discussion avait été courte, mais constructive. Horsa avait prêté allégeance, se pliant aux volontés de Léodagan concernant la sécurité de son château. 

Puis ce fut le tour des chefs de clans habituels. Certains nouveaux, d'autres plus anciens que le règne d'Arthur. 
Plusieurs chefs se relayaient, jour après jour, pour assurer leur soutien à Arthur. Pour parler avec son conseiller officiel, Léodagan. 
Horsa avait été le seul à s'adresser à Guenièvre avec bienveillance. La plupart des chefs l'ignoraient simplement. La Reine préférait rester loin de ces gens aux manières parfois discutables. 
Et pour tout dire, Arthur était reconnaissant. Il n'aimait pas non plus la façon de certains de ses "invités" de parler des femmes. Mais tout avançait à son rythme. 

Jusqu'à ce chef de clan, plus rustre que les autres, qui se permit une remarque sur Guenièvre, sur le fait qu'un échange d'épouse était toujours possible. 
Arthur se renfrogna, tout comme Léodagan. Guenièvre, elle, ignora tout simplement l'homme. Elle était venue pour chercher de quoi manger, et elle traversa la salle sans ouvrir la bouche. Seuls ses pas résonnaient. 
Elle n'était plus la petite reine effacée. Elle était importante aux yeux d'Arthur, et avait gagné le droit de ne pas forcer un petit rire pour désamorcer la situation. Arthur inspira profondément, essayant de rester diplomate. 
- Guenièvre est ma femme, et la Reine de l'Ile de Bretagne. Je vous serai gré de vous adresser à elle avec le respect qu'elle mérite. 

Le chef de clan regarda la reine d'un œil mauvais. Il se leva, imité par Arthur. Il n'était pas à l'aise de le voir bouger près de Guenièvre, qui ne faisait pas attention à lui. 
- Et la Reine, elle est toujours aussi farouche avec tous les invités? 
Guenièvre senti une main se refermer sur ses fesses. Elle eu un petit cri de surprise, avant de se retourner, offusquée. Elle plaqua contre elle un plateau d'argent, pour cacher sa poitrine, de peur que l'homme le tente à nouveau de la toucher. 
L'homme n'eut pas le temps de savourer le visage apeuré et rouge de colère de la femme qu'il venait d'empoigner. Sur sa gorge pointait déjà une lame d'acier. 
Il eut aussi une pleine vue sur la lame d'Arthur, crachant des éclairs. Son porteur, lui, avait un regard noir de rage. 
- Ne touchez. plus.jamais. ma femme. 
- Qui est aussi ma fille. 
- Héla, tout doux. Ce n'était qu'une blague... n'est-ce pas Gue... 
Excalibur s'approcha un peu plus de sa glotte. 
- Ne prononcez pas son nom

La colère d'Arthur était palpable. Guenièvre s'avança légèrement. Il fallait qu'elle intervienne pour éviter un conflit. 
- Baissez votre arme mon ami. Il ne connaît peut-être pas les règles de courtoisies de notre... 
Elle s'arrêta en voyant l'homme la fixer. Il lui vouait une haine dont elle n'avait aucune idée de la provenance. 
- Vous étiez où pendant le règne tyrannique de Lancelot? Sans doute cachée dans son lit, à jouer sa maîtresse pour rester dans les bonnes grâces de... 
Avant de réfléchir à son geste, elle lui écrasa son talon sur le pied et lui décocha le plateau qu'elle avait toujours dans les mains au visage. 
- Je ne suis la maîtresse de personne ! Comment osez-vous insinuer... 
Léodagan saisit le bras de sa fille, qui s'arrêta immédiatement. Elle tremblait de colère. Elle voulait le frapper. Encore. Jusqu'à ce qu'il pleure. Jusqu'à ce qu'il s'excuse. Jusqu'à ce qu'il implore sa pitié. Jusqu'à ce qu'il se noie dans son propre sang. 
- Vous, vous venez avec moi. Maintenant. 
Léodagan entraîna sa fille hors de la pièce. Hors de portée. 
Arthur s'accroupi, fixant Excalibur et le chef de clan à tour de rôle. 
- Les dieux m'ont demandé d'unifier l'ile de Bretagne, et je ferai de mon mieux. Mais même sans Excalibur, sans couronne, sans dieux...la prochaine fois que vous manquez de respect à ma femme, je vous bute. Et si j'entends quelque rumeur sur elle, je vous ferai pendre. Vous servirez d'exemple. 
- Sire, vous n'y pensez pas! 
Arthur le fixait sans même le voir. Cet homme n'était rien. Il se redressa et rangea Excalibur dans son fourreau. 
- Je ne vous retiens pas. 
- Je n'ai pas droit à des excuses? 
Arthur jeta un regard à l'homme, toujours assit au sol. 
- Vous ne savez pas dresser votre femme Sire. Cela pourrait se répandre comme une traînée de poudre. La marque qu'elle m'a fait... 
Avant qu'il ne dise quoi que ce soit, Léodagan déboula dans la salle et décalqua son poing sur le visage de l'homme, qui s'effondra au sol. 
- ça, c'est pour avoir levé la main sur ma fille. Et espérez pas ressortir d'ici par la grande porte. 
Il saisit l'homme, dont le nez pissait à présent le sang, et l'entraîna à l'entrée, où les délégations attendaient. 
- C'est la délégation de qui ce clampin?! 
En un instant, la troupe en question se retrouva encerclée par les autres, avec quelques pas d'écart. Tout le monde avait reculé. 
- Qui est le second ?! 
Un jeune homme leva la main. 
- Alors vous ramenez vos miches ici. Votre chef a essayé d'attaquer la Reine. 
Arthur vit la plupart des autres délégations sortir leurs épées, menaçant le groupe désormais isolé. Leur chef avait commis une offense que beaucoup de clans semblaient de pas tolérer le moins du monde. Le jeune homme avança vers le Roi, hésitant. 
- ...veuillez excuser mon oncle... il n'a pas conscience de l'importance des épouses...et des femmes. 
- Taisez-vous! 
Le chef de clan semblait éructer de rage. Léodagan réaffirma sa prise sur l'homme. 
- Vous avez levé la main sur la Reine. C'est une déclaration de guerre, et votre délégation en est bien consciente. Est-ce que vous voulez vraiment risquer la vie de vos hommes? 
Le chef de clan serra les dents. Le jeune homme hocha la tête. 
- Les agissements de mon oncle seront remontés à mon père. Il sera puni sévèrement, comme il se doit. 
Arthur acquiesça. Léodagan, lui, laissa l'homme repartir, sous les regards de tous les chefs de clans. 
- Maintenant, veuillez nous excuser, nous avons à nous assurer de la sécurité de la Reine avant de continuer. 
Arthur se sentit repoussé dans le château, alors que Léodagan faisait fermer la lourde porte. 
- Allez voir Guenièvre. 
- ...quoi? 
- Elle a besoin que vous la calmiez. Elle a besoin de vous. Maintenant.  
- ...elle est où? 
- Votre ancienne chambre. 
Arthur se mit à courir pour la rejoindre. Quand il ouvrit la porte, elle tournait en rond devant le lit. Elle avait relevé sa manche gauche et s'arrachait la peau tout en continuant de tourner en rond. Quand elle l'aperçu enfin, elle se retourna. 
- Ne me regardez pas
Il s'approcha et se colla à son dos, et lui saisit les poignets, aussi délicatement que possible, les retenant cependant fermement. 
- ça suffit Guenièvre. 
Sa voix était autoritaire. Il n'avait pas envie de l'être, mais il le devait. Guenièvre était en train de paniquer, il lui fallait quelqu'un pour lui donner des ordres, même temporairement. 
Il peinait à regarder son bras. Elle s'était griffée jusqu'au sang, et aurait continué. Tout en la tenant toujours, il croisa les bras autour d'elle, la faisant s'étreindre elle-même. Son menton se posa sur son épaule. 
- C'est fini. Votre père lui a défoncé le nez, toutes les délégations étaient prêtes à éradiquer la sienne. Vous ne risquez plus rien. 
- ...le tuer. 
- Qu'est-ce que vous dites? 
- Je l'aurai tué. Si mon père ne m'avait pas attrapé...je l'aurai frappé. Encore, et encore. Jusqu'à... 
- Vous n'êtes pas la fille de Léodagan le Sanguinaire pour rien. 
Il avait voulu faire un trait d'humour. La faire sourire. Au lieu de ça, il la senti trembler, de façon incontrôlable. 
- J'aurai dû...méfier...faible femme...ridicule... 
Il ne comprenait qu'une partie de ce qu'elle disait, entre les mots qu'elle prononçait trop bas et ceux qui étaient coupés par des tremblements nerveux. Il la lâcha et la retourna vers lui. 
- Guenièvre, Guenièvre. Chut. Tout va bien. 
Il glissa ses mains sur ses joues, cherchant son regard. Elle fuyait. 
- Vous ne voulez pas que je vous embrasse, Guenièvre? 
Cette phrase avait eu son effet. Elle l'avait regardé. Il pressa une seconde ses lèvres sur celles de sa femme, et eu un petit sourire. 
- Je préfère ça. 
Il l'embrassa à nouveau, poussant cette fois le baiser, ses gestes. Il faisait reculer Guenièvre à l'aveugle, jusqu'à ce qu'elle ne soit stoppée par le bord de la table. Arthur lâcha enfin le visage de sa femme pour lui saisir les hanches et l'asseoir sur la table. Il posa les paumes sur la table, de chaque côté de ses cuisses. 
- Embrassez-moi. 
- Mais on vient de... 
- Je vous ai embrassé. A vous de prendre les devants. 
Elle fit glisser ses mains sur les joues d'Arthur, avec une délicatesse qui le fit frissonner. Il se retenait de son mieux de ne pas prendre l'ascendant. Elle pencha la tête pour l'atteindre, et pressa longuement ses lèvres sur celles d'Arthur. Il ne s'attendait pas à ce que ça l'enivre autant. Il fini par rouvrir les yeux, et remit une mèche derrière l'oreille de Guenièvre. 
- Plus personne ne vous touchera comme ce connard l'a fait. 
- A part vous? 
Il grimaça. 
- Même pas moi. C'était un geste déplacé et malsain. Vous comprendrez la différence. 
- Je la connais. 
Il lui jeta un regard surpris. 
- Quand c'est vous qui me touchez...j'ai envie que vous continuiez. Mon corps entier me crie de vous garder contre moi... 
Il sourit et déposa un nouveau baiser sur ses lèvres. 
- A partir de maintenant, si je discute avec un chef de clan, soit vous êtes à mes côtés, soit vous êtes en sécurité dans nos appartements, d'accord? Je ne supporterai pas qu'on vous touche une nouvelle fois. 

Trois jours complets avaient été nécessaires pour finir de voir les délégations. Chacun apporta son soutien au roi, ainsi qu'à la Reine, que chaque représentant voulu voir, pour lui réaffirmer son soutien. 
Arthur s'étira en voyant la porte se refermer sur le dernier chef de clan. Guenièvre laissa retomber sa stature droite pour s'avachir dans sa chaise. 
- Que c'était long! 
Arthur lui jeta un petit sourire. 
- Le prochain voyage pour Kaamelott est dans sept jours. Je pense qu'on va pouvoir récupérer un petit peu. 

Notes:

Je voulais refaire apparaître Horsa, même un petit peu, parce qu'il est très habile de ses mots.
Et parce que les chefs de clans vont forcément vouloir prêter allégeance à leur ancien/nouveau roi.
Mais il faut bien un abruti pour tout gâcher.

J'aurai pu faire un long chapitre, mais je préférais les séparer.
J'avais perdu l'habitude d'écrire autant en si peu de temps ^^' En espérant que ça n'ait pas perdu en qualité pour autant.
Prochain chapitre, vous vous en doutez peut-être, on repart sur le bain, point de vue Guenièvre!
A bientôt,
Yumeka

Chapter 10: Le soupir

Summary:

Où Guenièvre prend les devants...

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Guenièvre frissonna. 
Elle restait devant la porte de la salle de bain. Malgré le nombre de fois où il avait pris des bains -donc plusieurs avec elle-, elle craignait toujours d'entrer. 
La sensation disparaissait rapidement, mais elle avait toujours l'impression de sentir cette odeur âcre qui avait empli son nez et ses poumons quand elle avait vu le sang d'Arthur. 
- Vous allez restée planté là longtemps? 
Elle sursaute. Derrière elle, la voix d'Arthur. Elle sent sa stature, son souffle. 
- Oui, oui... 
Elle poussa la porte. Il n'y avait personne pour le moment. Ils étaient en avance. 
- Excusez-nous, l'eau fini de chauffer! 
Arthur se contenta d'hocher la tête et se mit, comme à chaque fois qu'ils prenaient un bain ensemble, à rapprocher ce qu'il comptait utiliser. Il congédiait toujours les femmes qui avaient pourtant pour habitude de laver les gens. 
Cette fois, elle osa poser la question. 
- Pourquoi vous les laissez pas nous laver? 
- Parce que je veux pouvoir vous toucher. Et je préfère prendre plus de temps pour me laver que de me faire triturer dans tous les sens. 
Elle rougit légèrement, avant d'accompagner Arthur dans sa quête d'onguents et de savons. Elle les humait, curieuse. 
- Oh, celui-ci sent bon! 
Elle le posa sur la tablette qu'Arthur avait réquisitionné. Il regarda le produit, avant de le reposer plus loin. 
- Non, vous n'utilisez pas ça. 
- Hein? Mais ça sent bon. 
Arthur pris un fond d'eau et le vida dans la baignoire. Il récupéra l'onguent à l'odeur agréable qu'elle avait choisi, et enroula un bras à sa taille.  
- Pour ça. 
Il plongea son doigt dans la bouteille et laissa une goutte tomber dans la baignoire. La tâche sombre se répandit, avec une odeur douce. L'eau vira au rouge. Guenièvre eu un mouvement de recul infime. Elle senti Arthur la faire tournoyer jusqu'à ce qu'elle soit face à lui. 
- Vous êtes toujours avec moi? 
- Je...oui. 
Ses yeux perçants l'empêchaient de sombrer. Elle recula, sentant déjà des bouffées de chaleur l'envahir. 
- Oui, oui, ça va. Je vous laisse faire. 
Elle s'éloigna pour avaler une bouffée d'air frais à la fenêtre. La couleur avait suffit à lui retourner le cœur. 
- Madame, l'eau est prête. 
- Allez-y. Je vais fermer la fenêtre d'un instant à l'autre. 
Quand elle se retourna, Arthur était déjà en train de se déshabiller. Elle inspira. 
- Vous pouvez enlever votre pantalon aussi. 
- ...vous êtes sûre? 
- Vous avez quelque chose en dessous? 
- Je peux garder...oui, je peux. 
- Alors ça ira. 
Elle regarda discrètement Arthur de déshabiller avant de se glisser dans l'eau fumante. Elle vit son air soulagé. Il avait bien besoin de ce bain. Il lui jeta un regard. 
- Vous venez? 
- ...fermez les yeux. 
- Quoi? 
- S'il vous plait. posez vos mains sur le rebord et fermez les yeux. 
Il obéit sans demander plus. Guenièvre déposa sa robe sur une des tables, et retira tous ses vêtements. Elle avança, ignorant la chemise qu'Arthur lui avait préparé. Elle glissa ses pieds dans le bain, avant de s'asseoir, rouge pivoine. 
- Je peux ouvrir les yeux? 
- Oui. 
Elle avait déjà caché sa poitrine avec ses bras. Elle se sentait stupide, mais n'arrivait pas à retirer cette protection. 
- ...vous êtes...nue? 
Elle rougit un peu plus en entendant le ton surpris d'Arthur. 
- Je voulais vous faire la surprise, si vous êtes pas content, je... 
Les doigts d'Arthur frôlèrent ses côtes, l'arrêtant dans sa réflexion. 
- Non, j'apprécie. Vraiment. 
Il l'avait déjà touchée, à travers le tissu, même sans le tissu quand elle l'enlevait pour qu'ils se collent l'un à l'autre. Aujourd'hui, c'était différent. Guenièvre voulait faire un pas de plus vers Arthur. Elle faisait tomber le plus de barrières qu'elle pouvait. 
- Si je vais trop vite, dites-le-moi, d'accord? 
Elle hocha la tête. Elle senti le bras d'Arthur se poser sur son ventre, et la rapprocher de lui. Elle sentait son dos se faire recouvrir par la peau d'Arthur. Elle ferma les yeux, profitant de l'instant. 
Elle senti une des mains d'Arthur descendre jusqu'à sa hanche, jusqu'au petit bourrelet que faisait sa cuisse quand elle était repliée. Un frisson la parcouru. 
Elle essayait de se concentrer sur les gestes qu'il faisait, sur chaque millimètre de peau qu'il était en train de conquérir. Les baisers qu'ils déposaient sur son épaule étaient légers et espacés, comme pour qu'elle puisse restée alerte sur les gestes qu'il faisait. 
Elle sentait les doigts caresser l'extérieur de sa cuisse, avant de les sentir redescendre doucement, par l'intérieur. Elle sentait ses poils se hérisser, sur tout son corps. 
La main d'Arthur quitta sa cuisse pour se glisser sous son menton. Il laissa courir ses doigts sur son cou alors qu'il se mit à l'embrasser sur l'épaule, de façon plus avide. Il savait qu'elle était sensible à cet endroit-là. Et Guenièvre ne résistait pas. Elle réprimait difficilement ses frissons. Tout son corps la picotait, réclamait les mains d'Arthur, sa peau, ses lèvres. Elle s'appuya contre Arthur, la tête basculant sur son épaule. Elle avait chaud, et pas seulement à cause de l'eau brûlante. Elle attrapa la main d'Arthur qui courait toujours sur son cou et lui plaqua sur son sein, arrachant un grognement à Arthur, qui lui mordit l'épaule en réponse. La douleur n'avait duré qu'une seconde, mais la sensation qu'elle avait laissé faisait perdre pieds un peu plus à Guenièvre. D'autant plus que les mains de son mari avaient pris possession de sa poitrine. 
La sensation lui avait arraché un soupir ravi. Elle ne s'attendait pas à ce que ce soit si agréable. Les doigts d'Arthur brûlants contrastaient avec le frais de la pièce. Elle ferma les yeux. Les baisers d'Arthur commençaient à la déstabiliser plus qu'elle ne l'aurai cru. Jusqu'ici, elle avait apprécié, mais là, ça commençait à prendre le dessus sur sa volonté. 
- ...aaah.... 
Lorsqu'un gémissement passa ses lèvres, plus fort que les soupirs qu'elle laissait jusque-là, elle se crispa. Arthur lâcha sa poitrine pour enrouler ses bras juste en dessous, à ses côtes. Il avait senti que quelque chose n'allait pas. 

Guenièvre, elle, tenta de se redresser, dans un mouvement paniqué. Elle ne savait plus où elle était. Ce qu'elle faisait là. Une étreinte l'empêcha de se relever. Et la panique la gagna un peu plus. A qui étaient les bras qui lui bloquaient tout mouvement de fuite. 
- Doucement. 
Elle connaissait cette voix. Mais à qui appartenait-elle? Son esprit ne faisait pas le lien. Et ces bras qui l'enserraient trop fort. Elle avait l'impression de ne plus pouvoir respirer. Hors de question qu'une nouvelle crise n'ait raison d'elle. Elle se mit à étendre ses bras, faisant tomber les pots, les onguents. Elle entendit une porte. Peut-être vers la gauche. Sa vue fondait comme neige au soleil, c'est à peine si elle voyait ses doigts. 
- Il y a un problème? 
Une porte de sortie. Guenièvre poussa de tout son possible sur ses bras, pour repousser son geôlier. 
- SORTEZ!! 
Elle fut aussitôt ramenée contre lui. La porte se referma lourdement. Ou en tout cas, elle en eu l'impression. 
- Guenièvre, vous m'entendez? 
Elle hocha la tête. Elle l'entendait. Sa vision s'obscurcissait de plus en plus, mais elle l'entendait toujours. 
- Je ne vous ferai aucun mal. Calmez-vous. 
Ces mots. Toujours les mêmes. Toujours des mensonges. 
- Guenièvre, c'est moi. C'est Arthur. 
Elle se figea, le temps de traiter ces informations. Maintenant qu'elle prenait quelques secondes, elle n'était pas en train d'étouffer. Et les mains qui la retenaient ne lui faisaient pas mal. La voix, qu'elle reconnaissait à présent comme celle d'Arthur, près de son oreille. 
- Nous sommes en Carmélide. Dans un bain. Dans le château de vos parents. 
Elle commençait à ne plus voir grand chose, et se mit à faire la seule chose qui la gardait concentrée. Se gratter. Se faire mal. 
- Gue...Guenièvre, stop! 
Elle sursauta. Un des bras d'Arthur s'était détaché d'elle pour la saisir là où elle se grattait. 
- ça suffit. Guenièvre, écoutez-moi. Vous ne risquez rien ici. Je suis là, avec vous. 
Elle ferme les yeux, se mettant à osciller. 
- Tout va bien...vous êtes là...vous êtes avec moi. 
Elle n'avait aucune idée de la position dans laquelle elle était. Elle sentait le bras d'Arthur la maintenir, sa main sur son bras. Elle regardait les couleurs revenir lentement, sa vision revenait peu à peu. Elle se concentrait sur sa respiration. 
- Qu'est-ce qui vient de se passer? 
- ...c'était agréable...et puis... 
- Et puis, vous avez gémit. De plaisir. C'est ça qui vous a paniqué? 
- Je...j'étais en train de perdre le contrôle. 
- Vous étiez en train de me laisser vous faire perdre le contrôle. 
Elle secoue la tête. Perdre le contrôle. Il était là le problème. Elle s'était efforcée pendant plusieurs années à Toujours avoir un contrôle, même infime, sur les choses que son esprit réagissait en conséquence quand elle ne maîtrisait plus rien. 
- Je suis désolée. Je ne suis pas...pas encore capable de... 
Elle senti le nez d'Arthur le long de sa nuque. 
- Rien ne presse Guenièvre. Je vous l'ai dit. Nous irons à votre rythme. Vous faites des efforts incroyables, je le vois. Je le sais. 
Elle acquiesce, avant de se mordre les joues. Elle voulait faire plaisir à Arthur, et elle avait recommencé ses crises. Encore. 
- Venez là. 
Il l'attira un peu plus contre lui, et s'allongea dans la baignoire. Elle se retrouva presque allongée sur lui. 
- Qu'est-ce que... 
Les bras d'Arthur se placèrent au-dessus de sa poitrine, la cachant d'éventuels regards indiscrets. 
- Si vous voulez me tenir le poignet, ou autre chose pour vous rassurer, n'hésitez pas. Fermez les yeux. Reposez-vous. 
Elle tourna la tête, pour voir le visage d'Arthur. Pour se rassurer, une énième fois. Il était magnifique. Elle laissa son visage descendre près de l'eau, et se laissa bercer par les battements de cœur de son mari. Elle fini par s'endormir. Elle était nerveusement épuisée, mais les bras d'Arthur la rassuraient. 

Lorsque les femmes revinrent pour changer l'eau, elles les trouvèrent lourdement endormi. Guenièvre ronflait, tout comme Arthur. Arthur émergea difficilement, puis congédia les servantes. Il réveilla le plus doucement possible sa femme, avant de l'aider à sortir du bain. Elle grelotait. Il l'emmitoufla dans une serviette, se sécha et se rhabilla rapidement. Guenièvre cherchait d'un œil distrait ses habits, la serviette toujours enroulée autour d'elle. 
- Venez là. 
Elle s'approcha, avant qu'Arthur ne la soulève. Il traversa le couloir pour arriver jusqu'à leur chambre, et la déposa sur le lit. 
- Reposez-vous. C'est un ordre. 
Elle avait de la fièvre. Il l'avait senti, quand elle s'était réveillée. Elle s'agrippa à sa veste. 
- Restez avec moi. 
C'était une supplique. Guenièvre avait besoin qu'il soit près d'elle. 
- S'il vous plaît. 
- Je vais chercher Merlin pour faire baisser votre fièvre, et après je reste avec vous. 
Il tenta de la faire lâcher. Elle tremblait, elle était épuisée, mais elle s'accrochait à lui avec tout ce qui lui restait de force. Il n'eut pas le courage de se battre contre elle une seconde fois dans la journée. 
Il la fit se décaler, pour s'asseoir à côté d'elle. 
- Vous êtes têtue des fois... 
- Je sais. 
- Il va falloir que vous me parliez de tout ça. Vos crises, je veux bien les encaisser, mais je ne peux pas juste rester à attendre que ça passe. Je peux pas vous regarder vous détruire. Je ne le supporte pas. 
- Je vous le promets. 
Il la regarde fermer les yeux. La fièvre est en train de la terrasser. 
- Je vous parlerai de mes crises, de Lancelot, de tout ce que vous voulez...mais ne m'abandonnez pas

Notes:

Le chapitre a été un peu remanié.
(au début, il devait se finir avec le réveil de Guenièvre. Et il n'y avait pas le moment où Guenièvre ne reconnaissait pas Arthur)
J'ai quand même décidé de le poster, même si j'ai pas mal maltraité Guenièvre.
Je voudrais arriver à faire s'ouvrir vraiment Guenièvre, afin qu'elle puisse parler de ce qui lui est arrivé.
Est-ce que la fièvre risque de la faire délirer?
Je n'en sais rien, mais j'ai hâte de le découvrir.
(oui, j'écris au fur à mesure) .

J'espère que ce chapitre vous aura plus quand même.
A bientôt,
Yumeka

Chapter 11: Fièvre

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Arthur avait fait appeler Merlin pour qu'il soigne Guenièvre, d'un sort quelconque. Celui-ci avait longtemps regardé Guenièvre, sous toutes les coutures, avant de sortir de la pièce sans un mot. Arthur le suit, commençant à sortir de ses gonds. 
- Vous foutez quoi là?! 
- Je vais chercher mes remèdes. 
- Vous...vous avez de quoi la soigner dans votre fourbi là? 
- Oui. Enfin, pas pour sa fièvre. Pour son bras. 
- Comment ça, son... 
Merlin se hâte, Arthur sur les talons. 
- Sérieusement, faut pas la laisser dans cet état. Si on soigne pas ça de suite, ça va vraiment salement s'infecter. 
Arthur avait regardé Merlin attraper sans douter plusieurs pots, choisir des herbes, soupeser chaque préparation. Il ressorti avec un onguent et des bandages, sans un mot pour Arthur. Il se dépêchait, comme si le temps lui était compté. Il s'approcha de la Reine, saisit son poignet pour lui déplier le bras. 
Arthur se mit à côté de lui, pour le voir faire. 
- Vous êtes sûr de vous? 
- ça sert à guérir les plaies des louves quand elles se font mordre. Je suis sûr. 
Arthur aurait bien objecté, mais quand il parlait d'animaux, Merlin était le plus calé qu'il connaisse. En espérant que ça n'ait aucun effet sur un être humain. 
Une épaisse pâte verdâtre recouvrit aussitôt les multiples marques qui étaient apparues sur le bras de Guenièvre. Merlin ajouta une bande, avant de replacer le bras contre elle. 
- Elle ne doit pas l'enlever. Il faut que ça agisse. 
- Je donnera des consignes. 
Il s'était installé près d'elle, pour la regarder dormir. Il n'avait quitté la chambre que pour donner des directives. Il espérait que tout aille mieux à son réveil. 


La nuit n'avait pas apaisé la fièvre de Guenièvre, au contraire. 
Elle avait désormais une fièvre monstre. 
Le matin, Arthur se leva sans bruit. Il était attendu à Kaamelott, pour un soucis sur la construction. 
En partant maintenant, il pourrait être revenu pour le lendemain au plus tard. Il voulait revenir au plus vite pour veiller lui-même sur sa femme. 
Il sorti de la chambre, et commença à traverser le couloir. Il entendit un léger bruit derrière lui et se retourna aussitôt, pour voir Guenièvre, emmitouflée dans une couverture, pieds nus sur la pierre, le suivre, l'épaule collée au mur pour ne pas tomber. 
- Vous êtes pas sérieuse. 
Son ton oscillait entre colère et incrédulité. Guenièvre avait les yeux brillants de fièvre, les joues empourprées. Elle continuait pourtant à avancer. 
- Vous ne venez pas avec moi. Je ne cèderai pas. 
Une fois à sa portée, Guenièvre tendit les bras pour se pendre à son cou. 
- Promettez-moi de revenir. 
- Bien sûr! Je serai de retour d'ici demain. Retournez vous allonger. 
Elle rechigna à le lâcher. Mal réveillée et malade, Guenièvre était capricieuse. 
- Madame devrait se recoucher. 
Elle lâcha son mari pour se tourner vers la personne qui avait parlé. Il reconnu s'approcher Nessa. Celle qui s'était retrouvée enfermée de force dans la tour. 
- Vous pouvez partir, je m'occupe de Madame.
Il acquiesça, avant de presser le pas. 


Il était revenu à la tombée de la nuit. Les hommes l'avaient fait déplacer pour des broutilles. Ils s'étaient pris une soufflante comme rarement Arthur en avait sorti. Son inquiétude le rendait agressif. 
Il salua à peine ses beaux-parents pour se précipiter dans la chambre. Nessa était au chevet de sa maîtresse. 
Elle lui caressait doucement le bras bandé, retirant calmement la main qui cherchait à le mutiler. Se sentant observée, Nessa tourna la tête, et se redressa. 
- Ah, sire, bon retour. 
Elle fit mine de sortir, mais Arthur recule d'un pas. 
- Non, non. Continuez. Montrez-moi. 
Il était curieux de voir comment la servante opérait pour empêcher sa femme de se blesser. Sans agressivité. Sans force. Le fait, simplement, de poser sa main sur la plaie à sa place. 
- ...elle faisait ça souvent? 
- Quand elle se disputait avec le seigneur Lancelot, oui. ça m'est arrivé de passer des nuits à la veiller pour endiguer ses plaies. 
Sa voix s'était transformée en chuchotements. 
- Il se passait quoi, là-bas? 
- C'est à madame de vous raconter. 
- Sauf que là, ma femme n'est pas en état. Qu'à chaque fois qu'elle en parle, qu'elle s'en approche, elle est sujette à des crises. 
Pendant qu'il parlait, Nessa jetait des regards à la dérobée au roi. Il semblait attentif à chacun de ses gestes. Elle voyait les yeux du roi s'assombrir à chaque gémissement plaintif de sa compagne. 
- Parlez-lui, sire. 
- Hein? 
- Votre voix. ça la calme. 
- Et pas la votre? 
Nessa eut un petit air triste. 
- Elle a associé ma voix à la captivité. Quand elle est éveillée, elle sait faire la différence. Dans son état actuel, j'en doute. 
Elle vit du coin de l'œil la main de Guenièvre revenir à la charge. Cette fois, elle plaça la main sur le bandage. L'ongle l'effleura, laissant une légère marque rouge. 
- ...donnez-moi votre main. 
- Quoi?! 
Nessa n'attendait pas de question. Elle attendait un geste, qui ne venait pas. Alors elle prit les devants. Elle saisit le poing du roi pour lui faire poser les doigts sur le poignet de Guenièvre. 
- Caressez-lui le poignet. Parlez-lui. 
Le contact entre eux sembla apaiser aussitôt Guenièvre. 
- ...je suis de retour. 
Nessa se releva, faisant une révérence au roi, prête à sortir. 
- Merci. De l'avoir veillée... Pendant toutes ces années. 
Elle sorti sans répondre. Arthur, lui, embrassa la main de sa femme. 

Une demi-heure plus tard, Guenièvre émergea enfin. Arthur parlait doucement. Elle avait eu l'impression qu'il l'appelait. 
- Bonjour Guenièvre. 
- Bonjour Arthur
Dans sa bouche, son nom était mélodieux. Il s'imagina quand elle le prononcerait, dans ses moments d'extase...avant de se gifler intérieurement, la seconde suivante. Il avait à ce point envie d'elle qu'il se mettait à imaginer des choses. 
Guenièvre était une bête sauvage et blessée. Aller trop vite, même sous son joug, pouvait résulter à l'état dans lequel elle était en ce moment. 
- ...il est tôt? 
- On est le soir. Je ne suis parti que depuis ce matin...vous avez faim? 
Elle réfléchit quelques instants, avant de hocher la tête. 
- C'est possible. 
Il revint quelques dizaines de minutes plus tard, un plateau de raisins et de charcuterie dans les mains. A sa vue, Guenièvre se redressa et s'assit en tailleur sur le lit. Arthur s'assit à son tour, avant de mettre le plateau entre eux. Elle se mit à picorer dans le raisin. Arthur remit quelques mèches à leur place, profitant pour vérifier la température de Guenièvre. Ce n'était pas aussi impressionnant que ce matin, mais elle avait toujours beaucoup de fièvre.  Il avait gardé le souvenir que Guenièvre était désinhibée par la fièvre. La nourriture était clairement affectée par sa fièvre. Sa parole le serait peut-être aussi. 
- Vous voulez me parler un peu de la tour? 
- Vous voulez savoir quoi? 
- Tout. 
Elle grimaça un peu, enfilant plusieurs grains dans ses joues. 
- ça va pas être facile de tout raconter...y'avait plein de moments où on faisait rien. 
- Parlez-moi de Lancelot. 
- Celui qu'il laissait voir, ou celui qu'il était quand il n'y avait que Nessa ou moi pour le voir? 
- Commencez par le premier. 
Elle continue de prendre les grains, doucement. 
- Civilisé, consciencieux. Amoureux transi. Inquiet pour ma sécurité. Au point de me priver de liberté. 
Elle secoue la tête. 
- Que des apparences. Que des mensonges
- Et avec vous? 
- Possessif. Il voulait faire de moi sa reine, et quand il a compris qu'il n'y arriverait pas, il m'a privé de tout. De ma famille, de ma liberté, de mes choix. 
Elle ne regardait pas son mari. Elle fixait les raisins, qu'elle avait arrêté de picorer. 
- Il ne me voyait que comme une faible femme, fragile, qu'il pourrait façonner. Et j'ai toujours déçu toutes ses attente. Il m'a cru docile, je l'ai poussé dans les escaliers, espérant qu'il se rompe le cou. Il m'a cru faible, j'ai poignardé un de ses gardes avec mes broches à cheveux...c'est d'ailleurs pour ça que je n'avais plus rien qu'autre que de malheureux bouts de bois pour mes coiffures... 
Arthur l'écoutait, étrangement satisfait par ce qu'il entendait. 
- Lancelot était fou de me voir résister à ses avances, à ses mots. Je jouais les sottes quand je savais qu'il voulait des réponses claires. 
Elle s'assombrit. 
- Il coupait la moindre conversation. Avec les tapissiers, avec les cuisiniers quand je les croisais,...même les gardes qui ne parlaient pas la langue avaient interdiction de me parler. Je crois que je serai devenue folle s'il n'y avait pas eu Nessa. 
Elle lâcha soudainement des yeux le raisin pour attraper le regard d'Arthur. 
- Vous pouvez lui lâcher une terre, un petit lopin, non? Qu'elle soit plus obligée de faire la bonniche. Elle l'a mérité, à me supporter pendant tout ce temps. 
- Vous êtes reine Guenièvre. Vous pouvez le faire vous-même. 
- Mais ils risqueraient de ne pas respecter que moi, je donne une terre à ma servante. Alors que vous... 
Elle n'avait peut-être pas tort, mais il imaginait facilement que sa servante serait plus touchée par le geste de Guenièvre que par le sien. 
- On fera ça. Et dites-moi, Lancelot, il était comment, quand il vous parlait? 
- Mielleux. "Mon amie...votre sécurité..." 
Elle eu une moue de dégout en y repensant. Elle continua, plus calme. 
- Ou alors, violent. 
- Violent? Comment ça, violent? 
Elle hausse les épaules. 
- Il n'hésitait pas à me pousser quand je me mettait sur son chemin. Il a laissé des bleus sur mes bras à force de serrer, pour me soutirer quelque information qu'il pensait que je détenais. 
Elle secoue la tête. 
- Je préférais quand il était désagréable, détestable. Il a essayé. Une fois. D'être doux. Il m'a pris le poignet, a remonté ma manche et m'a caressé le bras, pendant de longues minutes. Pour m'amadouer. 
Elle regarde le bandage. Arthur devine qu'elle parle de sa plaie. 
- Vous étiez déjà blessée? Il l'avait vu? 
- Non. Il était comme toujours...affreusement faux
Elle se souvenait de sa voix, de ses gestes.
"mon amie, écoutez au moins mes demandes..." 
Elle avait attendu qu'il parte, le plus froide possible. 
Elle s'était lavée au gant de crin, jusqu'à ce que sa peau soit rouge. 

Elle hausse les épaules. 
- J'espérais que ça finisse pas ne plus guérir. Que ce soit une zone morte. Mais ça fait toujours mal. 
Sa voix était détachée, étrangement lointaine quand il repensait à l'état dans lequel elle avait mis sa propre chair. Elle se jeta à nouveau sur les raisins. Arthur, lui avait compris ses mots. Quand elle était en crise, c'est la partie de son corps qu'elle considérait comme souillée par Lancelot qu'elle s'arrachait. 
Il se jura de couvrir cet endroit de baisers, pour qu'elle hésite à recommencer. 
Guenièvre était étrangement bavarde, et à parler de choses qu'il pensait devoir batailler pour entendre. 
Elle ne rentrait pas dans les détails, mais c'était suffisant. Pour le moment. Il voulait s'amuser un peu. Sortir de toutes ces histoires sombres qu'elle avait effleuré. Il voulait la taquiner, la voir rougir. Ou se prendre une bonne claque d'humilité, si elle était cinglante. 
- Et moi, vous avez quoi à dire sur moi? 
Elle lui jeta un regard, rougissant légèrement, avant de lui lancer un petit sourire taquin, les joues encore remplies de raisin. Ses yeux avaient soudain un éclat différent. Un éclat de femme fatale. 
- J'ai de la fièvre, je ne suis pas délirante au point de vous dire ça. 
Ce fut au tour d'Arthur de rougir, et pas qu'un peu. Il se sentait ridicule d'avoir posé la question, en pensant en apprendre plus par une Guenièvre qui avait perdu sa timidité habituelle. 
Elle était sublime, à se jouer de lui comme ça. Si elle n'avait pas eu de fièvre, il aurait sans doute renversé le plateau pour l'attirer à lui, pour l'entendre glousser dans son cou. Au lieu de ça, il restait immobile, et la regarda rire de l'état qu'avait eu sa phrase sur lui. 
Qu'il avait hâte de l'entendre, son prénom, entre les lèvres de sa femme. 

Notes:

Je trouve Guenièvre trop mignonne quand elle a de la fièvre comme ça.
Et j'imaginais tellement qu'elle mette KO Arthur en une phrase...

Nessa a fait une petite apparition, parce que bon, elle le mérite, et Merlin, Merlin...
Pour les onguents, je lui fais 100% confiance s'il s'en sert pour soigner les loups.
On a un peu gratté ce qui s'est passé à la tour, peut-être qu'on reviendra sur quelques passages.
Mais une partie du poids que Guenièvre porte devrait s'alléger un petit peu.

See you soon ^^
Yumeka

Chapter 12: Le jardin

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

La neige avait cessé de tomber sur la Carmélide. Ou en tout cas, sur le château et ses proches environs. 
Il avait pris le temps de monter la colline, surplombant les jardins du château. Maintenant qu'il prenait le temps de l'observer, il se dit que Léodagan avait fait du beau travail. 
Même si les jardins étaient un peu à découvert. 

Dans sa ronde, il aperçu Guenièvre, et s'arrêta pour l'observer. 
Même de loin, elle était un rayon de soleil. 
Elle portait son manteau blanc et se promenait, calme, seule. Elle était belle. 
- Non. Ce mot ne rendait pas justice à sa beauté. Elle était sublime. Pure. Un joyau étincelant dans cette neige. 
Elle méritait mieux que tout ça. Il voulait lui offrir tellement plus. 
Il se rappela qu'il leur arrivait de se balader dans les allées de Kaamelott, il y a de nombreuses années. 
Il voulait recommencer. Il ferait construire un sublime jardin et il y passerait tout le temps qu'elle voudrait. 
Cette Guenièvre lui manquait. 
Il la contemplait, apaisé, jusqu'à ce qu'il voit un homme s'approcher dans son dos. 
Le pire des hommes qui aurait pu l'approcher. 
Un lâche. Un traître. 
Arthur Pendragon

Du haut de sa butte, Lancelot sentit la rage, glacée, emplir ses veines. 
Il avait suivi les chefs de clans, avec quelques heures d'écart. 
Se fondre dans la masse était un risque, mais qui irait chercher celui qui était à présent considéré comme un fugitif dans un regroupement de chevaliers? 

Il avait rebroussé chemin pour régler son compte à celui qui avait osé toucher sa Guenièvre. Si ce faible d'Arthur l'avait épargné, ça n'avait pas été son cas. 
Il se souvenait l'avoir pisté, longtemps. L'homme avait fini par lui parlé, aidé par l'alcool qu'il lui avait dégoté. 
Il avait appris l'affront que cet homme avait fait au corps de Guenièvre. 
- Elle a sursauté comme une jouvencelle! C'était hilarant! 
Lancelot observait la scène de ses grands yeux clairs. L'homme riait aux éclats, mais ce qu'il retenait, c'était que Guenièvre était toujours pure. Elle attendait toujours qu'il soit digne d'elle. 
- Pourquoi vous voulez savoir ça d'ailleurs? 
- Je suis curieux. Vous êtes quand même devenu la risée du monde Breton. 
L'homme s'esclaffa à nouveau. 
- La risée! Attendez que tout le monde sache qu'elle a levé la main sur un chef de délégation ! 
C'est bien le souvenir qu'il gardait de Guenièvre. Une femme prête à se battre si on la forçait à le faire. Il en avait eu la preuve, avec les blessés qu'elle avait fait dans ses rangs. Et toutes le fois où elle avait tenté de s'en prendre à lui, quand elle ne comprenait pas son dessein. 
Il avait laissé l'homme s'enivrer jusqu'à ce qu'il ne tienne plus debout, avant de le pousser dans la rivière. Entre ses vêtements gorgés d'eau, le froid mordant, son ivresse et Lancelot qui veillait au grain, l'homme ne s'en sortirait pas. 
Il avait vu le corps être repêché au petit matin. 
Il l'aurait bien tué d'un coup d'épée, mais ç'aurait été se faire remarquer. Et ce qu'il voulait, pour le moment, c'était rester discret. 

Il resta à contempler l'horreur qui se passait sous ses yeux. Guenièvre s'était tournée vers ce roi de pacotille et avait sourit. Elle avait sourit à cet homme qui ne méritait même pas un regard de sa part. 
Mu par une envie irrésistible, il s'avança. Il ne devait pas être vu. Alors il pressa le pas, se retrouvant rapidement au pied du mur d'enceinte. Il pourrait peut-être entendre sa douce Guenièvre. 

Il l'entendit prononcer le nom du roi, et déglutit. Depuis quand ne l'avait-elle pas appelé par son nom? 
Tous ses mots, toutes ses façons d'éviter de le prononcer...ça le rendait fou. 
Il ne prononçait pas son nom souvent, mais ceux-lui brulaient ses lèvres à chaque fois qu'ils passaient sa gorge. C'était une douce torture. 
Il posa la main sur le mur. Comme il s'y attendait, c'était de la qualité. Léodagan avait fait bâtir une véritable forteresse après s'être fait enlever sa fille. 

Alors il continuait à longer lentement le mur, cherchant sans l'espérer vraiment un défaut qui lui permettrait un accès. Il devait faire vite. Les gardes de Carmélide, plus précisément ceux du château, étaient dangereux, d'autant plus qu'ils avaient récupéré leur princesse. 
Mais il n'y tenait pas. Il fallait qu'il fasse ouvrir les yeux à Guenièvre. 
Il était là. Il avait toujours été là.
Contrairement à celui qu'elle considérait comme son mari. 
Un lâche qui l'avait délaissée, abandonnée, trompée avec de multiples maîtresses, bien qu'elle semble oublieuse sur ce point. 
Il était là. Il serait toujours là pour elle. 

Et si Arthur avait eu à ce point envie de récupérer Guenièvre, il l'aurait tué. 
Et il l'avait laissé partir. Il était toujours en vie. 

Il se mit à marcher plus vite. Guenièvre était là, tout près. Il le savait. Il le sentait. 
Un petit rire vint chatouiller ses oreilles, suivi par des éclats. Ne pas la voir rire...non, pas question. 
Il remonta en courant sur la butte, manquant de se prendre les pieds dans sa cape blanche. Retrouver son point d'observation. La voir. Il se retourna, plein d'espoir, avant de se figer. 

Guenièvre est dans les bras de son mari. Il a les mains à sa taille. Elle se tortille. Elle rit
Son rire résonnait dans ses oreilles, même s'il était trop loin pour l'entendre. 
Lorsqu'il vit le visage souriant - insouciant - d'Arthur se glisser dans le cou de la femme qui aurait dû être la sienne, il sorti son épée, décidé à sauter le mur, celui-ci fusse-t-il plusieurs pieds. 


Les cornes d'alertes sonnèrent dans tout le château. Arthur, qui commençait à embrasser le cou de Guenièvre recula soudain et se mit en bouclier devant elle, cherchant du regard d'où venait l'alerte. 
- Rentrez à l'intérieur. 
Il ne savait pas quel danger pouvait les guetter, et il n'était pas pressé de les connaître. Léodagan avait des troupes entraînées, pas des pignoufs qui sonnaient l'alerte au moindre clampin. 
Il eut une vague impression de voir quelque chose bouger en haut de la colline, mais rien qu'il puisse définir clairement. Un animal sans doute effrayé par les cornes. 


La fin de journée fut étrange pour Arthur. Jusque-là tranquille, Guenièvre fut appelée partout dans le château pour aider sa mère, ou pour essayer des tenues. Il se plongea dans les papiers qu'il délaissait dès qu'il pouvait profiter de temps avec elle. 

Ce soir, à la table de Léodagan, Arthur attendait le retour sur la journée. Son air maussade n'était pas des plus réconfortants. Il commença à s'éclaircir la gorge, quand Guenièvre s'assit à côté d'Arthur, soupirant. 
- Cette journée a été éreintante! J'ai couru partout! 
Léodagan se racla la gorge, pour arrêter sa fille. Elle se tourna vers lui. 
- Il y a a des brigands sur nos terres. Pas des petits joueurs. Alors le temps qu'on s'en occupe, vous allez vous limitez sur les sortes dans le jardin. Tous les deux. 
Guenièvre esquissa une plainte, aussitôt balayée par son père. 
- Vous avez que ça sert à rien de vouloir parlementer avec moi. 
Elle acquiesça, le visage grave. Tout cela se faisait au grand dam de Guenièvre. Arthur en était désolé. 
- Votre mère vous attend dans son bureau. Elle a de la traduction picte à gérer. 
Elle jeta un air suspicieux à son père, avant de se lever. Léodagan la regarda disparaître, avant de reprendre un visage sinistre. Celui des mauvais jours. Il observa Arthur regarder dans le couloir, lui faire signe que Guenièvre était entrée. 
- C'est Lancelot. 
Entendre ce nom focalisa instantanément Arthur sur son beau-père. 
- Il a été aperçu hors de l'enceinte du château. Un de mes gars a essayé de jouer aux héros et il s'est fait buter. 
- Il faisait quoi? 
- Apparemment, il vous observait. Vous et ma fille. 
Son cœur s'accéléra. Guenièvre commençait enfin à ne plus faire de cauchemars, et il allait devoir la confronter à nouveau à ça. 
- Je vous le dit avant de l'annoncer à ma fille, mais je ne lui cacherai pas. 
Arthur tiqua. Léodagan ne disait plus "votre femme". Arthur senti que son beau-père serait intransigeant sur sa sécurité, quitte à devoir se battre avec lui. 
- Lancelot est un homme dangereux. Il a tout perdu. 
- C'est un homme éconduit. Ma fille l'a toujours repoussé. Et je préfère me faire tuer en le combattant que de le laisser toucher un seul de ses cheveux. 
Il jeta un regard noir à Arthur. 
- Vous auriez dû le tuer. 
Oui, il aurait dû. 


Léodagan a fait revenir Séli et Guenièvre. Il observait sa fille en silence. Elle se posait des questions. 
- On a identifié la menace. On va renforcer la garde. 
Guenièvre sentait une douleur lancinante dans son ventre. Quelque chose n'allait pas. 
Elle était encerclée. Face à son père, et de chaque côté d'elle, Arthur, et sa mère, qui fixait son mari. Elle était trop silencieuse. 
- Des gardes ont aperçu Lancelot pendant que... 
Elle entendit toutes les bagues, tous les bracelets de Séli taper sur la table pendant qu'elle lui saisit le poignet, fort. Elle n'entendit pas si quelqu'un lui dit quelque chose. Elle n'entendit pas la fin de la phrase de son père. 
Lancelot
Il était revenu. Pour elle. Ou pour tuer Arthur. 
Elle n'eut pas le temps de réagir, de penser à le faire. Tout vira au noir en une fraction de seconde. 

Notes:

Ladies and Gentlemen,
Lancelot !

A la base, je pensais faire tout un chapitre sans qu'on sache que c'était Lancelot, mais en fait, non.
Lancelot du Lac, avec ses grands yeux clairs, perçants, fous.
Et Guenièvre qui aimait tellement se balader dans le jardin...

Plus qu'à voir où tout ça va mener ^^'
Prenez soin de vous,
Yumeka

Chapter 13: Guenièvre

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Arthur s'était plongé dans les parchemins de reconstruction, dans les traités. 
Ils avaient fait allonger Guenièvre dans son lit, le temps qu'elle reprenne ses esprits. 
Il avait demandé à ce qu'elle soit à l'aise, que quelqu'un reste près d'elle. Il voulait être cette personne, mais à son réveil, elle lui jeta un regard noir et se tourna de l'autre côté. 
Il se doutait de ce qu'elle lui reprochait. 
Lancelot était toujours vivant. 
- Je vais dans mes bureaux. Si vous avez besoin, faites-moi appeler. 
Il caressa sa tête, et elle lui saisit la main, pour la ramener jusqu'à sa ses lèvres. Elle l'embrassa longuement, avec douceur. 
- Ce n'est pas à vous que j'en veux. 
Il se demanda si elle était sincère, ou si elle s'inquiétait de ce qu'il pensait. 

Depuis plusieurs heures à présent, il modifiait des écrits. Il se plongeait dans le travail pour ne pas avoir à penser à ce qu'il devrait gérer ensuite. 
Jusqu'à ce cri. 
Guenièvre
Il l'entendait crier. Il se précipita à la poursuite de la voix, Excalibur à la main, rebroussant chemin quand il s'éloignait, manquant de tomber dans sa précipitation. Il vit la porte du jardin ouverte. 
Il imaginait déjà le pire. Que Lancelot l'ait capturée, à nouveau. Qu'il lui fasse du mal. 
Qu'il OSE la toucher.

A cette seule pensée, Arthur sorti en trombes dans le jardin maculé de blanc. La neige s'était remise à tomber, plus fort, plus dense. Et il la vit, dans la tempête qui se levait. 
Elle avait une robe fine, les cheveux totalement défaits, et hurlait à s'en éclater les poumons. 
- Montrez-vous, espèce de lâche! Montrez-vous et osez m'affronter!! 
Il gelait. Arthur était frigorifié rien qu'à respirer. Les hurlements de Guenièvre et l'air glacial qu'elle avalait à chaque respiration devait être un supplice. 
Si c'était le cas, elle s'en fichait. 
Arthur  fut rapidement rejoint part Léodagan, lui aussi armé, à peine vêtu d'une chemise noire et d'un pantalon.
Il était tard, le Roi de Carmélide avait prévu de dormir. Les plans avaient changé. 
Les deux hommes se regardèrent, impuissants. Guenièvre avait besoin d'évacuer sa colère, et elle avait d'étranges façons de le faire. 
Mais qui étaient-ils pour juger? Ils n'avaient pas vécu enfermés dans une tour, sans possibilité de sortir. 

Arthur se décida à faire le premier pas et avança vers elle, se voulant rassurant. 
- Guenièvre, rentrons. Vous n'êtes pas encore totalement rétablie et...
Elle se tourna vers lui. Elle avait pleuré, certainement de colère. Il remarqua dans son poing resserré ses épingles à cheveux. Celles avec lesquelles elle avait selon ses dires attaqué des gardes saxons. 
- Rentrez. Il fait froid. 
Elle s'arrêta, un instant, et fixa Excalibur, avant de l'ôter des mains d'Arthur. Son éclat se ternit aussitôt. Mais ce n'était pas ce qui intéressait Guenièvre. Elle virevolta vers le mur, vers la colline invisible. 
- Regardez-moi, espèce de petite merde! Je suis armée et je suis prête à vous accueillir! 
L'épée était trop lourde pour elle, qui n'avait jamais tenu autre chose qu'une dague. Pourtant, elle était ancrée sur ses pieds nus, l'épée en avant. Léodagan observait sa fille déverser sa rage sur un ennemi absent, au moins à leurs yeux. 
Ses incitations à faire venir Lancelot résonnaient pour se perdre dans le silence de la colline. 
Arthur recula, pour revenir au niveau de son beau-père. Ils se regardaient, ne sachant pas vraiment quoi faire. 

Deux gardes vinrent rapidement rejoindre les gens dans le jardin, posant un manteau sur les épaules de Léodagan et d'Arthur, avant de se placer près du mur, un genou au sol, les lances pointées là où pourrait surgir un homme qui aurait gravi les mètres de pierre quasiment lisse. 
Arthur voyait les hommes avancer, un par un, entourer la princesse de Carmélide, à deux mètres de distance d'elle. La seule lumière qui fut amenée était derrière eux, pour ne pas gêner leur visibilité. Bientôt, elle fut entourée de huit chevaliers en armure, prévenant toute avancée ennemie. 
Arthur brisa le silence, resserrant contre lui son manteau, se tournant vers Léodagan. 
- Vous leur avez donné des ordres en douce? 
Léodagan secoua la tête. 
- Ils font ça de leur propre chef. C'est l'ancienne garde personnelle de Guenièvre. 
Il haussa un sourcil, avant de se retourner. Guenièvre ne lui avait jamais parlé d'une garde de ce genre. Elle n'en avait pas à Kaamelott. 
- Son ancienne garde? 
- Je vous l'ai dit, ça fait toujours plus pro quand on a des hommes dédiés à la protection d'une seule personne. Et ma fille est très appréciée dans le royaume. Ces chevaliers lui ont juré fidélité. Tant qu'elle vivrait en Carmélide, en tout cas. Ils sont mes chevaliers avant tout. ...enfin, en théorie. 
Il soupire. L'air qui sort de sa bouche semble dense avec le nuage blanc qui en résulte. 
- Quand Lancelot a enlevé ma fille, plusieurs ont été blessés. Salement. Je les ai puni, faites-moi confiance. Mais perdre leur princesse les a plus affecté que mes brimades. 

Arthur se sentait impuissant, à écouter Guenièvre hurler des insultes. Elle avait sans doute déjà alerté tout le château, mais personne d'autre n'osait la rejoindre. 
Elle ressemblait à une sauvageonne, avec les flocons qui venaient décorer ses cheveux volants au gré des bourrasques. 
Il ne l'avait jamais vu tenir une épée, et pendant un instant, il avait espéré qu'Excalibur s'illumine, pour elle. 
Elle n'avait pas de destin exceptionnel. Elle n'était que Guenièvre Pendragon, femme du Roi qui possédait la grâce des dieux. 
Cette pensée lui fit détester les dieux, l'espace d'un instant. 

Ce n'était pas le moment. 
Arthur fit un pas en avant, sa chausse faisant crisser la neige. Un des chevaliers se retourna en pointant sa lance vers Arthur, qui s'arrêta. 
- C'est le Roi Arthur, imbécile! 
Léodagan hurlait après le chevalier, qui ne bougea pas d'un pouce. 
- La Princesse est notre priorité. 
Arthur eut un petit rictus. Au moins, il savait qu'il y avait des chevaliers qui la protégeraient au péril de leur vie. 
- Ne touchez pas à Arthur. 
La voix de Guenièvre était blanche. Elle s'était arrêtée de crier en entendant derrière elle un chevalier bouger. Il n'était pas question que son mari soit blessé par un de ses hommes. Le chevalier cessa de menacer Arthur pour reprendre sa place, assurant les arrières de la reine.  
Arthur continua donc à avancer, jusqu'à être près de sa femme. Il l'observait. Elle n'avait pas de chaussures. Ses doigts devaient être gelés, sans gants, sans protection dans cette tempête. Ses articulations étaient blanches à force de serrer l'épée. Elle restait fière, ses yeux ne se détachant pas du point qu'elle considérait comme la colline. Il se tenait à ses côtés, et essaya de lui parler calmement. 
- Vous êtes gelée. Rentrons. 
- Non. 
- Guenièvre, c'est un ordre. Un ordre de votre roi. De votre mari. 
- JE NE BOUGERAI PAS ! 
Il la vit faire volte-face, l'épée manquant de glisser de ses doigts gelés. 
- Je ne lui laisserai pas le plaisir de me voir reculer, vous entendez?! 
Arthur soupira, puis recula d'un pas. Il attendit de la voir reprendre sa position. 
Le bout de son nez était rouge, tout comme ses pommettes. Le froid mordait chaque partie de sa peau qu'elle laissait nue, et elle ne bougeait pas. Son regard était décidé, empli d'une fureur qu'il n'imaginait que trop bien. Des années d'emprisonnement sous couvert d'amour. 

Il attendit une minute, peut-être deux, avant de tourner la tête vers Léodagan, qui hocha la tête. Aussitôt, Arthur encercla Guenièvre de ses bras, saisissant Excalibur en même temps. 
Léodagan et un de ses gardes se précipitèrent pour mettre à terre les deux lanciers qui auraient pu atteindre Arthur. 
Guenièvre hurla. 
Elle hurla de colère, de rage, de douleur. Elle ne pleurait plus, l'heure des larmes était passée depuis longtemps. 
Comme pour l'accompagner, Excalibur, à présent aussi tenue par Arthur, crachait de la fumée et des éclairs. 
- ça suffit! Vous allez attraper la mort ! 
Ses inquiétudes avaient monté, tout le temps qu'elle était restée dehors. Et il sentait qu'il n'aurait pas le dessus. Même en hurlant. Même en paroles douces. Guenièvre n'était plus à même de les entendre. 
Léodagan se plaça devant sa fille. 
- Vous avez fini vos conneries?! Vous savez depuis combien de temps on vous attend dans le froid ?! 
Il s'était approché, avant de reculer, in extremis. 
Guenièvre, toujours aux prises avec Arthur, immobilisée, avait tenté de lui donner un coup de pied. De prendre appui pour repousser l'un ou l'autre, les deux avec beaucoup de chance. 
Léodagan s'arrêta. Il devait procéder ce qu'il venait d'apprendre. 
Sa fille s'était déjà retrouvée aux prises avec plusieurs gardes. Pas qu'une fois, pour avoir eu ce geste. 
Sa colère l'aveugla. Des saxons avaient touché à sa fille. Ils l'avaient maintenus prisonnière, ils l'avaient ramené à chaque fois qu'elle avait trouvé la possibilité de fuir. 
Il se jura d'écarteler Lancelot. 
Même s'il se faisait tuer par un des gardes, il l’écartèlerai. Il voulait entendre tous ses os craquer. Détruire le corps de ce monstre qui hantait sa fille. 

Arthur, lui, arriva enfin à retirer Excalibur des mains de Guenièvre, qui s'y accrochait comme une furie. Il essaya de la lever, pour qu'elle ne puisse plus l'atteindre. 
Dans un geste désespéré, Guenièvre saisit le poignet d'Arthur pour le forcer à redescendre. Elle y alla trop vite, trop fort. Le pommeau l'atteint à la tempe, et elle s'effondra. 
- Guenièvre!! 
Arthur essaya de la retenir, et fini à genoux, sa femme dans les bras. Il entendit les lances se tourner vers lui. Ce bruit métallique lui rappela Rome. Sans lâcher Guenièvre, il réaffirma sa prise sur Excalibur et releva un genou. S'il fallait se battre, il le ferait. Même si c'était contre la garde de sa femme. 
- ...pas Arthur... 
La voix faible de sa femme. Elle ouvrit les yeux, se frotta la tempe. Elle saignait. 
- C'est moi qui me suis pris le pommeau, il ne me l'a pas balancée sciemment. 
Elle essaya de se redresser, mais son équilibre était précaire. Le coup sur la tête l'avait clairement sonnée. 
- ...Merci messieurs. 
Les chevaliers cessèrent aussitôt leurs menaces, et se remirent au garde à vous. 
Guenièvre fit un pas en avant, manquant de tomber. Sa tête tournait, et du sang gênait sa vue d'un côté. Arthur la souleva dès qu'il fut relevé et qu'Excalibur fut rangée dans son fourreau. 
- Rentrons à l'intérieur. Vous êtes glacée. Je n'ose même pas vous demander si vous sentez encore vos orteils. 
Sa voix était sèche, dure. Guenièvre ferma les yeux. Elle était vidée. 


Élias et Merlin avaient été appelés pour ausculter Guenièvre. Élias s'occupait du visage de Guenièvre, Merlin des gelures des pieds. 
Guenièvre tenta un regard à Arthur. 
- Vous pouvez me lâcher vous savez? 
Il était assit sur le lit, tenant Guenièvre fermement contre lui, pendant qu'on s'occupait d'elle. 
Elle avait sur ses cuisses une bassine d'eau chaude, où elle avait dû plonger les doigts et avait interdiction de les retirer sans accord. 
- Taisez-vous et laissez-vous soigner. 
Il était fâché. Elle l'entendait à sa voix. Elle voulait dire quelque chose, mais cette fois, ce fut Merlin qui l'empêcha de s'exprimer. 
- faut pas être bien quand même pour sortir sans chaussures par une saison pareille! Vous aviez pas deux minutes pour les enfiler, vos grolles? Surtout qu'il y avait personne pour vous en empêcher. 
Si elle le savait elle-même... 
Élias se racla la gorge, essayant de faire comprendre à Merlin de tenir sa langue. Ce qui énerva le druide. 
- Je dis ce que j'ai envie, môssieur Élias! Si ça vous amuse de voir des gens à qui vous tenez dans cet état, c'est pas mon cas! 
Il se radoucit. 
- ça devrait pas être trop grave, on s'en est occupé de suite... votre bras, il va mieux? 
- Oui. Je n'ai plus grand-chose. 
Elle essaya un nouveau regard vers Arthur. 
- Je peux enlever mes mains maintenant? 
- Non. Vous attendrez que Merlin vous en donne l'autorisation. 
- Moi?! 
Arthur jeta un regard à son vieil ami, qui comprit qu'il devait entrer dans son jeu. Arthur ne voulait pas tout interdire lui-même à Guenièvre. Il ne voulait pas s'associer à Lancelot. Jamais
Alors Merlin releva la tête vers la bassine. 
- Faut les laisser encore un peu. Je m'en occuperai après vos pieds. 
Il finissait d'enduire les plaies de pâte blanche, avant d'envelopper les pieds dans des bandes. 
- Bon. Faites-moi voir ces doigts. 
Guenièvre voulu à nouveau relever ses mains, mais cette fois, Merlin fut plus rapide et plongea sa main dans la bassine pour l'atteindre. 


- Vous avez vraiment pas fait semblant, hein? 
Élias déposa un pansement sur l'arcade de Guenièvre. 
- Et voilà, j'ai fini! Vous voulez que je m'occupe de ses doigts, Sire? 
Arthur hésita, puis secoua la tête. 
- Merlin a l'habitude de s'occuper des petits bobos de la Reine. Merci. 
La scène lui paraissait surréaliste. Il avait un puissant sorcier qui lui proposait de regarder pour soigner sa femme. 
Sa femme avait les mains dans l'eau, et Merlin avait plongé la main pour l'empêcher de les sortir. Il restait silencieux. Élias soupira. 
- Merlin, vous en avez pour longtemps? 
- ...il faut des essences de citron. 
- Quoi? Avec les plaies qu'elle a sur les doigts?! 
- Pour son sommeil, bougre d’andouille! 
- Vous êtes sensé vous occuper de ses doigts. 
- Allez me chercher ça au lieu de râler, ça ira plus vite! 
Élias plissa les yeux, avant de sortir. 
- Vos doigts on quasiment gelé ma Reine. Vous avez eu de la chance qu'il vous ramène avant qu'il ne soit trop tard. 
- ...ça va être long ? 
- Vous pourrez vous en resservir dès que j'aurai mis les onguents. 
Il sorti un de ses pots, puis releva enfin les mains de Guenièvre. Il sécha la première le plus doucement possible, puis examina la main, réfléchissant à la meilleure façon d'appliquer le remède. Il décida finalement de la plonger entièrement dans la mixture odorante, sans en avertir Guenièvre. 
Arthur observa de son point de vue la moue dégoûtée et douloureuse qui passa sur le visage de sa femme. 
- C'est vraiment étrange comme texture... 
Sa deuxième main subit le même traitement. Élias rentra alors que Merlin refermait son bocal. 
- Attendez, vous avez plongé ses mains dedans directement? Vous savez que vous allez plus pouvoir l'utiliser là. 
- Bien sûr que je sais! Comme ça au moins je suis sûr qu'il y a aucun endroit que j'ai oublié! 
Élias leva les yeux au ciel, avant de jeter une petite fiole vers Merlin, qui l'attrapa étrangement facilement. 
- Ce que vous m'avez demandé. 
Il le déposa sur la tablette d'Arthur. 
- Si l'un de vous dort mal, vous mettez une goutte sur un mouchoir, sous votre oreiller. 
Arthur semblait suspicieux. 
- Et ça marche? 
Élias eu un petit rire. 
- C'est des remèdes de grand-mère oui! 
Cette fois, Merlin ne s'énerva pas. 
- Oui, c'est exactement ce que c'est. Et si ça marche pas, ça aura aucun effet négatif. 
Il fixa les mains engluées de la Reine, puis sorti un chiffon. 
- On va enlever l'excédent, et vous replongerez les mains dans l'eau le temps de les rincer. 
Arthur, lui, essayait de rester concentré. Il écoutait ce qu'ils disaient sur l'état de sa femme, sur ses doigts. Il gardait son menton appuyé contre l'épaule de sa femme, réprimant son envie de l'embrasser et de l'engueuler comme il n'avait jamais eu envie. 
Lorsque les mains de Guenièvre furent à nouveau rincées, Merlin posa un pot de crème sur le lit. 
- Sire, je vous laisse vous occuper d'hydrater les mains de la Reine. 
Il avait voulu dire quelque chose, mais rien ne sortait. Merlin savait. 
Les deux magiciens étaient sortis, emmenant avec eux la bassine et laissant Arthur toujours agrippé à Guenièvre. 

Quand il la lâcha, ce fut pour saisir le pot et lui ordonner de s'asseoir face à lui. Il ne voulait pas voir ses yeux. Il ne voulait pas risquer de voir de la déception dans les yeux de celle qu'il aimait. Ou pire, de la peur. Il commença à masser consciencieusement sa main, pour bien faire pénétrer la préparation. 
- Arthur. 
- Oui? 
- Regardez-moi. 
Non. Il ne voulait pas. Il avait peur. Et il voulait la punir aussi. Il avait cru la perdre. 
Sa main libre se posa sur la joue du roi, le forçant relever la tête. 
Elle se heurta à son regard noir. Elle ne détourna pas les yeux pour autant. 
- Je ne vous ai jamais comparé à cet homme. Je ne le ferai jamais. Vous n'êtes pas lui
Arthur recula légèrement, coupant le contact avec la peau de Guenièvre. 
- Vous m'aviez jamais dit que vous aviez une garde personnelle. 
Elle fait la moue. 
- Parce qu'à Kaamelott, j'en avais pas besoin. Au début, y'avait pas de château ici. Du coup il fallait bien qu'on soit protégé. Mon père disait que ça faisait plus impressionnant. 
- Votre père, d'ailleurs, va sûrement vous questionner sur ce qui s'est passé dehors. 
- Comment ça? 
- Quand je vous tenais. Vous avez essayé de le frapper. 
Guenièvre réfléchit, avant de laisser échapper un glapissement. Arthur lui jeta un regard discrètement. 
- Vous avez peut-être quelque chose à me raconter? 
Elle secoua la tête, avant de grimacer. Arthur appuyait plus fort sur sa main. 
- Vous me faites mal. 
- Pour une fois que vous ne le faites pas vous-même, ça vous gêne? 
Il avait claqué ça sans s'en rendre compte. Elle arrêta de se plaindre et le regarda appliquer la crème. Peu importe la force qu'il mettait, elle ne se plaignait plus. 
- ...vos gestes sont plein de douceur, d'attention. Même quand vous êtes en colère comme ce soir. Votre étreinte n'est pas là pour m'enfermer, elle est là pour me protéger

Elle ferme les yeux. 
- Quand je réussissais à m'enfuir de la tour, les saxons finissaient toujours par me rattraper. Et il y a eu plusieurs fois où ils m'ont ramené, me tenant les pieds pour que j'évite de les ralentir. Sauf qu'un jour, au moment de me soulever, l'un d'entre eux a failli voir votre couronne de fleurs. J'ai pas réfléchi sur le coup, j'ai balancé mon pied dans le visage du garde. Le coup m'a fait partir en arrière, et l'autre m'a lâché. Je leur ai presque échappé ce jour-là. 
Quand elle relève les yeux, Arthur la regarde enfin. 
- J'ai peur. Peur d'être à nouveau séparée de vous. Qu'il vous arrive quoi que ce soit. Et ça empire à chaque seconde où vous n'êtes pas avec moi. Je ne veux pas qu'il vous arrive quoi que ce soit à cause de moi. 

Ils s'observèrent un long moment, avant que Guenièvre ne prenne finalement les devants et n'empoigne le col d'Arthur pour le ramener jusqu'à elle. Leurs lèvres s'entrechoquèrent, avant qu'ils ne se décident à se toucher à nouveau. Arthur posa ses mains sur les joues de Guenièvre, lui intimant de le laisser faire. Ce qu'elle fit, sans la moindre retenue. 
Il poussa l'onguent de Merlin, et allongea Guenièvre sur le dos en poussant un peu plus son baiser. Elle tenta sans succès d'avoir accès à son torse. Elle n'arrivait pas à défaire les boutons. Alors il le fit lui-même. Il posa les mains sur la poitrine de Guenièvre qui lui repoussa jusqu'aux courbes que dessinaient sa taille. Il esquissa un grognement, avant de capituler sur ce point. 
Il donnerait du plaisir à Guenièvre ce soir. Ses choix l'importaient plus que son plaisir à lui. Il voulait l'entendre. 
Il s'approcha un peu plus, une jambe entre les cuisses de sa femme, les mains fermement ancrées sur sa taille. Il quitta ses lèvres pour fondre sur son cou, lui arrachant un soupir de plaisir. Il bataillait pour ne pas laisser ses mains courir sur ses seins. 
Il se permit tout de même de laisser une de ses mains empoigner la cuisse de sa femme, sentant le sursaut de plaisir que celui lui procurait. 
Il l'embrassait partout où il pouvait. Dans le cou. Sur les épaules, sur les clavicules. Il l'entendait gémir, de plus en plus fort. 
Jusqu'au gémissement qu'elle avait déjà poussé dans la baignoire. Elle se figea, un instant. Arthur s'était immobilisé aussi, s'apprêtant à reculer. Elle le retint contre lui, sa main dans les cheveux de son mari. 
- Je vous interdit de vous arrêter. 
Sa voix était sombre, voluptueuse. Pleine d'envies, de désir. Arthur n'y résista pas. Il n'avait même pas envie d'essayer. 
Il mordit le cou de Guenièvre, lui arrachant un nouveau gémissement de plaisir. Il sentait ses doigts lui griffer le dos, avec une sensualité qui lui faisait aussi perdre pieds. Sous ses baisers, il sentait le corps de sa partenaire se mouvoir. Elle en voulait plus. Elle s'abandonnait à lui. 
Alors il poussa ses baisers, plus longs, plus intenses. Jusqu'à ce qu'il la sente s'arquer. Il recommença, un baiser, puis deux, avant de l'entendre pousser une infime plainte. Elle tentait de reprendre son souffle, sa composition. Arthur, amusé, déposa un baiser sur ses lèvres. 
- Vous faites de sacrés progrès. 
- J'ai un bon professeur. 
Ils se sourirent enfin. Guenièvre s'était apaisée. 

Arthur sorti de la chambre, pour y revenir quelques minutes plus tard. Guenièvre s'était déjà assoupie. Il se glissa sous les couvertures, et la serra contre lui. 
Les sons qu'elle avait fait ce soir avaient eu leur effet sur lui. 
Il voulait les entendre encore. 

Notes:

Un chapitre avec un peu plus d'action !
Non, Guenièvre n'est pas une faible femme, et j'adore autant ses réactions d'attaque que ses moments de faiblesse.
J'imaginai vraiment Arthur se sentir désemparé face à la colère de sa femme, à être tiraillé entre le fait de la laisser hurler et celui de l'empêcher de mourir de froid.

Merlin est un personnage que j'aime énormément. Je sais pas trop pourquoi, je le vois s'énerver facilement, mais être très doux, très attentif.

Et puis, j'espère que la scène finale vous aura plus #^_^#

PS : par contre, là, je suis totalement bloquée sur la suite. J'ai écrit des possibilités, mais rien ne me convient. Alors si vous avez des envies/idées, ne vous gênez pas
(j'avais prévu de le poster tard, comme à chaque fois, mais vu qu'il est fini...et peut-être que j'aurai des idées du coup ^^')
(et si vous vous demandez pourquoi je ne mets pas de résumé...c'est parce que je suis pas douée avec les résumés )
A bientôt j'espère ^^
Yumeka

Chapter 14: Lancelot

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Guenièvre suivait Arthur, les mains relevant sa jupe pour ne pas être ralentie. 
- Apprenez-moi à me servir d'une épée. 
- Non.
- Il faut que je sache m'en servir s'il arrive à passer la garde! 
- Et vous voulez apprendre à vous en servir pour quel motif? 
- Pour vous protéger. 
Arthur se retourna, contemplant sa femme, avant de repartir. 
- Non. 
- Et pourquoi?! 
- Une femme ne combat pas. Et je n'ai pas besoin de protection supplémentaire.
- Alors pour ma propre sécurité! 
Il soupirait intérieurement. Guenièvre était têtue, invivable quand elle avait une idée précise en tête. Ses pieds étaient encore bandés, et elle lui courait toujours après. 
Pas question de la laisser se servir d'une épée. Elle serait plus en danger qu'autre chose. 

Elle ne lâchait pas Arthur d'une semelle, revenant à la charge dès qu'il lui en laissait l'occasion. 
- Pourquoi vous demandez pas à votre père?! Ou à vos chevaliers? 
- Parce qu'il n'y a que vous qui le ferez vraiment, sans avoir peur de me blesser. 
Il évita de se retourner vers elle, se contentant de hausser les sourcils. Elle en espérait trop. 
- Mon père a beau vouloir m'endurcir, il n'irait pas m'apprendre à manier une épée. Quand à mes chevaliers, à l'évocation de ma demande...ils ont tous refusé, offusqués.  
ça ne l'étonnait pas. Guenièvre ne se rendait pas compte de ce qu'elle demandait. 
D'autant plus qu'il la savait tout à fait capable de mettre en pratique ses paroles. Frapper Lancelot avec une épée. D'un côté, il voudrait voir ça. De l'autre... elle lui avait dit qu'il pouvait se montrer violent, et il n'hésiterait pas à la frapper dès qu'elle serait désarmée. 
Il connaissait Lancelot. Prêt à tout pour ses objectifs. 
Guenièvre ne retomberait pas dans ses griffes. 
- Et si jamais vous deviez y retourner, il n'est pas question que ce soit avec des blessures parce que vous avez tenté de vous battre à l'épée. 
- Il faudra qu'il me tue s'il compte me ramener là-bas. 
Il se retourna surpris. Guenièvre avait le feu aux joues. 
- Vous pensez à voix haute. 
Il ne s'en était même pas aperçu. Guenièvre serrait les poings, toujours agrippés à sa jupe. 
- J'ai plus d'idées qu'il n'aura de motivation à me traîner là où il veut. Si vous ne voulez pas m'entraîner, je le ferai moi-même! 
Elle cessa sur le champs de suivre Arthur pour se réfugier dans la salle d'entraînement. Celui-ci se passa la main sur le visage, horripilé par les lubies de sa femme. 
Il savait bien qu'elle n'abandonnerai pas. 
Cette nuit dans les jardins avait imprimé dans ses pupilles tout ce que Guenièvre pouvait être. Une combattante déterminée, inflexible, ainsi qu'une femme désirable. 
Il senti une bouffée de chaleur l'envahir alors qu'il repensait à leur fin de soirée. 

Deux heures plus tard, il passa devant la salle d'entraînement. Guenièvre y était, essayant maladroitement de porter un coup à un mannequin. 
Il esquissa un soupir et entra. 

---

Guenièvre rentrait avec deux de ses gardes. Elle avait eu une autorisation de sortir, pour pouvoir se balader sur le marché que des itinérants avaient installés. Ils étaient arrivés à la fonte des neiges, quelques semaines après la dernière apparition de Lancelot. Son père avait fait fouillé le camp, placé des gardes partout. 

L'air était toujours frais, mais ça lui faisait du bien de pouvoir marcher tranquillement. Elle finissait par avoir l'impression de sentir l'odeur de la pierre dans le château. 
Elle avançait calmement, jusqu'à ce qu'un bruit d'épée ne lui fasse tourner la tête. 
Elle était encore assez éloignée du château, hors du chemin. Derrière elle, un de ses chevaliers était au sol, l'autre bataillait avec Lancelot. 
Le chevalier n'eut pas le dessus, et s'effondra à son tour. 
Guenièvre se tourna totalement vers Lancelot. Elle observait ses grands yeux bleus qui la fixaient, elle. 
- Bonsoir mon ami. 
Il tendit la main vers elle. Elle ne recula pas, les mains croisées devant elle. 
Une posture royale, pensa Lancelot. 
- Venez ma chère. Je sais que je n'ai pas été un bon prétendant, ni un bon ami...mais je vais me rattraper. 
Elle saisit les pans de sa robe et fit un pas en avant. Elle réduisait la distance entre eux. 
Lancelot la regardait faire, satisfait. Heureux. Sa femme revenait vers lui, de son plein gré. 
Elle était bien prisonnière d'Arthur, sous le toit de ses parents. 
- Rangez votre épée mon ami. 
Sa voix, de plus en plus proche. 
- Je ne peux pas prendre ce risque... 
- Je voudrais que vous m'enlaciez, Lancelot. 
Le chevalier déchu failli lâcher son épée. Sa Reine venait de prononcer son nom. Mieux encore, elle lui demandait une étreinte. Peu importe où ils étaient. Il avait tant attendu ce moment. Il rangea prestement son épée et ouvrit les bras, la regardant franchir les quelques pas qui les séparaient encore. 
Guenièvre fit une pirouette au dernier moment, et colla son dos au plastron de Lancelot. Il glissa ses bras à ses épaules. 
- Ma douce amie... 
Lancelot était à ce moment précis un homme comblé. Il avait retrouvé sa bien-aimée, qui l'acceptait enfin. 
Elle lui offrait ce qu'il espérait plus que tout au monde. 
Sa confiance. Un toucher. 

Guenièvre, elle, respirait calmement. Elle avait les bras croisés sur son ventre. 
Sa main glissait doucement, jusqu'à frôler le pommeau de l'épée. 
Elle inspira profondément. Elle n'aurait qu'une chance. 
Elle agrippa la fusée de l'épée et sorti d'un geste vif l'arme, se tournant dans le même temps. Dans son élan, elle frappa Lancelot à la cheville. 
Il recula, grognant de douleur et d'incompréhension. Guenièvre lui faisait à présent face, son épée à la main. 

Guenièvre, elle, se remémorait tout l'après-midi qu'elle avait passé à apprendre ce mouvement. 
Elle l'avait retenu comme Arthur le lui avait enseigné. 
Un pas de danse. 
Sauf qu'à présent, ce n'était pas un visage souriant qui l'attendait. Ce n'était pas un baiser en récompense. 

Lancelot n'acceptait pas cet affront, elle le voyait dans ses yeux. Il était incrédule. 
Guenièvre avait volé son arme. Elle était plus lourde que les autres, et elle la laissait au sol. Il aurait vite fait de la récupérer. Tout autant que d'apprendre à Guenièvre qu'il ne tolérait pas qu'elle se moque de lui comme ça. 
- Guenièvre, ne faites pas un geste de plus. Je vous jure que...
- Que quoi?! Que vous allez me frapper?! Je n'ai pas PEUR de vos coups! Je n'ai plus peur de VOUS!! 
Ces mots giflèrent Lancelot. Peur? Il avait cherché à la protéger des horreurs du monde. De la guerre. De ce qu'il devait faire pour ramener la paix sur l'ile de Bretagne. Purger la vermine. Guenièvre était si sensible, si fragile.
- Vous préférez vous terrer dans les bras d'Arthur?! Arthur est un lâche qui vous a abandonné ! Comment pouvez-vous le laisser vous approcher, comme... 
Il fit un pas vers elle. Cette fois elle recula au même temps. 
Elle avait toujours peur de lui. 
Cette pensée le dégoûta autant qu'il la rassura. Une fois maîtrisée, désarmée, elle ne lui opposerait aucune résistance.
Il fit un nouveau pas, que Guenièvre imita en arrière.
Elle répétait les mots d'Arthur dans sa tête. 
"Ne laissez pas Lancelot vous toucher une fois que vous aurez son épée. S'il vous attrape, vous n'aurez plus la moindre chance". 
Elle se concentrait sur la voix d'Arthur. Sur le rythme des tambours qu'elle avait tant entendu quelques mois auparavant. 
S'il mettait la main sur elle, elle ne pourrait jamais se défaire son étreinte.
Se concentrer sur les tambours. 

Ce n'était pas Arthur. Elle n'était pas en sécurité.
Son cœur se mettait à battre à tout rompre chaque fois qu'il initiait un pas vers elle.
Dans sa tenue, elle n'avait aucune chance de le distancer a la course. 
- Guenièvre, reprenez vos esprits. Faites moi confiance.
Elle réprima sans totalement y arriver un petite rire nerveux. Quand elle vit Lancelot approcher un peu plus, plus vite, elle releva l'épée. La pointe appuya sur le plastron de Lancelot, qui continua à avancer. Elle sentit le pommeau lui rentrer dans le ventre, et recula quand cela devint vraiment douloureux. Elle avait peut-être mal, mais l'épée lui permettait de garder une distance. Au moins ça
- GUENIEVRE !! 
La voix d'Arthur. Elle vit une étincelle s'allumer dans les yeux de Lancelot. Ils se toisèrent du regard, avant qu'elle ne se mette à crier. 
- Je suis là! 
Lancelot la regardait à présent comme s'il ne la reconnaissait pas. 
- Vous avez été ensorcelée Guenièvre. Je ne sais par quelle magie...
Il tendait son bras vers elle, pour l'atteindre. 
Il fallait qu'il la touche. Il pourrait peut-être lever le sort. Peut-être lui faire reprendre un instant de conscience. La sauver. 
Guenièvre recula son visage, l'air sombre, décidée. Elle poussa l'épée, le forçant à reculer. 
- Ne prononcez pas mon nom. 
Lancelot aperçu derrière Guenièvre la noirceur d'Excalibur, et recula un peu plus, laissant l'arme retomber lourdement au sol. 

Il était à présent à quelques mètres de Guenièvre, et observa impuissant Arthur saisir la femme qu'il aimait et la blottir dans son bras. Il l'embrassa sur le front. 
- Que venez-vous faire ici Arthur?! Vous délecter de ma déchéance?! 
- Je viens faire ce qu'il faudra pour que vous cessiez de tourmenter ma femme. 
- Votre femme?! 
- Oui. Guenièvre est ma femme. Et la Reine de Bretagne. 
- Après tout ce que vous lui avez fait subir, vous vous pensez encore digne d'elle?! 
- Elle m'a donné une chance de me montrer digne d'elle. 
- Vous ne pouvez pas faire ça! 
Il hurlait presque, contrastant avec le calme d'Arthur. 
- J'aurai pu vous laisser partir. Je l'ai même fait. Quitte à endurer les remarques. Quitte à gérer les angoisses de ma femme. 
- Arrêtez de dire que c'est votre femme! Ne me faites pas rire! Vous l'avez abandonné! 
Arthur restait impassible face à la fureur de Lancelot. 
- Mais vous êtes revenu. Vous avez essayé d'enlever à nouveau Guenièvre...
- NE PRONONCEZ PAS SON NOM! Vous n'êtes pas DIGNE d'elle!! 
Il tourna son regard vers Guenièvre, qui se tournait vers lui. La voir dans les bras d'un autre le brisait. 
- Je vous ai protégé mon amie! Je voulais vous éloigner de toutes les horreurs de ce monde! Il fallait purifier le pays, vous ne l'auriez pas supporté. 
Elle secoua la tête. 
- Je vous ai imploré plusieurs fois de me laisser partir. De me rendre ma liberté. 
- Je vous AIME Guenièvre! 
Arthur resserra sa poigne sur son épée. 
- Ce n'est pas de l'amour. Je ne saurai dire. De la ferveur, du fanatisme...mais ce n'est pas de l'amour. 
L'attaque toucha Lancelot. Il aperçu les gardes, étrangement loin, se rapprocher. Devant eux, le couple royal l'observait. Il serra les dents et pressa le pas pour fuir la garde, la jambe blessée. Quelques minutes plus tard, les gardes les dépassèrent pour chasser le fugitif. 

Arthur saisit brusquement le menton de sa femme entre des doigts, la forçant à tourner la tête vers lui. Sa voix fut caverneuse, grondante. 
- Vous êtes totalement inconsciente. 
Elle ne pouvait pas le nier. Elle aurait pu se retrouvée à nouveau capturée. Même si elle avait prévenu Arthur, il n'aurait peut-être pas été assez rapide si elle avait manqué son coup. 
Elle savait qu'il était là, et c'est ce qui l'avait fait tenir. Caché, à l'observer. Elle tourna la tête. 
- Mon père n'est pas avec vous? 
- Votre père est parti avec la garde pour attraper Lancelot. 
Il approche un peu plus son visage. 
- Il vous a incendié avant, et vous allez vous en prendre une nouvelle salve quand il vous recroisera. Vous avez failli le tuer d'effroi. Je n'ai aucune idée de comment vous avez pu le persuader. 
- Une chance de le capturer. 
Elle inspira. 
- Et vous? 
- Moi? 
- Ai-je failli vous tuer d'effroi? 
Arthur la regarda durement, puis sourit. 
- De jalousie ma chère. De jalousie

Il voulait brûler la robe qu'elle portait. Lancelot y avait apposé les mains. Guenièvre avait été prompte, et leur contact n'avait pas duré. Et pourtant, il ressentait cette jalousie qu'il n'avait jamais eu pour personne. 
Guenièvre n'avait jamais montré qu'à lui toutes ces facettes. Elle n'avait jamais montré à Lancelot qu'un visage impassible, des mots qui sonnaient faux. 
Comment Lancelot avait-il pu tomber dans le panneau? 
Guenièvre esquissa un sourire. 
- Si nous allions la brûler, cette robe? 
Elle souriait, elle était calme. Pourtant, il sentait ses mains trembler. Elle aussi avait eu peur. 
- Je suis d'accord. 

Notes:

Alors je ne suis pas totalement satisfaite de ce chapitre, mais je vais m'arracher les cheveux jusqu'à ce que je m'en débarrasse.
Sans doute un peu trop brouillon, je m'en excuse ><,
(J'ai essayé de réfléchir à l'idée de enoradesmots et Tirmay28, j'espère que je n'ai pas trop déçu vos attentes🤞)

J'espère à bientôt,
Yumeka

Chapter 15: Derrière la porte

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Guenièvre n'avait pas échappé à la soufflante de son père. 
Elle l'écoutait, le regard fixé sur lui. 
Elle savait qu'elle devait supporter la colère de son père. Il avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir, de s'être inquiété. 
C'était son plan à elle. Elle avait déjà eu de la chance qu'il ne débaroule pas au milieu de sa discussion avec Lancelot pour essayer de lui coller un pain. 
Ou même qu'il donne une chance à ses idées. 
Il lui sembla qu'il avait vieilli en voyant son air inquiet. Elle se sentait un peu coupable. 
Arthur ne disait rien. Il se serait fait rabrouer encore plus. Elle ne lui avait jeté qu'une seule fois un regard, pour lui dire qu'elle pouvait encaisser. 
Léodagan lui avait finalement tourné le dos. 
- Je ne veux plus vous voir pendant deux jours. J'ai besoin de calme. Et si j'entends que vous avez mis un pied hors du château, je vous fous dans les geôles. C'est compris?! 
- Oui. 
Arthur l'avait regardé partir, attendant son tour. Léodagan l'avait foudroyé du regard. 
- Décarrez, vous aussi. Vous pouvez être Roi de Bretagne, ça m'empêchera pas de vous en coller une. 
Il lui en voulait d'avoir mis sa fille en danger, tout comme il semblait reconnaissant de l'état dans lequel elle se trouvait maintenant. 
Plusieurs semaines sans crises, sans cris, sans pleurs. 


A peine revenu dans leurs quartiers, il avait proposé à Guenièvre un bain, qu'elle avait refusé poliment. 
- Vous pouvez aller en prendre un, si vous voulez. 
Elle souriait, calmement, assise à la table qu'ils partageaient quand ils voulaient être seuls. Pourtant, elle tenait ses poignets. Lui proposer de le laisser seul était encore une épreuve qu'elle avait du mal à faire. Il ne l'en blâmait pas. 
- J'ai encore des traités à rédiger. Je ferai ça plus tard. 
Ils avaient passé la journée chacun de leur côté. Chacun prenant le temps de digérer ce qui leur était arrivé. 

A la nuit tombée, Arthur avait fini par rejoindre Guenièvre, qui s'était endormie. Elle serrait l'oreiller d'Arthur. Il l'entendait respirer fort. 
- ...Guenièvre? 
Elle ne répondait pas. Elle dormait profondément. Sans doute un cauchemar. Il s'allonge à côté d'elle, avant de lui caresser les cheveux. 
- Réveillez-vous. Je suis là. 
Sa voix la fit sursauter, et elle tourna ses yeux endormis vers lui. 
- Bonsoir. 
Il désigna du regard son coussin, et elle le lui rendit. Il s'allongea, avant d'étendre son bras. 
- Venez. 
Elle s'était blottie sur son torse. Il entendait son cœur battre la chamade. Il n'avait pas besoin de lui poser la question sur la nature de son cauchemar. 


Et lorsque le soleil se leva, Guenièvre dormait, toujours blottie dans les bras d'Arthur. 
Ils avaient passé la nuit a dormir, se réveillant parfois pour regarder l'autre dormir. 
Elle entrouvrait à nouveau les yeux. Arthur était déjà réveillé, il l'observait. 
- Vous dormez plus ? 
- Non.
Il frôlait son bras. Elle n'avait plus guère qu'une cicatrice a cet endroit là. Et Merlin avait assuré sa disparition
- Vous avez peut-être pas envie d'en reparler maintenant, mais a la tour...
Elle le regardait, calmement.
- Parlez moi de ce qu'il vous a fait. Je veux dire... On reste pas enfermé autant de temps sans qu'il se passe rien. Et quand on voit toute la haine que vous avez pour Lancelot... 
Son regard fixe le mis mal à l'aise. 
- Je veux dire... Quand vous l'insultiez, dans la tempête, et quand vous l'avez combattu...
- Combattu, c'est un bien grand mot. 
Elle fit la moue, détournant les yeux. 
- J'ai juste joué la comédie. Je l'ai tenu a distance tant que faire se peut. 
Vous avez pris son épée a un chevalier. A un combattant expérimenté. 
- Lancelot n'avait pas l'air aussi dangereux, au début. Ou peut être que si. Il avait l'air plus déterminé. Il disait qu'il voulait me protéger. 
Arthur l'avait considéré comme son ami. Comme un égal
Si lui n'avait pas assez montré de sentiments envers sa femme, Lancelot était dans l'exact opposé. 
En la regardant, le visage à moitié enfoncé dans l'oreiller, il le regrettait. 

- ...est-ce que je peux bloquer la porte? 
Elle haussa un sourcil, l'interrogeant silencieusement du regard. 
Arthur fixait les yeux noisettes de sa femme, à la recherche que choses diverses. Il y lisait l'étonnement, la curiosité. Il n'y avait ni peur ni inquiétude. 
Je voudrai voir votre corps. Sans obscurité. Sans eau. Sans rien
Il voulait revoir ses plaies. Voir leur évolution. Voir si elle avait recommencé. Tout en même temps que découvrir le corps de celle qui partageait sa vie depuis tant d'années. 
Guenièvre acquiesça. 
- Peut-être, si vous le voulez...je pourrai vous en dire plus sur mes péripéties à la tour...il doit me rester quelques cicatrices. 
Il était surpris de la proposition. Elle évitait toujours d'en parler. Leur dernière vraie conversation sur la tour remontait à la journée où elle avait eu sa fièvre. Il se releva. 
- Je fais ça de suite. 
Il ferma à clé leur porte, avant de retourner. Guenièvre s'était redressée, et s'était assise au bord du lit. Elle observa Arthur s'asseoir près elle. 
- Par où commencer? ...par , je pense. 
Elle ôta son bras de la chemise de nuit, dévoilant au passage son épaule. Elle resserra la chemise sous son autre bras, pour l'empêcher de tomber. 
- Vous connaissez pas mal l'histoire de ce côté-là. La touche de Lancelot. 
Il l'avait vu, il y a encore quelques jours, planter ses ongles dans le tissu plutôt que dans sa chair. Il savait les efforts qu'elle accomplissait. 

Il lui saisit le poignet pour pouvoir atteindre son bras. Il approcha ses lèvres pour déposer un baiser sur la marque, sur le long de son bras. La regarder frissonner. 
- Vous vous rappellerez de mes baisers. Vous ne voudriez pas recommencer, n'est-ce pas? 
Elle secoua la tête. Il remonta lentement. 
- Quand à l'épaule, je me la suis déboitée dans les premiers mois. 
Elle semble chercher ses mots. 
- J'ai essayé de faire céder la porte. Dans le mauvais sens. Je voulais apitoyer Lancelot...quand on m'a ouvert, j'ai essayé de passer de force...et je suis tombée. Les coups répétés avaient affaibli mon épaule. Il a fait venir un médecin pour me soigner. 
Son sourire se fana en un instant. 
- Il l'a sans doute tué ensuite. C'est pour ça que j'ai arrêté de montrer mes plaies. Je ne voulais pas créer des morts dans mes tentatives de fuite. 
- Il l'a peut-être gardé prisonnier au cas où vous recommenceriez. 
Elle a un petit sourire désabusé. 
- Si vous le pensez... 
Il en doutait aussi, à vrai dire. Il la voit replacer sa manche. 
- Non
- Non? 
- Gardez votre peau à ma vue. 
Elle sourit, et s'exécuta sans sourciller. Elle retira son deuxième bras de la chemise de nuit. 
Arthur se releva pour s'asseoir près d'elle. Il posa sa main sur son poignet, pour remonter, peu à peu. Il regardait avec attention, cherchant une marque, une plaie. Guenièvre le regardait faire, curieuse. Arthur était concentré, avec ce regard doux qu'elle aimait tant. Il était focalisé sur elle
- Ce bras-là, vous avez quelque chose à me raconter? 
- Pas vraiment. J'avais parfois des bleus, par là. 
Elle sent Arthur s'arrêter sur l'endroit qu'elle a indiqué. 
- Il n'hésitait pas à pousser quand je refusais de bouger, quand je refusais d'obéir. Quand je refusais de le laisser fouiller, peu importe où. 
Elle soupira, avant de secouer la tête.  
- J'ai passé mon temps à lutter, à repousser la moindre de ses attentions. Je peux vous dire que ça n'a pas été de tout repos. ça lui arrivait de perdre patience. 
- Perdre patience à quel point? 
- J'ai changé de mobilier souvent parce qu'il le cassait en s'énervant. Ou parce qu'il se rendait compte que je retournais ça contre lui. 
- Vous faisiez... quoi ? 
- Il y a une fois, avec Nessa, on a bougé de lit, la coiffeuse devant la porte. Vu le cagibi dans lequel on était, c'était facile de la bloquer. Si vous l'aviez entendu s'acharner sur la porte, nous sommant de le laisser entrer.... 

Ses yeux se voilèrent, alors qu'elle se perdait dans ses souvenirs. 
Elle se revoyait, avec sa servante, pousser les meubles. C'était un plaisir malsain, après ce qu'avait fait Lancelot. Guenièvre avait un bleu sur son épaule, une marque sur la joue. Les saxons l'avaient ramené, une nouvelle fois. Elle s'était débattue, plus qu'elle n'aurait dû. Elle ne parlait pas la langue, eux ne parlaient pas la sienne. Nessa l'avait aidée, décidée à ne pas laisser l'ancienne reine se battre seule. 
Arthur s'approcha du visage de Guenièvre. Il glissa sa main sur sa joue. 
- Guenièvre, vous allez bien? 
Elle sentait la chaleur de la main d'Arthur. Elle s'y lova, fermant les yeux. La sensation était agréable. Elle se sentait en sécurité, loin de ce genre de souvenirs. 
Arthur se souvenait de la marque que la gifle de Lancelot avait laissé sur Guenièvre. Il espérait ne jamais revoir ce genre de marques. 
Elle releva la tête, soudain totalement de retour. 
- J'avais eu des bleus. Sur le visage. Quand Lancelot les a vu, il est devenu fou. Il hurlait sur les saxons, il hurlait sur moi, qui n'aurait pas dû prendre de risque... 
Elle esquissa un sourire. 
- Son regard à ce moment-là...j'étais satisfaite. Il se détestait. Il détestait tout ce qu'il avait créé. 

Il contempla son visage, laissant passer ses doigts sur ses joues, près de ses yeux. Comme s'il cherchait des indices sur ce qu'elle avait subi. Elle savait cacher les choses les plus importantes qui soient. 
- Mon dos, vous le connaissez déjà. Je vous ai souvent vu le regarder pendant que je me changeais. 
Il posa les mains sur la chemise, et la fit descendre peu à peu. Si elle ne la retint pas, elle cacha sa poitrine, croisant maladroitement ses bras. Elle n'était toujours pas à l'aise. 
Il l'observait, à la fois déçu et excité face à sa pudeur. Il glissa un peu plus la chemise, avant de s'arrêter sur son ventre. Elle avait un magnifique bleu. Elle tenta un regard, avant de de faire la moue.  
- Je crois que c'est le pommeau, quand il avançait vers moi.  
- Oui. 
Maintenant qu'il y réfléchissait, ça n'était que ça. Guenièvre n'avait pas d'armure pour se protéger de ce genre de coups. 
- Vous ne trouverez rien d'intéressant ici. 
- J'en doute. 
Il se retenait de laisser glisser ses doigts sur les courbes des hanches de Guenièvre. Quand il n'avait effleuré la dernière fois, il avait senti un mouvement de son corps. Elle appréciait ça. Et lui aussi. 

Il la lâcha et s'assit au sol. 
- Levez-vous. Enlevez votre chemise. 
Elle lui obéit, sans un mot. A peine sur ses jambes, il observa le tissu glisser jusqu'au sol. Arthur regarda le corps de Guenièvre, à peine vêtue d'une culotte et cachant sa poitrine de ses bras. Elle se rassit rapidement. 
- Parlez-moi de vos jambes. 
Il avait les mains sur ses chevilles. Elle réfléchissait. 
- Les ronces. Juste des ronces. Et la première coiffeuse. J'ai frappé dedans, et je me suis plantée un bout de bois. 
Il remonta le long de ses mollets. Il attendait d'autres informations, qui ne venaient pas. Quand il releva la tête, Guenièvre avait les yeux fermés. Il ressentait la chair de poule sous ses doigts. 
- Vous avez froid? 
- Non. 
- Votre chair de poule... 
- C'est vous qui la créez, à me toucher comme ça. 
Sa voix était à la fois amusée et vexée qu'il ne s'en soit pas rendu compte. Il pressa ses lèvres sur un de ses genoux, puis remonta à nouveau. Il prit le temps de caresser ses cuisses, pour la faire frémir. Il aimait avoir ce pouvoir sur elle. 
Cet effet, se corrigea-t-il. 
Et il tomba à nouveau sur les marques. Elles étaient nacrées, lisses au toucher. Elles avaient cicatrisé. Elle ne partiraient jamais. 
Un vestige du passé qu'elle ne pourrai jamais totalement oublier. 
Il remarqua, sur le côté, une marque dont elle ne lui avait pas encore parlé. Sur le haut de sa cuisse, près de sa fesse. 
- ...et ça? 
Elle tourna la tête surprise vers la marque, puis grimaça. 
- Mon poignard. 
- Votre...quoi? 
- Je l'avais volé à un garde saxon. Je ne m'en suis jamais servie. Pas comme vous le pensez. Je n'ai blessé personne avec. 
- Vous faisiez quoi avec ça? 
- C'était au cas où. 
- Au cas où quoi? 
- Au cas où Lancelot perde sa patience. Au cas où je n'aurai pas le choix.  
Il s'arrête. Elle cache de son mieux sa poitrine d'un seul bras et caresse la plaie. 
- Nessa m'a fait un fourreau dès qu'elle a pu récolter ce qu'il fallait. Mais comme je ne le quittai jamais, il m'a fait quelques dégâts. 

Guenièvre avait vécu l'enfer. Elle avait vécu avec la peur que Lancelot ne la force. Arthur en était fou. Comment avait-il pu laisser Guenièvre dans cet état?

Il se rappela soudain n'avoir jamais vu d'armes dans les mains de Guenièvre, ni ailleurs quand il l'observait s'habiller. 
- Et vous ne l'avez plus? 
- Non. J'ai fini par le perdre, un jour où ils ont fouillé. 
- Je pourrai demander aux forgerons de vous en faire un. Et les tanneurs... 
- Je n'ai pas besoin de ça ici. 
- Vous pourriez vous défendre. 
- Je sais me servir d'une épée. 
Arthur eut un petit rictus. 
- Vous n'avez fait ça qu'une fois. C'était peut-être un coup de chance.  
Elle lui sourit espièglement et se redressa, prenant une pose la plus royale qu'elle pu, dans sa tenue, son bras toujours collé à sa poitrine.  

- Vous ne voulez pas plutôt découvrir quelles parties de mon corps sont le plus sensibles à vos caresses? 
Elle le fixait, à la fois gênée et satisfaite. Si elle tournait la tête maintenant, ses joues éclateraient de sa hardiesse. 
Arthur Pendragon, Roi de Bretagne, était un genou à terre devant elle. L'envie brûlait dans ses yeux. Il lui rendit son sourire. 
- Si ma reine le demande... 

Notes:

J'ai pas pu le poster hier, alors voilà le chapitre du soir ^^
J'espère qu'il vous plaira.
(et je pourrai potentiellement écrire la suite directe...😊)
J'ai un petit bout d'histoire pour le chapitre suivant, du coup je devrais pouvoir poster dimanche et lundi avec un peu de chance ^^
Prenez soin de vous ^^
Yumeka

Chapter 16: Si ma Reine le demande...

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

- Si ma reine le demande... 

Il resta un instant immobile, pour profiter du visage de sa femme. Il adorait y lire sa timidité qui hurlait derrière les mots qu'elle avait prononcé, la voix tremblante. 

Elle était superbe, dans son rôle de Reine. Il lui aurait demandé de l'épouser, s'ils ne l'étaient pas déjà. 
Peut-être même qu'il lui demanderait. Un véritable mariage d'amour cette fois. Pas de politique, pas d'ancienne promesse entre eux. Juste lui et elle. 

Arthur tâtonna, pour poser les mains sur les chevilles de Guenièvre. Lorsqu'il glissa sur ses mollets, il sentit un frisson, infime, sous ses doigts. Il se refusait à lâcher les yeux de sa femme. 
Leurs regards s'entrechoquaient. Ils étaient tous deux emprunts d'une envie de l'autre, mais ceux de Guenièvre transpiraient l'appréhension. 
C'était lui qui allait lui faire découvrir toutes ses premières fois de ce côté-là. Une responsabilité qu'il était prêt à endosser. 
Pour Guenièvre, il était prêt à redevenir roi, à affronter le monde. 

Ses mains arrivèrent à l'arrière des genoux de sa femme. Elle se mordit la lèvre alors qu'il caressa l'arrière de son genou gauche. Puis ses mains découvrirent l'arrière de ses cuisses, appuyant un peu plus les caresses. 
Guenièvre ne disait toujours rien. Elle n'en était de toute façon pas capable. Les seuls sons qui seraient sortis de sa bouche auraient été des gémissements. 
Arthur se mordit l'intérieur de la joue. Il voulait les entendre. Il voulait entendre sa voix assaillie par le désir qui les consumait tous les deux, à cet instant précis. 

Il se perdait dans ses yeux alors qu'il continuait à glisser les mains le long de ses cuisses, malaxant la chair qui les rendaient voluptueuses. 
Il commença à se redresser, frôlant l'entrejambe de Guenièvre avec son nez, se permettant un petit souffle qui arracha enfin un gémissement à Guenièvre. 

Il se releva totalement, son visage soudain trop proche de celui de sa femme pour ne pas voir son désir et son embarras la dévorer. 
Il ne quitta pas ses yeux quand il posa les mains sur ses fesses. Il senti les courbes, le pli sous les fesses. Avant même d'en être totalement conscient, ses doigts de refermèrent sur ses fesses, la plaquant du même coup contre son bassin. 
Guenièvre eu un petit cri de surprise, tout autant que d'appréciation. 
Elle posa les mains sur le torse d'Arthur. Il la vit rougir un peu plus. 
Elle le sentait durcir sous ses vêtements. 
La sensation était grisante. Effrayante aussi. 
Il délaissa à regrets les fesses de Guenièvre pour glisser ses mains le long de ses côtes. De ses hanches. Il ne faisait que les effleurer, et la regardait tenter de rester immobile sans vraiment y arriver, se débattre avec ses émotions. Ses pulsions
Il adorait la voir dans cet état. Ses yeux brillants de désir pour lui. 

Elle coupa le contact visuel, penchant la tête sur le côté, lui offrant son cou, réclamant un baiser. Arthur se pencha, avant de s'arrêter. 
- Vous n'avez demandé que des caresses, ma Reine. 
Il continuait de la taquiner. Il s'en amusait, tant que personne ne les voyait. Tant que personne ne pouvait la juger. 
Elle le dévisagea un moment, interdite, avant de se mordre la lèvre. 
Qu'est-ce qu'il aimait quand elle faisait ça. 
- Embrassez-moi. 
- Où ça? 
Il craignait un peu la réponse. Elle répondit entre ses dents. 
- Où bon vous semble. Faites-moi perdre la tête
Ce fut à son tour d'être abasourdi. Guenièvre s'abandonnait totalement à lui. 

Il obéit à nouveau, déposant un baiser sur son cou, avant de descendre sur sa poitrine. 
Il n'eut même pas à demander. Quoique tremblante, elle retira son bras à son approche. Au lieu de ses doigts, ce furent ses lèvres qui accueillirent sa poitrine. 
Elle sursauta.  
- Qu'est-ce que vous... 
Elle coupa sa phrase, ses gémissements l'empêchant de continuer. 
Le bras droit d'Arthur s'enroula à sa taille, pour la retenir fermement contre lui, alors que son autre main redescendit. Ses doigts avaient glissé délicatement entre ses jambes, caressant sa culotte. Elle resserra maladroitement les jambes, emprisonnant du même coup la main d'Arthur. 
Elle poussa une plainte, avant d'empoigner les cheveux d'Arthur pour le ramener contre son cou. Elle avait la tête renversée en arrière, ses gémissements commençant même à remplacer ses respirations. 
- ...Arthur... 
Il la colla plus fort à lui avant de l'entendre lâcher prise. 
Elle tremblait de partout, et elle aurait sans doute glissé à genoux s'il ne la tenait pas si étroitement. 

Il n'y tenait plus. Il l'aida à s'allonger sur le lit, puis tira sur la culotte, lui enlevant le seul vêtement qui lui restait. 
Guenièvre était haletante sur le lit, offerte. Il sentait le sang pulser. Tout son être la voulait. Il se retenait toujours. Elle l'observa retirer ses vêtements, et se senti étrangement intimidée face à lui. 
- Vous êtes prête, Guenièvre ? 
Elle l'observait, avant de lui jeter un regard hésitant, les genoux collés l'un à l'autre. 
- Vous êtes sûr que ça va rentrer? 
Il se rappela qu'elle était vierge. Au lieu de le refroidir, cela lui donna une nouvelle bouffée de chaleur. S'il continuait comme ça, il exploserait avant même de l'approcher. 
- Ce sera peut-être douloureux la première minute. Je ne forcerai pas. ça vous va? Sinon, on peut... 
Il la vit se replacer au milieu du lit, écartant timidement les cuisses. 
- Je vous veux en moi. 
Elle allait le tuer. Elle était trop...trop tout. Sa voix, timide au possible, le rendait fou. 

Il s'approcha, à genoux sur le lit. Il lui caressait les cuisses, tremblant aussi d'excitation. Toute sa peau frémissait sous ses doigts. Sa chair de poule, ses sursauts... bientôt, ils se mélangeraient, ne formant plus qu'un. Il regardait avec délectation ce corps qu'il s'était si longtemps refusé à toucher. 
Il essayait d'être concentré. S'il lâchait le fil de ses pensées, il ne tiendrait pas une minute. 
Jusqu'à ce qu'il l'entende respirer. 
Il tenta un regard, avant de relever complètement la tête vers son visage. Elle ne le regardait plus. Elle avait la tête tournée vers sa couronne de fleurs, et tentait de se donner du courage. 
Bien sûr qu'elle avait peur. 
Ils étaient mariés depuis plus longtemps qu'ils n'avaient vécu sans l'être. Ils avaient passé dix longues années sans le moindre contact, et Guenièvre n'avait jamais connu d'homme à part lui. Elle n'avait jamais rien connu des plaisirs charnels, hormis ceux qu'il lui avait offert ces derniers mois. 
Et cette femme tentait encore de lui cacher ses craintes, de peur de le décevoir. 

Il recula, à peine, ce qui fut cependant suffisant pour que Guenièvre s'en rende compte. Elle tourna subitement la tête vers lui. Arthur l'observait. 
- Ne faites pas ça Guenièvre. Ne cachez pas votre peur. C'est votre première fois. 
Elle se sentait prise en faute, soudain coupable du fait qu'Arthur n'ai pas le droit à son plaisir. Elle se redressa sur ses coudes. 
- Non, je...c'est pas ce que... j'ai envie hein! Juste...je sais pas ce que...enfin, vous voyez. 
La Guenièvre de leurs débuts, perdue, empotée, était de retour devant lui. Il rechignait à l'avouer, mais elle lui manquait terriblement parfois. 
- Laissez-moi une place. 
Elle ne comprenait pas, mais se décala pour le laisser l'allonger près d'elle. Il lui pris délicatement la main pour la poser sur son membre. A peine ses doigts resserrés sur lui qu'il lâcha un râle de plaisir. Il saisit la nuque de sa femme pour pouvoir la regarder dans les yeux. Il voulait qu'elle aussi se rende compte du plaisir qu'elle faisait grandir en lui. 
Sentir la main de Guenièvre sur lui était irrésistible. Il posa sa main libre sur celle de sa femme pour lui indiquer la marche à suivre. Il n'eut pas besoin d'un long moment avant de lui aussi atteindre l'extase, tout en embrassant férocement sa femme. 

Quelques minutes plus tard, quand tous deux eurent repris leur souffle, Arthur plaça son torse au-dessus de sa femme, ses bras de chaque côté de ses épaules . Il voulait se montrer dominant, menaçant. 
- Ne faites plus jamais ça. 
- Quoi? 
- Me cacher vos sentiments. Me cacher vos peur. Me mentir. 
- Je voulais juste... 
- Plus. Jamais

Il n'était pas en colère. Pas vraiment. Il s'en voulait de ne pas avoir remarqué plus tôt son état. S'il avait été plus loin, s'il l'avait vu une minute plus tard... 
Il ne voulait même pas y penser. 
Guenièvre était pleine de bonnes intentions, mais sa bonne volonté aurait pu briser tous ses espoirs. Il n'aurait jamais pu la retoucher. 
Elle était son étoile dans l'obscurité, son feu dans la tempête. Il avait failli briser ce faible espoir qui le gardait en vie. 
- ...je ferai attention. 
La voix frêle de Guenièvre le sorti de sa spirale de doute. Il se pencha un peu plus, sa voix cette fois plus sombre, plus dure. 
- Non. Pas attention. Vous me direz tout ce qui vous passe par la tête, même si ça doit me rendre dingue. Je ne veux plus jamais avoir à risquer de vous faire du mal sans m'en rendre compte. 
- Je...J'avais vraiment envie. J'avais juste peur... je voulais être à vous.  
- Vous êtes déjà à moi. 
Sa voix était tellement basse, tellement sombre. 
- Vous êtes mienne, Guenièvre. Peu importe votre mauvais caractère, ou vos bonnes intentions. Quand nous sommes seuls, je ne veux aucun secret, aucun mensonge. 
Elle inspire, avant de finalement acquiescer. 
- Si je deviens impossible, dites-le-moi aussi. Je veux être la meilleure épouse possible. Pas être un poids. 
- Vous êtes déjà parfaite...sauf quand vous me donnez l'impression que vous vous forcez pour moi. 
Cette fois, Guenièvre compris les réactions d'Arthur. Son recul, ses remontrances. Dans ses yeux, l'incrédulité fut remplacée par la tristesse, le remord. Elle regardait les yeux d'Arthur briller dangereusement. 
Elle avait tellement voulu bien faire, tellement voulu lui faire plaisir qu'elle n'avait pas pris en compte que lui aussi voulait tout pour elle. Elle passa brusquement ses bras au cou d'Arthur pour le plaquer contre elle, enfoncer sa tête dans son cou. Elle ne voulait pas voir les larmes qu'elle déclenchait chez lui. 
- Je suis désolée! Je ne m'étais pas rendue compte...c'est pas ce que je voulais...
Il essaya de se redresser, mais elle tint bon. Jusqu'à ce qu'elle n'entende sa voix, à moitié étouffée. 
- Je veux bien un câlin, mais j'aimerai que vous évitiez de me tuer, parce que là j'ai la tête dans votre oreiller. 
Elle le lâcha subitement et poussa sur ses épaules, de peur qu'il ne manque déjà trop d'air. 
- J'ai compris. Je ferai attention. Je vous le promets
Il lui lâcha un petit sourire. Lui aussi ferait attention à elle. Il se sentait bien quand il était près d'elle. Elle lui faisait passer tellement d'émotions... 
Il se sentait vivant, avec elle. 
- Je vous aime, Guenièvre. 

 

 

Notes:

Alors, que dire...

J'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre, qui était un peu chaud au début..
Et mes travers, toujours un peu sombres.
Parce qu'il n'y a pas qu'Arthur qui peut faire des erreurs avec de bonnes intentions.
Que même avec les meilleures intention du monde, on peut faire du mal à quelqu'un.

Mais les choses avancent, ils sont de plus en plus fusionnels. Bientôt, ils n'auront plus aucun secret l'un pour l'autre ^^

A bientôt, j'espère que ce chapitre vous aura plus ^^
Yumeka

Chapter 17: un Lac à Kaamelott

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

- Je voudrai donner un banquet dans quelques semaines. 
Dame Séli se tourna vers Arthur, comme si on l'avait insultée. 
- Parce que vous avez quelque chose à fêter?! On peut savoir ce que c'est ?!  
Il ne tourna pas la tête vers Séli. 
- Je veux convoquer les anciens chevaliers de ta table ronde et réaffirmer ma position et celle de votre fille. 
- Vous pensez que ces pignoufs remettraient en doute que Guenièvre est la reine de Bretagne?! 
- Certains, sans doute. 
- J'ai hâte d'entendre ça tiens! 
Arthur pensait surtout à Karadoc, mais d'autres devaient aussi le penser. Perceval, assis aux côtés du Roi, lui donna un petit coup de coude. 
- Sire, moi, j'ai jamais douté. ...d'ailleurs, la grosse morue, vous avez eu des nouvelles? 
- Pas du tout. Elle a dû fuir le pays, et ça me va parfaitement. 
- Et Lancelot? 
- ...non. 
Mentir à Perceval devenait difficile. Pas qu'il lui pose plein de questions. ça, il était habitué. C'était le fait de ne pas pouvoir partager ça avec lui. Il serait capable de le ressortir dans une conversation. Et il avait juré à Léodagan de garder le secret. 
Perceval n'avait pas été mis au courant que Lancelot était réapparu, et que la Reine l'avait confronté. Qu'elle avait causé sa chute. 
Il ne valait mieux pas que les chevaliers ou les chefs de clans connaissent ce côté de leur Reine. 
- ...je dois aller surveiller l'avancée du château. 
- Je vous accompagne. 
Son beau-père, jusque-là silencieux, daignait enfin ouvrir la bouche. Comme s'il avait besoin de justifier, il continua. 
- La dernière fois, ils avaient foiré le début des douves, j'espère qu'ils se sont rattrapés. 
- Alors on partira à la fin du petit déjeuner. 
- Vous proposez pas à la Reine? 
La voix de Perceval, toujours curieuse. Arthur secoua la tête. 
- Non. On va parler défense, pas sûr que ça soit intéressant pour elle. 
- ça serait quand même pas déconnant de lui en parler, vous croyez pas? 
Il se souvenait de ce qu'avait dit Séli. S'il remettait Guenièvre aussi mal qu'à sa dernière sortie surprise... 
- Je vais lui parler. Préparez-vous rapidement beau-père, je veux être revenu ce soir. 
Ils se jetèrent un regard. Léodagan savait. Pourtant, il ne broncha pas. 
- Et votre chevalier, il vient aussi? 
- Perceval? Non, je voudrai qu'il reste avec votre fille. Ils pourront peut-être faire des gâteaux ensemble. 
C'était une blague qu'ils répétaient régulièrement, qui avait cette étrange effet d'apaiser les tensions entre eux. Blague que Perceval ne comprenait pas. Ses yeux s'agrandirent, comme ceux d'un gamin. 
- On a le droit de cuisiner ici?! Dame Séli, c'est vrai?! 
Le regard dur de Séli se confronta à celui de Perceval. Un regard d'enfant à qui on a promis un bonbon. Elle tourna la tête, l'air faussement en colère. 
- Tant que vous forcez pas les gens à goûter. 
Perceval se leva soudainement et saisit le bras d'Arthur. 
- Je peux lui proposer moi-même?! S'il vous plaît! 
Arthur n'avait jamais vu Perceval aussi excité. 
- ...je vais d'abord lui dire que je vais surveiller la construction. Mais je vous laisserai proposer. 

Quand il entra dans la chambre, Guenièvre était déjà levée, habillée, et travaillait sur un de ses multiples ouvrages au point de croix. Elle lui sourit en le voyant entrer. 
- Vous avez fini de déjeuner? 
- Oui. Avec votre père, nous allons voir comment avance la construction du palais. Le côté purement défensif. Et...j'aimerai que vous restiez ici. 
Elle cligna des yeux. Arthur avait perdu l'habitude de mentir à Guenièvre, et il eut la désagréable sensation qu'elle avait compris qu'il cachait quelque chose. Alors qu'il voulait rajouter quelque chose, Perceval tambourina à la porte. 
- Vous lui avez dit?! Je peux Sire? S'il vous plaît? 
Arthur leva les yeux au ciel en poussant un long soupir. Il ouvrit la porte, laissant Perceval sur le pas de la porte, trépignant d'avance. 
- Par contre, je vous propose la compagnie de Perceval le temps de mon absence. 
Perceval s'avança et mis un genou au sol, saisissant maladroitement la main qui tenait le cerceau de broderie sous les yeux ébahis d'Arthur et de Guenièvre. 
- Ma Reine, Vous voulez bien... 
Arthur failli agripper Perceval par le col pour lui demander quelles folies lui étaient passé par la tête pour demander sa femme en mariage. 
- ...cuisiner avec moi?! Art...Le roi Arthur m'a dit que vous faisiez des gâteaux, et j'en fais aussi! On pourrait s'échanger des recettes! Celles du Pays de Galles sont un régal! 
Guenièvre eut un petit rire. 
- Avec plaisir Seigneur Perceval. Dès que j'aurai fini mon ouvrage. Je devrais en avoir pour une heure. Si vous voulez papoter avec les cuisinières en attendant, elles pourront nous préparer un coin pour travailler. 
Elle vit le chevalier se relever, extatique, et se précipiter vers les cuisines. 
- Vous serez de retour ce soir? 
- Oui. 
- D'accord. 
Ils échangèrent un regard. 
Elle savait. 
Elle savait qu'il mentait. 
- Il n'y aura que votre père et moi. On ira vite. Vous savez qu'il n'aime pas traîner. 
- Ne vous en faites pas, je pense que Perceval va me garder occupée aujourd'hui. 

Arthur et Léodagan étaient arrivés au trot. Les chevaux avaient le temps de se reposer avant qu'ils ne repartent. Il regardait le château grandir à chaque fois qu'il venait. ça lui donnait le vertige. 
- Sire, vous avez envie de voir ce qu'on a fait de nouveau? 
Il secoua la tête. 
- Faites-moi voir les plans. 
Il observait tous les croquis. 
- Vous pensez commencer quand pour les jardins? 
- Les jardins? Euh...quand on aura fini le reste du château Sire... 
Il regardait le plan, le doigt là où il avait décidé de faire installer les jardins personnels de la Reine. 
- Les fondations sont finies, non? 
- Bien sûr! 
- ...alors faites venir les ouvriers pour les jardins d'ici deux semaines. Vous avez le temps d'organiser ça. Je viendrai avec la Reine à ce moment-là. 
Les ouvriers se lancèrent des regards, avant que leur chef n'ose ouvrir à nouveau la bouche. 
- On croyait que c'était...secondaire, dans votre avancée. 
Arthur grinça des dents. C'était tout ça qui était secondaire. La reconstruction des tours, des balistes, des défenses. C'est pour ça qu'il laissait son beau-père s'en occuper. Parce que lui aurait fait construire l'aile qu'il partagerait avec Guenièvre en priorité. Il aurait déjà fait planter tout ce qu'elle voulait comme buissons, fleurs, ou arbres quelconques. Si elle voulait un étang dans son jardin, elle l'aurait. Il voulait un havre de paix pour elle. 
- Alors disons que ça a changé. Vous pouvez faire venir les jardiniers d'ici à ce qu'elle vienne ou pas? 
- ...on devrait pouvoir s'arranger. 
- J'attendrai un message par pigeon voyageur à la fin de la semaine prochaine. Je ne la ferai pas déplacer pour rien. 
- ...c'était pas sensé être une surprise? 
- ça a changé, ça aussi. 
Il chercha du regard Léodagan, qui tournait autour des nouvelles avancées des douves, l'air satisfait. Il remercia les ouvriers, puis s'avança vers son beau-père. 
- Je vous laisse vous occuper du reste. 
Il le fixa, avant de s'approcher de lui, parlant le plus bas possible. 
- J'ai donné ma parole de pas le buter, mais si ma fille doit pâtir de votre décision, je n'aurai aucune hésitation à la reprendre. 
- Je compte sur vous. 
Arthur n'était plus sûr qu'il avait fait le bon choix. D'autant plus qu'il devrait des explications à sa femme. 
Il s'éloigna jusqu'au souterrain qui menait aux geôles. Elles étaient en construction, et Léodagan en avait temporairement interdit l'accès. Il disait vouloir réfléchir à une meilleure sécurité. 

La raison était toute autre. Le premier prisonnier du nouveau règne d'Arthur. Un seul prisonnier, oublié au fond des geôles d'un château en reconstruction. 

Arthur descendit les marches, pour voir le garde qu'avait mis Léodagan. Un homme assez jeune, mais assez vieux pour porter toutes sortes de cicatrices sur le visage. 
En reconnaissant le roi, il se décala pour le laisser passer. 

Arthur repensait à cette nuit. La nuit après la capture de Lancelot avait été une succession de cris. 
Léodagan hurlait sur Arthur, qui maintenait sa décision de ne pas vouloir tuer Lancelot. 
Je sais pas ce qui percute pas dans votre casque, mais ce fou a essayé de vous tuer, et il a enfermé ma fille dans une tour! Il allait recommencer!

Parfois, il aurait voulu que Lancelot n'ai pas été capturé. Qu'il se soit fait tuer en se battant. 
Mais Lancelot était trop malin pour ça. Il devait savoir qu'Arthur n'aurait pas le cœur à le tuer. Alors il avait fini par se laisser tomber à genoux. 

Lorsqu'il arriva en bas, au fond du couloir, il le vit dans la cellule. 
Lancelot du Lac, dans une tunique et un pantalon blanc, avec une barbe fournie. Il ressemblait à ce qu'il était il y a dix ans, lorsqu'il lui avait cédé le pouvoir.
Il s'installa sur le tabouret qui l'attendait et s'assit devant la grille, face à Lancelot, assis sur sa paillasse. 
Ils s'observèrent un long moment, avant que Lancelot ne poignarde le silence. 
- Vous vous sentez en sécurité, Sire
Son dernier mot était appuyé. Lancelot savait qu'il n'avait pas une irrésistible envie de redevenir roi. De gouverner. Arthur se contenta de hausser les épaules. 
- Je ne sais pas...vous êtes armé? 
Lancelot le foudroya du regard. Arthur secoua la tête. 
- Vous devriez être mort à l'heure qu'il est. 
- Je pourrai vous en dire autant. Et je dois ma vie à qui? A un homme trop lâche pour exécuter un de ses anciens chevaliers ? 
- Un ancien ami
C'était futile de le corriger. Mais Arthur en avait besoin. 
- Je ne suis pas votre ami. 
- Vous l'avez été, à une époque. 
Il voulait comprendre ce qui avait poussé Lancelot sur cette voie. Pourquoi son chevalier le plus compétent s'était barré, il pouvait le comprendre. Lui aussi avait eu envie d'abandonner tout ça. 
- Et votre femme, comment se porte-t-elle? 
Il l'avait prononcé ces mots avec dégoût. 
- Elle va bien. Elle s'en sort, peu à peu. 
- Elle allait parfaitement bien avant votre "sauvetage". 
- Vous l'avez gardé enfermé plus de sept ans dans une tour en ruines Lancelot. Il y avait peut-être des façons plus civilisées pour la courtiser, nous ne pensez pas? 
- Elle était sourde à mes lettres. Je soupçonne ses parents de ne pas tout avoir transmis. 
- Et qu'elle ne redevienne pas Reine? 
Il n'imaginait pas ses beaux-parents faire de genre de choses. Surtout qu'Arthur était porté disparu, voire mort. 
- Et quand elle était sous votre toit, pourquoi l'empêcher de sortir, si vous l'aimiez? 
- Je n'ai de conseils à recevoir de personne. 
Arthur le vit se relever, lentement, pour s'approcher de la grille. 
- Encore moins d'un incapable dans votre genre. 
- Vous dites ça parce que c'est Guenièvre qui vous a désarmé? 
Le regard de Lancelot s'alluma. Arthur savait qu'il avait touché une corde sensible. 
- Je n'ai aucune idée de ce que vous lui avez fait. Guenièvre est une femme sensible, fragile. 
- C'est en craignant de vous revoir qu'elle a saisit une épée pour la première fois. 
Il secoue la tête. 
- Vous parliez de trouver le Graal, et vous avez mis le royaume à feu et à sang pour chercher des chevaliers qui ne vous étaient pas dévoués. 
- Vous vous êtes entourés d'abrutis. 
- Alors pourquoi les craindre? 
- Parce qu'ils sont imprévisibles. Dangereux. Comme ceux qui ont creusé sous le palais. Des imbéciles!...il a suffit d'une personne qui réfléchisse pour leur donner l'étincelle. 

Ils avaient passé une heure entière après ça à se regarder sans rien dire. Arthur se contentait d'observer Lancelot. Il se demandait ce qui leur était arrivé. 

- Ils vous cherchent. 
La voix de Léodagan, près de lui. Il ne l'a même pas vu arriver. Celui-ci jette un regard à la cellule. 
- Je comprends pas votre délire à vouloir parler à ce type. 
- Comment va votre fille, Seigneur Léodagan? 
Lancelot canalisait à ce moment précis toute la colère, la rancœur de ce père privé de sa fille. 
- Elle se porte comme un charme depuis que vous êtes plus dans le paysage. 
- Et vous pensez que me voir, derrière une grille, ça lui plairait? 
Ce n'était pas accusateur. C'était une invitation. Léodagan grogna entre ses dents. 
- Même pas en rêve. 
Il se tourna vers Arthur. Lui était dubitatif. 
- Vous y pensez pas sérieusement?! 
- Vous avez bien vu comme elle était, avant qu'on l'attrape. 
Il saisit Arthur par le bras et l'entraîna à l'écart. 
- Elle était terrorisée oui! Vous voulez l'aider ou vous voulez la faire replonger? Parce que déjà, le garder en vie c'est très limite pour elle, par rapport à ce qu'elle a fait, alors la laisser le voir... 
- Parfois, il vaut mieux se confronter à ses peurs. Elle l'a fait une fois. Elle a sans doute des choses à lui dire. Pour arrêter ses cauchemars. 
Il se tourna cette fois vers Léodagan. 
- Je ne veux plus lui mentir sur ça. Et elle aura une voix dans la sanction que mérite Lancelot. 
- Alors je vous laisserai lui annoncer que vous avez tenu à le garder en vie vous-même. 
Alors qu'ils remontaient, ils entendirent la voix de Lancelot. 
- Ayez la décence de me prévenir si elle désire me voir, que je sois un minimum présentable. 
Léodagan fulminait. Si Arthur n'avait pas été là, il lui aurait fait tirer une flèche dans la gorge, pour ne plus l'entendre. 

Ils repartirent quelques heures plus tard. Quand ils arrivèrent chez eux, des plats remplissaient la table, et les rires bourdonnaient dans les cuisines. 
Arthur se sentit coupable. 
Cette fois, il regrettait de ne pas avoir tué Lancelot lui-même. 
Qu'il se détestait d'être faible. 
Qu'il détestait Lancelot de lui infliger de devoir blesser à nouveau sa femme. 

Notes:

Alors, ce chapitre est coupé en trois.
Parce que je veux pouvoir continuer à essayer de poster quasiment tous les soirs (et que si j'écris quelque chose de très grand, je vais me perdre ou ne pas le poster, je me connais)
Du coup, à moins d'un soucis technique (ou d'un manque de temps), vous aurez les chapitres liés très bientôt ^^
(Et une apparition de Perceval <3 )

PS : pour ceux qui se demandent à quoi ressemblent mes brouillons:
Ce chapitre a commencé avec des chevaliers et des chefs de clans bourrés pendant une fête, et Guenièvre qui voulait danser.
Y'avait Perceval.
Et au début de l'idée finale...il n'y avait plus Perceval.
...
tadaa.
*facepalm* 🤦♀️
(et désolée du titre du chapitre, pas d'inspiration du coup un petit jeu de mot après 15min de réflexions infructueuses)

A très bientôt, 🙇♀️
Yumeka

Chapter 18: Préparatifs

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Guenièvre riait aux éclats. 
Elle en avait eu besoin. Cette journée avait été intense. 
Tout d'abord, Arthur qui partait à Kaamelott en lui disant qu'elle ne venait pas. Et voir quelque chose dans ses yeux qu'elle avait assimilé comme un mensonge. 
Il n'y allait pas pour le château. Et s'il y allait, ce n'était pas sa raison principale. 
Elle avait pris le temps de finir son ouvrage, machinalement. Elle aurait pu le finir les yeux fermés. Ses points de croix étaient juste un moyen de s'occuper les mains. 
Etait-ce le fait qu'elle ai caché à Arthur qu'elle avait peur de découvrir ce que c'était, faire l'amour? Non, ce n'était pas ça. ...peut-être. 
Elle se releva finalement pour voir sa mère taper du pied dans la salle à manger. 
- Ils sont partis, et vous allez cuisiner avec ce glandu. 
Guenièvre haussa les épaules, avec un sourire. 
- Seigneur Perceval est un des hommes les plus fidèles d'Arthur. Et même maladroit, il n'a jamais eu de regard hautain envers moi. 
- S'il a un geste déplacé, vous lui foutez la main sur la plaque. 
Guenièvre réprima difficilement un rire. Si sa mère avait vu l'enthousiasme avec lequel Perceval lui avait demandé de cuisiner, elle l'aurait assommé. 

Quand elle entra dans la cuisine, les femmes présentes étaient toutes autour de Perceval, qui leur parlait de recettes inconnues. Quand il l'entendit, il se retourna et étendit ses bras pour montrer l'emplacement qu'il avait négocié. 
- Elles m'ont dit qu'on aurait les ingrédients bientôt! Et qu'on pouvait préparer à manger pour ce soir, vous aurez de quoi accueillir Arthur! 

Elle avait passé la journée à se plonger dans tout ça. Elle transpirait, dans les chaleurs de la cuisine. Avec à ses côtés, Perceval qui lui parlait des recettes galloises. Quand elle fini par tourner la tête vers lui, il avait enfilé des tissus autour de ses mains, et avait les cheveux attachés. C’était la première fois qu'elle le voyait comme ça. 
- Pourquoi vous vous attachez les cheveux Seigneur Perceval? 
- C'est parce que parfois je suis trop près des cuisinières. La dernière fois j'ai foutu le feu à mes cheveux.
Elle se demandait comment Perceval avait survécu aussi longtemps sans Arthur. 
Avec son application, et Perceval qui la guidait pour des recettes dont elle n'avait jamais entendu parler, elle n'avait eu le temps de réfléchir à rien. 
Elle était ressortie en riant de la cuisine, apportant le dernier plat. Face à elle, Arthur. Elle s'arrête de rire. Elle l'a vu dans ses yeux. Quelque chose ne va pas. 
- Ah, Sire! Vous arrivez juste à temps pour goûter!! 

Arthur s'approcha de sa femme, un sourire crispé sur les lèvres. 
- Vous voudriez pas qu'on discute un peu d'abord? 
Il avait vu son regard. Son sourire de façade, pour les autres. Elle se cloîtrait à nouveau derrière un mur. 
- Seigneur Perceval a passé la journée à cuisiner pour vous, Arthur. Vous n'allez pas lui faire cet affront. Nous aurons tout le temps de discuter après. 
Elle restait dans son rôle d’hôtesse. Agréable, prévenante. Arthur voyait pourtant l'orage gronder derrière ce visage parfait. 
- Seigneur Perceval, installez-vous. 
Elle lui sourit, et le laissa s'installer, face à d'Arthur, pendant qu'elle s'installait à côté de lui. Elle ne voulait pas qu'il la touche, qu'il lui attrape la main comme il le faisait tout le temps. Pas tant qu'elle ne saurait pas. 
Perceval aimait être là, et ne se rendait absolument pas compte de la tension qui commençait à peser dans la pièce. Il partageait ses anecdotes du Pays de Galles, ses recettes favorites, tout en désignant les plats que Guenièvre avait parfaitement réussi. 

Guenièvre l'écoutait. Elle l'écoutait vraiment. Elle ignorait Arthur. 
Elle avait invité Perceval pour deux raisons. 
La première était simple. Il avait cuisiné toute la journée avec elle. Il l'avait fait rire, il l'avait empêchée de se morfondre. 
La seconde, c'était qu'elle savait à quel point Arthur était attentif à Perceval. Elle voulait éviter qu'il ne dise des choses qu'elle ne refusait d'entendre devant ses parents. 
Ses parents, d'ailleurs, étaient étrangement silencieux. Elle se pris soudain à se douter qu'Arthur n'ait parlé à son père avant de lui parler à elle. 

Elle commençait à essayer de percer le regard de son père, quand un mouvement dans sa vision périphérique l'interpella. Elle n'avait pas perdu des instincts de survie et tourna lentement les yeux. Arthur avait bougé. Il avait les mains devant sa bouche, et la fixait, attendant que leurs regards se croisent. 
Il l'avait fait exprès. 
Arthur essayait de lui dire que ça irait. Guenièvre, elle, ne lisait rien. Arthur détacha quelques secondes son regard d'elle pour tourner la tête vers son chevalier, toujours occupé à parler. 
- Laissez-nous, Perceval. 
- Bien, Sire. 
Alors qu'il commençait à se lever, la voix de la Reine, jusqu'alors inaudible, résonna dans la salle. 
- Restez assis, Seigneur Perceval. 
Sa voix était calme, mais autoritaire. 
Elle lance un regard noir à son mari. Elle sait qu'il lui cache quelque chose, qu'il compte lui en parler maintenant. Mais elle ne veut pas l'endurer seule. 
Si Arthur a repris une maîtresse, elle peut l'encaisser. S'il veut la laisser, elle l'encaissera aussi. Mais elle veut qu'il le dise devant son chevalier le plus dévoué. 
Perceval, figé dans une position inconfortable, jette un un regard inquiet à Arthur. Il ne veut pas désobéir à son roi, mais la reine lui a donné un ordre contraire. 
Arthur le fixe, étonné de sa réaction. Il a un moment d'hésitation, son regard oscillant entre la femme et son chevalier. Il fini par désigner du regard le banc, l'autorisant à se rasseoir. 
Ne pas contrarier Guenièvre. Pas maintenant. Pas avec ce qu'il va devoir dire. Il regarde Léodagan, qui s'est reculé sur son siège avec son verre de vin. Il semble se délecter du spectacle. Il n'aura pas d'aide de ce côté. 
En même temps, Léodagan s'attendait à devoir s'occuper de la réaction de sa fille. 
Alors, voir Arthur se débattre avec ses idées "progressistes", c'était du bonus.

Arthur tourna son regard vers Perceval. 
- Perceval, ce matin, vous m'avez demandé si nous avions eu des nouvelles de Lancelot. 
Il inspira profondément, jetant des regards rapide à Guenièvre. Prononcer le nom de son ancien geôlier ne l'avait pas fait sursauter. 
- Nous en avons eu, en fait. Il errait près du château. 
- A Kaamelott?! 
- Non, ici. 
- Quoi?! Et vous l'avez attrapé?! 
Il hésitait dans son choix des mots. 
- Guenièvre a joué un rôle conséquent dans cette mission. C'est grâce à elle qu'il a été capturé. 
Guenièvre tiqua. "capturé". Pas "exécuté". Son bras recommença à la démanger. 
- Et vous en avez fait quoi de ce connard? 
- Il est dans les geôles de Kaamelott. 
Cette fois, Guenièvre se redressa vivement. Arthur réprima à peine un mouvement de recul, malgré qu'il soit face à elle. Alors Perceval, qui était à côté de la Reine... il s'écarta d'un bon demi-mètre. 
- Vous l'avez laissé à Kaamelott, sans surveillance?! 
- Pas sans surveillance. 
Son père. Elle tourna lentement la tête vers lui. 
- C'est moi qui me suis occupé de trouver le garde parfait pour ça. Mon gendre n'a pas voulu tuer Lancelot, mais c'est moi qui me suis occupé qu'il n'ai aucune chance de sortir. 
- Guenièvre, vous ne risquez rien. D'accord? Lancelot n'est plus armé, et à part ce garde et nous, personne ne sait... 
STOP 
Son cerveau avait hurlé à Arthur de s'arrêter. 
Personne ne sait où est Guenièvre. 
Cette phrase faisait écho à ce qu'il avait entendu sur Guenièvre. Celle-ci saisit sa fourchette et la pointa vers Arthur, cette fois menaçante. Elle était en colère, et contre lui. 
- Vous avez fait enfermer Lancelot dans des geôles là où personne ne pourrait surveiller s'il prévoyait de s'enfuir?! Après ce que j'ai risqué pour qu'il soit capturé?! Si vous voulez, je m'en occuperai moi-même! 
- Il voudrait vous parler. 
Elle se figea sur place. Arthur cru un moment qu'elle faisait une crise. Quand il se leva, cependant, elle se décala. 
- C'est ce que vous étiez parti faire aujourd'hui. Parler à Lancelot. 
- En partie. 
- Et il veut me parler. 
C'était une blague. Une vaste blague. 
- Je ne vous force pas. Mais jusqu'ici, vous avez essayé de toutes vos forces de l'affronter. C'est le moment ou jamais de lui dire tout ce qui vous enchaîne encore à lui. 
Guenièvre reposa calmement sa fourchette, cessant cette fois de regarder Arthur. Elle était blessée. 
Bien sûr que Lancelot n'avait pas cessé de la hanter. Mais se confronter à lui, même avec une grille entre eux, elle n'était pas sûre de s'en sentir capable. Pas comme ça. Elle inspira, puis se mit à hocher la tête. 
Cette fois, ce fut à Perceval de se relever, faisant sursauter Guenièvre. 
- Attendez, ma Reine, vous allez pas parler à cet abruti juste parce qu'il veut vous voir! Il mérite même pas la moindre de vos pensées! 
Perceval ignorait tout des maux qui rongeaient le corps et l'âme de Guenièvre, et l'espace d'un instant, un petit sourire sincère traversa son visage. 
- Seigneur Perceval... ce ne sera pas pour lui. Ce sera pour moi. J'ai moi aussi des choses à régler avec Lancelot. 
- Je peux vous accompagner si vous voulez ma Reine. 
- J'ai des choses à préparer avant de le voir. Avant d'être sûre de vouloir le faire. 
Elle tourna la tête vers Arthur. Elle pensait avoir l'air dure. 
- Je pense que je vais accepter votre proposition de rencontrer un forgeron.
Sa voix aurait pu le tromper. Pas ses yeux
Elle était effrayée. 

Arthur vivait un cauchemar éveillé. Guenièvre tremblait, cachant maladroitement ceux-ci en croisant ses mains, en commençant à s'agiter. 
- Demandez aux servantes de débarrasser la table. Père, je sais qu'il est tard, mais pourriez-vous faire convoquer votre meilleur forgeron? 
Léodagan se leva de sa chaise. 
- Je vais aller le chercher moi-même. Il va comprendre que c'est important. 
Léodagan ne sortait pas uniquement pour aller chercher celui qu'il considérait comme son meilleur forgeron. Il n'en pouvait plus de voir Guenièvre dans cet état. Séli était mortifiée de voir leur fille aussi forte, et aussi terrorisée. 
Alors qu'il arrivait à la porte, il s'arrêta. 
- Guenièvre, venez. 
Elle hésita à bouger, mais s'y força en voyant son père immobile devant la porte. Une fois à ses côtés, Léodagan passa son bras autour d'elle pour la serrer contre lui. Il parla doucement, juste pour elle. 
- Arrêtez de trembler. Vous êtes en train de rendre votre mère folle d'inquiétude. 
Et lui aussi. Il ne l'avouait pas à sa fille, mais la voir trembler comme ça lui donnait envie de retourner à Kaamelott seul en pleine nuit pour se débarrasser de celui qui la mettait dans cet état. 
Il la lâcha rapidement pour sortir, accompagné d'un garde. Guenièvre inspira profondément, plusieurs fois, puis revint à la table. Tous les plats disparaissaient sous les doigts des servantes. Elle en arrêta une dans son élan. 
- Celui-ci reste là. 
Une tarte n'avait pas été touchée. Elle la reconnaissait. La tarte de Perceval. Il n'avait pas arrêté d'en parler en la préparant. 
- Je veux goûter cette tarte. 
Alors que tout le monde s'affairait à débarrasser, Guenièvre fixait le plat. 
- Ma Reine, je vous en referais. Si le Seigneur Léodagan revient et qu'on a pas fait place nette... 
- Cette tarte reste là. Tout comme vous Seigneur Perceval. Vous allez rester ici jusqu'à ce qu'on aille voir Lancelot à Kaamelott. Tout comme Arthur va rester près de moi, et me soutenir en silence. 
C'était dur à dire pour elle. Arthur aurait pu s'énerver. Elle n'était que sa femme. Elle n'était qu'une femme. 
Parler ainsi au Roi de Bretagne pourrait lui valoir de lourdes remontrances. Elle se souvenait de la façon de parler de tous ces chefs de clans. 
Arthur s'approcha, silencieusement. Il était à bonne distance. Elle tourna à peine les yeux vers lui et lui saisit les doigts. Elle tremblait toujours. 
- Ne vous en faites pas pour moi Seigneur Perceval. Je vous raconterai comment j'ai humilié Lancelot. Il ne me fait pas peur. 
Perceval avait sans doute compris plus que ce qu'elle n'avait montré. Pourtant, il se contenta hocher la tête. 
- Vous n'avez rien à craindre de Lancelot. Nous vous protégerons. 
- Merci, Seigneur Perceval.  

Quelques dizaines de minutes plus tard, la porte se rouvrit sur Léodagan. Derrière lui, un forgeron le suivait. Il n'était pas spécialement jeune, mais pas vieux non plus. Arthur se demandait même si ce n'était celui dont il lui avait parlé. Il imaginait le forgeron de Léodagan comme un vieil artisan qui refusait de partager son art. Ce n'était apparemment pas le cas. 
- Bon, maintenant qu'on est à l'abri des oreilles indiscrètes, voici votre mission. Vous êtes prié de faire une arme pour la Reine de Bretagne. 
L'homme n'avait pas bronché et s'était approché, saluant humblement Arthur et sa femme. 

Arthur l'observait. Il n'était pas recommandé par son beau-père pour rien. Il n'avait pas regardé la Reine en se demandant pourquoi fabriquer une arme pour une femme. S'il l'avait pensé, ça n'avait pas traversé le masque impassible qui lui servait de visage.

Guenièvre l'avait vu poser un sac, le déplier. Il y avait des lames, des formes. 
Elle avait tenté de lui expliquer avec ses mots, avec des gestes, ce qu'elle recherchait. Ce qu'elle voulait. Parfois, il la contredisait, et lui montrait certains des ustensiles qu'il avait amené. 
Trop fin, trop cassant. 
Elle ne démordait pas de certains points, en concédait d'autres. Arthur l'observait, à l'écart. Il n'avait pas pensé que Guenièvre soit aussi pointilleuse sur ce sujet. 
Une heure plus tard, il vit enfin le forgeron replier les croquis qu'il avait fait avec Guenièvre. 
- Je m'y mets dès ce soir. 
- Merci de votre bienveillance. 
Elle le regarda partir d'un pas lourd. Arthur s'approcha, doucement. Il n'avait rien vu de ce qu'elle avait décidé. Il avait entendu les discussions, quelques lignes directrices, mais il n'avait aucune idée concrète. 
- Je ferai venir le tanneur lorsqu'il sera prêt. 
- Nessa s'en chargera. 
- Avec tout le respect que j'ai pour vos choix, ça sera sans doute plus rapide et confortable si c'est un tanneur de profession qui... 
Elle lui jette un regard noir. 
- Je ne suis pas sûre que vous vouliez que je sois vue sans ma robe par un autre homme. 
Arthur s'arrêta, interdit. 
Il avait beau avoir vu la marque qu'elle avait sur le côté de la jambe, il n'avait pas imaginé qu'elle veuille cacher sa nouvelle arme.
- ...je pensais que vous vouliez... 
- Je rangerai la dague dans un fourreau, hors de vue de quiconque. Le but n'est pas d'exhiber une arme. Le but est de pouvoir me défendre. Ou de prendre mon ennemi par surprise. 
- Vous voulez qu'on la convoque aussi? Elle pourrait...
- Non. Je suis fatiguée. 
Ce n'est pas ce que disaient ses yeux. Arthur savait qu'il n'avait pas encore traversé entièrement la tempête. 
- ...nous allons vous laisser. 
Guenièvre tenta un sourire à ses parents, et salua Perceval poliment, avant de se diriger vers leurs appartements. Elle marchait calmement. Arthur observait chaque mouvement. Son dos droit, ses mains crispées. Même le son de ses chaussures sur la pierre couvrait tout autre bruit. 

Lorsqu'il entra à son tour, il s'affaissa sur la porte. 
- Vous aviez l'intention de m'en parler? 
Guenièvre est à quelques pas de lui, de dos. Elle a les mains resserrées autour de ses bras. 
- J'aurai aimé éviter d'en parler à Perceval. Mais à vous, oui, je comptais en parler. 
- Même si je n'avais pas compris ce matin? 
- Peut-être pas tout de suite. 
Elle se retourne vers lui. 
- Vous me demandez de ne plus avoir aucun secret pour vous, mais ça ne s'applique pas à vous?! 
- Guenièvre... 
Il se redressa et commença à avancer. Guenièvre fit un pas en arrière. Un seul. 
- N'approchez pas. Je n'ai aucune intention d'être une gentille petite femme. 
- Ce n'est pas ce que je veux. 
Il fit un pas de plus. Guenièvre serrait les dents. Il voulait la prendre dans ses bras, la rassurer... 
Il vit le bras de Guenièvre s'étendre derrière elle, avant de sentir une brûlure sur sa joue. Elle l'arrêta net dans son avancée. 
Guenièvre venait de gifler Arthur, de toutes ses forces. Il lui lança un regard incrédule, qu'elle ignora totalement. 
- Vous pensez vraiment que je vais juste me taire?! Pourquoi vous l'avez laissé enfermé?! Pourquoi là-bas?! 
- Pour qu'il ne vous atteigne pas. Si vous aviez su... 
- Si j'avais su quoi?! Que vous vouliez lui parler?! 
Arthur avance à nouveau, évitant de justesse une nouvelle gifle. Guenièvre le poussait en arrière, tremblante de colère. 
- Je suis quoi pour vous hein?! Vous dites que je compte pour vous mais vous me cachez ça?! Il pourrait vous tuer! Il pourrait revenir me chercher! Je vous préviens que s'il m'attrape à nouveau, vous n'aurez pas à venir me chercher! 
Arthur aurait aimé penser qu'elle parlait de s'échapper seule, mais il connaissait trop bien Guenièvre pour ne pas comprendre. 
- Il ne vous fera plus de mal. Plus jamais. 
- Vous ne pouvez pas en être sûr! Il est toujours obsédé par moi, la preuve est sous vos yeux! 
Il ne pouvait pas nier que Lancelot s’enquerrait encore de l'état de Guenièvre. Il voulait la voir. Et Arthur faisait le messager, comme l'idiot qu'il était. 
Guenièvre se précipita de son côté du lit pour saisir sa couronne de fleurs. 
- Est-ce que ça a compté, ne serait-ce qu'une seconde pour vous tout ça?! Qu'est-ce qui ne vous convient pas chez moi?! 
- Rien! 
- Foutaises
Elle serrait la couronne, fort. Elle commença à vouloir tirer dessus. 
- Si je ne compte pas plus que ça pour vous, cet artefact ne me sert plus à rien! 
Elle voulait la détruire. Arthur se précipita pour lui attraper les poignets. 
- Ne faites pas ça! 
Ce n'était pas qu'il avait une quelconque superstition sur un bonheur ou une sérénité. C'était ce qui avait tenu Guenièvre en vie tout ce temps. C'est ce qui les avait rapproché. Leur premier baiser. 
Il pensait devoir se battre pour l'empêcher de la détruire. Mais elle n'en faisait rien. Ses mains tremblaient autour de la couronne, qu'elle étreignait contre elle.  
- Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous voulez me faire me confronter à lui? Je n'ai plus la force... 
Il lui retira délicatement la couronne des mains. Il voulait protéger le trésor de Guenièvre. Son trésor à lui. 
- Parce que vous en êtes capable. Je le sais. 
Il posa la couronne sur le lit, glissant doucement les bras autour d'elle. 
- Parce que vous faites encore des cauchemars régulièrement. Que vous avez encore des crises, même si elles sont espacées. Vous êtes assez forte pour le confronter. Pour lui dire tout ce que vous avez subi. Comment vous l'avez ressenti. 
Elle passa enfin ses bras autour de lui. 
- Je vous déteste. 
Elle ne le pensait pas. Il le savait aussi bien qu'elle.
- Je vous l'ai dit, vous n'êtes pas obligé. Si vous ne voulez pas le voir, la discussion est close. Il pourra demander à chaque fois qu'on le verra, la réponse sera la même. 
- J'avais passé une magnifique journée. le Seigneur Perceval m'avait empêché de réfléchir à tout ça. 
Elle soupira, avant de reculer des bras d'Arthur. 
- Je suis fatiguée. Je vais aller me coucher. 
Arthur l'imita. Elle se cala dans les couvertures, et quand Arthur tenta de la prendre contre lui, elle recula. 
- Pas ce soir. 
Il comprenait. C'était douloureux, mais il comprenait. Il ne pouvait pas attendre de Guenièvre qu'elle l'autorise à agir comme si tout allait bien. Ce n'était pas le cas. Il avait brisé ce qu'elle avait mis des semaines, des mois à reconstruire. 
Il sentit cependant qu'elle lui prenait les doigts. 
- Je vous en veux Arthur. A cet instant, je déteste ce que je m'apprête à faire. Rencontrer à nouveau un homme qui m'a tout pris, ou en tout cas qui a essayé. 
- Je sais. 
- Vous avez intérêt à ne pas me lâcher après ça. 
Il serra les doigts que sa femme lui avait laissé atteindre. 
- ça n'arrivera pas. 
- Vous êtes ce qui compte le plus pour moi Arthur. Je suis prête à renoncer à tout ce que vous me demanderez, à rencontrer Lancelot...mais je ne supporterai pas que vous m'abandonniez. 
Il hocha la tête en fixant ses doigts. Jusqu'à ce que la main de Guenièvre ne se pose sur sa joue. Qu'il n'attrape ses yeux. 
- Vous non plus, ne me cachez plus ce genre de choses. 
Elle était toujours sa lumière. Il passa une bonne partie de la nuit à la veiller, de peur qu'elle ne se réveille en hurlant. Au moment où le sommeil le gagnait, il la vit sursauter et se redresser dans le lit, les yeux grands ouverts, la main portée à son cœur. 
- Guenièvre? Vous m'entendez? 
Elle hocha la tête sans le regarder. Arthur se redressa doucement, pour poser la main sur la sienne. Il se doutait de la nature du cauchemar. Elle inspira. 
- Pour la rencontre...je préférerai qu'il soit transféré ici. Enchaîné pour l'empêcher de fuir...je veux que mes gardes soient là. Je veux que vous soyez là aussi. Je ne veux pas que la première chose que je vois de Kaamelott soit Lancelot. 
Arthur acquiesça à toutes ses demandes. Elle avait raison. Si elle devait affronter Lancelot, c'était à elle de créer ses règles. 

 

Notes:

Ce chapitre devait est un peu étrange, je ne saurai pas trop dire pourquoi.

Après une dispute en public, Guenièvre n'avait plus la force d'affronter Arthur en privé.
ça la rapproche de lui malgré tout. Il le fait pour la libérer, et même si c'est dur, elle le comprend...

Bon, plus qu'à croiser les doigts pour que la rencontre se passe bien.
Haha...bien...avec Lancelot dans le lot ><,

Bonne soirée et bonne lecture,
Yumeka

Chapter 19: La Confrontation

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Lancelot arrive enfin dans le château, sous bonne escorte. Les poids qui l’empêchent de bouger son lâchés au centre de la pièce, au milieu des soldats qui se tiennent en cercle autour de lui. 
Lancelot ne voit qu'Arthur, assit sur son siège. Il a un petit rire. 
- C'est une sacrée sécurité que vous avez mis en place...des chaînes, des gardes...vous avez à ce point peur de moi, Arthur? 
Arthur ne répond pas, se contentant d'observer silencieusement Lancelot. 
- C'est moi qui ai préparé ce dispositif. 
Lancelot tourne la tête. Il voit Guenièvre traverser lentement la pièce, derrière ses gardes. 
- Je n'ai aucunement l'intention de prendre le moindre risque. 
Il la suit du regard. Pas un moment elle ne daigne tourner la tête vers lui. 
Arthur, par contre, n'a pas lâché un instant Lancelot des yeux. Il est comme envoûté par Guenièvre. Ce n'est pas de la colère qu'il voit dans ses gestes, dans ses mouvements. Il voue toujours cette étrange adoration à Guenièvre. Plus il voyait Lancelot comme ça, plus il s'assombrissait. 
- Vous vouliez voir la Reine. C'est chose faite. Avez-vous des choses à lui dire? 
Lancelot ne l'entendait pas. Il était focalisé sur Guenièvre. Il le voyait tenter d'avancer vers elle. Arthur n’était pas à l'aise sur sa chaise. Il voulait avancer, rapprocher Guenièvre. 
Les chaînes sont-elles assez lourdes? Les gardes de Guenièvre sont-ils assez rapide? Il ne les avait pas vu à l’œuvre.
Enfin, elle arrive jusqu'à lui. Il lui tend la main, et elle s'assied à ses côtés. Lancelot reprend la parole. 
- Guenièvre, qu'est-ce que vous me reprochez? 
- De m'avoir enlevée de force à mes parents, à mes terres. Vous m'avez enfermée dans une tour en ruine. 
- Il fallait que vous soyez protégée. 
- De qui? De quoi? 
- Les saxons... 
- Ceux qui sont sous vos ordres? 
Arthur la reprend. 
- Étaient. 
Elle tourne la tête vers Arthur. 
- Ah oui. ...Contrairement à Arthur, vous ne savez pas vous entourer de personnes fidèles. 
- Je me suis entouré de l'armée qui pourrait repousser les chevaliers de l'ancien roi. 
- On voit à quel point vous avez réussi. 
Il essaie d'avancer. A peine les chaînes commencent-elles à se tendre que les soldats sortent leurs armes. Lancelot s'arrête, regardant autour de lui. 
- Pourquoi autant de précautions? Vous n'avez rien à craindre de moi.
- J'ai des marques sur le corps qui me rappelleront toute ma vie ce qui s'est passé là-bas. 
Elle lui jette enfin un regard. 
- Le roi a l'amabilité, la tendresse de m'aider à panser mes plaies, mais certaines ne disparaîtrons jamais. Celles que je me suis faites pour ne pas céder. Pour résister jusqu'ici. 
- Résister? 
- Combien de fois vous ai-je demandé de me rendre ma liberté? 
- Ce n'était pas possible. Trop risqué. 
- Risqué pour vous. 
Elle restait droite, le plus calme possible. 
- Vous avez enfermé Nessa avec moi. Pour quelle raison? Cette pauvre fille ne vous avait rien fait. 
- Vous ne pouviez pas rester seule. Et je préférais me servir de quelqu'un que vous aviez déjà connu. Qui était habitué à vous. 

Lancelot n'aimait pas Nessa, et elle le lui rendait bien. Elle n'était pas maladroite, mais arrivait souvent à marcher sur les pieds de Lancelot, ou à laisser traîner ses pieds pour le faire tomber, ou en tout cas essayer. 

Guenièvre fini par lui poser une des questions qui lui brûlaient les lèvres. 
- Pourquoi vous la frappiez elle quand c'était moi qui m’enfuyais? Pourquoi ne pas me punir moi? 
- Elle vous mettait des idées ridicules en tête. Si j'avais pu, je vous aurai donné une servante plus docile. 
Elle serra les poings sur sa robe. Elle détestait sa façon de parler de Nessa, des autres gens. 
- Elle, Arthur...ils vous font croire que vous avez le choix. Que vous avez une chance. Que vous êtes libre
- Le choix, je l'ai. J'ai eu le choix de décider ou non de vous voir. J'ai décidé de vous recevoir ici plutôt que là où vous croupissiez. 
- Mais vous n'êtes pas seule face à moi.
Elle se met à rire, nerveusement. 
- Parce que vous pensiez vraiment que j'espérais me retrouver face à vous, sans escorte?! Ne me faites pas rire! 
- Est-ce que vous avez peur de moi, Guenièvre? 
Elle relève la tête. 
- Non
C'était faux, et Arthur le voyait. Guenièvre était terrorisée par cet homme désarmé et enchaîné devant elle. Arthur se penche vers en avant, puis doucement, décale sa main. Il voudrait lui attraper la main, mais elle veut avoir tous les choix. Elle veut montrer à Lancelot qu'elle a le contrôle. Alors il ne fait que tendre la main, pour la laisser décider. 
Elle fait courir ses phalanges le long du tissu, pour finir par l'atteindre. Ses doigts s'agrippent à ceux d'Arthur. Elle tremble. Il se penche un peu plus, et parle tout bas. Elle tourne la tête vers lui. 
- ...vous voulez qu'on arrête là? 
- Non. 
Lancelot tenta de s'approcher. Une nouvelle fois, les soldats le menacèrent. Pourtant, il s'en fichait. Il avait Guenièvre à sa portée. Il ne voulait pas qu'on lui vole son attention. 
- Guenièvre
Elle sursaute, avant de retourner son regard vers lui. Elle lui lançait le regard le plus noir possible, essayant de cacher sa panique. 
Arthur, lui, l'avait senti. Elle lui avait broyé les doigts quand Lancelot avait élevé la voix. 
- ...regardez-moi Guenièvre. 
Elle tourna les yeux vers Arthur. Vers sa voix calme, douce. Tout ça commençait à l'envahir à nouveau. La peur. Le vide
Elle avait peur de tout ça. Elle avait peur de Lancelot. Guenièvre prenait de longues inspirations, le plus discrètement possible. 
Lancelot continua, plus doucement. 
- Je suis désolé d'avoir été brusque Guenièvre... C'était pour votre sécurité. 
- Ma sécurité ?! 
Elle laissa échapper un rire sans joie.
- La seule chose dont j'aurai voulu me protéger, c'est vous. 
- J'avais appris que vous vouliez partir à la recherche d'Arthur. Si vous aviez mis le pied hors de la tour, vous n'auriez pas survécu. 
- J'ai tué et blessé plus de vos hommes que je n'ai fait de balades dans les jardins. Et j'en ai fait, vous pouvez me croire. 

Elle se redresse. Il faut qu'elle affronte Lancelot. Maintenant. Tant qu'elle en est encore capable.
Elle souffle à Arthur, sans lâcher Lancelot des yeux. 
- Ne bougez pas d'ici. 
Elle s'avance doucement. Elle se montre la plus grande possible, la plus royale, la plus inaccessible possible. 
- Vous n'avez jamais pris le temps de vous intéresser à qui j'étais Lancelot. Vous n'avez jamais vu que la surface. Qu'une fille timide et obéissante. 
Elle dépasse les gardes, restant pourtant à bonne distance de Lancelot et ses chaînes. 
- Vous n'avez aucune idée de qui est Guenièvre Pendragon, Lancelot. 
- Ne dites pas ça. Vous... 
- Je suis Guenièvre Pendragon. Fille de Léodagan de Carmélide, aussi connu sous le nom de Léodagan le Sanguinaire. Je suis une descendante des Pictes. J'ai assez de ressources pour avoir déjoué tous vos tours, pour avoir repoussé toutes vos avances, pour être restée droite devant toutes vos menaces. 
Arthur essaie de se lever, d'avancer, mais un garde lui bloque le chemin. Arthur se rassied, les mains à présent agrippées aux accoudoirs. 
Ce n'est pas pour rien qu'elle a fait venir SA garde. Ils l'écoutent elle, avant n'importe qui. Elle lui a demandé de ne pas bouger, et elle avait donné des directives à ses soldats. 
Il ne pouvait qu'observer sa femme dans la fosse au lion. 
- Je ne vous ai fait aucune menace. 
- Vous avez fait pire que ça. Vous avez essayé de me briser. 
- Je n'ai jamais... 
Elle fit un pas de plus vers lui. 
- Vous aviez interdit à quiconque de me parler. Vous punissiez Nessa dès que je faisais quelque chose qui vous contrariait. Parce que vous saviez que c'était la meilleure façon de me faire rester. Vous servir d'elle. Si je voulais assurer sa sécurité, je devais rester sage, rester sous votre coupe. 
- Vous pouviez aussi la laisser. 
- Pour que vous vous en débarrassiez? Comme avec le médecin qui a soigné mon épaule? 
Arthur retint son souffle. Il aurait voulu s'avancer, reculer Guenièvre, attraper son regard, la calmer. ça devenait plus personnel qu'elle ne lui avait avoué. 
- De quoi vous parlez? 
- De ce vieux médecin que vous avez ramené lorsque je me suis déboîtée l'épaule! Ne faites pas l'ignorant! 
Lancelot sembla réfléchir, puis hocha la tête. 
- Ah oui, ce petit vieux-là. 
Lancelot secoua la tête. 
- Il n'aurait pas eu à venir si vous n'aviez pas insisté. Et ce médecin avait essayé de me forcer à vous libérer. Il m'avait menacé, il disait qu'il préviendrai son village, et d'autres... Vous garder en sécurité nécessitait de la discrétion. 
- Combien sont morts par ma négligence, Lancelot? 
- GUENIEVRE
Elle tourna en partie la tête, avant de s'arrêter. 
Si elle voyait Arthur maintenant, elle ne pourrait pas continuer. Elle n'aurait qu'une seule chance de savoir. 
Arthur, lui, bouillait intérieurement. Elle s'était paré à des éventualités que lui n'avait même pas envisagé. Il était assis sur son siège, incapable de l'atteindre. Il allait la récupérer en morceaux. Si ses hommes avaient été là, il aurait fait assommer Lancelot. Un mort sur la conscience de sa femme était déjà trop. 
- Répondez-moi Lancelot. Combien?  
- Sur les sept années ? Une bonne vingtaine. 
Elle encaissa le coup sans broncher. Ou en tout cas, il ne vit rien sur son visage. Lancelot la voyait néanmoins chercher tous les gens sont il parlait. 
- Et vous, vous sauriez dire combien de soldats vous avez blessé? Tué? 
- Blessé, non. Tué, je dirais 112. 
Elle avait gardé un compte dans sa tête, sur la porte qu'elle griffait chaque fois qu'elle avait la confirmation qu'un soldat avait succombé. Arthur, lui, était incrédule. Guenièvre ne faisait pas une estimation au hasard, ou pour énerver Lancelot. Elle avait un chiffre précis en tête. 
- Vous aviez de l'imagination. Et de l'aide. 
Il continuait à blâmer Nessa. Guenièvre releva lentement ses manches. 
- Vous voyez ces marques ? Bien sûr que vous les voyez. Elles sont atténuées maintenant, mais je me suis arrachée la peau, parfois jusqu'à la chair, plusieurs fois. Arthur, Merlin et Nessa ont dû me veiller pour endiguer les plaies. Les infections. Ces plaies, je les faisais inconsciemment quand je n'avais plus le contrôle de TOUT ce que je pouvais. Ce que j'essayais d'arracher, c'est le contact que vous avez initié. Vous vous en souvenez aussi, n'est-ce pas? 
Lancelot s'en souvenait parfaitement. La peau de Guenièvre sous ses doigts. Il avait tenté de l'amadouer, de l'apaiser, alors qu'elle lui avait une nouvelle fois demandé à sortir. Il pensait avoir réussi, en partie. 
- Vous ne pouvez pas dire ça. J'ai TOUT fait pour vous Guenièvre! Je ferai TOUT pour vous! 
- Tout sauf ce que je vous demandais! 
- Vous vouliez retrouver Arthur! Vous l'attendiez toujours! 
- OUI! 
- Et votre prétendant? Il n'était qu'un jouet entre vos doigts, comme je l'ai été en mon temps! Vous vous êtes joué de lui pour avoir une chance de vous enfuir! Est-ce que sa mort vous a affecté, ou bien votre pile de cadavre est-elle déjà trop grande pour vous?! 

Il perdait son sang-froid, lui aussi. 
- Je n'étais qu'un objectif pour sa quête, comme lui une possibilité à ma liberté. 
Elle s'approche un peu plus. 
- C'est vous qui avez, sous votre règne, poussé Arthur à la fuite. Vous étiez tellement jaloux, tellement effrayé à l'idée qu'Arthur ne se relève que vous avez cherché à l'assassiner sur son lit de mourant, après qu'il vous ai laissé le pouvoir. 
- Il vous a abandonné!! 
- Au point de revenir me sauver après dix ans sans savoir ce que j'étais devenue. Au point de laisser un prétendant qui se disait amoureux de moi tenter de me libérer. Parce que contrairement à vous, Arthur cherche mon bonheur avant le sien. 
- Votre mari ?! Celui qui a refusé de vous toucher pour une vulgaire promesse ?! 
Arthur se relève, pour voir Guenièvre porter la main à son rein. La seconde d'après, un reflet l'éblouit, avant d'entendre Lancelot grogner de douleur. Il est à genoux, les mains sur son visage, du sang s'écoulant d'entre ses doigts. Guenièvre, qui avait fait un pas en avant pour frapper, recule à nouveau. 
- Je vous interdit de juger Arthur sur ses actions passées. Une promesse est une promesse
Elle entendait Lancelot grogner, se plaindre. Elle avait entendu "sale garce" dans ses grommellements, avant qu'il ne tente un regard vers elle. 
- Guenièvre, qu'ont-ils fait de vous...? 
- Ils ont fait de moi ce que j'avais besoin d'être. Quelqu'un capable de me défendre contre vous. 
Guenièvre se tenait droite face à Lancelot. Arthur, lui, n'avait pas bougé. Il venait d'avoir la confirmation que Guenièvre avait eu vent de son passé. Et si elle n'avait pas lu ses tablettes, Lancelot lui en avait parlé. 
- Vous avez vraiment l'intention de protéger cet homme incapable, plutôt que moi, qui sacrifierait tout pour vous?! Regardez-moi et dites-le moi en face! 
Il se redresse, de toute sa hauteur. Avec le sang qui coulait de sa joue, sa colère qui transpirait sur son visage, il était effrayant. Guenièvre resserra sa prise sur sa dague, ne quittant pas des yeux l'ancien chevalier. 
- Ce n'est pas moi que vous espérez tuer, et j'en suis consciente. Mes gardes ne sont pas là que pour me protéger. Ils s'assurent que vous ne toucherez pas au Roi. 
Elle l'avait dit. Arthur se mordit la lèvre. Il était fou d'inquiétude et de rage. Elle avait réellement tout prévu pour le protéger, même si elle se mettait en danger. 
Il avait envie de repousser les gardes, d'empoigner Guenièvre et de l'emmener loin de Lancelot. Lui hurler dessus qu'elle était inconsciente. 

Lancelot voit quelqu'un se mouvoir derrière les gardes. Il reconnaît la servante de Guenièvre. Elle est inquiète. 
- Vous ne vous êtes pas encore débarrassée d'elle, n'est-ce pas? Est-ce-que votre servante vous raccroche toujours à moi? 
Elle se tend. 
- Nessa m'a aidé à tenir. Elle n'est pas un poids. 
- Pourtant, c'est elle qui vous rappelle ce que vous avez vécu, non?  Si vous voulez vous débarrasser de moi, il suffirait de la renvoyer. De lui donner un petit lopin de terre. 
Elle sentait la colère monter en elle. Elle avait offert à Nessa un titre, parce qu'elle le méritait. Pas pour s'en débarrasser. Il faisait passer son geste pour un abandon. 
- Vous n'êtes plus que l'ombre de vous-même Lancelot. Vous cherchez les plus lointains souvenirs pour diviser les gens. 
- Vous lui avez proposé. 
Elle serre les dents. 
- Vous avez lu ces tablettes comme moi Guenièvre. Arthur a passé son temps à penser à une autre lorsqu'il était avec vous. 
- Non. 
Elle ne flanchait pas. Elle restait droite. 
- Il a respecté une promesse d'amour. Arthur a été un mari présent malgré tout. Il m'a protégé, il a partagé des choses personnelles qu'on ne partage qu'avec sa femme. Vous pouvez tenter de le rabaisser à mes yeux, autant que vous voulez. Quand je vois la force de son amour pour cette femme à l'époque, je serai heureuse avec ne serait-ce qu'une partie de ce qu'il lui a donné. Parce qu'il n'a jamais fait semblant. Je suis partie avec vous, et il a tout de même décidé de venir me chercher. 
- Il a essayé de se suicider alors que vous étiez près de lui! 

Touché

- Je n'aurai pas dû venir, je n'aurai pas sauvé Arthur, je n'aurai jamais levé la main sur vous. 
Guenièvre se retourne. 
- J'en ai fini avec vous Lancelot. Adieu. 
Elle s'éloigne calmement, Nessa à sa suite. Lancelot la regardait passer à côté des gardes, qui s'étaient écarté le temps qu'elle disparaisse de sa vue. Il n'était ensuite concentré sur ses pas, lents, mesurés. Jusqu'à ce que d'autres pas, plus proches, ne le fassent tourner la tête. 
Arthur s'approchait. 
- Tiens, vous daignez enfin venir? 
Il ne pris pas le temps de regarder la plaie sir son visage. Il frappa fort Lancelot, qui s'effondra, inconscient. 
- Emmenez-le dans les geôles. 
Il ne voulait pas que Lancelot entende la moindre faiblesse que sa femme pourrait émettre. Il avait entendu ses pas. Elle fuyait dans le château, loin de l'homme qui l'avait séquestré. Il imaginait Guenièvre pleurer, crier. Il n'avait pas envie de la voir comme ça. 
Et pourtant, il allait devoir s'y attendre.  

Il fallait qu'il lui parle, maintenant. 

Arthur suit le chemin que Guenièvre a emprunté. Il sait où elle se cache. 
Elle n'est pas partie vers leur dépendance, ni vers leur ancienne chambre. Non. Guenièvre est dans la salle de bain. 
Il en a la confirmation quand il voit Nessa devant la porte. Elle recule pour se coller à la porte. 
- Monsieur ne doit pas entrer. 
Il lui jette un regard noir. Elle baisse les yeux. 
- Madame a besoin d'être un peu seule...s'il vous plaît. 
- Non. Madame a été plus loin qu'elle n'aurait dû et elle a des explications à me donner. Donc vous allez vous barrer de mon chemin, et tout de suite! 
Sa voix était sombre, mais il ne criait pas. Il ne voulait pas crier après cette femme. Elle hésite. C'est largement suffisant pour lui. Il lui attrape le poignet et la décale tout en ouvrant la porte. 
- Vous pouvez quand même garder la porte. Parce que personne ne doit entrer à présent. 
Il referme, sous le regard mutique de Nessa, avant de regarder autour de lui. Guenièvre n'est pas en vue. Pourtant, il sait qu'elle est là. Il avance, lentement, pour découvrir sa femme, recroquevillée dans un coin, le souffle court. 
Elle faisait une crise. Ce n'était pas surprenant avec ce qu'elle avait fait. Mais il était trop fâché pour s'apitoyer sur son sort. 
- Relevez-vous. C'est à moi que vous avez des choses à dire à présent. 
Elle avait sursauté en entendant sa voix. Il la voit se redresser, lentement, avant de se tourner vers lui. 
- Où est votre arme ? 
- Je l'ai confiée à Nessa. Je savais que vous viendriez. 
- Ah oui?! 
Il s'approche vite, lui attrapant les bras avant qu'elle ne puisse reculer. Il l'a vu se retenir de justesse. 
- Vous avez pensé à tout, c'est ça?! Vos hommes, votre disposition, vos questions?! 
- Je n'allais pas prendre le moindre risque qu'il vous approche. 
- Et moi, vous pensez que je voulais vous laisser aller aussi près de lui?! Et ce que vous lui avez demandé...pourquoi?! 
Guenièvre avait les yeux baissés. Elle ne voulait pas de confrontation avec lui. 
- J'avais besoin de savoir. J'ai tué des gardes saxons, mais ma négligence a coûté la vie à des innocents. 
Il voyait qu'elle avait une idée claire de qui étaient les victimes dont Lancelot avait parlé. 
- Pourquoi vous avez été jusque-là? 
- Parce qu'il le fallait! Vous pensez que ça m'amuse de me replonger dans ce genre de souvenirs?! 
Elle essaie cette fois de reculer, mais les mains d'Arthur sont fermement agrippées à elle. 
- Vous êtes affreusement têtue Guenièvre. Je vous ai proposé de le rencontrer pour vous libérer de tout ça. Et vous en dites tellement... 
- Je n'ai rien dit qu'il pourrait utiliser contre moi. Je me suis préparée à ça. Il le fallait et vous le savez autant que moi. 
C'était vrai. Arthur s'en était rendu compte. Elle avait menti en disant qu'elle n'avait pas peur de lui, mais pour tout le reste, elle s'était montrée étonnement forte. 
Il la relâcha, pour aller plonger ses mains dans un seau d'eau froide. Il fait signe à sa femme de le rejoindre. Elle obéit, calmement. Il plongea à nouveau ses mains, pour poser ses mains sur les joues de Guenièvre, qui sursauta. 
- Ne bougez pas. Laissez-moi faire. 
Il continua à passer ses mains mouillées sur les joues de Guenièvre, sur ses paupières, sur son cou. Il voyait le regard dur de sa femme disparaître, pour laisser réapparaître peu à peu la douceur qui était si caractéristique à celle qui partageait sa vie. 

Ce n'était pas la colère qui l'avait mis dans cet état. C'était l'inquiétude de retrouver Guenièvre en boule, à s'arracher la peau, voire à se servir de sa dague pour s'entailler les veines. 
Mais elle avait fait en sorte de ne pas en arriver là. Elle savait qu'il viendrait, peu importe qui elle mettrait sur son chemin. Elle attendait toujours son retour. Elle était toujours vivante, et c'est avec lui uniquement qu'elle montrait cette fragilité, ce besoin d'être protégée. 
Puis il se souvint d'une des phrases qu'elle avait prononcé. 
Elle avait volontairement appuyé sur son nom. 


Guenièvre ouvrit timidement les yeux, ne sentant plus Arthur bouger. Elle sentait bien ses doigts sur son cou, qui frôlaient la base de ses cheveux, lui chatouillant presque l'arrière des oreilles. Mais il ne bougeait plus du tout. 
Elle fut happée par le regard d'Arthur, tellement profond qu'elle en oublia de respirer, quelques secondes. Puis elle se mit à rougir, semblant lire des choses dans le regard d'Arthur, avant de fermer à nouveau les yeux pour cacher sa gêne. 
Elle entendit la voix d'Arthur. Sa voix était rauque, sombre, mais aussi étrangement envoûtante, alors que son souffle se rapprocha de son oreille. 
- Vous êtes impossible, Guenièvre Pendragon. 

 

Notes:

Bon, j'attendais cette confrontation, et j'espère qu'elle vous conviendra aussi!

Merci à tous les gens qui commentent, ça m'aide beaucoup à rester motivée à écrire!
Si vous avez envie de lire quelque chose pour la prochaine fois, je pourrai peut-être faire un ou deux chapitres qui vous plairait.
Bonne journée, soirée, et à bientôt ^^

Yumeka

Chapter 20: Aconia

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Guenièvre avait longtemps ressassé les mémoires d'Arthur. Surtout celles qui parlait d'Aconia. 
Pas qu'elle en ai spécialement envie, mais Arthur lui avait conseillé de les lire quand il serait mort. Et tous les gens qui la côtoyaient le pensaient mort. Tous sauf elle. 

Elle se souvenait du moment où elle s'était retrouvée avec les tablettes d'Arthur entre les mains. 
Lancelot lui avait apporté dans sa prison. Il n'y en avait pas beaucoup au début. 
- Lisez-les. ça pourrait vous ouvrir les yeux sur lui. 
Elle avait refusé. Au début, par principe. Et puis, elle s'était souvenue des mots d'Arthur. Elle n'avait accepté de lire celles-ci que si elle lisait toutes les autres. 
- Les autres n'ont pas... 
- J'étais la reine. Je suis sa femme. Tout me concerne. Tout ce qu'il a écrit. Donc soit je lis TOUT, soit je ne lis rien. 
Et il s'était résigné. Guenièvre avait pris le temps de tout lire, de se remémorer les choses lorsque leurs souvenirs étaient communs. 
Jusqu'à ce qu'elle tombe sur le passé d'Arthur avec Aconia. 
Cette femme avait été l'amour d'Arthur, avant elle. Il s'était marié avec elle, et ils avaient dû rompre leur alliance. 
Et il avait fait cette promesse. 
Elle avait pleuré. 
Pas devant Lancelot. Pas devant un garde, ni même devant Nessa. 
Elle pleurait lorsqu'elle se lavait le visage, quand elle enfouissait la tête dans son oreiller. 

Guenièvre avait été celle qui avait pris la place de l'amour d'Arthur. Pas volontairement, elle ne le connaissait pas, et lui ne l'avait jamais vu non plus. 
Cette femme avait fait promettre à Arthur de ne pas consommer son mariage. 
Cela expliquait enfin pourquoi il ne l'avait jamais touché. Elle n'avait pas de problème, à part avoir été celle qu'on avait choisi pour lui. 
Arthur aurait pu lui rendre la vie dure, la détester pour ça. 
Mais non. Il l'avait gardé près de lui. Ils partageaient une relation bâtarde, entre l'amour qu'elle lui portait et ce que lui acceptait de lui donner. Du respect, de l'amitié. 

Guenièvre avait beaucoup pensé à cette femme. Elle se demandait si elle lui ressemblait, même un peu. Si les maîtresses d'Arthur avaient eu un air de sa précédente femme. 
Elle s'en était peut-être rendue malade, car un jour, Lancelot lui avait repris les tablettes en questions, alors qu'il semblait jusque-là attendre qu'elle s'effondre dans ses bras. 

Il pouvait les lui retirer, ces tablettes. Il aurait même pu les brûler. Guenièvre en connaissait le moindre mot, la moindre rature. 

Aconia avait été la réponse aux questions qu'elle se posait. Et ce qu'elle ressentait, c'était presque du soulagement. 
Ce n'était pas de sa faute, si leur relation n'était pas normale. Ce n'était pas non plus totalement celle d'Arthur. Elle savait à quel point Arthur tenait aux mots, et les promesses faisaient partie des mots qu'il n'employait pas à la légère. 
C'était sans doute aussi la raison pour laquelle il avait récupéré Guenièvre lorsqu'elle avait fui avec Lancelot. 
Avec Mevanwi, il n'avait pas respecté sa promesse. Parce que même avec l'échange d'épouse, il n'avait jamais vraiment considéré cette femme comme sa femme. Guenièvre avait été la seule dans ce cas. Même si ça signifiait qu'il ne la touchait pas, c'était une preuve d'amour. 

C'est pour ça qu'elle n'avait pas espéré qu'il la sauve. Qu'elle ne s'était pas attendue à le voir grimper à ces ronces. 
Guenièvre avait vu l'amour d'Arthur dans ce geste. Elle l'avait vu dans son regard lorsqu'il reprenait son souffle, dans chaque pas qu'il avait fait vers elle. Elle l'avait senti dans ce baiser qu'il lui donnait. Un véritable baiser d'amour. Ce baiser qu'elle n'attendait que de lui. 

Arthur ne lui avait jamais parlé d'Aconia, et il ne le ferait peut-être jamais. Mais elle s'en accommodait. Remuer les douleurs du passé n'était pas toujours une bonne chose. 

Elle relève la tête de son ouvrage. Elle a entendu les pas d'Arthur. Elle le voit traverser la pièce jusqu'à elle. 
- Qu'est-ce que vous faites ? 
- Je continue mon ouvrage. Vous savez, celui que je vous avais montré il y a une semaine. 
- Vous êtes prête? 
- Pour? 
- Kaamelott. Nous sommes presque prêts. 
Elle se rappelait. Ils devaient aller voir le château ensemble. Guenièvre avait laissé Arthur aller seul s'occuper du château ces derniers mois. Il lui avait proposé de l'accompagner, et elle avait refusé. Cette fois, elle lui avait assuré qu'elle viendrait. Arthur avait besoin d'elle, de ses avis. 
- Oui, je suis prête. 

Ils avaient fait le voyage à cheval. 
Guenièvre s'était demandé si parler à Arthur de son passé les aiderait à avancer. Arthur était tendre, il était attentionné, mais depuis leur dernière soirée intime, il n'avait rien tenté. 
Ils se cherchaient, elle le savait, elle les comprenaient, ses allusions. Sa façon de lui susurrer à l'oreille, ses bras qui s'égaraient sur son corps quand ils prenaient leur bain ensemble. 

Ils se lançaient parfois des regards équivoques. Ils s'échangeaient quelques caresses, quand Arthur remontait sur ses cuisses pour caresser ses plaies. Elle aimait sentir sa main brûlante à des endroits que personne d'autre que lui ne touchait. 
Pourtant, il n'allait pas plus loin. 

- Nous voilà arrivé. 
Elle sorti de ses pensées. Elle regarda autour d'elle, et pris une grande inspiration. Heureusement, personne n'était là à l'observer. Elle aurait eu l'air fine, à avoir de telles pensées. 
- ...ça avance bien. 
Elle ne pensait pas que le château aurait déjà si fière allure. Beaucoup était encore à faire, et pourtant, certaines ailes semblaient déjà fonctionnelles. 
- Vous vous êtes vraiment bien entouré. 
- Suivez-moi. 
Elle le vit passer la grande porte. Guenièvre regarda autour d'elle. Elle se sentait envahie par la nostalgie. 
Le château ne ressemblait pas tant à celui qu'ils avaient détruit, et à ce qu'elle se souvenait des plans, il serait sensiblement différent. 
Pourtant, tout ça l'assaillait. Elle avait eu de bons souvenirs, mais les mauvais avaient tendance à les engloutir. 

- Guenièvre? 
Arthur était revenu sur ses pas, voyant qu'elle ne le suivait pas. Il l'avait retrouvé sous une arche, la main sur la pierre. Elle semblait regarder les détails de la coupe. Alors qu'il s'avançait, il remarqua son regard perdu. Elle laissait descendre doucement sa main contre la surface. Son sourire habituel n'était pas là. 

Tout ça avait une saveur étrange pour Guenièvre. Elle récupérait un château, une vie où elle était heureuse, ou en tout cas elle s'était cru heureuse. 
Elle ignorait tout du passé d'Arthur, et n'avait jamais eu la curiosité de lui demander. Est-ce qu'Arthur avait déjà pensé à lui en parler? Est-ce qu'il avait espéré qu'elle le fasse? 
- Il y a du basalte. 
Elle tourne la tête. Arthur s'est installé à côté d'elle, et regarde la pierre à son tour. 
- ça rend bien, non? 
Elle hoche la tête. Les pierres n'avaient pas la même couleur partout, il avait utilisé plusieurs type de roche. 
- ça vous dis de suivre la visite? 
- Bien sûr. 
Il commençait à se demander ce qui se passait. Guenièvre était absente depuis quelques jours, perdue dans ses pensées. Ce n'était pas Lancelot, et il le savait. Elle n'avait pas l'air effrayée ou en colère. Elle était mélancolique. 
- Du coup, vous vouliez mon avis sur quoi? 
Arthur s'arrête et lui fait signe d'avancer. Quand elle le dépasse, elle voit un jardin rempli de fleurs. Elle a les yeux qui l'illuminent. Arthur s'avance doucement, pour se retrouver à sa hauteur. 
- A la base, c'était sensé être à vous de l'organiser, mais vu que vous ne vouliez plus venir, c'est redevenu une surprise. 
- C'est magnifique. Vous avez fait ça pour moi? 
- Pour qui d'autre? 
Il avait ce petit ton presque piquant, pour s'amuser. Par habitude. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle tique. 
Elle était à fleur de peau, et il n'avait pas la moindre idée de pourquoi. 
- Vous voulez voir le plan? On peut faire des modifications si vous voulez. Je vais le chercher, ne bougez pas. 
Il s'éloigne, avant de bifurquer pour rejoindre Bohort, quelques buissons plus loin. 
- Vous planquez tout ce que vous aviez prévu. C'est pas le moment. 
- Pas le moment ? Mais sire... 
- La reine ne se sent pas bien. Je ne vais pas faire ça maintenant. Et chopez aussi Perceval, qu'il dise pas de connerie. 
Il repart, pressant le pas, pour revenir avec le plan des jardins. Guenièvre et lui observent un bon moment le plan, avant qu'elle le pointe un coin grisé. 
- C'est quoi, ça? 
- J'avais pensé à faire un étang. Mais comme vous n'êtes pas venu, je ne l'ai pas fait. J'attendais votre avis. 
- ça servirait à quoi? 
- Je sais pas. A avoir des poissons ? A Rome, on avait des poissons colorés qui servaient à faire beau, et qu'on ne mangeait pas. Je me disais que ça pourrait vous plaire. 
Un souvenir de Rome. Guenièvre senti un poids dans son ventre. Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire. Est-ce qu'elle devait refuser, ou accepter? Est-ce que c'était un souvenir douloureux pour Arthur, ou est-ce qu'il n'y avait aucune pensée pour son passé? 

Arthur observait attentivement sa femme. Il voyait sa lèvre inférieure trembler par moments. Elle semblait aux prises avec des discussions internes intenses. Il en profita pour jeter un œil à Bohort, qui lui faisait signe. 
- Je reviens tout de suite. 
Elle ne l'entendait pas. Arthur haussa un sourcil, avant de se décaler, juste assez pour que Bohort ne lui parle. 
- On a mis des draps, mais évitez de la faire aller par là, d'accord? 
- Merci. Je vous tiendrai au courant. Attendez-vous à l'entrée. 

 

- Vous n'êtes pas obligé de donner votre réponse tout de suite. 
Elle sursauta. Elle s'était encore perdue dans ses pensées. 
- Ah, oui, je...c'est une idée sympathique, mais...je vais y réfléchir. 
Elle referma le plan. 
- Je vous le rend du coup. 
- Vous pouvez le garder. Il y en a d'autres. Par contre...
Il s'approcha et passa ses bras à sa taille, croisant ses mains derrière sa taille, et la rapprocha doucement de lui. Ils étaient collé l'un à l'autre, et Arthur la fixait. Il avait un petit sourire, mais elle lisait du soucis sur son front. 
- Vous avez des choses qui vous tracassent? 
Elle savait qu'elle ne pourrait pas lui cacher indéfiniment. Hors de Carmélide, hors de ses habitudes, elle était un livre ouvert. 
- Un peu. 
- Vous vous souvenez de votre promesse? 
Elle ne l'avait pas oublié. Il le savait. 
- Parlez-moi. 
Elle inspira, puis baissa les yeux. Elle aurait dû être plus prudente si elle avait voulu garder ça secret. A présent, elle devait parler. Prendre le risque de blesser Arthur. 
- Aconia. 

Sa voix était si faible qu'Arthur cru un instant avoir mal entendu. 
Guenièvre venait prononcer le nom de sa première femme. 
C'était à peine un soubresaut, mais Guenièvre l'avait senti. Tout son corps était à l'affut d'une réaction. Elle secoua la tête. 
- Excusez-moi. Je... 
Elle voulu reculer, mais Arthur resserra sa grippe sur ses poignets. 
Il ne la laisserait pas reculer. 
Il avait enfin une idée de ce qui tourmentait sa femme. Son passé. Son précédent mariage. 
- Restez là Guenièvre. 
Elle s'était attendue à l'entendre énervé. Au lieu de ça, ce fut une voix calme, douce, qui lui répondit. Il s'adressait à elle, pas à ce qu'elle avait dit. 
- Vous avez lu les tablettes? 
- Oui. 
- Vous avez tout lu? 
Elle hocha la tête. 
- Vous avez envie d'avoir plus de détails? 
- Envie, je dirais pas ça, non... 
Non, elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas qu'Arthur se replonge dans son passé. Elle ne voulait pas qu'Arthur repense à sa première femme. 
- Pourtant, ça vous travaille. 
Elle hocha la tête. Elle posa ses mains sur les bras d'Arthur. Il la tenait si étroitement qu'elle avait l'impression qu'elle pouvait perdre l'équilibre. 
- Depuis combien de temps? 
- Depuis combien de temps je le sais? J'ai lu et relu des dizaines de fois vos mémoires quand j'étais enfermée. J'ai insisté pour tout lire avant d'avoir à lire celles-ci. 
- Depuis combien de temps ça vous ronge ? 
La question la surpris. Elle n'avait pas de réponse claire en tête. Quelques jours, quelques semaines...quelques années, si elle se disait qu'elle avait pleuré de nombreuses fois après avoir découvert tout ce pan de la vie d'Arthur. Ou alors depuis qu'ils s'étaient mariés et qu'il avait refusé de la toucher. 
Arthur observait le visage de sa femme alors qu'elle débattait avec elle-même. Il avait pleine vue sur les expressions qui passaient sur son visage. Elle réfléchissait intensément, fronçait les sourcils, se mordait la lèvre. 
- Hep. 
Il n'y tenait plus. Il ne pouvait pas la laisser discuter seule. Il voulait faire partie de la discussion. Même si elle posait des questions qui ravivaient des souvenirs. 
- Ne me laissez pas de côté. Je peux entendre ce que vous avez à me dire. Je vous l'ai dit. Vous avez le droit d'être insupportable quand nous sommes tous les deux. 
Il avait un petit sourire attendrissant. Il voulait rassurer Guenièvre, lui donner toute la liberté de parler. 
- Et Seigneur Bohort ? 
Il sursauta, se demandant un instant s'il avait manqué de discrétion, avant de se rappeler qu'ils avaient voyagé ensemble, qu'elle avait vu Perceval et Bohort avant d'entrer dans les jardins.
Ils montent la garde à l'entrée. Personne ne vous entendra. Personne à part moi. 
- On peut remettre la discussion à plus tard, vous vouliez me montrer... 
- Ce que j'ai à vous montrer sera toujours là une prochaine fois. Je préfère parler avec vous. 
Elle se mordit la lèvre. Il ne lâcherait pas. Arthur s'approcha de son visage, mélangeant leurs souffles. Il était près. Tellement près... 
- Arrêtez de maltraiter votre lèvre. Vous savez que ça me fait perdre la tête. 
Elle relâcha sa lèvre, tout en essayant de continuer à regarder Arthur. Elle ne savait plus sur quel pied danser. 
Arthur non plus, pour être honnête. Il n'avait pas une envie folle de parler de son passé, surtout avec les réactions de Guenièvre. Et sa façon de se mordre la lèvre...il voulait la dévorer. 

Oui, ils devaient parler du passé d'Arthur. Il en était conscient, surtout après tout ce que Guenièvre avait fait pour faire la transparence sur le sien. 
- ...qu'est-ce que vous voulez savoir sur Aconia? 
Entendre son nom dans la bouche d'Arthur blessa Guenièvre plus qu'elle ne l'aurait cru. Sans doute trop, car elle senti Arthur resserrer son étreinte déjà ferme contre elle. 
- Shh...respirez. Je suis là. D'accord? 
Des larmes. Elles s'étaient remises à tomber, ces larmes qu'elle avait enfoui. Elles tombaient sans qu'elle s'en rende compte. Elle essaya de les faire disparaître dans ses manches, se frottant les yeux. Elle avait honte. Elle voulait reculer, se retourner. Arthur devait la trouver stupide. 
- Arrêtez. Calmez-vous. Je suis là Guenièvre. 
Il n'osait pas desserrer ses mains de ses poignets. S'il relâchait sa prise, elle reculerait. Il ne voulait pas prendre ce risque. Voir le visage noyé de larmes de sa femme l'inquiétait au possible. 
Il se souvenait de sa confrontation avec Lancelot. Elle avait élevé sa première femme bien au-dessus d'elle. Il n'avait pas pensé une seconde que prononcer son nom puisse mettre Guenièvre dans un tel état. 
Il glissa doucement sa tête contre son cou, pour sentir son cœur, sa respiration. 
- Respirez Guenièvre. Doucement. Ne me laissez pas, d'accord? 
Elle serra plus fort les bras d'Arthur, comme pour lui répondre. 
Il resta un moment à attendre qu'elle se calme. Il fini par la sentir respirer à nouveau calmement, son pouls avait repris un rythme normal. Il releva enfin la tête. Elle avait les yeux rougis, le regard fuyant. 
- Vous voulez qu'on parle de mon passé, et on le fera. Je vous dirai ce que vous voulez savoir. D'accord? 
Elle ferma les yeux et acquiesça. Elle pressait fort ses paupières pour ne pas laisser ses larmes reprendre. Arthur lui embrassa du bout des lèvres les joues, pour remonter jusqu'à ses yeux. 

Il avait encore des choses à régler avant de faire ce qu'il avait prévu. Il regarda l'arrière du jardin, le chemin qui disparaissait derrière des buissons. 
Il lui montrerait, bientôt. Pas aujourd'hui, mais bientôt. 

 

Notes:

Hello!
Et oui, il n'y avait pas qu'un problème. Et celui-ci est plus ancien. Beaucoup plus ancien.
Désolée pour notre Guenièvre battante, c'est dur de se battre contre un souvenir.
Le prochain chapitre reprendra directement après celui-ci (à quelque chose près), histoire de pas laisser ça traîner.

J'espère que ce chapitre vous plaira autant que les autres ^^
Prenez soin de vous,
Yumeka

Chapter 21: Réponses

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Arthur avait attendu d'être sûr que les larmes de Guenièvre s'étaient taries pour recommencer à parler. 
- Vous préférez qu'on discute ici, ou qu'on fasse ça chez vos parents? Parce qu'il va falloir qu'on le fasse. 
- Non, mais...on n'est pas obligé d'en parler hein! 
Elle donna une petite tape sur les bras d'Arthur, lui demandant de la libérer. Ce qu'il fit, à regrets. Elle recula enfin, pour prendre une grande respiration. 
- Je me suis juste rappelée de ça quand vous avez évoqué Rome. 
Elle mentait. Elle mentait éhontément, et mal. Elle le savait, et Arthur aussi. Elle avait tenté de maintenir un sourire de façade, avant de le laisser s'évanouir. 
- J'aimerai...j'aimerai qu'on en parle ici. Et...ne me ménagez pas. Je préfère avoir mal maintenant, plutôt que de me rendre compte que vous me mentez. 
Arthur acquiesça. 
Il n'avait pas envie de le faire, lui non plus. Mais il savait que s'il ne le faisait pas maintenant, il s'arrangerait pour éluder les question. Guenièvre ne ferait sans doute plus le premier pas. ça risquait de rester un non-dit entre eux qui la rongerait. 

Il aurait voulu la garder contre lui, lui faire sentir sa sincérité, son amour. Guenièvre, elle, s'était reculée. Elle avait peur de ce qu'elle allait apprendre. Il inspira profondément. 
- ça vous hante depuis combien de temps? 
- Je ne sais pas. Des jours, des semaines...
Elle observe les mains d'Arthur. Ses doigts qui s'agitent. Elle se doute qu'il voudrait la tenir, la toucher. Arthur était très tactile depuis qu'ils s'étaient retrouvés. Quand les mots ne sortaient pas, ils passaient dans ses gestes. 
Il aurait senti ses hésitations, il aurait cherché à tout lui faire dire. Il n'avait pas besoin de l'entendre débattre tout haut de ses années de réflexions. Il n'avait qu'à répondre à certaines questions. Il fallait juste se lancer. 

- Est-ce qu'elle ressemblait à l'une de vos maîtresses? Est-ce qu'elle me ressemblait? 
- Physiquement? Elle avait peut-être les mêmes boucles que certaines. Mais ça m'a pas marqué. Et vous ne lui ressembliez pas. Pas plus que maintenant. 
- Vous savez, depuis que j'ai lu ces tablettes, j'ai l'impression que ça me hante à chaque fois que j'ose y penser. Vous aviez l'air d'être heureux à Rome. Vous et elle...de la façon dont vous en parliez...vous étiez vraiment amoureux, pas vrai? 
- Oui. Je l'aimais. 
- Et vous n'avez pas pu revenir la chercher. 
- J'ai essayé. Son mari était de retour. C'est moi qui l'ai chassé de Bretagne. Elle n'a pas voulu prendre le risque de me suivre. 
Guenièvre serra les dents, les bras serrés contre elle, comme si elle avait froid. Il fallait qu'elle pose la question. 
- Est-ce que vous m'en avez voulu? 
Arthur ouvrit de grands yeux, surpris de la question. Il esquissa un pas vers elle. 
- De quoi? 
- Pendant notre mariage, vous n'étiez pas heureux. Vous avez dû épouser une fille de clan pour asseoir votre place. Mes parents avaient tout prévu. 
- Du coup, rien n'était de votre ressort. Pas plus que je n'ai eu le choix. On ne s'était jamais vu. Pourquoi je vous en aurai voulu? 
Guenièvre, jusque-là, focalisée sur les mains d'Arthur, releva la tête pour le fixer. 
- Vous m'en avez voulu. 
- ...Oui. 

Il aurait voulu dire non. Il avait tenté d'esquiver, de donner des explications pour ne pas avoir dire ça. Mais Guenièvre savait déjà quelle était la véritable réponse. 
Elle avait eu tout le temps pour repenser à ce qu'ils avaient vécu. Elle gardait sa couronne de fleurs comme une relique, mais elle savait que ce n'était pas un souvenir heureux pour lui. Il avait essayé de lui faire plaisir, de la porter dans ses bras. Pas par amour. 
- J'en ai voulu au monde entier. 
A l'époque, oui, Arthur en avait voulu à Guenièvre. 
Il avait quitté Rome, il avait perdu Aconia, une femme de caractère, pour se retrouver avec une jeune femme inexpérimentée, pas plus en amour qu'en stratégie. Il s'était servi de ses craintes pour ne pas la toucher le premier soir, et n'avait jamais rien tenté par la suite. 

Il vit les épaules de Guenièvre trembler. Elle ne pleurait pas, mais c'était imminent. Elle baissa les yeux. 
- Je suis désolée. 
- Guenièvre... 
- Je suis désolée! Quand on s'est marié, je pensais échapper au joug de mes parents! J'étais jeune et niaise, je n'ai jamais pensé à vous demander votre passé! 
Elle serrait les bras à s'en faire mal. Elle se serait griffée si elle ne se retenait pas. Mais même dans cet état, elle ne pouvait pas se laisser aller à se défouler. Arthur avait beaucoup fait pour qu'elle guérisse, elle ne voulait pas tout gâcher. 
- Vous ne pouviez pas savoir. De toute façon, vous l'avez lu, quand je suis retourné à Rome, elle partait avec son mari. Les gens en qui j'avais confiance étaient morts. Il n'y avait plus rien pour moi là-bas. 
Son ton était le plus détaché possible. Il ne voulait pas donner à Guenièvre l'impression que cela le touchait.
A vrai dire, ça ne le touchait pas autant que l'état dans lequel elle était à présent. Elle s'excusait d'une chose sur laquelle elle n'avait jamais eu aucun contrôle. 

Il l'observait se contenir. 
Il s'était rendu compte que Guenièvre était plus forte qu'Aconia. 
La femme qui avait fait son éducation à Rome était une femme forte, décidée, qui ne laissait pas passer les erreurs. 
Guenièvre avait été naïve, elle n'était pas autoritaire, mais...elle pardonnait ses erreurs. Elle allait jusqu'à l'accompagner, peu importe ses choix. 
Elle l'avait choisi lui, plutôt que Lancelot. Plutôt qu'un royaume. Elle n'avait pas eu ce regard désolée en l'abandonnant. Elle le pourchassait.
Elle marchait derrière lui, sa main sur son dos pour l'empêcher de s'arrêter. Elle avait toujours été là, même quand il avait tenté de tout oublier. 
Il avait l'impression de la faire sombrer. Elle se brisait en silence, alors qu'il parlait. Elle s'excusait alors qu'elle n'avait rien à se faire pardonner. 

- Et vous, vous m'en avez voulu? 
Elle relève doucement la tête vers lui, étonnée de la question. 
- Quoi? 
- Vous m'en avez voulu, de ne jamais vous avoir touché? De ne jamais vous avoir parlé de mon passé? 
Elle ferme fort les yeux. 
- Je crois que je vous étais reconnaissante, au début, de ne pas faire d'efforts. J'avais aucune idée de ce qu'on devait faire. Et puis, la pression que mes parents me foutaient était contrebalancée par votre façon de vivre avec moi. On n'était pas un couple comme les gens l'entendent, mais on s'entendait bien...à de rares exceptions. 
- Vous étiez amoureuse de moi, au début? 
- Pas quand on s'est marié, non. Mais vous étiez gentil, attentionné. Les sentiments sont venus au fil du temps...c'est pour ça que je suis partie avec Lancelot quand vous m'avez délaissée. Il disait m'aimer, et j'avais besoin qu'on me le dise. 
Elle soupire. 
- La seule chose que ça m'a vraiment appris, c'est que vous teniez à moi. 

Quand il était venu la libérer, il n'avait pas crié. Il ne s'était pas moqué. Il y avait eu ce moment entre eux, où plus personne n'existait autour. 
Il se souvenait de la douceur de sa main, sur sa joue, pour attraper son regard. 
Et de son inquiétude, déjà, qu'il puisse regretter son choix. 
Arthur s'était rendu compte qu'il y avait plus que juste de l'amitié entre eux. Mais à ce moment-là, sa promesse était toujours là, dans un coin de sa tête. 
Il se souvenait qu'il avait eu la prophétie des dieux, du courroux qu'il avait provoqué en choisissant Mevanwi. 
Pourtant quand il avait croisé Lancelot, ce n'était pas pour les dieux qu'il faisait ça. Il voulait récupérer Guenièvre. Elle était sa femme. Il ne voulait pas abandonner comme il l'avait fait avec Aconia. 
Il se souvenait qu'il portait du rouge, en souvenir d'Aconia, en souvenir de Rome. Mevanwi lui avait beaucoup rappelé Aconia, habillée de cette façon. Et il l'avait abandonnée, elle aussi. Elle voulait le pouvoir, la richesse. 
A présent, il préférait les couleurs claires, comme celles que Guenièvre se plaisait à porter. Ou le noir, dont lui se parait la plupart du temps. 

- Vous aussi, vous teniez à moi. Même quand j'ai tenté d'en finir. 
Elle lui jette un regard triste. 
- Vous vous êtes sauvée de Carmélide en me pensant mort. Vous avez désobéi à votre père pour moi. Vous avez insulté ma famille. Vous m'avez sermonné. Vous m'avez attendu dix ans, plutôt que de céder à Lancelot. Plutôt que de redevenir reine. 

Les gens avaient du la croire folle, de se réfugier chez ses parents, plutôt que d'accepter de reprendre le plus grand rôle qu'on pouvait confier à une femme. Reine

Aconia avait été dévastée, mais ne s'était pas battue pour lui. 
Il aurait pu se battre, tuer pour elle. Tuer son mari pour s'enfuir avec elle. 
Mais elle avait cédé. Elle lui avait rendu sa robe de mariage. 
Guenièvre, elle, avait gardé un vestige de leur mariage secrètement. A la barbe de Lancelot. Elle l'avait attendu. Elle s'était battue pour rester là. Elle avait des blessures des guerres qu'elle avait gagné contre Lancelot, contre elle-même. 

- Vous n'avez pas idée d'à quel point j'en veux à celui que j'étais de vous avoir fait subir tout ça. 
Il avance vers elle. Sans peur, sans doute. Comme lorsqu'il s'est approché d'elle à la Tour. Elle le regarde faire, le cœur à l'envers. 
- Vous êtes forte. Plus forte que je l'avais cru quand on s'est connu. J'ai pas été tendre avec vous, je vous ai fait porter le chapeau plusieurs fois quand j'étais de mauvais poil, et vous avez toujours été là. Contrairement à toutes les femmes que j'ai côtoyé à part vous et elle, vous n'avez jamais cherché le pouvoir. Vous m'avez épousé sans penser devenir reine...-ce qui, j'avoue, est très drôle quand j'y repense-, vous avez fini par partir parce que je vous délaissais, dans une cabane dans les bois. Quand je vous ai récupéré, vous me regardiez moi. Pas le Roi. 
Il pose la main sur sa joue, comme elle l'avait fait. Pour qu'elle le regarde. 
"vous allez pas le regretter?" 
Sa phrase était toujours là. Il venait la chercher, et elle s'inquiétait déjà du fait qu'elle ne le rende pas heureux. 
- Et quand j'ai replanté Excalibur, que vous avez fini par mettre votre père en charge...vous avez décidé de me suivre quand j'ai voulu chercher des enfants que j'aurai eu avec d'autres femmes. Vous vous êtes confronté au fait que j'avais couché avec plein de femmes sans jamais vous toucher, parce que vous vouliez que je trouve une descendance. Vous vouliez me rendre le sourire. 
Il a un petit sourire, plongé dans ses yeux. 
- Sans compter que vous avez foutu une dérouillée à ma demi-sœur, et ça, c'était vraiment du spectacle. 
Elle a un petit sourire en y repensant. Arthur était là, en partie grâce à elle. 
Il lui caresse doucement la joue, et passe un nouveau son bras à sa taille, pour la rapprocher de lui. 
- Vous n'êtes plus la petite princesse naïve. Et je ne suis plus le jeune centurion devenu roi de Bretagne. 

A ce moment-là, pourtant, Arthur aurait tout donné pour se retrouver face à la jeune Guenièvre, à cette princesse un peu fleur bleue. Il aurait voulu lui dire que ça irait, qu'elle était magnifique, que rien n'était de sa faute. Qu'elle rendrait son mari heureux. 
Il aurait secoué son ancien lui, lui disant à quel point il passait à côté d'une femme aimante et forte. 
Il n'avait plus pensé à Aconia depuis longtemps. Il avait fait son deuil. 
Contrairement à ses sentiments pour Guenièvre. 
Entendre son prénom, avait suffit à le décider. Il s'était mis en tête de la sauver, de la revoir. 
En entendant celui d'Aconia, il s'était inquiété pour Guenièvre. Ce qu'elle avait imaginé, ce qu'elle avait déduit. 
- Si vous saviez comme je voudrai changer le passé... 
Guenièvre avait envie de pleurer. Dans les yeux d'Arthur, il n'y avait qu'elle. Pas d'ancienne femme, pas de regrets. Il n'y avait qu'elle, toute entière. 

- Mon passé m'a hanté des années, mais il a trouvé sa place dans quelques souvenirs lointains. Ce qui compte, c'est le présent. C'est vous. Je ne peux pas vous promettre un futur radieux, juste ma présence. 
- Vous êtes un imbécile Arthur. 
Elle l'embrassa, comme pour sceller les mots qu'il venait de prononcer. Elle n'avait pas besoin d'un futur. Son présent lui suffisait, tant qu'il était là. 

 

Notes:

Hello!!
Comme d'habitude, je me lance dans des sujets difficile, et parfois j'arrive pas à les exploiter comme j'aimerai.

Cette fois, c'est plus du côté d'Arthur qu'on a le point de vue.
Aconia a été un grand pan de son passé, il l'a beaucoup regrettée, mais il aime Guenièvre et il s'en est rendu compte, Guenièvre ne l'abandonnera pas. Même si lui abandonne.

Le prochain risque de mettre un peu plus de temps...
Parce que j'ai une idée, mais que ça pourrait marquer une fin d'arc, et j'ai pas trop envie de les laisser ^^'

Il y aura toujours des choses à raconter, mais à moins d'avoir une autre idée, le prochain risque de me prendre un moment pour être satisfaite, mais je suis sûre qu'il vous plaira ^^ (bon, je suis libre tout mercredi, je pourrai peut-être avancer)

Merci à tous pour vos commentaires, ça me fait toujours énormément plaisir et ça me motive à continuer!
(Je prends les idées et les envies, j'écrivais beaucoup à la demande quand je faisais des One-Shots)

Prenez soin de vous 🥰
Yumeka

Chapter 22: Une Promesse

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Guenièvre regardait le château de Kaamelott à l'horizon. 
Arthur avait tout fait accélérer, et lui avait demandé de préparer ses affaires. Ils repartaient vivre chez eux. 
Cette idée la réjouissait, autant qu'elle lui faisait peur. 
Elle pourrait être avec Arthur plus souvent. Mais il serait plus absent. Il s'occuperait de la Bretagne, des soldats, de tout ce qu'il devrait gérer. 
Et elle serait dans un château inconnu. 
Bien sûr, il y aurait Angharad, il y aurait Nessa. Perceval et Bohort les accompagnait aussi, elle ne serait pas seule. 
ça ne suffisait pas à l'empêcher d'angoisser. 
Arthur lui jetait des regards pendant le trajet. Elle n'aurait pas été capable de savoir ce qu'il cherchait à voir. 
- Vous avez l'air étrange Guenièvre. 
Elle hausse les épaules. 
- Disons que je suis un peu inquiète. J'avais pris mes habitudes en Carmélide. 
Il rapprocha son cheval du sien, pour pouvoir se pencher vers elle. 
- Oui, mais vos gémissements finissent par être reconnaissables. 
Il observa ravi le visage de Guenièvre passer de son pâle habituel à un rouge soutenu. Il lui vola un baiser avant de repartir à l'avant. 
Elle resta interdite, essayant de reprendre sa composition. Ils arriveraient bientôt, et elle était plus rouge que les baies que faisaient pousser son père. 

Arthur et elles faisaient du bruit, surtout depuis qu'il lui avait dit qu'il voulait entendre si elle appréciait quand il la touchait. Alors au fur à mesure, elle essayait de laisser son instinct la guider. De laisser ses réactions primaires prendre le dessus. 

Elle se souvenait encore de leur dernière nuit tendre. Arthur avait dû l'embrasser pour étouffer ses gémissements tellement elle était bruyante. Elle avait entendu frapper contre la pierre. 
Les doigts d'Arthur savaient la mettre hors d'elle. 
ça suffit! 
Elle sentait le feu brûler ses joues. Elle avait été honteuse le lendemain matin et n'avait pas osé regarder ses parents. 
Elle quittait son cocon familial, elle quittait l'endroit où Arthur et elle avaient commencé à se découvrir. Elle aurait aimé emmené tout ce qui avait fait ses souvenirs là-bas. Mais transporter une baignoire aurait été ridicule. 

Elle avait observé, alors qu'elle descendait de son cheval, qu'il discutait vivement avec Perceval. Alors qu'elle s'approcha, il fit un geste à son chevalier. 
- Allez, décarrez. Maintenant.
Comme s'il s'était pris un coup de pied dans le derrière, Perceval déguerpit vers l'arrière du château. Guenièvre regardait partout autour d'elle. Il y avait des gardes, mais pas de travailleurs. Et Bohort avait lui aussi disparu. 
- Vos affaires vont être montées là où elles doivent l'être. Vous allez m'accompagner. 
Il avança, et Guenièvre le suivi, étonnée du chemin qu'il prenait. 
- On va dans les jardins? Mais je croyais que vous alliez me faire visiter...
- Il y a plus important. 
Elle ne le contrarierait pas. Pas pour leur première journée à Kaamelott. Elle leva les yeux pour regarder le ciel. 
Premier soir. Le soleil déclinait déjà un peu. Elle ferma les yeux, et se laisse emporter par l'odeur des fleurs. Arthur a vraiment réussi à faire qu'elle se sente bien ici. 
- Guenièvre. 
Elle rouvrit les yeux, inquiète d'entendre la voix d'Arthur si sèche. Il se tenait à quelques pas d'elle, le regard perçant. 
- Depuis combien de temps vous me supportez? 
- Depuis que je vous connais. Et les dieux m'en soient témoins, vous êtes parfois une tête de mule. 
Elle souriait. Arthur s'approcha. 
- Tendez-moi vos mains, et fermez les yeux. 
Elle fouilla dans son regard, à la recherche d'une quelconque blague, d'un jeu qu'elle n'aurait pas compris. Elle ferma à peine les yeux. 
- Et faites ça sérieusement, d'accord? 
Elle plissa fort les yeux, sentant Arthur lui attraper les mains. Il la faisait avancer peu à peu, puis il l'arrêta. 
- Guenièvre, notre mariage a toujours été une alliance politique, et je voudrais réparer ça. 
- Je ne... 
- Ouvrez les yeux. 
Quand elle pu enfin voir, il y avait devant elle une arche couverte de lierre et de fleurs. De chaque côté, Bohort et Perceval. En son centre, Merlin, raide comme un piquet. 
- Qu'est-ce qui se passe? 
Arthur se pencha à son oreille. 
- Guenièvre, épousez-moi. 
Elle se retourna vivement vers lui, l'air aussi perdue qu'heureuse. Elle n'y croyait pas. 
- Mais...nous sommes déjà mariés. 
- Pas avec un mariage druidique. Et ça tombe bien, on a un druide à portée de main. 
Guenièvre se mit à rire, essuyant ses larmes en même temps. Si elle se mettait à pleurer maintenant, qu'est-ce que ça serait plus tard? 
Elle se tourna vers l'arche. La douceur des couleurs dont elle était parée, tout ce qui avait été préparé... 
- Vous acceptez? 
Elle hocha la tête, n'étant plus sûre de savoir comment articuler des mots. Arthur lui souffla à l'oreille. 
- J'ai cru que vous alliez me dire non à force, vous savez? 
- ..tss
Elle n'arrivait vraiment plus à parler. L'émotion était trop forte. Arthur allait l'embrasser, quand Merlin lui saisit le poignet. 
- Ah non, avant de l'embrasser, on fait le mariage! 
Elle observa le regard d'Arthur, incrédule, pendant que Merlin l'éloignait de lui. Elle se retint de justesse de rire. 
- Voilà. Vous, vous attendez là, vous bougez pas. Sire, venez! 
- Vous m'enlevez ma femme, et après vous me donnez des ordres...
Il roula des yeux, mais suivi le mouvement. Il se tenait près de Guenièvre, et regardait Merlin, tentant de retrouver un semblant de calme. 
- Bon, alors, on va commencer par ça. ...Perceval!! 
Tout le monde tourna la tête vers le chevalier aux cheveux gris, qui se mit à osciller entre Merlin qui le fusillait du regard et Arthur qui essayait de comprendre ce qui se passait. 
- Ah, c'est à moi? 
- Bougre d'andouille, bien sûr que c'est à vous! J'ai dit votre nom ! 
- Ah ouais, c'est vrai. 
Il sorti un long tissu blanc, qu'il confia à Arthur. Merlin s'éclaircit la voix. 
- Vous allez accrocher chacun un côté du lien à votre poignet. Après, on pourra commencer. 
Guenièvre regarda le tissu, et jeta un regard désolée à Merlin. 
- ça va pas être facile d'attacher ça comme ça. 
- Quoi? Mais y'a déjà des nœuds tout prêts! 
Arthur et Guenièvre levèrent chacun leur côté du tissu. Il n'y avait rien. Merlin se tourna vers Perceval, et tapa du pied. 
- Vous avez touché à ce que je vous ai filé! 
- Bah oui, il était tout emmêlé ! ça fait pas sérieux de leur filer des trucs tout pliés!! 
- Mais...mais vous êtes un vrai cornichon ma parole! C'était fait exprès! C'est sensé prendre trente secondes ! Vous aviez juste à le garder bon sang!! 
- Fallait être plus clair! 
Guenièvre ouvrit enfin la bouche, essayant de calmer la dispute naissante. 
- Vous ne pouvez pas les refaire? 
- Mais je sais pas les faire moi! Enfin, j'ai su... Filez-moi ça. 
Il s'était mis à râler dans sa barbe, alors que Bohort essayait de s'approcher. 
- Si vous l'ouvrez pour dire que j'aurai dû mieux me préparer, je vous balance un sort. 
Il recula aussitôt, outré. Après plusieurs minutes, il fini enfin par avoir un semblant de nœud coulant de chaque coté. 
- Donc...Mettez les nœuds autour de votre poignet. 
Guenièvre commença à passer ses doigts, avant de voir Arthur retirer son protège-poignet, celui qu'il ne quittait jamais tant qu'ils n'étaient pas seuls, pour glisser le lien à son poignet meurtri. 
Une attention que ne vit pas Bohort, qui l'interpella. 
- L'autre poignet, Sire. 
- Quoi?! 
- Le lien va pas être bien placé. 
- Mais je fais ce que je veux! 
Guenièvre ôta ses chaussures, pour poser les pieds sur l'herbe qui se rafraîchissait déjà. Elle fit le tour d'Arthur, pour enfiler le lien de l'autre côté. 
- Il suffit de faire comme ça. 
Arthur la regardait. Sans ses talons, elle faisait bien quelques centimètres de moins que lui. 
- Mais le placement... 
- Seigneur Bohort, vous allez fermer votre clapet! 
Cette fois, ce fut Perceval qui jeta une salve à Bohort. 
- L'important, c'est la signification. On en a rien à foutre du sens! 
- Bon, vous avez fini? Je peux commencer?! 
Merlin avait sorti un livre. Il avait pris des notes. Si Arthur avait un air faussement ennuyé, Guenièvre le trouvait touchant. Il se prenait au sérieux. 
Elle n'écoutait pas vraiment ce qu'il disait, pourtant. Elle avait fait un pas de côté, et son bras s'était retrouvé contre celui d'Arthur. Leurs doigts s'étaient rencontrés, entrelacés. 
- Bon, maintenant, c'est le moment de balancer ce que vous avez à balancer. 
Guenièvre jeta un regard à Arthur, qui sembla aussi méfiant que lui à cette annonce. Il tourna un visage inquisiteur à Merlin. 
- ça fait vraiment partie de votre mariage druidique ça? 
Merlin le fixa. 
- Peut-être. 
Merlin mentait mal, lui aussi. Mais ça n'empêcha pas Arthur de se tourner vers Guenièvre, avec cette petite étincelle malicieuse dans les yeux. 
- Vous êtes une femme invivable, têtue comme une mule. 
- Je pourrai en dire autant. Vous êtes impossible quand vous n'avez pas envie qu'on vous aide. 
Leurs yeux pétillaient. 
- Vous êtes inconsciente du danger, et vous ne savez ni quand parler, ni quand vous taire. 
- Vous êtes doués pour me faire sortir de mes gonds. 
Elle s'était mordue la lèvre sans le lâcher des yeux. Arthur se pencha un peu plus vers elle. Son cœur grondait sans sa poitrine. 
- Hep hep hep! 
Une fois encore, Merlin l'empêcha de capturer les lèvres de sa femme. Guenièvre était superbe, avec ses joues rosies, ses yeux brillants d'envie. 
- Bon, bon... Bohort vous voulez dire un mot? 
Bohort fit un pas en avant. 
- Sire, je suis désolé, j'ai essayé de tout préparer, mais on a pas eu le temps de faire plus, et...
- Plus? Vous vouliez rajouter quoi là? C'est très bien. 
- Bah, je sais pas, des tables? Des invités? 
Arthur secoua la tête. 
- Ah non, surtout pas. Vous étiez les seuls autorisés. J'avais pas envie de passer deux plombes avec un mariage pourri comme celui qu'on a eu la première fois...
Il se tourna vers Guenièvre, avec une petite grimace. Il ne voulait pas ternir le souvenir qu'elle en avait. 
- Désolé. 
- Oh, moi, ce que j'en dis...j'ai gardé le meilleur de ce mariage pourri, comme vous dites. 
- Ma couronne de fleur? 
- Son porteur
Elle esquissa un petit sourire de vainqueur. Arthur se racla la gorge. 
- Vous pouvez dire à qui vous voulez que vous étiez là. Vu que vous êtes trois, et que vous comptez comme mes plus proches et plus fidèles amis, ils ne pourront pas le nier. S'ils me demandent, je leur confirmerai. 
- Mais Sire, pourquoi vous n'avez pas fait ça officiellement? 
- Parce que ça ne concerne personne d'autre que Guenièvre et moi. Je renouvelle mes vœux. Je voulais que vous puissiez vous en souvenir. 
Bohort avait les larmes aux yeux, alors que Perceval tapait fièrement sur son cœur. Guenièvre trouvait ça à la fois ridicule et touchant de voir des gens réagir de façon si étrange, et pourtant si honnête. 
- Vous pouvez l'embrasser. 
- Ah, pas trop tôt! 
Arthur se pencha et captura enfin les lèvres de Guenièvre. Son souffle était brûlant, impatient. 
- Je vous aime, Guenièvre. 
Il recula, à peine, pour pouvoir la voir. 
- Vous serez ma seule femme, ma seule compagne. Et je serai votre seul mari. 
Il était déjà son unique mari, son unique amour. C'est ce qu'il lui promettait qui avait un impact. Il lui avait déjà dit, mais il l'affirmait devant témoins. Elle serait la seule. 
Ils s'embrassèrent à nouveau, alors que Perceval se mit à hurler de joie. 

Ils avaient passé une heure ou deux avec leurs amis, à festoyer. 
Ils avaient bu plus que de raison, mais ils célébraient quelque chose d'important. Merlin était rond comme une queue de pelle, et discutait règles de jeu avec Perceval. Ils semblaient se comprendre, dans leur monde. Bohort, lui, les écoutait distraitement, lançant parfois des questions pour s'assurer de bien avoir compris. 
Il tombait toujours à côté. Arthur ne savait pas si la partie qu'il préférait était quand Perceval et Merlin avaient la même explication, ou deux contradictoires. 
Arthur et Guenièvre, eux, n'avaient pas bu. Ils se fixaient avec une envie sourde dans le regard. 
- Bon...on va vous laisser jouer. 
- Vous partez déjà Sire? 
- Le trajet nous a fatigué. Et je dois montrer nos appartements à ma femme. 
L'allusion était énorme, mais aucun ne releva. 
- Bonne nuit messieurs. 

Il pris la main de Guenièvre pour l'emmener jusqu'à l'entrée d'une aile du château. 
- Ah, attendez, j'ai oublié mes chaussures...
- Vous n'en avez pas besoin. 
Avant qu'elle ne comprenne, Arthur la portait déjà dans ses bras. Elle s'agrippa à son cou. 
- Je vous emporte avec moi. 
Elle sourit, et se colla un peu plus à lui. 
- Où vous voulez. 
Il passa la porte, et se mit à déambuler dans le couloir, à monter des marches. Guenièvre essayait de ne pas bouger, pour ne pas forcer sur les bras d'Arthur. Il fini par arriver dans une chambre. Elle était spacieuse, et ses affaires étaient déjà installées. Elle senti Arthur la poser sur le lit. 
- Vous êtes prête pour votre nuit de noces? 
Elle rougit, mais acquiesça. 
- ...c'est pour ça? 
- Pour ça quoi? 
- Que vous ne vouliez pas...aller jusqu'au bout ? 
- Peut-être. 
Arthur avait tout fait préparer par Bohort et Merlin plusieurs semaines à l'avance. Lorsque Guenièvre avait évoqué Aconia, il prévoyait de l'épouser ce jour-là. Ils avaient dû tout cacher, forcer Perceval à garder le secret. ça avait été difficile. 

Il ôta ta tunique, alors qu'elle ne le lâchait pas du regard. Il s'approcha d'elle, alors qu'elle lui offrit son dos, pour qu'il défasse les liens qui maintenaient sa robe en place. 
Arthur pris tout son temps, libérant peu à peu la peau de sa femme de sa carapace de tissu. 
Elle frissonna lorsqu'il passa la main sur son dos. 
Lorsqu'elle fut nue, il se décida à l'inonder de baisers. Sur le ventre, sur la poitrine. Il laissait ses doigts courir sur ses cuisses, entre ses jambes. Guenièvre ondulait sous ses mains, ses soupirs le guidant vers ses points sensibles. 
Lorsque ses doigts se glissèrent en elle, elle émit un râle de plaisir, tout en lui saisissant les cheveux pour l'attirer à son cou. Il ne se fit pas prier. Guenièvre devenait autoritaire quand ils étaient au lit, et ça ne lui déplaisait pas. 
Il lui mordit tendrement le menton. 
- Vous pouvez faire du bruit ici. Autant que vous voulez. 
- Mais...les autres... 
- C'est notre château. Et s'ils vous entendent, ils n'auront rien à dire. Si ça les gêne, ils n'auront qu'à trouver un autre endroit pour dormir. 
Il se fichait totalement de ce que les autres pensaient. Le visage de sa femme, intoxiquée de plaisir, c'était ça sa priorité. 
Lorsqu'il se remit à bouger ses doigts, il vit la tête de Guenièvre se renverser, alors qu'elle lâcha enfin un gémissement digne de ce nom. Arthur se sentait durcir un peu plus, gonflé par un désir sourd. Elle glissa sa main dans son dos, laissant ses ongles frôler le dos d'Arthur, pour le sentir frissonner lui aussi. 
Il observait avec attention la moindre de ses expressions, ses frissons lorsqu'il touchait le dessous de sa poitrine, quand ils lui caressait le cou. 
- Ar...Arthur... 
Et sa façon de prononcer son nom. Il perdait la tête à chaque fois qu'elle le disait. 

Guenièvre ne mit pas longtemps à atteindre l'extase sous les mains expertes de son mari. Il commençait à connaître le moindre endroit sensible de sa peau. 
Elle se glissa au milieu du grand lit, et attira Arthur vers elle. Elle s'était redressée, pour le fixer. 
- Faites de moi votre femme. 
Arthur l'embrassa passionnément, avant de s'allonger sur le lit. Guenièvre le regarda faire, étonnée. Arthur lui tapota la cuisse. 
- Venez au-dessus. 
- ...Pardon? 
- Venez au-dessus. Passez votre jambe là. 
Elle suivait sans vraiment comprendre les indications d'Arthur. Il parlait calmement, il guidait son corps, ses mains posées sur les cuisses de Guenièvre. Lorsqu'il s'arrêta enfin de bouger, Guenièvre était quasiment assise sur lui. 
La manœuvre pour gagner du temps avait payé. Il ne se sentait plus sur le point d'exploser. Même si le fait d'avoir Guenièvre au-dessus de lui faisait battre son cœur plus vite. 
Il glissa sa main jusqu'à son bas-ventre, pour se guider jusqu'à l'entrée de Guenièvre. Elle poussa un petit gémissement, avant qu'il ne s'arrête. 
- Maintenant, c'est à vous de gérer. A votre rythme. 
Elle observa Arthur, hésitant dans ses gestes. Elle descendit à peine ses reins, et senti Arthur s’immiscer en elle. Elle senti une chaleur l'envahir, alors qu'elle voyait Arthur tenter de rester immobile, qu'il enfonçait ses doigts dans ses cuisses. 
Il y avait une légère douleur, ça tirait un peu. Mais elle n'avait pas vraiment mal. Elle descendit encore, lentement, jusqu'à ce qu'elle soit collée à lui. Elle sentait son souffle s'accélérer, tout comme celui d'Arthur. Elle avait chaud. 
- ...et maintenant...? 
Arthur fit glisser ses doigts des cuisses jusqu'au hanches de Guenièvre, et avec ses doigts, lui intima de se redresser sur ses jambes. Elle le fit, lentement. Chaque mouvement, même infime, lui faisait sentir qu'ils ne faisaient qu'un. Alors qu'elle tentait de suivre les directives de son mari, il lui empoigna les hanches et la réinstalla sur lui. Elle poussa un gémissement, à la fois de surprise et d'un plaisir bestial, accompagnant celui d'Arthur. 
Elle compris rapidement ce qu'il attendait d'elle, et se mit à bouger, lentement ou vite selon ce qu'il lui demandait avec ses doigts. Jusqu'à ce qu'il ne lui agrippe le haut des cuisses pour la plaquer contre lui dans un spasme. Guenièvre le senti se déverser en elle, et poussa un gémissement satisfait. Elle regardait le plafond pour éviter de s'effondrer sur lui. Elle se sentait trembler, agitée de frissons alors qu'il caressait toujours ses cuisses. 

Elle eut un petit rire, avant d'oser baisser la tête vers Arthur. Elle posa une main sur son torse, pour éviter de perdre l'équilibre. 
- Ne me faites pas attendre aussi longtemps pour notre prochaine nuit. 
Arthur se redressa légèrement, décalant à peine Guenièvre, pour lui saisir la taille. 
- Vous pouvez compter là-dessus. 
Il l'embrassa, plus doucement, avant de l'entendre rire. 
Ah oui, Guenièvre était chatouilleuse. 
Il fit courir ses doigts entre ses reins et ses côtes, l'entendant rire à ses oreilles, se tortiller sous lui. 
Enfin, il touchait le bonheur des doigts. 

Notes:

Enfin \o/

Je ne sais pas ce que j'attendais le plus...le mariage ou la scène d'amour entre eux...
J'avais pensé mettre plus de temps à l'écrire, mais je me suis couchée hier avec la moitié du chapitre (parce que je ne tenais plus debout ^^")
Du coup, je me suis dis que j'allais le poster ce soir plutôt que de vous faire attendre inutilement (vu qu'il est écrit, autant que vous puissiez le lire)

J'espère vraiment que ce chapitre assouvira vos attentes 😊😘
(Le prochain arrivera dans les prochains jours)

Yumeka 💗

Chapter 23: Un matin comme les autres

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Ce matin, Guenièvre se réveilla pour courir jusqu'à la salle de bain et vomir. Elle avait le cœur à l'envers depuis plusieurs jours, et essayait de s'arranger pour le cacher à Arthur. 
Il passait son temps à courir entre les conseils de chevaliers, les chefs de clans qui voulaient le voir, les travaux du château, les consignes de sécurité... 
Et bien sûr, elle. 
Il ne se passait pas une demi-journée sans qu'elle ne voit Arthur. Si elle n'était pas près de lui, il s'arrangeait pour la trouver. Du coup, elle participait beaucoup plus à la vie du château. Il la faisait siéger avec lui au moins une fois par semaine. 
S'il apprenait qu'elle avait pris froid, il aurait la tête ailleurs. 

- Madame? 
La voix d'Angharad. 
Depuis qu'Arthur avait octroyé une chambre à l'année à Perceval, elle ne voyait plus beaucoup son ancienne servante. Elle la voyait tourner autour du seigneur Perceval, comme lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Perceval semblait énormément l'apprécier aussi, et avait appris à parler avec elle. Ou plutôt, elle avait appris à le comprendre. 
- Tout va bien. 
La bruit qu'elle lâcha en vomissant à nouveau trahit son mensonge. Elle grimaça. Son estomac était vide, et elle ne pourra rien avaler avant ce midi. Elle allait encore devoir faire semblant devant Arthur. 
- Je sors bientôt. 
- Madame a besoin de quelque chose? 
- Non, c'est bon. 
Elle s'éloigna pour se passer de l'eau sur le visage, se rincer la bouche. Elle se força à mâchonner un des bonbons au gout fruité qu'elle avait ramené de Carmélide. Ils n'étaient pas bons, mais ça masquait l'odeur qui se dégageait de sa bouche. Arthur voudrait l'embrasser, comme tous les matins où elle disparaissait avant qu'il n'ouvre les yeux. 

Elle n'avait pas pu lui cacher la première fois, avec son haleine. Il lui avait demandé si elle avait besoin qu'il fasse venir un médecin. Il était resté à ses côtés toute la matinée, elle avait entendu des gens se plaindre. Lui n'avait rien dit. Il avait ignoré les commentaires, les remarques. Elle ne voulait pas que ça se reproduise. 

Elle souffla dans le creux de sa main. L'odeur de fruit surpassait tout. Elle recula rapidement sa main, sentant son cœur se tourner à nouveau. Le gout allait encore, mais l'odeur commençait à la rendre malade aussi. 
Quelques petits coups sur la porte. Elle soupira. 
- J'arrive bientôt Angharad. 
Elle se passe une nouvelle fois de l'eau sur le visage. Elle veut avoir l'air présentable. 
Elle rouvre la porte, pour se faire agripper le bras et plaquer contre le mur. Elle retient un petit cri. Il la maintient fermement en haut des bras, un regard noir pour tout accueil. Arthur, dans toute sa splendeur, dans toute sa colère contenue. 
- Depuis combien de temps vous jouez à ça? 
Elle sentait ses mains serrées, qui manquaient de se refermer plus. Elle tenta un petit sourire, pour désamorcer la situation. 
- A quoi? 
- A me mentir Guenièvre. 
- J'ai juste dû manger quelque chose de pas bon hier soir... 
Il approcha son visage, plus près, trop près. Il la renifla un instant, puis grogna. 
- Vous mangez ces saloperies pour masquer l'odeur? 
Saloperies
Arthur adorait cette odeur, c'est une des seules raisons pour laquelle elle les mangeait, en dehors de ces petits soucis. Parce qu'il était plus réticent à lâcher ses lèvres. 

Il détestait cette odeur. 
Guenièvre s'en servait pour cacher le fait qu'elle était malade. Et il n'avait rien remarqué jusqu'à ce matin. 
Jusqu'à ce qu'il se lève pour la chercher, qu'il entende sa servante lui parler. Qu'il comprenne ce qui se passe. 
Il avait demandé à sa servante de s'éclipser, sans bruit. 
Et maintenant, elle était coincée devant lui. 

- Allez, balancez ce que vous cachez. ça fait combien de temps que vous avez cette routine ? Aller vomir avant que je me lève. Et me dire que tout va bien ensuite. 
Il vit Guenièvre esquiver son regard, chercher à compter, avec un air innocent. 
- Ah, oh...ça... deux petites semaines? 
- Deux semaines?! 
Guenièvre senti les doigts d'Arthur s'imprimer dans sa chair. Elle remua les bras, grimaçant. 
- Aïe, aïe, vous me faites mal là! 
Il la relâcha, avant de plaquer ses mains de chaque côté de ses épaules. Pas question qu'elle échappe à son regard maintenant. 
- ça fait deux semaines que vous êtes malade, et vous me dites rien?! 
- C'est pas contagieux. Nessa est toute la journée avec moi -quand je ne suis pas avec vous-, et ni vous ni elle n'avez été malade...si? 
- J'en ai rien à battre des autres ! ça explique pourquoi vous perdez du poids. 
- Je ne perds pas de poids... 
- Si. 
Il lui saisit le poignet pour la ramener dans leur chambre. Il passa devant le père de Guenièvre, venu pour une réunion. 
- Beau-père, vous vous chargez des discussions d'aujourd'hui. 
- Vous venez pas? 
- J'ai quelque chose à gérer. 
Il jeta un regard à sa fille, derrière Arthur. C'était évident que c'était elle dont il devait s'occuper. 
- Vous devrez quand même foutre les pieds dans la réunion, vous vous souvenez que vous avez un chef de clan récalcitrant à votre table. 
- Je viendrai dès que possible. 
Il vit Arthur disparaître presqu'aussitôt, sa fille à sa suite. 
- On est bien avancé tiens... il est encore pire que moi. 

Arthur ferma la porte derrière Guenièvre. Elle lui jetait un regard désolé. Elle s'était assise sur le lit pour le rassurer. 
- J'ai rien de grave, j'en suis sûre. 
- ça fait deux semaines que vous êtes malade. Il ne fait pas froid, vous n'avez pas de fièvre. Je voudrai vraiment qu'on fasse venir un médecin. 
- C'est pas la peine. Je vous assure. 
Arthur sera les dents. 
- ça fait plusieurs jours que je trouve que vous perdez du poids. Pourquoi vous vous entêtez à me cacher ce genre de choses? Pourquoi je dois vous courir après pour avoir ces informations? 
- Parce que vous laissez tout en plan. Les réunions, les chefs de clan. Je les entends se plaindre, je les entends jaser. 
Il soupire. 
- Vous pensez que je vais les faire passer avant vous? J'essaie de faire des efforts, parce qu'il ne se passe pas une journée sans que je reçoive des demandes d'entrevue avec un de ces types. Si je les écoutais, vous ne me verriez plus du tout. 
Il regarde la porte. 
- Si je m'écoutais, c'est moi qu'ils ne verraient plus. 
Il regrettait parfois d'avoir quitté la Carmélide. Il était pressé d'avoir son intimité avec Guenièvre, mais là-bas, c'était Léodagan qui gérait la majorité des affaires du royaume. 
Et il n'avait pas envie de confier des missives à quelqu'un d'autre. 

Des coups à la porte lui firent tourner la tête. 
- Quoi?! 
- Je peux entrer? 
La voix de la servante qu'il avait renvoyé quelques minutes plus tôt. Guenièvre se redressa. 
- Oui, entrez. 
Angharad s'avança, un linge humide dans les mains. 
- Je me disais que madame pourrait apprécier un peu de fraicheur. 
Elle passa doucement devant Arthur, s'attendant à ce qu'il l'empêche d'avancer à chaque pas. Quand elle fut à hauteur de la Reine, elle la fit s'asseoir pour passer le linge sur sa nuque. Guenièvre ferma les yeux. 
- Ouh, oui, ça fait du bien...merci. 
- Madame sait ce qu'elle a? 
- Pas encore. 
La voix sombre d'Arthur. Il remarqua qu'Angharad voulait poser une question, mais qu'elle hésitait. Il pris les devants. 
- Venez un peu par ici. 
Guenièvre releva doucement la tête. Elle voyait son air inquiet, et elle savait à quel point il pouvait se montrer difficile quand il était dans cet état. 
- Ne la disputez pas. D'accord? 
- Je ne disputerai personne. 
Il s'éloigna un peu avec Angharad, puis baissa la voix. 
- Vous avez une idée de ce qu'elle peut avoir? 
- Peut-être Sire. 
- Vous pensez qu'il y aurait quelqu'un dans les cuisines qui voudrait empoisonner la reine? 
Elle secoua la tête. 
- Madame a des nausées le matin, elle perd du poids...vous savez depuis quand elle n'a pas eu son cycle? 
- ...pardon? 
- D'habitude, madame est régulière, mais ça fait bien un mois et demi qu'elle ne s'en est pas plaint... 
Il jeta un regard à Guenièvre, sans vraiment comprendre ce que sa servante semblait insinuer. 
- Elle ne supporte plus certains aliments non plus. Ma sœur était pareil quand elle attendait son premier. 
Cette fois, Arthur percuta. Guenièvre pourrait être enceinte. 

Tu es infécond 

La phrase qui l'avait poussé au suicide lui revint en mémoire. Il essaya de réfléchir, mais il n'avait jamais quitté Guenièvre une seule nuit, et aucun homme ne semblait l'approcher. Pas plus qu'elle n'avait de regard pour quiconque à part lui et son père. 
Cette foutue prophétie, qu'il n'avait jamais remis en cause...

Les dieux ne l'avaient pas fait infécond. Ils attendaient qu'il prouve sa valeur. Que sa descendance soit issu d'un acte d'amour. Pas comme lui. 

- Guenièvre. 
Elle le regarda avancer vers lui, s'asseoir sur le lit. 
- Répondez-moi, le plus sincèrement possible, d'accord? 
- D'accord. 
- Votre dernier cycle, il date de quand? 
- Bah d'il y a une semaine! ...euh, attendez...
Arthur savait que non. La semaine dernière, ils avaient été très occupés, toutes les nuits. 
- ça devait être...
Elle comptait sur ses doigts. Arthur était à la fois impatient et inquiet de la réponse qu'elle pourrait donner. 
- Il y a à peu près trois mois. Je crois que la dernière fois, c'était avant qu'on arrive ici. A peu près. Vous pensez que c'est ce qui me rend malade? De pas les avoir? 
- C'est possible. 
- Vous pensez que c'est grave? 
- ça dépend. 
- ça dépend de quoi? 
- Vous permettez? 
Il a sa main, paume tournée vers son ventre. Elle hausse les épaules, ne comprenant pas ce qu'elle refuserait. 
- Allez-y? 
Il pose la main, doucement, à plat sur le ventre de Guenièvre. Elle le voit intensément concentré, voyant bon nombre d'émotions se relayer derrière son regard impassible. Au bout d'une minute, elle fini par pencher la tête vers lui. 
- Vous sentez quelque chose? 
- Il semblerait vous soyez en train de nous préparer un héritier. 

Elle mis quelques minutes à traiter l'information. Alors qu'elle manqua de crier de joie.  Arthur plaqua sa bouche contre la sienne. Il voulait la faire taire, il le faisait souvent. Peu importe, elle adorait quand il faisait ça. 
Il appuya le baiser, la faisant reculer dans le lit pour ne pas tomber. Il suivait le mouvement, montant sur le lit à genoux, s'allongeant presque sur elle. 
- Arrêtez...vous allez être en retard... 
- Rien à foutre
Il commença à vouloir l'embrasser dans le cou. Elle tenta maladroitement de se soustraire, décalant son visage devant celui d'Arthur pour l'empêcher d'atteindre son cou. Lui faire entendre raison. Elle commençait à virer au rouge, alors qu'il cherchait un accès à ses points faibles. 
- Arthur, il y a toujours Angharad... 
Sans lâcher sa femme des yeux, il s'adressa à la servante. 
- Angharad, retournez-vous. 
Guenièvre écarquille les yeux, voyant son mari commencer à tourner la tête. Elle se penche pour regarder, et alors qu'Arthur fond sur son cou, elle voit sa servante tourner doucement le dos au lit. 
- Quoi?! A...attendez...Angharad, bouchez-vous les oreilles aussi!! 
Elle voit la servante hausser les épaules. 
- C'est bon, j'étais à côté de votre chambre en Carmélide, je les connais, les cris de Madame. 
- ANGHARAD!! 
Arthur émit un rire dans le cou de sa femme. Elle avait vociféré, de honte et de surprise. 
Il se décida à relâcher le cou de sa femme pour l'observer. Ses joues colorées, ses cheveux ébouriffés. Il lui lâcha un petit sourire. 
- Vous n'y échapperez pas ce soir. 

Il se tourna enfin vers la servante, dos à eux, immobile. Il se redressa et remis ses habits en place. 
- Vous pouvez aider madame à s'habiller? Elle va devoir me suivre. 
- Vous suivre? Où? 
- Partout. Hors de question de vous laisser vous balader seule pour le moment. 
Elle s'était relevée, et la servante avait déjà choisi une robe. Elle l'aidait à l'enfiler. Guenièvre essayait de se presser pour ne pas faire perdre trop de temps à Arthur. 
- Mais le château 
- Pas tant qu'on n'a pas parlé de renforcer la sécurité avec votre père. Vous avez toujours votre dague? 
- euh, oui. 
- Alors vous ne la quittez plus non plus. 
- Pourquoi? ...je veux dire...tout le monde attendait que ça arrive, non? 
- Madame va devenir la cible de personnes qui veulent prendre la place du Roi. 
Il grimaça en entendant les mots d'Angharad. C'était malheureusement ce qu'il craignait. 
- En attendant, je vous serai gré de ne pas me quitter d'une semelle. C'est clair? 
- C'est-à-dire...les chefs de clans n'aiment pas trop qu'une femme siège à la table des décisions...
- Ils apprendront à supporter ça. 

Guenièvre sorti de la chambre à la suite d'Arthur. Angharad fermant la marche. La femme assurait ses arrières, sous couvert de servitude. 
Il poussa la porte de la salle où se tenait la réunion. Parmi eux, Léodagan et le chef d'un clan. 
- Sire, vous voilà enfin!! 
Arthur salua d'un vague hochement de tête l'assemblée, puis tendit son bras à sa femme. Tout le monde les observa faire le tour de la table. Arthur fit s'asseoir Guenièvre, avant de faire de même. 
- Bon, j'imagine que mon beau-père vous a expliqué un peu tout ce qu'il y avait à expliquer. Vous avez des questions? 
Le chef de clan fixait Guenièvre. 
- Pourquoi une femme, ici? 
- C'est ma femme. 
- La mienne est restée chez moi, sagement. 
- Votre femme n'est pas Reine de Bretagne. 
La phrase avait jeté un froid. Guenièvre jetait des regards à la dérobée. Elle se sentait détaillée comme un cheval qu'on achète au marché. Elle détestait cette sensation. Elle se pencha vers Arthur, pour parler doucement. 
- Je peux peut-être aller... 
- Chut, chut... 
Il avait le doigt levé vers elle, et laissa retomber sa main sur celle de Guenièvre. 
- On va mettre les choses au clair tout de suite, comme ça c'est fait. Si je décide que ma femme siège à mes côtés, vous la fermez et vous obéissez. Y'a des gens qui ont quelque chose à redire? 
Il fixa un par un les chevaliers et les chefs de clans présents. Aucun d'entre eux n'osa répondre au regard noir que le roi leur jetait. Il était rare d'entendre Arthur aussi sec, aussi dur. 
- Bien. Donc, vous aviez des questions à poser. 
Léodagan sorti son papier. 
- Alors, il y avait une demande pour que vous alliez visiter le camp de...de celui-ci. Il est en Orcanie et...
- Non. 
- Quoi? 
- Pas de voyages pour le moment. Le château n'est pas fini, j'ai besoin de tout mon temps ici.  
Elle essaya de rester concentrée sur la réunion, en vain. Tout cela la dépassait, plus qu'elle ne pourrait l'avouer. Elle entendait les voix fuser, mais elle n'avait aucune concentration. 
- Bien! La réunion est donc finie. 
Elle repris ses esprits pour voir la salle se vider. Arthur restait assis près d'elle, tout comme son père, qui n'avait pas bougé. 
- Vous allez finir par vous le mettre à dos celui-là. Vous savez qu'il a une aversion pour les femmes. 
- Guenièvre siègera à tous les conseils que je jugerai bons. Si vous voulez prévenir les chefs de clans... 
- Ah non, je leur laisserai la surprise. Ils oseront pas quitter la table, surtout en apprenant que l'autre clampin a pas moufté. 
Il tourna enfin un regard vers son beau-père. 
- Va falloir qu'on discute sécurité. Tous les trois. 

Notes:

Un petit peu de bonheur des fois, ça fait du bien.
J'ai aucune idée d'où je vais, mais Arthur papa, je le verrai trop <3

Sinon, un Arthur en colère parce qu'il est inquiet, je le vois assez bien comme ça.
Tout comme ça m'a beaucoup fait rire d'imaginer Angharad totalement détachée pour se moquer de Guenièvre. Elles avaient été proches, et doivent l'être encore un peu.

J'espère que ça vous plaira toujours ^^

Prenez soin de vous,
Yumeka

Chapter 24: Annonce

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Ce matin encore, Guenièvre s'était levée en courant pour vomir. 
Arthur ouvrit les yeux. En voyant le lit vide, il grimaça. Il savait ce que ça signifiait. 

Aujourd'hui était une journée différente. Aujourd'hui, ils allaient discuter sécurité. Et annoncer la nouvelle à ses beaux-parents. 
Il avait hâte de leur annoncer. 

Il avait fait reporter toutes les visites. Personne ne venait de loin, et si c'était le cas, ils avaient eu comme réponse qu'une urgence méritait toute l'attention du Roi. 
Quand Guenièvre rentra dans la chambre, Arthur s'était déjà habillé. Elle fit la moue. 
- Je vous ai encore réveillé. 
- Non. C'est pas vous. 
Elle lui jeta un regard suspicieux, mais n'insista pas. La journée s'annonçait chargée, elle n'avait pas envie d'en rajouter une couche. 
- Bon...du coup on commence par quoi? 
- Par vos deux servantes. 
- Pourquoi vous voulez leur parler? Je peux le faire moi. 
- Alors, vous pouvez. Mais j'ai des directives claires à leur donner de toute façon. 
Elle jeta un regard noir à Arthur. 
- Je vous déconseille d'essayer de me cloîtrer quelque part. On est d'accord? 
- ça n'a jamais été mon intention. 
Ce qu'il voulait, c'était mettre Guenièvre dans une bulle de sûreté. 
Il aurait préféré empêcher l'accès du château et des alentours au monde entier, pour qu'elle soit libre d'aller où elle voulait. Il ne voulait pas l'empêcher de quoi que ce soit, même si ça pouvait en donner l'impression. 
Un coup à la porte lui fit tourner la tête. 
- Oui?!
- C'est nous, Sire. 
- Entrez. 
Il les regarda entrer, et le saluer. Elles se dépêchèrent de rejoindre la Reine, des sourires naissant sur leurs visages. 
- J'imagine que vous savez pourquoi vous êtes là, toutes les deux. 
Angharad hocha la tête. Nessa, elle, semblait ne pas comprendre. 
- Vous n'en avez pas parlé? 
- Monsieur a bien insisté sur "personne". Du coup, je n'ai pas prévenu Nessa. 
Arthur inspira, se mordant l'intérieur de la joue. Angharad était à cheval sur ce qu'il lui ordonnait. C'était une bonne chose. Il pourrait se reposer sur elle. 
- J'ai besoin de votre entière discrétion à vous aussi. C'est une information de la plus haute importance. 
- Bien sûr. 
- La Reine attend un enfant. 
Nessa, d'habitude inexpressive, ouvrit de grands yeux ronds, avant de se tourner vers Guenièvre. Elle s'agenouilla devant elle, les yeux humides. 
- Je suis tellement heureuse pour Madame... 
Guenièvre lui jeta un sourire ému. Après tout ce qu'elles avaient partagé, elles avaient bien le droit à un instant de répit. Il s'autorisa cependant à tousser pour la rappeler à l'ordre au bout de quelques minutes. 
- Vous comprendrez que j'ai des demandes particulières du coup. 
- Oui...oui, bien sûr. 
Elle se redressa et s'installa aux côtés d'Angharad. 
- Nous vous écoutons. 
- Si Madame n'est pas avec moi, il faut que l'une de vous deux soit à ses côtés. Vous êtes ses dames de compagnie après tout. Dans mes souvenirs, Angharad, vous savez vous battre. Par contre, pour Nessa...
- Nessa a appris à se battre en même temps que moi, à la tour. Ne vous en faites pas pour elle. 
Il acquiesça, tout en fixant la servante brune. Elle savait qu'il voudrait en parler avec elle, sans Madame pour interférer dans la discussion. 
- Pour le moment, aucune annonce officielle n'a circulé. Mais dès que les gens seront au courant, méfiez-vous de tout le monde. S'il y a le moindre danger, vous prévenez la garde de Madame. 
Guenièvre quitta ses servantes des yeux pour revenir sur Arthur. 
- Mais ils sont en Carmélide... 
- Je vais demander à votre père de les rapatrier ici. Je ne sais pas vraiment ce qu'ils valent niveau combat, mais ils sont efficace niveau sécurité. 
Les deux servantes acquiescèrent à toutes les demandes, avant de s'attaquer à la préparation de la Reine. Guenièvre tenait à un ensemble de tresses, mais Nessa tremblait tellement qu'elle y avait renoncé, préférant une longue tresse simple. 
- Je suis désolée Madame, c'est l'émotion... 
- Ce n'est rien. 
Nessa était émue. Elle avait passé des années à entendre Guenièvre parler d'Arthur. Elle savait l'amour que lui portait la Reine. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'ils s'apprêtent à devenir parents. Elle n'avait rien remarqué. 
Elle ramollissait, en sécurité. 

En fin de matinée, Arthur avait fait venir Léodagan à la Table Ronde. 
L'homme attendait, les bras croisés, le regard sombre. Il regardait Arthur, jetant des regards à sa fille de temps en temps. 
- Vous voulez parler sécurité. Alors que vous m'avez envoyé chier la dernière fois que j'ai lancé le sujet. 
- Disons qu'il y a eu un petit changement. 
- Et vous voulez pas qu'on parle de ça tranquillement autour de la bouffe, comme on fait d'habitude? Je veux dire, ça fait hyper procédurier. 
- Non, je préfère qu'on fasse ça ici. 
Léodagan soupira et tenta de prendre une pose plus convenable.  
- Alors, expliquez-moi. 
- Pour l'instant, ça doit rester discret. Donc pas de grand déploiement, de rapport de force. On fait dans la finesse. 
- Vous êtes sûr que je suis votre homme? Non parce que vous me connaissez. 
- Je veux récupérer les gardes qui étaient au service de votre fille. Dévoués à sa sécurité, ici. 
Léodagan s'arrêta pour scruter Arthur. 
- Attendez, y'a deux semaines, vous étiez pas chaud quand j'ai proposé de vous en lâcher un ou deux au cas où, et là vous les voulez tous? 
- Il y a beaucoup de chefs de clans ces derniers temps, et j'aimerai éviter que ça se termine comme avec le dernier avec qui on s'est embrouillé. 
Léodagan se recala sur sa chaise, le visage sombre. Il jeta un regard à sa fille, silencieuse, puis vers Arthur. Il soufflait du nez, s'assombrissant. 
- Elle est en danger? 
- Non. 
Il recula un peu plus sur son siège. Il voulait plus que ça. 
- Vous acceptez? 
Aucune réponse. Arthur voyait que la discussion n'avancerait pas tant qu'il n'aurait pas plus d'informations. Il se tourna vers sa femme. 
- Vous lui dites, ou c'est moi? 
- ...allez-y. 
Léodagan les observait faire des messes basses, jusqu'à ce qu'Arthur se se tourne vers son beau-père. 
- Bon, j'imagine qu'on pourra pas avancer plus si on vous donne pas d'infos supplémentaires... 
- C'est un peu l'idée. 
Arthur se pencha, pour se rapprocher de l'oreille de Léodagan, qui l'imita. 
- Votre fille est enceinte. 
Léodagan se remit droit sur son siège, et fixa Arthur un moment, le visage toujours serré, avant de tourner son regard dur vers sa fille. 
- Vous attendez un petit...de lui
Guenièvre se renfrogna. 
- De qui d'autre? 
La question semblait l'avoir vexée. Léodagan se leva, et fit signe à son gendre. 
- Debout. allez. 
Arthur jeta un regard à Guenièvre, avant de se lever. Léodagan fit de grands pas vers lui, et une fois face à face, un sourire fit surface sur le visage du Sanguinaire, qui étreint avec force son gendre. 
- ENFIN!! 
Arthur était écrasé dans les bras de son beau-père, mais tenta quand même un sourire à Guenièvre. Elle semblait s'être inquiétée de la réaction de son père. Quand il lâcha enfin Arthur, il s'approcha de sa fille pour l'embrasser sur la joue. 
- Votre mère va nous faire un malaise quand elle va l'apprendre. J'ai hâte de voir sa tête. 
Il rapprocha sa chaise, à nouveau sérieux. 
- Vous en êtes à combien ?
- Je...je sais pas. 
- Comment ça, vous savez pas? 
-Bah...on l'a appris qu'hier. 
Léodagan cligna des yeux, avant de se rappeler de la façon dont avait agit Arthur hier. S'il venait de l'apprendre, tout faisait sens. 
- Bon, du coup, je vous rameute sa garde dès demain. Il vous faut quoi d'autre? 
- Doucement. Je vous ai dit qu'il fallait que ça se fasse discrètement. 
- Discrètement, discrètement...Vous me laissez repartir avec quelques gardes à vous, et je vous en ramène le nombre demain hein! On aura qu'à dire que c'était une escorte. 
- Faut qu'on y réfléchisse...d'ailleurs, votre femme, elle est là ? 
- Oh oui. 
Il se frottait les mains. 
- J'ai hâte de voir sa réaction. 

Le repas avait été calme. Beaucoup trop calme. Séli et Guenièvre observaient leurs hommes se balancer des regards complices. Et ça ne plaisait pas à Séli d'être mise à l'écart. 
- Bon, vous avez des trucs à vous dire ?! Vous voulez qu'on vous laisse?!
Arthur avala sa bouchée, puis secoua la tête. 
- Non, non, j'ai rien à dire. Guenièvre? 
Séli tourna brusquement la tête vers sa fille, qui se redressa, raide comme un piquet. 
- Quoi? Vous avez quelque chose à dire?
- Oui, je... 
- Bah quoi? 
Elle cherchait de l'aide auprès d'Arthur. 
- Je...je suis... 
- Bon, vous allez cracher le morceau? 
Elle inspira profondément. 
- Vous me laissez faire, et vous criez pas d'accord? 
Séli sentait quelque chose d'étrange chez sa fille. Elle se radoucit de son mieux. 
- Je vais essayer en tout cas. 
Elle saisit la main de sa mère entre les siennes, puis lui plaça sur son ventre. Séli l'observa, puis jeta un regard interrogateur à son mari. Jusqu'à ce qu'elle sente plusieurs battements de cœur. Elle lâcha aussitôt Léodagan des yeux pour se focaliser sur le ventre de sa fille. Elle balbutia. 
- ...c'est ce que je crois? 
- Oui. 
Guenièvre avait les mains qui tremblaient. Séli passa sa main sur la joue de sa fille. Le visage souvent dur de sa mère s'était emprunt d'une douceur maternelle infinie. 
- Ma petite fille... 
Elle jeta un regard à Arthur, reprenant un instant son visage habituel. 
- Vous aurez mis le temps, vous
Arthur pris la pique. Il l'avait mérité. 
- Et du coup, vous en êtes où? 
- D'après Angharad, ça doit faire presque trois mois. 
- D'après qui? 
- Une des servantes de votre fille. 
- Vous l'avez dit à elle avant de me le dire à moi?! 
- Non, c'est elle qui s'en est rendue compte. 
Guenièvre se grattait la tête. 
- J'avais pas fait attention, en fait... 
- Donc depuis que vous avez emménagé. Depuis que vous avez fait un deuxième mariage secret. Sans nous inviter. 
Guenièvre rougit un peu, mais acquiesça. Séli hochait la tête avec un petit sourire satisfait. 
- C'est bien ma fille ça, rendre un Roi assez fou pour lui faire renouveler des vœux!  Plus qu'à trinquer à la santé du Roi! Je sens que ça va vous fatiguer tout ça. 
Arthur sourit, tout en jetant un œil à sa femme. Elle semblait plus sereine maintenant. Séli détaillait sa fille du regard. Elle lui caressait les paumes, et son regard était empli d'une tendresse qu'il ne voyait pas souvent. Guenièvre était heureuse, et ça suffisait à l'apaiser. 
- Une bonne chose de faite. Je vais attendre qu'on ai reçu votre garde pour envoyer les missives. 
- Des missives? 
- Prévenir certains chevaliers, prévenir ma mère... 
ça ne l'enchantait pas. A voir le visage décomposé de Guenièvre, ça ne lui plaisait pas non plus. 
- Je sais que vous en avez pas envie, mais ça reste ma mère. 
- Je comprends. Juste...j'ai pas de très bons souvenirs de votre mère et de sa sœur...on s'est pas quitté en très bons termes...
Arthur se releva enfin pour se rapprocher de sa femme, lui volant un baiser. 
- Je vais finir de parler stratégie avec votre père. Et faites-moi plaisir, mangez un peu plus. 
Elle lui tira la langue. Il se retint de justesse de fondre sur elle pour l'embrasser. Il y avait tout de même ses beaux-parents. Autant sa servante, il aurait peut-être pu en faire abstraction, mais eux... 

Il s'éloigna avec Léodagan, qui lui donna une claque dans le dos. 
- J'espère juste qu'elle va pas vous faire la misère autant que sa mère me l'a fait. Elle était épuisante! 
- J'espère que ça ira. 
Ils n'avaient pas parlé de ses nausées, et il espérait qu'elle reprenne vite le poids qu'elle avait perdu. 
- Par contre, du coup, vous comptez faire quoi pour Lancelot? 
Arthur quitta ses pensées pour revenir vers son interlocuteur. 
- Pourquoi vous reparlez de lui? 
- Parce qu'il est dans mes geôles, et que même au fond des geôles, l'info circule. Quand il l'apprendra, j'ai peur qu'il prépare un sale coup pour vous buter. Ou même de s'attaquer à ma fille. 
- Je vais y réfléchir. 

Notes:

Le chapitre est écrit depuis hier soir, mais j'ai ENFIN pu prendre un tout petit peu d'avance pour le prochain.

Les réactions ne sont pas excessives, mais je vois mal Séli sauter au plafond en apprenant la nouvelle, même si elle est folle de joie.
par contre, Léodagan qui écrase son gendre dans ses bras, ça me paraît vraiment possible.

Et pour TheHappyEgg, ton idée arrive bientôt. Très bientôt ;)

J'espère que ça vous plaira ^^
Prenez soin de vous,
Yumeka

Chapter 25: Désirs de femme enceinte

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Merlin était tranquille en train de travailler sur ses onguents, dans son nouveau laboratoire, quand il vit Arthur entrer et fermer la porte avant de s'affaisser sur celle-ci. 
- Vous avez l'air épuisé Sire. 
- Sans déconner? 
Arthur avait des cernes sous les yeux, il dormait à moitié debout quand il déjeunait. On lui avait bien conseillé de rester au lit se reposer, mais il ne pouvait pas. 
Ce n'était pas les obligations qui le mettaient dans cet état. C'était sa femme. 
Ses nausées avaient fini par se calmer depuis deux semaines, mais elle avait une nouvelle lubie. 
Lui

Elle avait envie de lui, tout le temps. Au début, ça lui plaisait. Guenièvre avait autant envie de lui que lui d'elle. Et il ne s'en était pas privé. 
Mais maintenant, elle en réclamait plus qu'il ne trouvait le temps de le faire. 
S'il restait trop longtemps couché, s'il avait du temps, il sentait Guenièvre lui lancer des regards plus qu'équivoque, quand elle ne prenait pas elle-même les devants lorsqu'ils étaient seuls. 
Tout à l'heure, à table, alors qu'il s'était perdu dans la lecture d'un traité, elle avait glissé la main sous la table pour la poser sur son entrejambe. Arthur avait enfoncé la tête dans ses papiers, retenant un grognement. 
- Nessa, sortez. 
La servante avait obéit, après un regard surpris au couple. 
- Et gardez la porte. 
Ce qu'elle avait fait. Elle avait demandé aux cuisinières de repasser plus tard pour débarrasser. 
Pendant ce temps, Arthur s'était battu avec la jupe de la Reine, l'avait assit sur la table pour avoir un meilleur accès à elle. Il n'y avait rien à dire, elle savait comment le rendre fou. 
Il avait envoyé valser les assiettes, les verres. Guenièvre était déjà humide, prête à l'accueillir. A peine en elle, elle avait croisé ses jambes pour le garder en lui le plus possible. Elle avait un regard fiévreux. Arthur ne lui résistait jamais longtemps. 
A vrai dire, il n'avait pas forcément envie de se battre contre ses envies. A chaque fois qu'il touchait sa peau, il en avait autant envie qu'elle. Fatigue ou pas. 
Il essaya de faire quelques mouvements, mais elle resserra son étreinte. Il émit un grondement. 
- Laissez-moi bouger Guenièvre. 
- Non. 
- Non? 
Elle le fixait, étrangement sérieuse. 
- Si vous bougez maintenant, je vais venir tout de suite. 
- Et ? 
- Et vous? 
- Ne vous en faites pas pour moi. Vous reviendrez à la charge avant la fin de la journée. 
Elle voulait qu'il ai autant de plaisir qu'elle. Il en avait, même s'il n'allait pas au bout à chaque fois. Il se satisfaisait largement de son plaisir à elle, de ses réactions. Voyant qu'elle n'était pas prête à l'écouter, il posa ses mains derrière elle, et donna un coup de rein avec le peu d'amplitude qu'elle lui laissait. Guenièvre émit un gémissement, desserrant à peine son étreinte. Arthur en profita pour faire de plus grands mouvements, et cette fois, elle se mit à crier. 
Des cris de plaisirs, incontrôlés. Arthur plaqua sa bouche sur celle de sa femme, pour essayer de la faire taire. Elle s'accrocha à son cou comme un noyé s'accrochait à une branche, et continua d'essayer de l'embrasser pour étouffer ses gémissements. 
Arthur ne tenait plus. Il s'appuya plus sur elle, la recouvrant de son corps, ses doigts ancrés sur ses hanches, se glissant au plus profond d'elle. 
Il devait l'empêcher de parler, ou même d'essayer. Elle hoquetait de plaisir, là, sur la table. Il savait qu'elle avait déjà eu son orgasme, mais elle avait été tellement insistante qu'il lui en donnerait un deuxième. Ou en tout cas, il lui prolongerait celui qu'elle était en train d'avoir, agitée de tremblements sous lui. 


Arthur repensait à ce midi, alors que Merlin continuait à l'observer en silence. 
- Bon...j'ai pas hyper envie de le faire, mais y'a qu'à vous que je peux à peu près en parler. 
Il se redressa, essayant de reprendre une posture digne de ce nom devant Merlin, qui n'avait pas osé bouger. 
- Vous voulez parler de quoi? 
- La Reine est...un peu trop énergique, et j'ai du mal à suivre. 
- Ah, faut dire qu'une femme enceinte, c'est un sacré boulot. 
- Vous lui avez donné quelque chose? 
- A la Reine? Non. J'ai remarqué qu'elle était très en forme, mais j'ai rien fait. Les femmes enceintes sont souvent bizarres. 
Arthur ne pouvait pas lui donner tort. 
- C'est pas un peu dangereux, tout cet excès d'énergie? 
- Comment ça? 
Arthur ferma les yeux, soupirant intérieurement. Il ne pouvait pas dire à Merlin que Guenièvre l'épuisait sexuellement. Pas aussi crûment. Il ne savait pas pourquoi, ça le gênait. 
- Guenièvre est très demandeuse d'exercice. Beaucoup plus depuis qu'elle est enceinte. Et j'ai du mal à suivre le rythme, avec tout ce que j'ai à faire à côté. 
- Vous voulez que je vous prépare un fortifiant? Élias m'a noté les dosages cette fois. 
- Non. Enfin...pas maintenant, mais peut-être que j'en aurai besoin à un moment. 
- Ok, je m'y mets. 
- Vous m'avez pas répondu, c'est dangereux ou pas? 
- De faire de l'exercice? 
- Pour Guenièvre et le bébé. 

Il se souvenait de la réaction de Merlin quand il lui avait appris que Guenièvre était enceinte. De son absence de réaction plutôt. 
Il était resté dans son laboratoire, immobile, se contentant d'acquiescer. ça avait un peu refroidit Arthur, qui se demandait si Merlin avait compris l'importance de son annonce, et l'importance que ça avait pour lui. 
- Bon...je vous laisse. 
Il avait fermé la lourde porte, avant d'entendre un énorme bruit. Le chaudron de Merlin, qui dégageait une étrange fumée alors qu'il lui parlait. Il avait vu la fumée passer de blanche à noire, et Merlin lui avait indiqué de ne pas s'en occuper alors qu'il faisait son annonce. 
Mais il n'entendit pas Merlin se plaindre. Pas de la façon dont il s'était attendu. 
- Dans votre cul les dieux! Je savais que ça arriverait! Faut que je prévienne Élias! Non, non, faut que j'attende. Les autres doivent pas le savoir encore. Bon, où sont mes potions pour les nausées... 
Il avait attendu, calmement, un petit sourire en coin, que Merlin sorte de son laboratoire. ça n'avait pas tardé. Merlin avait attrapé une sacoche, et refermait la porte de son laboratoire, noir de fumée, avant de s'arrêter en voyant Arthur face à lui. 
- Je...j'ai oublié d'aller chercher quelques herbes. 
Il essaya d'éviter le regard d'Arthur, avant de le serrer brièvement dans ses bras. 
- Je suis heureux pour vous Arthur. 
Il était reparti au pas de course, pour ne pas s'épancher. 

Et depuis, Guenièvre avait eu droit à des feuilles de menthe fraîches à mâcher. Ses nausées avaient beaucoup diminué. 
- L'exercice est bon pour les femmes enceintes. C'est pas plus mal si elle s'occupe aussi. 
- Non mais... 
- J'ai déjà vu des femmes qui demandaient à avoir des fraises en plein hiver. Je peux vous dire que ça, c'était un problème. 
- vous êtes sûr qu'il y a aucun problème pour le bébé, qu'on fasse... 
- Non, vous en faites pas pour ça. Tant que c'est pas violent, qu'elle prend pas de bon coup dans le ventre, y'a pas de soucis. 
Arthur se demanda comment elle pourrait prendre un coup pendant qu'ils faisaient ce genre de choses. 
- Quand au bébé, il ressent un peu les émotions de sa mère, alors si ça lui fait du bien, faut pas s'en priver! 
Le bébé ressentait le bien-être de sa mère. 
Arthur passa sa main dans ses cheveux. Il n'y avait aucune raison de priver Guenièvre de plaisir, du moment qu'ils étaient prudents. 
Par contre, il faudrait qu'il lui demande d'être un peu plus discrète. Il avait réussi à faire tenir les réunions en Carmélide, par Léodagan, pendant presque deux semaines, mais ça n'allait pas durer. Sa mère arriverait bientôt, et après ça, tout le monde serait au courant. Tout se passerait à nouveau à Kaamelott. Les chevaliers, les chefs, les réunions, les demandes... il ne voulait pas que quiconque se permette de donner un avis, même silencieux, sur sa femme et ses envies. 
- D'accord. ...je compte sur vous pour préparer cette fichue potion. Et...il vous reste du citron, pour dormir? 
- Les huiles? Non, vous pouvez pas les utiliser avec elle. 
- Ah. 
- Par contre, je peux vous trouver quelque chose. J'en ai pas pour très longtemps. 
- ...ça ira. ça vous dérange si je roupille là quelques minutes? 
- Euh, non. 
- Merci. 
Merlin vit Arthur s'installer sur la chaise, poser les pieds sur un tabouret, croiser les bras, et fermer les yeux. Merlin haussa les épaules. 
- Vous seriez mieux dans un lit. 
- Si je pouvais, je le ferai. 
Merlin tourna la tête vers lui. Arthur avait déjà sombré. Il marmonna dans sa barbe. 
- Je vois pas ce qui vous en empêche... 
Alors qu'il se remit à faire ses potions, la réponse le frappa. 
Guenièvre. 
Les exercices. 
Merlin se sentait un peu stupide de ne pas avoir compris les allusions d'Arthur. Mais il n'avait pas répondu de travers pour autant. 

Quelque part dans les jardins, Angharad s'était installée dans l'herbe avec Perceval. Le chevalier gallois appréciait sa compagnie, et depuis le temps qu'ils s'étaient perdu de vue, ils en avaient eu des choses à se raconter. Entre les semi-croustillants, toutes les galères qu'ils avaient eu... 
En ce moment, par contre, Perceval était perdu dans ses pensées. Apprendre qu'Arthur allait devenir papa l'emplissait de joie, mais il craignait d'être mis à l'écart. 
Pourtant, il n'y avait pas de raisons. Il avait été le premier chevalier à être au courant de l'état de la Reine. La seule condition était qu'il n'avait pas le droit d'en parler aux autres. Et comme il savait qu'il ne tiendrait pas sa langue, il ne sortait pas. Il avait bien compris que l'état de Guenièvre nécessitait une certaine prudence vis-à-vis du reste du monde. 
Du coup, il n'en parlait qu'à Angharad. 
La servante lui lançait des petits sourires quand elle l'écoutait parler, imaginer des prénoms pour l'enfant à venir. Elle fini par trouver un moment de calme pour ouvrir la bouche. 
- Seigneur Perceval, est-ce que ça vous poserait soucis si je venais dormir avec vous? 
- Dans ma chambre? Mais vous avez pas la vôtre, près de la chambre de la Reine? 
- Si, mais...
- Je croyais qu'Arthur vous avait demandé... 
- En temps normal, je dors là-bas, mais c'est Nessa qui va s'en charger la semaine prochaine. J'ai besoin de dormir un peu. 
- Ils vous empêchent de dormir? 
- Un peu. 
Perceval se gratta la tête. 
- Je me demande ce qu'ils font des fois. 
Angharad s'approcha, doucement, un peu gênée. 
- Je pourrai vous montrer un peu, Seigneur Perceval... après tout, on se courtise depuis un certain temps, vous et moi... 
Perceval jeta un regard à Angharad. Elle compris qu'il lui manquait un mot. Ils en avaient discuté peu après leur arrivée à Kaamelott. 

Angharad avait gardé en mémoire que Perceval ne s'intéressait pas trop à elle. Alors quand il s'était précipité vers elle en la voyant, elle n'avait pas tout de suite compris. Il lui avait dit qu'il s'était inquiété pour elle, qu'il n'avait même pas espéré la revoir. 
Il avait fini par lui parler de la botte secrète de Karadoc, de ses problèmes avec les mots compliqués. Tout leur éloignement n'avait été qu'un malentendu, et ils avaient repris leurs habitudes, comme s'ils ne s'étaient jamais quitté. 
Alors, elle reprit. 
- ça fait un moment qu'on...s'apprécie, plus que comme des amis, non? 
Perceval avait peut-être légèrement rougit. Ou alors elle se faisait des idées. Il restait silencieux, à la regarder. Elle prit une grande inspiration, saisit le col de Perceval et pressa ses lèvres contre les siennes. Le chevalier ouvrit grand les yeux, sans pour autant faire le moindre geste. Angharad recula, les yeux fermés Elle expira longuement. 
- Je vous apprécie beaucoup Seigneur Perceval. J'aimerai beaucoup que vous me considériez comme.. 
Comme une potentielle prétendante? 
Non. Trop compliqué. 
- Comme votre femme. Si vous voulez bien. 
Quand elle rouvrit les yeux, Perceval la dévisageait, les joues encore légèrement rosées. 
- Vous et moi...comme Arthur et Guenièvre? 
- Intimement quoi. Oui. Y'a pas tout le côté politique, ordres à donner... 
- Vous voulez vraiment vous aposticher d'un gars comme moi? Je veux dire...y'a du monde qui doit vous courir après. 
Il y avait bien eu quelques gars qui avaient cherché à la marier, c'est vrai, mais elle n'avait jamais réussi à oublier Perceval. Elle n'avait pas vraiment compris pourquoi, mais il lui plaisait. Son côté simple, gentil avec elle, que personne ne remarquait.  
- C'est pas parce que vous êtes chevalier hein! Et puis, ça risque de jaser si ça se sait. 
Il ouvrit la bouche, puis lui lança un petit sourire gêné. 
- Jaa quoi? 
- Les gens pourraient dire que je veux être avec vous pour devenir une femme de chevalier. Arrêter d'être une bonniche quoi. 
- Les gens, ils pensent ce qu'ils veulent. Je vais poser la question à Arthur. 
- La question de...? 
- Si j'ai le droit d'avoir une Guenièvre, moi aussi. 
Angharad bloqua un instant, avant de le retenir. 
- Ne lui dites pas comme ça, il risque de vous décocher son poing dans la figure. 
En temps normal, elle n'aurait rien dit. Elle savait que le Roi connaissait Perceval, depuis le temps. Mais avec la fatigue et le stress qui pesait sur le Roi en ce moment, pas sûr qu'il comprenne du premier coup. 
- Vous en faites pas. Je lui expliquerai comme il faut. 
Il se releva et s'éloigna, décidé à trouver le roi. Angharad se mit à sourire bêtement. Il la considérait comme "sa Guenièvre". Elle se mit à rire doucement, avant de se redresser à son tour, pour essayer de trouver la reine, et laisser à Nessa le temps de se reposer avant cette nuit. 


- Non, vous attendrez qu'il sorte. 
Merlin faisait face à Perceval, devant son laboratoire. 
- Mais c'est juste une question! 
- Seigneur Perceval, le roi est épuisé, il a besoin de tranquillité. Il s'est endormi, laissez-le dormir. Je lui dirai que vous le cherchez. 
- ...vous oubliez pas, hein? 
- Vous pouvez toujours attendre devant la porte. 
Alors Perceval avait attendu. Lorsqu'Arthur rouvrit enfin les yeux, Merlin était en train de trier silencieusement ses fioles. 
- ...je me suis endormi longtemps? 
- Quelques heures. 
- Quoi?! 
- Vous étiez épuisé. De toute façon, vous avez déjà du retard. Une heure de plus ou de moins, ça changera rien. 
Il allait monter le ton, quand il senti les odeurs qui emplissaient la pièce. Du citron, de la menthe, et certaines qu'il n'identifiait pas. Des odeurs douces qui l'avaient plusieurs fois aidé à avoir un sommeil calme. Les flacons avaient été ouverts près de lui, alors que Merlin ne les utilisait pas. 
- D'ailleurs, Sire, Perceval vous attend devant la porte. Il voulait vous parler. 
Arthur soupira, puis se releva. 
- Merci. 
- Revenez quand vous voulez. 
Quand il ouvrit la porte, Perceval l'attendait, en effet. 
- Ah, Sire, fallait que je vous parle! 
- Oui, je vous écoute. 
- Vous savez, vous et la Reine, vous êtes mariés, tout ça... 
- Oui ? 
- Est-ce que... est-ce que moi aussi, je peux avoir ma Guenièvre? 
Arthur écarquilla les yeux. Il avait mal entendu. Forcément. Mais il n'y avait rien qui pourrait correspondre à quelque chose de logique. En même temps, avec Perceval. 
- Attendez, attendez...vous convoitez ma femme? 
- Hein? Mais non! 
- Vous venez de dire. 
Il chercha un instant de trouver dans le regard de Perceval sa réponse, se pinça le haut du nez, puis soupira. 
- Allez chercher Angharad. Maintenant. Je viens de me réveiller, j'arrive pas à vous suivre. 
- Tout de suite ! 
Il regarda Perceval partir au trot, alors qu'il essayait de se calmer. Ce con lui avait foutu une angoisse monstre. Il adorait Perceval, mais quand il faisait ça... 

- Sire!! 
Perceval revenait, avec Angharad et la Reine. 
Génial
- Bon, Angharad, expliquez-moi. Parce que Perceval parle de me prendre ma femme. 
Angharad jeta un regard à Perceval, qui lui lança un grand sourire gêné. 
- Désolé, j'ai pas été très clair... 
La femme s'avança doucement. 
- Sire, le Seigneur Perceval et moi aimerions... Perceval aimerait que vous acceptiez notre relation. 
- Votre...relation? Vous êtes ensemble, non? Pourquoi vous auriez besoin de mon autorisation? 
- Bah Angharad est la servante de la Reine, et si elle et moi on se marie, ça sera plus le cas. 
Angharad sursauta. 
- Seigneur Perceval, on a pas encore parlé de se marier... 
- Non mais vous bilez pas pour ça, je suis sûr qu'on trouvera quelqu'un pour le faire. 
Il se tourna à nouveau vers Arthur. 
- Je voudrais qu'elle et moi, ça soit comme vous et la reine. Et j'aimerai que vous assistiez au mariage. 
Arthur jeta un regard à Angharad. Elle était gênée, mais avec un petit sourire au bord des lèvres. 
- Il vient de vous demander en mariage en me parlant, n'est-ce pas? 
- Oui, Sire. 
- Perceval. 
- Oui Sire? 
Il se pencha vers lui. 
- je suis d'accord pour le mariage, mais c'est à votre femme qu'il faut demander avant de me demander mon avis à moi. 
Perceval jeta un regard à sa future femme, qui lui lança un regard faussement vexé. 
- Vous êtes d'accord du coup? 
- J'accepte votre demande, Seigneur Perceval. Après que la reine ai fini d'avoir besoin de moi en permanence, si vous voulez bien. 
- Vous allez pas attendre pour moi, tout de même. 
- Que Madame ne se tracasse pas. Le Seigneur Perceval et moi pouvons attendre. 
- Elle va dormir avec moi, ça sera plus simple. 
Cette fois, Angharad vira au rouge vif. Le petit sourire que lui lança la reine lui rappela la phrase qu'elle lui avait lancé quand Arthur avait appris sa grossesse. C'était à son tour d'être gênée. 
- Si Madame veut bien m'excuser...
Elle parti à toute vitesse hors de vue. Perceval la regarda sans comprendre ce qu'il avait dit pour la mettre dans cet état. 
- Vous formez un beau couple, Seigneur Perceval. 
- Merci ma Reine. 
- Allez la rejoindre. 
Il s'éloigna. Guenièvre s'accrocha au bras d'Arthur. 
- Je suis désolée, je vous en demande beaucoup... 
Arthur leva les yeux au ciel, puis se pencha vers elle. 
- Vous avez encore envie? 
Elle s'accrocha un peu plus à son bras. 
- Je vous mentirai si je vous disais non. Mais vous avez besoin de repos. Et puis, il se fait tard. J'attendrai cette nuit. 
Il la serra contre lui. 
- Vous savez qu'après cette nuit, il faudra vous tenir. Tout le monde va se rameuter ici, je ne pourrai plus vous satisfaire aussi souvent. Et j'aimerai éviter qu'ils vous reluquent bizarrement. 
- Je me tiendrai sage. Mais je ne vous promets rien pour la nuit. 
Il se pencha à son oreille. 
- La nuit, je serai tout à vous
Il vit une lueur s'allumer dans les yeux de sa femme. Elle le lâcha rapidement malgré tout. 
- Bon, je vous laisse travailler un peu...je vais rejoindre nos petits amoureux. 

Elle avait tenté de rester occupée tout le reste de l'après-midi. Elle s'était gentiment moquée d'Angharad, elles avaient essayé de nouvelles tenues pour Guenièvre. Bientôt, les robes serrées à la taille ne lui iraient plus du tout. Son ventre avait déjà commencé à apparaître. 


Elle avait attendu, patiemment, que le Roi ne se retire dans leur chambre. Elle avait préparé une tresse pour que ses cheveux ne les gênent pas. 
Quand Arthur la vit, il savait à quel point elle s'était retenue. A quel point elle le voulait. Elle se leva pour l'embrasser, pour l'attirer vers le lit. 
- Doucement, doucement
Elle était pressée de le sentir, de le toucher. Sa peau lui avait manqué, son odeur l'enivrai déjà. Arthur essaya de glisser sa main entre ses jambes. Elle émit un grognement, essayant de le faire enlever sa main sans se détacher de lui. Elle ne voulait pas qu'il la fasse jouir comme ça. Pas maintenant. Elle était déjà en feu. Elle fini par reculer, frissonnant déjà. Arthur se déshabilla, puis s'installa sur le lit, le dos contre le montant du lit. 
- Allez, venez. 
Elle le regarda, un peu surprise de sa position. Elle prit doucement le sexe de son mari dans ses mains, le faisant frissonner à son tour. Quand il fut assez dur, elle s'avança doucement pour s'asseoir sur lui. Arthur et elle partagèrent un grognement, avant qu'Arthur ne se redresse un peu plus pour embrasser sa poitrine. Elle lâcha un petit gémissement. Elle était devenue beaucoup plus sensible de ce côté-ci. 
Arthur profitait de sa position pour la toucher partout. Elle avait enfin repris un peu de poids, et son petit ventre avait fini par apparaître. Il glissa un bras jusqu'à sa nuque, l'autre passant derrière sa taille pour que sa main finisse sur sa fesse. 
Arthur la tenait, aussi immobile que possible, alors qu'il embrassait sa poitrine. Elle tentait vainement de bouger ses hanches, mais il la tenait fermement. 
- Bougez. 
Arthur attrapa son regard. 
- Je croyais que vous ne vouliez pas que je bouge, tout à l'heure. 
Sa tête bascula en arrière quand il lui mordit légèrement le téton. 
- Je vous en prie... 
Elle n'allait pas tarder à supplier s'il continuait à la tenir comme ça. Sa grossesse avait décuplé ses envies, ses réactions, sa sensibilité. Elle la rendait magnifique. 
Il fini par la lâcher. Elle fit quelques mouvements, avant de s'arrêter. Elle était à la limite. Arthur le voyait. Mais ça ne lui suffisait pas. Il prit les devants et agrippa fort les hanches de sa femme, pour continuer. Elle se mit à gémir, plus fort, avant de s'accrocher au cou d'Arthur. Elle l'embrassa à perdre haleine alors qu'elle se contractait, complètement submergée par son plaisir. Arthur ne fut pas long à la rejoindre. 
- Vous êtes impossible Guenièvre. 
Elle lui lança un petit sourire. 
- Il faut bien, tant que j'en ai la possibilité. 
Oui. Elle avait le droit d'être impossible quand ils n'étaient que tous les deux. Arthur lui sourit, puis caressa avec douceur son ventre. 
Guenièvre enceinte était un véritable petit miracle. 

Notes:

J'ai intégré l'idée de TheHappyEgg, j'espère que ça te plaira ;)
Alors, je me disais que je posterai ce chapitre que demain à la base, mais j'arrive jamais à écrire avec un chapitre complètement écrit sous le pied.
Alors vous y avez droit maintenant ^^

Je me suis rendue compte que j'avais jamais parlé du fait que j'aimais beaucoup la relation étrange entre Angharad et Perceval dans la série.
J'espérais qu'ils soient ensemble un peu plus clairement, mais avec la botte secrète de Perceval, c'était pas gagné.
Du coup j'arrange ça à ma sauce :D

Et puis Merlin...il va revenir, mais j'avais vraiment envie qu'on le voie comme je le vois. Il est bougon, il est maladroit, mais il est tellement bien intentionné. Du coup il laisse Arthur dormir, il lui donne des conseils (même s'il ne comprend pas tout^^')

Et puis les deux scènes un peu chaudes, profitez-en, j'essaie d'écrire le prochain chapitre avec l'arrivée d'Ygerne, et ça va être un peu plus froid, niveau ambiance.
(je vous ai déjà dit que j'aimais pas Ygerne et Cryda?)

Dans tous les cas, profitez du chapitre ^^

Prenez soin de vous,
Yumeka

Chapter 26: Ygerne

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Lorsque Guenièvre ouvrit les yeux ce matin, il faisait encore nuit. Arthur dormait paisiblement, le visage tourné vers elle. 
Elle avait fait un cauchemar. Pour la première fois depuis qu'elle avait réintégré Kaamelott. Et elle avait beau se creuser la tête, impossible de se souvenir de quoi ça parlait. 
Par contre, elle savait qu'Ygerne arrivait ce matin. A quand remontait la dernière discussion avec Ygerne? Quand elle s'était retrouvée à Tintagel. Quand elle avait insulté la tante d'Arthur, et sa mère aussi. 
Elle ne se sentait pas à l'aise. Par habitude, elle pris une feuille de menthe et se mit à la mâchonner. Elle récupéra un chandail et s'avança sans bruit vers la porte. A peine sortie, elle entendit un de ses gardes. 
- ...où vous allez? 
- Me passer de l'eau sur le visage. Vous n'avez pas besoin de me suivre. 
- Bien, ma Reine. 
Elle appréciait ses derniers instants de tranquillité. Après la visite de sa belle-famille, ses parents viendraient s'installer ici. 
Elle s'observait dans le miroir. Tous les jours, elle se mettait de profil, observait son ventre. Il n'était pas gros. Pas encore. 
Comment avait-elle perdu le compte de son cycle? 
Quelques coups légers à la porte la firent sursauter. Elle rabaissa aussitôt sa chemise de nuit. 
- Oui? 
- C'est moi madame. 
Nessa. Elle lui ouvrit la porte. 
- Madame ne va pas bien? 
- Si, si...j'avais juste besoin de me rafraîchir. 
- Vous auriez dû me réveiller. 
- A partir de demain, ça sera une autre histoire. 
Elle observa sa servante. Son amie. 
- Ne me quittez pas d'une semelle aujourd'hui, d'accord? 
- Madame craint quelque chose? 
- Ma belle-mère et sa sœur. 
- Elles seront conquises par l'annonce de la grossesse de Madame. 
Guenièvre n'en était pas aussi sûre. Nessa n'avait pas entendu toutes les histoires que Guenièvre aurait à raconter à leur sujet. Elle évitait d'y penser la plupart du temps. 

Elle avait attendu un moment que ses angoisses se dissipent pour retourner dans le lit, pour sentir Arthur près d'elle. Elle se demandait comme lui allait gérer les retrouvailles avec sa mère. Il n'avait pas eu beaucoup de nouvelles depuis qu'il était revenu. 
Lorsqu'Arthur se réveilla, il caressa le visage de sa femme, pour la sortir du sommeil qui l'avait récupéré. 
- Réveillez-vous. Il faut qu'on se prépare. 
Elle hocha mollement la tête, et se leva à son tour. Nessa arriva rapidement pour l'aider à s'habiller, à se coiffer. La tresse que Guenièvre affectionnait se retrouvait épinglée en chignon, pour convenir à la rigueur dont elle se souvenait de Tintagel. 
- C'est Nessa qui vous accompagne? Je pensais que vous aviez prévu... 
- Angharad a une verve un peu plus vive, je voudrai éviter une dispute. 
Il observait le visage de sa femme, avec ses cheveux tirés à quatre épingles. 
- Laissez votre tresse. ça vous va mieux. 
- Mais votre mère. 
Il s'approcha et défit lui-même les quelques épingles qui retenaient déjà la chevelure de sa femme. 
- Ce n'est pas ça qui changera quoi que ce soit. Les cheveux lâchés vous vont mieux. 
- Si vous le dites. 
Elle voulait avoir l'air détachée. Pourtant, les mots d'Arthur lui avaient fait plaisir. Sa main dans ses cheveux aussi. 
- Prenez votre temps. Je l'accueillerai, et nous parleront tranquillement dans la salle des doléances. 

Arthur avait attendu, avec un lourd manteau, l'arrivée de sa mère. Comme il s'y attendait, en sortant de la diligence, elle était accompagnée de Cryda. 
- Bonjour Mère. Ma tante... 
Les deux femmes le regardèrent, avant de jeter un œil au château. 
- Vous avez fait reconstruire au même endroit. 
- En effet. 
Ygerne haussa les épaules, et commença à avancer vers son fils. 
- J'espère que c'est important. Se déplacer devient difficile. Surtout que les routes pour Tintagel n'ont pas été entretenues. 
- J'ai eu d'autres choses à gérer. Je m'en occuperai dès que possible. 
Sa mère jeta un regard à Arthur. 
- Heureusement qu'on a eu des messagers pour l'annonce de votre retour. Je pensais qu'en étant votre mère, j'aurai eu droit à plus d'égards. 
Arthur serra les dents. Les années n'avaient pas changé sa mère. 
- J'ai envoyé votre missive en priorité. Dès que j'ai pu. Et je n'ai eu aucune nouvelle. 
Cryda s'avança. 
- On a cru à une farce, avec votre mère. 
- Sympathique. 
- En même temps, au bout de dix années, il devait rester peu de monde qui vous croyait encore vivant. 
Guenièvre et Perceval, pour commencer. Sans doute d'autres. Il aurait aimé que sa mère y croit aussi. 
- Venez. 
Il les conduisit vers la salle de doléances. Guenièvre y était déjà, Nessa derrière elle. 
- Bonjour belle-mère. Cryda... 
Elle tenta un sourire, auquel elle n'eut aucune réponse. 
- Bonjour ma bru. 
Arthur s'approcha de Guenièvre, et lui serra un instant la main, avant de se retourner vers sa mère. Il inspira longuement. 

- Mère, Guenièvre est enceinte. 
Ygerne sembla ne pas avoir réagi. Elle fixa Guenièvre, puis jeta un regard à son fils. 
- Donnez-moi deux minutes. 
Elle s'approcha de Guenièvre, qui jetait des regards inquiets à Arthur. Elle s'arrêta devant elle. Guenièvre réprima difficilement un pas en arrière. Arthur était loin. Beaucoup trop loin. 
- Vous êtes enceinte de combien? 
- Environ quatre mois. 
- Vous avez eu des examens? 
- ...non. 
- Et vos repas? Vous m'avez l'air pâle. 
- J'ai juste passé une nuit agitée. 
Ygerne avança un peu plus, et tendit sa main pour toucher le ventre de Guenièvre. Celle-ci fit un pas en arrière. 
- Non
- Ne faites pas l'enfant. 
Arthur fit un pas vers sa femme. Elle lui avait lancé des appels de détresse dès que sa mère s'était approchée d'elle. 
- Je ne suis pas à l'aise avec le fait qu'on... 
Ygerne tenta une nouvelle fois de poser sa main sur le ventre de sa belle-fille. Guenièvre recula à nouveau, cette fois un peu trop précipitamment. Elle manqua de tomber. 
Arthur pressa le pas, mais Nessa s'était calée derrière elle pour la retenir. Guenièvre regardait par terre, sans rien fixer. Il entendit un petit bruit, une sorte de sifflement, avant de voir deux gardes se placer devant la Reine, bloquant toute avancée. Ygerne avança jusqu'à eux. 
- Ecartez-vous. 
Aucun mouvement. Elle haussa le ton. 
- Je suis la mère du Roi! Ecartez-vous
Arthur s'approcha à son tour, rejoignant le groupe. 
- Mère, ils ne vous écouteront pas. Reculez. 
- Alors dites-leur de s'écarter.  
- Ils n'obéissent qu'à la Reine. 
Ygerne jeta un regard à son fils. 
- Ils l'écoutent elle, mais pas vous? N'êtes-vous pas le Roi? 
- C'est une unité qui est fidèle à la Reine. Je leur fais une entière confiance sur leurs agissements. De plus, Guenièvre ne veut pas qu'on la touche. 
- Et vous, vous avez touché son ventre? 
- Oui, je l'ai touché. Après, je suis son mari. Je vis avec elle. Vous, elle vous a pas vu depuis dix piges. 
- Et vous avez senti quelque chose? 
- J'ai entendu les battements de cœur, oui. 
Elle jeta un regard à Guenièvre, derrière ses gardes, retenue par sa servante. Cryda, jusque-là silencieuse, ouvrit la bouche, avec un petit sourire dans la voix. 
- Et vous êtes sûr que ce n'est pas un autre homme qui l'a engrossé? 
Le regard d'Arthur se glaça, et lui lança un regard noir. 
- C'est sûr que niveau bâtard, vous y connaissez quelque chose toutes les deux. 
- Ne me parlez pas sur ce ton! 
- Vous vous permettez bien de déblatérer des conneries sur ma femme. 
Il toisait sa mère et sa tante pour la première fois depuis longtemps. L'entendre parler ainsi de Guenièvre ne lui plaisait pas. Il n'était pas question de lâcher du leste. 
- En même temps, à ce qu'on a entendu, elle a passé quelques années enfermée avec Lancelot. 
Cryda s'avança, ignorant Arthur, pour jeter un œil à Guenièvre. 
- Ce type a vraiment des goûts étranges, mais bon...il semblerait que vous aussi.  
Nessa se tenait toujours derrière Guenièvre, invisible. Elle se pencha à son oreille. 
- Si ces dames restent dîner, je déconseille à Madame de toucher à son assiette. 
Guenièvre n'aurait pas su dire si c'était un conseil pour lui éviter d'être empoisonnée, ou si Nessa parlait d'empoisonner elle-même sa belle-famille. 
- Vous n'avez aucune idée de ce qu'a pu faire Lancelot pendant ces années. 
- J'en ai beaucoup parlé avec ma femme, au contraire. Elle et moi discutons beaucoup. 
- Bah voyons! Et il est toujours dans les geôles, vivant. Laxiste, comme toujours... 
Guenièvre, jusque-là silencieuse, perdue, se focalisa sur la discussion. Sur Ygerne. Sur Cryda. Elle n'entendait plus Nessa qui tentait de lui parler. Il n'y avait que leurs voix. 
- Aucun pouvoir sur sa femme. Je n'ose imaginer sur ses enfants. 
- En même temps, vu qu'il préfère discuter qu'ordonner, il n'y a rien d'étonnant à cela. 
- Des gardes dévoués à sa femme. S'il avait au moins du pouvoir dessus, mais non. Même ses soldats refusent de l'écouter. 
Cryda jeta un regard à Arthur. 
- Elle vous fait préparer des encas si vous avez faim, comme quand vous étiez petit? 
Arthur serra les poings, mais ne dit rien. Sa mère regarda Cryda, puis revint à nouveau vers Arthur. 
- Elle nous parlera quand elle sera décidée donc. Où sont nos appartements? 
- Nulle part. 

Les deux sœurs tournèrent la tête vers la voix de Guenièvre. 
- Vous pensez qu'on va vous laisser habiter ici avec la façon dont vous parlez à Arthur?! Vous n'avez qu'Uther Pendradon à la bouche depuis des années, et vous passez votre temps à rabaisser votre fils! 
Cryda haussa la voix à son tour. 
- Vous n'avez rien à dire, vous! 
Guenièvre explosa. Sa voix, jusque-là tremblante, monta dans les aigus. 
- J'ai autant voire plus à dire que vous! Vous n'avez aucune idée de l'état dans lequel vous mettez Arthur avec vos remarques! 
Cette fois, ce fut Ygerne, plus calme, qui haussa le ton. 
- Je vous conseille de vous taire. 
- Sinon quoi?! Vous avez délaissé Arthur, vous l'avez envoyé loin de vous, et il vous veut toujours dans sa vie! A chaque fois que vous venez, c'est pour le rabaisser! Il n'est pas question que vous vous installiez ici!! 
Elle voulait avancer, mais les soldats refusaient de bouger. Nessa tentait de la retenir elle aussi. 
- Vous allez bouger vos culs ou c'est moi qui vous fait bouger!! 
- Ma Reine... 
- BOUGEZ
Ils s'écartèrent, juste assez pour qu'elle se faufile entre eux, les poings refermés sur sa robe, qu'elle avait relevée pour pouvoir se mouvoir rapidement. Elle s'avança jusqu'à Ygerne, presque nez contre nez. 
- Vous pouvez penser ce que vous voulez de moi, je sais ce que je vaux. Mais je vous interdit de dire du mal d'Arthur. 
- Vous m'interdisez? 
- Absolument. 
Arthur avait les sourcils levés. Il n'avait jamais vu Guenièvre dans cet état. 
- Vous voulez toucher mon ventre? Vous pensez que je mens? 
Ygerne voyait dans le regard de Guenièvre une colère sourde. La grossesse pouvait déclencher ce genre de réactions. Cryda, elle, s'avança. 
- Le petit oiseau s'énerve. 
Guenièvre quitta des yeux sa belle-mère pour jeter un regard haineux à Cryda qui s'avançait sans peur vers elle. Elle avait un petit sourire satisfait. 
- Stop. 
La voix d'Ygerne, froide, arrêta sa sœur au milieu de son avancée. Guenièvre avait sorti sa dague. Guenièvre parlait entre ses dents serrées. 
- Ne m'appelez jamais plus comme ça. 
- J'ai entendu dire que Lancelot aimait vous appeler ainsi pourtant. 
- Cryda, taisez-vous. 
Ygerne ne bougeait pas, toujours près de Guenièvre. 
- Vous semblez sur la défensive depuis notre arrivée. 
- Qui ne le serait pas. A peine arrivées, vous vous permettez de mettre en doute que cet enfant soit le fruit de votre fils. 
- Sans compter que je dénigre mon fils. 
Guenièvre haussa un sourcil, surprise. Elle restait pourtant sur ses gardes. 
- Qui vous a donné cette arme? 
- Votre fils. Et mon père. Ils l'ont fait faire pour moi. 
- Aussi inconscients l'un que l'autre. 
Ygerne soupira et tourna la tête vers sa sœur. 
- Veuillez vous taire Cryda. Je parle à ma bru. 
Cryda pris l'attaque de plein fouet. Sa sœur lui lança un regard dur, avant de reporter son attention vers Guenièvre. 
- Et vous savez vous en servir? 
- Assez pour me défendre. 
Ygerne eu l'esquisse d'un sourire. Elle n'avait pas dit oui. Elle ne se considérait pas à l'abri. 
- Et vous savez utiliser d'autres choses? La ruse ? Les arcs? 
- J'ai quelques ruses en stock. 
- Et vous sauriez m'empêcher de vous toucher peut-être. 
Guenièvre n'eut aucun geste de surprise. 
- Essayez. 
La main d'Ygerne s'était approchée de son ventre. Tout comme la lame de Guenièvre, qui manquait de transpercer la main de sa belle-mère. 
- Reculez votre dague, petite sotte! 
- Cryda, va-t-il vraiment falloir que je vous fasse sortir de la pièce pour que vous vous taisiez? 
- Mais Ygerne... 
Ygerne recula, laissant à Guenièvre le temps de respirer. Il lui semblait qu'elle manquait d'air. 
- Attendez-moi dehors. 
- Vous allez vraiment laisser cette idiote vous tenir tête?! 
- Dehors. Maintenant. 
Cryda esquissa un geste à sa sœur, avant de s'arrêter. 
- Bien. 
Elle sorti, sans un regard pour Arthur. Ygerne retourna son attention sur Guenièvre. 
- Vous avez pris de l'assurance depuis ces années. 
- ça n'a pas aidé de gaieté de cœur. 
Elle la regardait avancer à nouveau vers elle. L'instant où elle avait reculé avait fait baisser la colère de Guenièvre, qui commençait à hésiter sur la façon d'agir. Son assurance n'était plus la même. 
- J'ai eu de vagues échos. Que s'est-il passé? Cet homme vous a-t-il touché? 
- Non. 
- Mon fils est donc le seul homme qui vous ai jamais touché? 
- Oui. Et il sera le seul. 
- Bien. 
Ygerne était à nouveau proche d'elle. 
- Ne laissez personne vous approcher à cette distance. Certaines femmes ont des lames dans leurs manches. Vous n'auriez pas le temps de réagir. 
Guenièvre hocha la tête, cherchant à savoir ce que sa belle-mère insinuait. 
- Lorsqu'on a appris que j'étais enceinte de Pendragon, on a essayé de me tuer. Il risque de vous arriver la même chose. D'autant que vous êtes Reine de Bretagne. 
Elle recula pour finalement regarder son fils. 
- Il semblerait que vous ayez inculqué quelques bonnes réactions à votre femme. 
Elle jeta un léger regard à Guenièvre, qui semblait à nouveau perdue, cherchant Arthur du regard. 
- Cela vous dérangerait-il de me laisser discuter avec mon fils ? 
- N...non. 
Elle commençait à s'éloigner vers la porte, quand la voix d'Ygerne résonna dans la salle. 
- Attendez. 
Guenièvre pivota, pour garder Ygerne dans son angle de vue. Elle la dépassa pour rejoindre la porte avant elle. 
- Suivez-moi. Nous allons discuter entre femmes d'abord. 
- Mère... 
Ygerne hocha la tête vers Arthur. 
- Ne vous en faites pas pour votre femme, elle retrouvera son état de guerrière si je suis désagréable envers vous. 

Elle ouvrit la porte, Guenièvre derrière elle, pour se retrouver face à Cryda, le visage crispé. Elle ne s'attendait pas à voir sa sœur. Elle pensait avoir Guenièvre face à elle. Elle recula d'un pas. 
- Ygerne, je... 
- Ce n'est rien. Veuillez m'attendre dans les appartements que mon fils nous prêtera. Je dois discuter avec ma bru. Entre femmes. 
- Je vous accompagne. 
- Ce ne sera pas nécessaire. 
- Vous n'y pensez pas! 
- Il ne m'arrivera rien. Ma bru n'est pas dangereuse si elle n'a pas de raison de l'être. 
Cryda s'approcha d'elle, parlant plus doucement. 
- Et votre main? 
Le regard d'Ygerne se durcit. 
- Gardez vos pensées pour vous. Nous en parlerons plus tard. 
Ygerne avança, Guenièvre à sa suite. Cette dernière ne lâcha pas Cryda des yeux. Elle sentait qu'elle l'avait irritée. Elle suivait tout de même sa belle-mère, avant que celle-ci ne s'arrête. 
- Où est votre Enchanteur? 
- Merlin? ...par là. 
Elle lui indiquait peu à peu le chemin à suivre. 
- Vous ne passez pas devant. C'est une bonne protection. 
- Je ne...
- Les attaques par derrière ont plus de chances de réussir. Rester derrière les gens dont on se méfie, c'est à dire tout le monde pour vous, c'est une bonne stratégie. 
Arrivées au laboratoire de Merlin, Ygerne frappa. Lorsque Merlin ouvrit la porte, il fit un bon en arrière. 
- Oh putain! 
- C'est comme ça qu'on salue la mère du roi? 
Il jeta un regard à Guenièvre, avant de saluer Ygerne. Elle le regarda, comme a son habitude, d'un air désintéressé. 
- Vous avez des bandages dans votre fourbi? 
- Des...oui, mais pourquoi... 
Ygerne tendit la main. Elle saignait. Guenièvre retint un cri de surprise. 
- C'est...
- Une erreur de jugement. J'ai juste besoin d'un bandage. J'imagine que vous pouvez le faire, non? 
Merlin saisit une bande, mais la lâcha aussitôt pour se précipiter et rattraper Guenièvre qui s'effondrait dans le dos d'Ygerne. Il manqua de tomber avec elle, ses bras sous les siens. 
- Héla! 
Ygerne aida Merlin à allonger Guenièvre au sol, et lui posa les jambes sur un tabouret, pour les garder surélevées. Merlin, lui, fouillait à la recherche d'une fiole. Ygerne observait Guenièvre, inconsciente. 
- Elle fait souvent des malaises? 
- Non. Mais c'est pas à cause de sa grossesse. ...ils vous l'ont dit, hein? 
- Oui, ils me l'ont dit. 
Merlin saisit la fiole qu'il cherchait. Pourtant, il la fourra dans sa poche. 
- Faites-moi voir votre main. 
- Vous ne voulez pas d'abord vous occuper d'elle? 
Encore une fois, Ygerne était froide. Merlin secoua la tête. 
- Si je ne vous soigne pas avant, ça ne servira à rien. 
Ygerne lança un regard curieux à Merlin, mais n'insista pas. Elle laissa le druide déverser une sorte d'alcool sur sa plaie, puis lui bander la main. 
- Voilà. 
Il s'approcha du nez de Guenièvre et déboucha sa fiole. Au bout de quelques secondes, elle grimaça, puis rouvrit les yeux, tentant de se relever. 
- Doucement ma Reine. 
Elle regardait autour d'elle, les yeux hagards. 
- Je suis tombée?! 
- Je vous ai rattrapé. Tout va bien. 
Ygerne se pencha vers elle. 
- ça vous arrive souvent ce genre de malaises? Que vous auriez caché à Merlin ou à mon fils? 
- Non. 
- Et ça n'est pas lié à votre état? 
Elle jeta un regard à la main d'Ygerne. 
- Non. 
Merlin observa un moment Ygerne, puis se décida à prendre les devants. 
- Je vais m'occuper de la Reine. J'imagine que vous vouliez aussi prendre du temps pour voir Arthur. 
Ygerne fit la moue, puis se redressa. 
- Ce n'est pas faux. Ne vous surmenez pas Guenièvre. 
Elle sorti du laboratoire, laissant derrière elle une Guenièvre aussi perdue que soulagée. 

Elle retournait à la salle de doléances, quand elle croisa Arthur. 
- Ah, Mère! ...vous avez fini de discuter avec Guenièvre? 
- Plus ou moins. Avez-vous le temps de discuter avec moi? 
- Bien sûr. 
Il s'installa à la table, Ygerne face à lui. Elle attendit un moment, jusqu'à ce qu'elle sente qu'Arthur méfiant. 
- Votre femme a fait un malaise tout à l'heure. 
- Quoi?! 
- Ne vous en faites pas pour elle. Merlin a réagi rapidement, elle ne s'est cognée nulle part. Par contre, ils ont refusé de me dire la raison, mais ils affirmaient que ce n'était pas lié à sa grossesse. 
- Et à quoi ça serait lié? 
Ygerne releva sa main. Sa paume était bardée d'un bandage. 
- Selon Merlin, à ceci. 
- ...quoi? 
- Votre femme s'est protégée tout à l'heure, et je n'avais pas anticipé qu'elle aurait une telle vivacité. Je me suis légèrement entaillée sur son arme. Rien de grave, ne vous en faites pas. Elle s'est apparemment effondrée en voyant le sang dans ma main. 
Arthur se mordit le pouce. Ygerne l'observait faire. 
- Vous savez à quoi c'est lié? 
- Oui. Et vous devriez vous en douter aussi. 
- Je n'ai pas la moindre idée de ce que ça pourrait lui rappeler. 
Il inspira. 
- Lorsque je me suis entaillé le poignet. Guenièvre a vu le sang. Elle m'a vu. Depuis, elle a du mal à prendre un bain seule, et le sang a tendance à lui faire tourner la tête. 
Ygerne regarda sa main, pensive. 
- Cette femme doit beaucoup vous aimer, pour que ce genre de choses la hante toujours après toutes ces années. 
- En effet. 
- Vous savez, je pense que vous ferez un meilleur père que votre père. 
- ça ne sera pas difficile. 
- Certes. Votre femme est tout de même étrange, vous en conviendrez. Elle se fiche que je puisse dire du mal d'elle, mais elle ne supporte pas qu'on vous manque de respect. Elle aurait plu à votre père. 
C'était bien la première fois qu'Arthur entendait sa mère ne pas remettre en question un de ses choix. 

Ils avaient parlé, longtemps. 
Arthur n'avait pas souvent eu la possibilité de parler sans se manger des piques à chaque phrase, et il avait pris tout ce qu'il avait pu de cette discussion. Quand sa mère se leva, il l'imita. 
- Je vous conduits à votre chambre Mère? 
- Non, souhaitez-moi plutôt un bon voyage. 
- ...pardon? 
- Je vais éviter de rester ici. Cryda ne semble pas apprécier la verve de ma bru, et je pense que vous aurez assez à gérer avec ce qui s'est passé jusqu'ici. 
- Si c'est parce que...
- Je reviendrai voir l'évolution de la grossesse. Et j'aurai eu une petite discussion avec Cryda. 
Il voyait que si sa mère ne restait pas, ce n'était pas à cause de lui, ou de ses choix. Elle devait avoir une longue discussion avec sa sœur. 
Lui aussi allait devoir parler à Guenièvre. 


Il avait fini par trouver Guenièvre, installée dans la baignoire, toute habillée. Elle était recroquevillée, les genoux contre elle. Elle respirait fort, elle essayait de se calmer. Il s'approcha doucement d'elle. 
- Elles sont parties. 
- Bien. 
Sa voix était rauque. Arthur esquissa un petit sourire, essayant d'attirer son regard. 
- Vous voulez que je vous rejoigne ? 
- Non. 
Elle était fâchée, angoissée. Il l'entendait a son ton. 
- Vous voulez que j'appelle une de vos servantes ? 
- Je veux rester seule. 
- ...et si je me mets derrière, et que je ne parle pas ? 
Elle grimaça. Elle ne pourrait pas rester seule. En même temps, avec la matinée qu'elle avait vécu, ça l'arrangeait presque.
- D'accord. 
Arthur s'écarta pour l'observer. Elle inspirait profondément, expirait tout autant. Elle avait eu peur. 
Elle se cachait dans un espace étroit pour se forcer à se concentrer sur elle-même. Elle fini par tourner la tête vers lui. 
- ...vous pouvez appeler quelqu'un? J'ai besoin de me laver les cheveux. 
- Attendez. 
Arthur se releva et retroussa les manches de sa chemise noire. 
- Vous faites quoi? 
- Je m'occupe de vous. Allez, penchez la tête en arrière. 
Elle se retint de dire quelque chose. Elle était fâchée, ses mots auraient été blessant pour Arthur. Et la voix d'Arthur était douce, apaisante. 
Arthur prend le temps de défaire la longue tresse de sa femme, avant de lui faire pencher la tête pour lui mouiller le crâne. 
Il malaxa son cuir chevelu, longuement, avec application. 
Les doigts d'Arthur sur son crâne lui faisait du bien. Elle sentait cette boule de colère diminuer peu à peu. 
- J'ai encore tout foutu en l'air. Je me suis pris le bec avec votre mère, et vous avez dû vous en mêler. 
- Je vous ai rarement vu aussi virulente. 
- ...vous avez toujours été d'une gentillesse infinie avec elle, et elle vous a toujours traîné dans la boue. 
- ça n'aide pas que je sois un bâtard à ses yeux. 
- Vous êtes son fils. Vous êtes devenu roi de Bretagne. Elle a quand même de quoi se réjouir. 
- Vous saviez que ça allait se passer comme ça. 
- Oui mais...
Elle sentait les larmes perler sur ses yeux, elle les ravala rageusement. 
- Penser que votre retour était une blague... 
Arthur esquissa un sourire. 
- J'ai pu discuter avec elle après votre malaise. 
Elle se tendit. 
- Elle ne vous en veut pas. Quand à moi...je vous dois des remerciements. 
Elle tenta un regard à Arthur. 
- Je crois que c'est la première discussion constructive que j'ai avec ma mère depuis très longtemps. Et ne vous en faites pas pour ma tante, ça m'étonnerait qu'elle ose vous renvoyer la moindre pique avant quelques années.
 
Sa mère lui avait fortement insinué que Guenièvre avait pris de la valeur à ses yeux. Pas seulement en tant que mère du futur roi. En tant que femme forte. 

Notes:

Bordel.
J'avais pensé devoir me battre avec Ygerne. Vraiment.
Et au fur à mesure, c'est venu.
Bon, j'ai mis deux jours avant d'arriver à trouver. Jusqu'à lundi soir, Guenièvre était derrière ses soldats, et s'énervait.
Et puis elle a fini par sortir. ça a été une sorte de déclic.
Et quand j'ai dû aller me coucher, le lendemain, plus rien ne venait -_-
Faut que je fasse plus de nuits blanches moi -_-

Ce chapitre est un peu différent des autres, j'espère qu'il vous plaira quand même ^^
( et il est plus long que les autres 😱😱 Que s'est-il passé ici?!)

Prenez soin de vous,
Yumeka

Chapter 27: Une prison

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Guenièvre avait l'impression de ne plus rien contrôler. 

La semaine dernière, elle s'était enfermée dans la salle d'eau. Encore. Léodagan frappait sur la porte avec une certaine force. Il haussa le ton. 
- Guenièvre, sortez. 
- Non! 
- Me forcez pas à employer la force. 
- J'aimerai bien vous y voir! 
- Vous voulez que je fasse défoncer cette foutue porte?! 
- Je suis contre la porte. Allez-y. 
Léodagan bouillait. Sa fille était ingérable. Il se tourna vers les bruits de pas qui s'approchaient de lui. Arthur sortait d'un conseil mouvementé. 
- Bon, il se passe quoi? 
- Elle refuse de sortir. 
Arthur soupire. 
- Qu'est-ce que vous avez dit? 
- Sa mère a dit qu'elle avait un ventre très rond, et qu'elle devrait peut-être y aller mollo sur la bouffe. 
- En gros, elle lui a dit qu'elle était grosse. 
Léodagan acquiesça. 
- Pareil que sa mère. Elle supporte pas la moindre phrase de travers. 
Arthur hocha la tête. Il n'y avait guère plus que lui qui pouvait encore se permettre d'embêter sa femme. 
Guenièvre en était au 7e mois. Son ventre rond qui commençait à la gêner par moments, les interdictions de sortie, lui qui avait de moins en moins de temps pour elle... Elle était à fleur de peau. Tout le temps. 
- Je vais m'en occuper. 
- Ah non, pas encore! C'est la 3e fois cette semaine que vous vous absentez des conseils! 
- Ils comprendront. Ou au pire, ils s'arrangeront. Je vous laisse les rennes. 
- Vous lui passez trop de choses. 
Arthur lança un regard un peu triste à son beau-père. 
Non, il ne lui passait pas tout, loin de là. 
Il lui refusait des sorties, des balades. Même ses soldats avaient arrêté de l'écouter pour suivre les ordres d'Arthur. Quand à Angharad et Nessa, elles s'étaient disputées comme des chiffonnières, et Guenièvre refusait de les voir. Depuis trois jours, elle ne parlait plus de rien. Elle n'était plus qu'une prisonnière dans son propre château. 
- Allez-y. 
Léodagan jeta un regard désespéré à son gendre, avant de s'éloigner. 
- ...Guenièvre, c'est moi. 
- Laissez-moi tranquille. 
Elle commençait à pleurer. 
- Ouvrez-moi. S'il vous plait. 
- Je veux pas que vous me voyez comme ça. 
- Vous savez que je vous verrai ce soir. J'ai quelques minutes à vous accorder. Vous voulez vraiment qu'on les passe séparés par une porte? 
La porte se déverrouilla lentement. Guenièvre entrouvrit, laissant juste passer Arthur. Elle referma dès qu'il fut passé. Elle avait pleuré. Arthur tendit la main, pour cueillir son visage. Elle semblait désespérée de sentir sa peau sur la sienne. Elle se lova de son mieux contre lui, pour profiter de la moindre seconde.  
- Je vous promets de trouver du temps pour vous. Je fais au plus vite. 


Depuis quelques jours, elle s'enfonçait dans des pensées sombres. Il peinait à la garder à flots. Il n'y avait que dans ses bras qu'elle semblait encore combattante, encore heureuse. 
Et même ça, il ne pouvait lui offrir. 
Tous les gens qu'ils croisaient cherchaient Guenièvre à ses côtés. Son ventre était le centre de l'attention. Plusieurs intrusions avaient été déjouées. L'un d'eux se revendiquait même d'un groupe de l'ancien roi Loth. 
Envoyer des incapables pour faire croire qu'il n'était plus apte à diriger, c'était bien lui. La sécurité de la Reine avait été renforcée au point qu'elle ne pouvait plus faire un pas hors de la chambre sans être suivie par au moins trois gardes. Elle s'était énervée, elle avait hurlé sur Arthur. Il l'emprisonnait, alors qu'il lui avait juré de ne pas le faire. 
Arthur en était malade. 
Il avait vu Guenièvre, sa Guenièvre, se briser devant lui, face à ses mots. 

*Deux semaines plus tôt*
- C'est la troisième tentative cette semaine. 
Elle hoche la tête, assise à la table, avec son point de croix. 
- Et elles ont toutes été déjouées sans le moindre accroc. 
- Je vais faire renforcer la sécurité. 
- Bien. 
- Et la vôtre aussi. 
Elle s'arrêta. 
- Je n'ai plus vraiment de libertés, j'ai du mal à voir ce que vous insinuez. 
- Vous serez escortée par vos gardes à chaque déplacement. 
- Non. 
- Ce n'est pas une proposition. A partir de maintenant, vous ne ferez pas un pas hors d'ici sans eux. 
Il la vit se relever, frappant sur la table avec sa paume. 
- Et moi je vous dis que non! Vous allez annuler cet ordre sur-le-champ! 
Il voyait dans les yeux de sa femme une colère mélangée à de l'inquiétude. Il savait que ça lui rappellerait de mauvais souvenirs, mais il n'avait pas le choix. Il fallait qu'il la protège, elle et leur enfant à venir. 
- Vous n'avez pas votre mot à dire. Votre vie n'est pas négociable. 
Si quelqu'un blessait Guenièvre, si on la tuait...il ne s'en remettrait jamais. Il fallait qu'il la protège à tout prix. 
- Je vous interdit de faire ça! 
Elle montait dans les aigus. Arthur garda sa posture droite. 
- Vous n'avez aucun droit de me faire ça! Je vous interdit de m'enfermer ici! 
- Je ne vous enferme pas. 
- Vous construisez une cage autour de moi! Je refuse d'être entourée de garde pour le moindre pas que je ferai! Vous m'entendez?! 
- Nous en parlerons ce soir. 
Il devait se dépêcher. Guenièvre finirait par se calmer, comme elle le faisait toujours. Lui devait renforcer encore le château. Aller voir Léodagan, s'il avait obtenu des aveux, des indices. Alors qu'il allait ouvrir la porte, un vase d'écrasa à quelques centimètres de son visage. Il senti un éclat lui raser la joue. Il tourne la tête vers Guenièvre, qui a saisit un second vase. 
- Ne soyez pas ridicule. 
- Ridicule?! Ridicule?? C'est moi qui suis ridicule?! 
Elle lança le second vase, qu'Arthur évita sans le moindre soucis. 
- Vous pouvez détruire ce que vous voulez Guenièvre. Je ne changerai pas d'avis. 
Elle sentait quelque chose dans sa poitrine, qui cherchait à sortir, à la déchirer. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, Arthur s'attendait à l'entendre lui crier dessus. Pas ça entendre un cri strident, paniqué. Elle n'était pas loin de pleurer. Il s'approcha d'elle, la calant dans ses bras. 
- Arrêtez. Stop, stop, Guenièvre, ça suffit. 
Rien n'y faisait. Ni sa voix, ni son étreinte ne la calmait. Il avait beau la serrer fort, de toute sa bienveillance, de tout son amour, elle ne l'entendait pas plus qu'elle ne le voyait. 
- Allez cherchez Merlin! 
- Pas besoin, je suis déjà là. 
Arthur tourna la tête. Il avait sa sacoche, il semblait avoir couru. 
- Angharad est venue me chercher avant même que vous ne commenciez à vous disputer. 
Il regarda Guenièvre, puis s'approcha. 
- Lâchez-la. Et retournez-vous. 
- Quoi? 
- Vous avez bien compris. Tournez-vous et sortez de la chambre. Je m'occupe d'elle. 
Il lâcha difficilement Guenièvre, alors que Merlin lui agrippait les poignets. 
- Serrez les dents Guenièvre. 
Peu avant de sortir, il entendit une claque. Guenièvre s'était arrêtée en même temps. Il tourna la tête. 
- ...Merlin? 
- Sortez. S'il vous plait. 
Arthur avait un regard noir. Merlin avait levé la main sur sa femme. Alors qu'il s'apprêtait à se rapprocher, Merlin se retourna à son tour. 
- Vous voulez qu'elle se calme?! Alors vous me laissez parler avec elle! Elle était en crise hystérique, j'ai fait ce qu'il fallait pour la calmer! 
Il s'approcha d'Arthur, pour parler plus bas. 
- Vous êtes en train de la replonger des années en arrière. Elle a besoin de se calmer. Elle sait, au fond d'elle, que c'est pour son bien, mais c'est difficile pour elle. 
- Vous n'étiez pas obligé de la frapper. 
- Ne pensez pas que ça m'amuse Sire. Maintenant, sortez. Vous parlerez ce soir. 
Arthur était sorti à reculons, le regard toujours noir envers son enchanteur, alors que Merlin s'asseyait sur une chaise. 
- Ma Reine, vous vous souvenez des exercices de respiration que je vous ai appris? 
Elle se mit à essayer de répéter ce qu'elle l'avait vu faire des dizaines de fois. Inspirer, longuement. Bloquer sa respiration. Expirer. ça lui pris un moment avant de réussir complètement, alors qu'elle se battait avec ses larmes. 
- Vous savez qu'il fait ça parce qu'il s'inquiète. 
Elle hocha légèrement la tête. 
- Je sais que c'est difficile, mais il devrait bientôt avoir plus de temps pour vous. Vous avez bien vu qu'il faisait de son mieux. 
Il jeta un regard à la porte. 
- Si je n'avais pas haussé le ton, s'il ne me connaissait, je pense que je m'en serai pris une bonne. 
- En même temps, vous avez levé la main sur sa femme. 
Merlin dodelina de la tête. 
- Vous aviez une meilleure solution? Parce que je suis preneur pour votre prochaine crise. 
Elle secoua la tête. 
- Il n'y a pas de solution. Il faut que j'arrête de me laisser submerger par tout ça. Il faut que je me concentre sur Arthur, et sur le bébé. 


Et aujourd'hui, tout avait à nouveau basculé. 

Guenièvre avait fini par laisser les gardes faire leur travail. 
Elle était sortie de sa chambre pour se rendre dans les jardins. Elle avait jeté un regard à ses gardes, et avait changé d'avis. 
Elle se rendit tranquillement chez Merlin avant de s'enfermer avec lui dans le laboratoire. Elle prit appui sur la porte, inspirant profondément, alors que Merlin s'approchait. Elle lui jeta un regard inquiet, et baissa la voix. 
- Ce n'est pas mon garde. 
- Quoi? 
- Je ne le connais pas. C'est peut-être un de ces assassins dont Arthur parlait. 
- Il a peut-être fait nommer d'autres personnes pour qu'ils se reposent.
- Non. 
Elle entendit frapper à la porte. 
- Ma Reine, tout va bien? 
Elle vit Merlin lui jeter un regard. Elle lui répondit silencieusement. Oui, c'était bien ce garde-là dont elle parlait. Elle s'éclaircit la voix. 
- Je vais rester un moment avec Merlin. 
Elle s'assit sur un tabouret et se mit à trembler. Tout ça la rendait folle. Elle regarda autour d'elle. 
- Vous avez pas un moyen de prévenir Arthur ? 
Merlin hocha la tête, préparant un papier. 
- Si, mais vous devriez d'abord reprendre des couleurs.

Un message sans queue ni tête de Merlin, et l'écriture de Guenièvre dessus fut porté par le vent jusque devant le Roi. Quelque chose n'allait pas. Il se leva, alors que l'homme avec qui ils parlaient semblait ne pas comprendre ce qui se passait. 
- Venez avec moi beau père. 
Ils s'étaient rendus au laboratoire, et Merlin les avait fait rentrer avant de refermer la porte. 
- Qu'est-ce qui se passe ? 
- Vous avez fait changer la garde de la reine ?
- Quoi ? Non, pas du tout ! 
- Il y en a un que je ne connais pas. 
Arthur tourna la tête vers Guenièvre. Elle était assise dans un recoin de la pièce. C'est à peine s'il l'avait aperçu. Elle regarda la porte. 
- Il est resté devant tout le long. il hésitait sur l'endroit où tourner.
Elle releva la tête. 
- Vous avez rajouté des gardes à ma sécurité ? 
- Je n'ai fait qu'allonger leur temps, les autres gardes n'ont pas les mêmes armures. 
Elle hocha la tête. 
- Dans ce cas, il est toujours là. 
Arthur rouvrit la porte. Les trois gardes étaient calmes, attendant la sortie de la Reine. Rien ne trahissait une quelconque anomalie. 
- Vous trois, reculez de trois pieds, et au garde à vous !
Les trois gardes s'exécutèrent.
Arthur sorti son épée. Guenièvre, toujours dans le laboratoire, se releva doucement. Elle jeta un œil aux trois hommes en armure. 
- Celui sur la droite.
Il pointa son arme vers le garde. 
- Quel est votre nom ? 
- Lionel, sire. 
- Il n'y a aucun soldat de ce nom dans la garde de la reine. 
- Bien sûr que si. Je sais que je suis discret sire, mais...
La lame s'approcha un peu plus, alors que les deux autres gardes s'étaient décalés pour l'empêcher de fuir. 
- Je serai compréhensif, vu que vous n'avez pas fait de mal à la Reine. Mais il va falloir commencer à dire la vérité
- Attendez Sire, on m'a fait rejoindre la garde de la Reine ce matin par manque d'effectif, je ne savais pas qu'il fallait que je me présente! 
Il jeta un regard aux deux autres soldats, puis baissa la voix. 
- La Reine ne vous vois plus, et elle cherche à attirer votre attention Sire. 
Les deux soldats sortirent leurs armes. Arthur sursauta, hésitant sur la marche à suivre. 
- Ne crachez pas votre venin sur la Reine. 
Le garde continua pourtant. 
- Sire, vous savez que la Reine ne vous voit plus beaucoup. 
Arthur hésita un instant, avant que la voix de Merlin ne l'atteigne. 
- Et depuis quand un garde se permet de demander combien de temps ça va durer une discussion entre la Reine et moi?! 
Arthur releva la tête. Plus de doute. Aucun garde ne posait ce genre de questions. Aucun garde ne posait de questions. 
- Pourquoi vous vouliez savoir ça? 
- Je...j'avais besoin de me soulager. 
- Collez-moi ça aux fers. 
A peine attrapé, le garde tenta de se débattre. 
- Sire, je n'ai rien fait de mal! Je n'ai même pas touché à la Reine! 
- Quelles étaient vos intentions? 
- Protéger la Reine. 
- En vous infiltrant dans le château?! En remplaçant ses gardes?! 
- La protéger de vous.  
Arthur fit un pas en arrière. 
- Emmenez-le. On s'occupera de lui dès que la Reine sera en sécurité. 
A peine l'homme emmené, Arthur se rapprocha de Guenièvre. Il la détailla, passant ses mains sur son visage. 
- Il ne vous a pas touché? 
- Non, ça va. 
Il la contemplait, alors qu'elle posait les mains sur ses protège-poignets. 
- ça va. Je suis prudente. 
Il le savait. Il le savait parfaitement, mais elle n'avait jamais été aussi proche d'un de ces énergumènes. Il aurait pu la perdre. 
- Venez. Je vous raccompagne. 

Arthur ferma la porte de leur chambre, les mains plaquées sur le bois. Guenièvre, elle, était silencieuse. 
- Je ne veux pas me battre avec vous. 
- C'est ce que nous faisons depuis des semaines pourtant, vous et moi. Se battre. Je me bats pour passer du temps avec vous, et vous pour me garder sous escorte jour et nuit. 
Il se tourna vers elle, et tendit les bras. Guenièvre s'approcha, doucement, pour s'y enfoncer. Il cacha la visage de sa femme entre ses bras. 
- Tout ce qui se passe me terrifie Guenièvre. J'aimerai vous garder dans mes bras en me disant que ça suffirait à vous protéger. 
- Faites-le. 
- ...quoi? 
- Gardez-moi dans vos bras. S'il vous plaît. 
Il la tenait fort contre lui, lui caressant les cheveux. 
- Je suis désolé de devoir faire ça. Vous savez à quel point je préférerai vous avoir à mes côtés.
- Mais vous ne faites pas confiance aux autres. 
- J'ai cru pouvoir faire confiance aux gardes. Et même ça..
Il la pressa plus fort contre lui. 
- Si vous n'aviez pas été attentive, si vous n'étiez pas aussi prudente...qui sait ce qui aurait pu arriver . 
- Je suis prudente. Je fais attention à tout. ...heureusement que Merlin était dans son laboratoire. Je n'aurai pas osé rebrousser chemin et l'avoir dans le dos.
Il la relâcha, pour attraper son regard. 
- Vous étiez une lueur dans la nuit. A présent, vous êtes mon étoile du Berger. C'est vous que je suis. Si vous disparaissiez, je vous suivrai. 
- Ne dites pas ça. 
- Je me fiche du monde Guenièvre. De l'ile de Bretagne, du destin qu'on me prête. Vous êtes la seule lueur qu'il me faut pour avancer. 
Guenièvre pris doucement la main d'Arthur pour la poser sur son ventre. 
- Il y a une autre lueur qui vous rencontrera bientôt. Qui brillera plus que moi. Vous n'êtes pas seul. 
Il l'embrassa, longuement. Il ne savait plus depuis combien de temps il ne s'était pas laissé aller à l'embrasser comme ça. Depuis qu'ils se disputaient sur sa sécurité, peut-être même avant. Sa femme lui manquait. L'amour de sa vie lui manquait. 
Il protégeait une Reine, mais il s'éloignait de sa femme. 
Il ne voulait pas que ça arrive. 
- Voulez-vous aller prendre un bain avec moi? On n'en a pas pris ensemble depuis des semaines, ça me manque de ne pas vous avoir contre moi. 
Il n'y avait aucun sous-entendu, et elle le vit dans ses yeux. 
- A une condition. 
- Laquelle? 
Elle chuchota à son oreille. 
- Je veux la journée demain rien que pour moi. Et demain, c'est moi qui décide. 
Il hocha la tête. 
Demain, c'était son anniversaire. 

Notes:

Ce chapitre est un peu très brouillon.
Je vous présente mes excuses.
J'ai eu pas mal de difficultés à trouver un moment pour me poser et écrire, du coup c'est un peu en vrac, mais j'ai essayé de faire en sorte que ça reste compréhensible.

Le prochain chapitre sera normalement plus doux, je le sortirai soit ce week-end, soit la semaine prochaine. ça dépendra de mes dispos.
N'hésitez pas à demander si vous voulez voir des scènes/passages (je pourrai faire éventuellement un chapitre pour vous, ou un nouveau récit s'il y a des demandes).

Prenez soin de vous,
Yumeka

Chapter 28: Le prénom

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Au réveil, Arthur ne s'était pas levé comme il le faisait tous les matins. Il était resté allongé, à observer le visage de Guenièvre. Elle avait l'air fatiguée, même dans son sommeil. 
Tout ce qu'elle subissait la travaillait. Elle ne dormait plus tant que ça la nuit, et elle restait la plupart du temps enfermée dans la chambre. Là où elle pouvait avoir l'illusion que sa prison n'existait pas. 

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Arthur était encore à la contempler. Elle esquissa un sourire en l'observant à son tour. 
- Que faisons-nous aujourd'hui? 
Elle se redressa, et s'agenouilla sur le lit. 
- Aujourd'hui, nous passons du temps en famille. 
Le mot perça le cœur d'Arthur. 
Famille. 
Il passait du temps en couple, avec Guenièvre. Il y avait des beaux-parents, mais entendre parler de famille lui avait presque mis les larmes aux yeux. 
- J'ai une très bonne idée pour vous occuper. 
Elle portait une chemise de nuit qu'elle boutonna qu'en partie, pour laisser son ventre libre. Pour que les mains d'Arthur puissent entrer en contact avec son ventre.  
- Allez-y. 

Elle se souvenait de toutes les fois où Arthur sentait le bébé bouger. Il était captivé. 
Le bébé réagissait à sa voix. ça faisait sourire Guenièvre. 
Elle profitait parfois qu'il s'endorme avec la main sur son ventre pour dormir plus paisiblement. Les coups avaient tendance à être moins violents quand il lui caressait le ventre. Inconsciemment, quand les coups se faisaient sentir, il y avait la main d'Arthur qui caressait son ventre, elle l'entendait parler au bébé, lui dire de ne pas embêter sa mère. 
C'était ce genre de moment qui faisait tenir Guenièvre. Quand elle était seule, elle commençait à avoir peur de l'accouchement. Merlin lui faisait faire des séances de respiration, lui disait qu'il serait là si les femmes ne suffisaient pas. 
Elle avait entendu qu'Arthur ne pourrait pas rester à ses côtés. Il était hors de question qu'il ne soit pas là. Elle ne s'en sortirai pas sans lui. 


Elle pencha lentement la tête, pour se rapprocher d'Arthur, qui essayait de sentir le bébé. 
- Vous avez réfléchi à un nom? 
Il releva les yeux du ventre de sa femme, sans pour autant retirer ses mains. 
- Pardon? 
- Vous avez un prénom à lui donner? 
- On ne sait même pas si c'est une fille ou un garçon. 
Il n'y avait pas vraiment réfléchi. Enfin, si. Il y avait réfléchi. Il n'en avait juste jamais parlé à Guenièvre. Il retira doucement ses mains, pour attraper celles de Guenièvre. 
- Je me disais...si c'est un garçon, Cadfael pourrait être sympathique. 
- Et si c'est une fille? 
- Carwyn. Ou Deryn. 
Guenièvre l'avait écouté, avec un sourire. 
- Ce sont des noms gallois? 
Il s'arrêta. 
- ...oui.
- Ils sonnent bien. J'aime beaucoup Eryn aussi. Plutôt que Deryn. ou Eirwen. 
Il se mordit la langue. Appeler leur enfant d'un prénom qui pouvait signifier oiseau était maladroit. Même si elle avait vaincu sa peur irrationnelle.  
Vous pensez que ça lui plaira? 
Arthur observait Guenièvre, ne sachant quoi faire. Elle se pencha vers lui. 
- Essayez? 
Il ne comprenait pas. La main de Guenièvre saisit celle d'Arthur, puis le guida sur son ventre. 
- Carys? Cadfael? Eirwen? Eryn
Arthur senti un coup. Il jeta un regard à la fois inquiet incrédule. Guenièvre caressait doucement la main d'Arthur. 
- A vous. 
- Eryn. 
Le coup recommença. Il caressa l'endroit où il l'avait senti. 
- Si vous êtes une fille, nous vous appellerons Eryn. Et si vous êtes un garçon, Cadfael? 
Un second coup. Arthur avait l'impression d'avoir une discussion avec cet enfant qu'il n'avait pas encore rencontré. Guenièvre retira doucement les mains d'Arthur de son ventre. 
- Vous êtes gentil, mais vos discussions ne sont pas de tout repos. 
Arthur étira son corps pour prendre possession des lèvres de Guenièvre. Elle arrivait à lui faire découvrir des émotions intenses qu'il n'aurait jamais cru possible. Il voulait lui rendre ce bonheur, même un peu. Il voulait lui prouver à quel point il l'aimait. Guenièvre grimaça un instant. Aussitôt, Arthur glissa à nouveau sa main contre le ventre de sa femme. Sa voix était légèrement sourde. 
- Laissez votre mère se reposer. Je m'occupe d'elle. 
Guenièvre émit un petit rire. Les lèvres d'Arthur reprirent leur place sur ses lèvres, alors que ses doigts étaient posés délicatement sur son ventre. 

Elle avait besoin de ça. De ce moment où elle sentait qu'Arthur était là pour elle. 
Arthur était doux, attentif à ses moindres mouvements. 
Elle sentait ses doigts courir sur son cou, sur son dos. Rien que ça la faisait frémir. Elle avait été privée de ce genre d'attention à cause des précautions qu'Arthur avait mis en place. 
Il craignait qu'il lui arrive quelque chose, et ils ne faisaient plus grand-chose. Avec son ventre et ses inquiétudes à elles, Guenièvre avait aussi beaucoup perdu de ses envies. En tout cas, c'est ce qu'elle avait dit à Arthur. 
Elle senti les baisers d'Arthur glisser jusque dans son cou. Elle ferma les yeux, s'accrochant à la main d'Arthur qui s'était accrochée à sa cuisse. 
- Ne faites pas de bruit. 
Cela faisait longtemps qu'il ne lui avait pas dit ça. Rester discrets. Elle hocha imperceptiblement la tête. Elle senti Arthur sourire dans son cou, avant qu'il ne reprenne ses baisers. Elle serra les dents pour retenir le moindre gémissement. Elle passa son bras libre au cou d'Arthur, perdant sa main dans sa chevelure. Pour le retenir, pour le sentir contre elle. 
Elle ne voulait rien de plus. Cet instant lui redonnait de la force, de l'espoir. Il lui rappelait qu'Arthur l'aimait, elle aussi. Elle n'était pas qu'un réceptacle pour son enfant, comme elle avait entendu un chef de clan dire à la dérobée. 
Et même si elle l'était, ça n'aurait pas d'importance. Arthur serait heureux. 
Il rencontrerait bientôt leur enfant. Ils seraient une famille heureuse. 

Notes:

Hello!
Alors, oui, ce chapitre est court ^^'

Je n'avais pas grand-chose à raconter d'autre, parce que c'est un moment tendre entre eux, et il faut parfois laisser ces instants en suspens.
Et profitez d'un peu de douceur.
On en a tous besoin là.

Voici les prénoms :
((m) Cadfael : variante du prénom d'origine celtique Kadvael signifiant prince combattant)
(f) Carys : prénom gallois, de Caru signifiant Amour
(f) Eirwen : prénom gallois signifiant Blanche neige
(f) Deryn : prénom gallois, de Aderyn signifiant oiseau
(f) Eryn : prénom gallois (il signifierai paix, mais je ne suis pas totalement sûre pour celui-ci)

 

(Cadfael était le prénom d'un personnage que je jouais en RP sur un serveur Harry Potter, et je l'aimais beaucoup, le nom m'est venu tout seul. Il avait deux soeurs, Eryn et Deryn. Pour les autres, j'ai cherché un peu)

Prenez soin de vous ^^
Yumeka

Chapter 29: L'accouchement

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Arthur tournait en rond devant la salle où était la Reine. 
Les femmes accoucheuses avaient interdit l'entrée aux hommes. Séli était en chemin, mais les contractions avaient commencé plusieurs jours à l'avance. Tout avait été fait dans l'urgence. 
Des accoucheuses avaient été amenées en urgence. Ce n'était pas celles que Guenièvre avait demandé. Elle avait hésité, mais les douleurs étaient trop intenses, et elle avait fini par être dépassée. 
- ...au moins Merlin. 
- Aucun homme. 
La porte s'était fermé lourdement devant Arthur. Merlin était resté bloqué, des onguents plein les bras. 
- Je suis enchanteur moi, mesdames! 
Arthur l'avait vu tourner plusieurs fois, l'air méfiant. ça avait suffit à l'inquiéter. 

Il avait attendu une bonne heure avant que la porte ne s'entrouvre. Merlin avait donné un coup d'épaule pour forcer l'entrée. Ce qu'il ne faisait jamais. La voix d'une des femmes s'éleva dans le silence de la pièce. 
- Qu'est-ce que vous faites?! 
Des pleurs se firent entendre aussitôt. Arthur suivi le même chemin que Merlin. La plus jeune des accoucheuses tenait leur bébé dans un lange. 
- C'est une fille, Sire. 
Il jeta un regard à sa femme. Elle le regardait, un petit sourire sur le visage, mais quelque chose n'allait pas. Merlin était agenouillé à côté d'elle, le visage sombre. La plus âgée se tourna vers la fille qui tenait l'enfant. 
- La Reine a besoin d'attention. Veuillez confier l'enfant aux servantes qui attendent dehors. 
Le regard de Guenièvre changea instantanément. Elle broya les doigts de Merlin, qui se tourna vers Arthur. Le Roi s'interposa, se mettant devant la jeune fille. 
- Je vais la prendre. 
La jeune fille tendit le bébé qui pleurait encore au Roi, qui la pris contre lui. L'accoucheuse plus âgée s'approcha, le saluant. 
- Ce n'est pas au Roi de faire ça. 
- Je suis son père avant d'être Roi. Tant que ma femme sera trop faible pour s'en occuper, c'est moi qui le ferait. 
- Sire... 
Il allait répliquer, quand Séli pénétra dans la salle. Son ton monta directement. 
- Qu'est-ce qui s'est passé?! Comment vous avez pu laisser ça dégénérer?! Merlin était là à attendre! 
Arthur ne comprenait pas. Jusqu'à ce qu'il commence à tourner la tête. Plus loin, des draps ensanglantés. Trop. Beaucoup trop. 
- Les hommes sont interdits dans les salles. 
- Foutaises
Séli s'avança et frappa la femme accoucheuse d'un coup de poing, la faisant tomber au sol. 
- C'est quoi cette mentalité?! En plus Merlin est un enchanteur! Il aurait dû être là ! 

Merlin s'était éloigné quelques instants pour parler à Léodagan, avant de retourner voir Guenièvre. Il avait fait sortir tout le monde, même Arthur. Les femmes s'étaient excusées, avaient parlé de reprendre le chemin de leur lieu de travail. 
Léodagan n'avait fait qu'un signe de tête, et elles avaient été encerclées et menacées par une dizaine de gardes. 
- Vous n'irez nulle part. Il va falloir m'expliquer les plaies de ma fille. 
- C'était un accouchement difficile. 
- Au point de la poignarder?!
Une des femmes recula un peu plus que les autres. Léodagan la fixa. 
- Merlin m'a averti qu'il avait dû utiliser sa magie pour soigner une artère dans la cuisse de ma fille. Ce n'est pas une griffure, une coupure. C'était un coup de couteau.  
Arthur s'approcha, aussitôt stoppé par Léodagan. 
- Vous, vous allez retourner voir votre femme, et emmener la petite avec vous. 
Et faites ce qu'il faut pour qu'elle reste en vie.
C'est ce que criaient les yeux de Léodagan. Il regarda son gendre rentrer dans la pièce, avant de tourner son regard vers les trois accoucheuses. 
- Et je vous conseille de parler rapidement. Je ne tuerai personne le jour de la naissance de ma petite-fille, mais la journée est bien avancée. 

Arthur se retrouva à nouveau dans la chambre. L'odeur âcre du sang le prenait cette fois à la gorge. 
Est-ce que c'est cette odeur qui avait accueilli/assailli Guenièvre quand elle l'avait vu dans la baignoire? 
- Sire ? 
Il ne détachait pas son regard des draps maculés de sang. 
- Sire. 
Il tourna la tête. Merlin était toujours au chevet de Guenièvre. 
- Vous pouvez demander à faire transporter la Reine dans votre chambre? J'aimerai qu'elle ne reste dans dans cette pièce. 
Une pièce où avait tenté de l'assassiner. 
Arthur hocha la tête. 
- Vous pouvez marcher? 
La question était ridicule. Guenièvre était d'une blancheur inquiétante, Merlin l'avait tirée dans un coin pour l'éloigner des tissus sanglants. 
- ...je ne pense pas. 
Sa voix. 
Elle était toujours là. Elle lui répondait. 
Il s'était attendu à ne pas avoir de réponse. Elle contemplait le plafond, en appui sur ses coudes. 
- ...faites venir...Nessa ou Angharad...avant. 
- Vous êtes sûre ? 
- ...je ne peux pas être transportée comme ça. 
Elle ne portait plus grand-chose sous la ceinture. Merlin avait rabaissé le drap, mais se faire déplacer...hors de question. 
Il était ressorti, pour faire appeler Nessa. 
Nessa s'était pressée pour aider la Reine à se rhabiller un minimum, alors qu'Arthur attendait dehors. L'odeur lui retournait le cœur. Guenièvre inspira profondément, essayant d'agripper le bras de sa servante. 
- Aidez-moi à me lever. Je veux marcher. 
Nessa tendait déjà son bras, avant que Merlin ne lui lance un regard noir. 
- Il est hors de question que vous vous leviez maintenant. Si vous prenez appui sur votre jambe, ça va se rouvrir. 
Guenièvre lâcha le bras de Nessa. Ou plutôt, Nessa recula, pour empêcher Guenièvre d'insister. 
- Je...ça va Merlin. Je vous assure... 
- Non. Vous tenez à cause de l'adrénaline. Vous avez perdu beaucoup de sang. 
Elle s'arrêta. L'odeur lui arrivait enfin au nez. Elle grimaça. 
- Beaucoup comment? 
- Sans doute autant qu'Arthur. 
Elle se rallongea au sol. Sa tête commençait à tourner 
- D'accord. D'accord. 
Peu après, des hommes étaient arrivés et avaient soulevé Guenièvre, prenant soin de ne pas toucher sa jambe. Merlin les suivait de près, leur donnant des ordres. Nessa s'approcha d'Arthur, immobile. 
- Monsieur ne devrait pas rester ici. Nous allons nous en occuper. 
Il ne se sentait pas capable de bouger. Il avait peur de voir à quoi ressemblerait Guenièvre, une fois tout ça passé. 
- L'odeur ne doit pas être agréable pour votre fille non plus. 
Cette fois, il réagit. Il tenait toujours leur enfant, qui dormait. 
- Monsieur devrait vraiment suivre madame. 
Ce n'était pas vraiment un conseil. 

Arthur s'était retrouvé dans la chambre, avec Guenièvre qui s'était endormie. Ce n'était pas un sommeil réparateur, il le savait. 
Vu son teint, Merlin n'avait pas sans doute pas exagéré quand il lui avait dit qu'elle avait perdu beaucoup de sang. Plus que lui. 
Dans un coin, Angharad restait en alerte. Elle veillait la Reine. 

- Guenièvre...? 
Pas de réponse. Il déposa doucement le bébé dans le berceau qu'il avait fait installer près de leur lit. 
- Guenièvre. 
Il lui attrape doucement la main. 
- Vous avez été formidable. Vous m'entendez? Notre fille est magnifique. 
Le bébé se mis à pleurer. Arthur se retourna. 
- ...qu'est-ce que vous avez? ...venez là. 
- ...elle a faim. 
Il sursauta. Guenièvre rouvrit les yeux, et tenta maladroitement de se redresser dans le lit. 
- Je dois la nourrir. 
La servante s'avança, et se pencha vers la reine, l'aidant à tenir assise, et cala un certain nombre de coussins derrière elle. 
- Ne forcez pas, d'accord? 
Elle avait les yeux qui se fermaient tout seul. Arthur approcha la petite, et Guenièvre la pris, délicatement, forçant pour ne pas la lâcher. Angharad déboutonna la chemise qu'elle lui avait fait enfiler. Arthur rougit légèrement, avant de voir sa fille se mettre à téter. Guenièvre grimaçait un peu, mais ne disait rien, malgré les mots de sa servante. 
Guenièvre ne pouvait pas se concentrer sur autre chose que leur enfant. Elle était trop épuisée pour ça. 

A peine le bébé nourri, elle avait de suite regardé Arthur, qui l'avait récupéré. Elle s'était rallongée, prête à se rendormir. 
- Tapotez-lui le dos. Elle doit évacuer l'air qu'elle a avalé. 
Elle jeta un regard à Angharad, avec un petit sourire. 
- Eryn. Elle s'appelle Eryn. 


Arthur avait fini par reposer le bébé dans son berceau, et s'était assis près du lit en tenant fermement la main de sa femme. Il avait un doigt qu'il gardait sur l'intérieur de son poignet, pour entendre ses battements de cœur. 
Quand Merlin entra, Arthur se redressa. 
- Vous venez vous occuper de sa plaie? 
- Oui. 
- Laissez-moi voir. 
Il jeta un regard à Arthur, hésitant longuement, avant de se pencher vers Guenièvre. 
- Ma Reine, c'est Merlin. Je viens m'occuper de votre plaie. 
Elle émit un gémissement, avant de hocher la tête, les yeux toujours fermés. Merlin releva la chemise de nuit. Arthur vit enfin les bandes que Merlin avait posé, en haut de la cuisse de sa femme.  Elle le laissa écarter un peu ses cuisses, pour avoir accès à la plaie. Il défit lentement les bandages, avant de jeter un regard à Arthur. Il n'avait pas eu le moindre doute sur ce qu'il allait voir. Il s'était assombri, son regard s'était noirci. 
Elle avait une plaie que Merlin avait refermée avec des points. La plaie n'était pas très grande, mais vu la couleur de la peau, il savait que le coup avait été violent. 
- Il faut l'empêcher de forcer sur cette jambe. Je ne sais pas à quel point j'ai réussi à relier l'artère. 
- C'est à dire? 
- Elle ne s'est pas vidée de son sang, donc j'ai réussi. Mais si elle doit s'appuyer dessus, marcher, j'ai peur que mes sorts soient trop faibles. 
- Vous avez sauvé Guenièvre. 
- Elle s'est sauvée toute seule. 
Il tourna la tête vers Merlin. Il s'occupait de soigner la plaie. 
- Elle l'a senti. Elle savait que ce n'était pas normal. Mais les femmes avaient la vie de sa fille entre les mains. Elle a fait un garrot autour de sa jambe, vu comme je l'ai récupérée en entrant. Et le regard qu'elle vous a lancé quand vous êtes entré... 
Il se souvenait de ça. 
Elle l'avait regardé comme un sauveur. Quand les femmes avaient parlé de confier le bébé, elle lui avait fait comprendre d'un regard. Il avait récupéré sa fille avant qu'elles n'aient un mot à dire. 
- Le garrot ne faisait que ralentir ses saignements. Elle a cru y passer. 
Arthur était abasourdi par ce que lui racontait Merlin. Il jeta un regard à Guenièvre, qui avait tourné la tête pour éviter de croiser son regard. 
- Quand je me suis rapproché, ces harpies étaient encore là. Elle m'a fait poser la main sur la plaie pour que je sache qu'il y avait un problème. Elle m'a demandé de vous protéger, tous les deux, et de la laisser mourir s'il fallait se battre pour récupérer sa fille. 

Il faut protéger Eryn. 

- Léodagan avait dit...
- Il a dit ce que je lui ai laissé entendre. Que sa fille avait été poignardée, et que je l'avais soignée. Ce n'était pas le cas avant que vous sortiez. Je m'en suis occupé après. ça prend du temps et de la concentration. ...elle n'a pas crié, et je me demande encore comment elle a fait. 
Arthur regardait les mains de Merlin désinfecter la plaie, refaire le bandage. Ces femmes avaient frappé à l'intérieur de sa cuisse. Si elle avait voulu se soigner seule, elle aurait agrandi la plaie. 
Il s'en voulait d'avoir laissé ces femmes le séparer de Guenièvre. Elles avaient failli lui enlever. 
- Laissez le Seigneur Léodagan se charger de ça. 
Il releva la tête vers Merlin. 
- La vengeance ne servira à rien. Concentrez-vous sur sa rémission. 
Plus facile à dire qu'à faire. Arthur aurait donné cher pour se retrouver face à ces femmes. Il leur aurait soutiré les informations, quitte à les laisser elles aussi se vider de leur sang. 

Merlin entendit le bébé pleurer. Il releva la tête. 
- Ah, elle a faim. 
- ...j'arrive. 
Il observa Guenièvre rouvrir les yeux, et tenter de se redresser. 
- Ne faites pas ça seule. 
Il l'aida à se rasseoir, alors qu'Arthur s'assit près d'elle. 
- Guenièvre, ne forcez pas. 
Elle lui lança un regard désespéré. 
- Je ne peux pas la laisser pleurer...je viens de la mettre au monde, je ne peux pas déjà l'abandonner. 
- Vous ne l'abandonnez pas. Elle est là. Elle est avec nous. 
- Donnez-la-moi. 
Elle ne voulait pas discuter. Elle n'était pas en état. Merlin jeta un regard à Arthur. 
- Je vous laisse. 
- Merci, Merlin. 
La voix de Guenièvre sonna comme une brise aux oreilles de Merlin. Elle lui était reconnaissante, malgré tout ce qu'il venait de dire à Arthur. 
A peine sorti, Arthur s'assit face à sa femme, Eryn toujours dans ses bras. 
- Angharad est sortie quelques minutes. Dites-moi ce que je dois faire. 
Elle fronça les sourcils, comme si elle réfléchissait intensément. Elle tentait de rester consciente. 
- ...Ouvrez ma chemise. 
Il déboutonna doucement l'habit de sa femme. Dans ses bras, la petite s’époumonait. A peine son sein libre, Guenièvre tendit les bras pour attraper sa fille et la guider vers elle. Arthur la regardait faire, un bras de chaque côté des siens, pour l'empêcher de basculer. 
Lorsque le bébé fut reput, Arthur se pencha doucement vers sa femme. 
- Je voudrai trouver du temps pour vous parler Guenièvre. De tout ça. 
Aucune réaction. Il serra les dents, et baissa la voix, grondant légèrement. 
- Je sais que vous m'entendez Guenièvre. 
Les yeux de sa femme se voilèrent, l'espace d'un instant. Il vit ses bras se tendre, retenant sa fille alors qu'elle manqua de glisser en avant, si Arthur ne l'avait pas retenue. Il avait un bras sous celui de Guenièvre, celui qui soutenait sa fille. 
Guenièvre venait de perdre connaissance, tétanisée.
Arthur se mordit la langue. Il avait voulu presser Guenièvre, et elle n'avait pas pu suivre. 
- ...merde. 
Il resta immobile, attendant qu'Angharad revienne. Quand il entendit la porte, il jeta un regard. C'était bien elle qui revenait. 
- J'ai besoin de votre aide. 
- Monsieur? 
- Madame s'est effondrée. 
- Vous voulez que je décale madame? 
- ...prenez plutôt Eryn. Je vais m'occuper d'elle. 
Il n'avait pas besoin de préciser "ne sortez pas de la chambre". Il savait qu'elle n'aurait même pas l'idée de le faire. 
Une fois la petite éloignée de Guenièvre, Arthur rhabilla doucement sa femme, dont le front était toujours en appui sur lui. Il lui parlait doucement, essayant de la ramener. Il avait sa main sur sa nuque, son pouce faisait de petits mouvements pour qu'elle sente ses caresses. Il avait besoin de sentir son pouls. Il sentait sa peau réagir à son contact. 
- ...je suis désolé, je suis impulsif...j'ai cru vous perdre. ..est-ce que c'est ça que je vous ai fait ressentir? Non, j'ai dû faire pire. J'avais tout abandonné. Je vous avais abandonné, vous. ...et vous, vous vous êtes battue pour rester en vie. Pour notre fille. 
Elle n'avait pas fait ce genre de crises depuis qu'elle était enceinte. Depuis qu'ils avaient fini de parler de Lancelot. 
Il sentit la tension dans la nuque de Guenièvre s'estomper. 
- Guenièvre...? 
- ...je suis là. 
Elle inspira, longuement, avant de redresser la tête. Arthur la fixait. 
- ...qu'est-ce qui s'est passé? 
- J'ai insisté pour que vous parliez, alors que vous n'êtes pas en état. Je vous ai déclenché une crise. 
Il lu la panique dans son regard. 
- Eryn va bien. Vous ne l'avez pas lâchée. Et Angharad s'en occupe. Guenièvre, aucune personne que vous n'avez pas expressément autorisé ne touchera à notre fille. Vous m'entendez? 
Elle hocha la tête. Arthur se recula lentement. 
- Vous devriez vous reposer. Vous avez besoin de refaire votre sang. 
Elle se rallongea, non sans saisir la main d'Arthur. 
- Restez avec moi. 
- Je ne bougerai pas d'ici. 

Notes:

Les tentatives d'intrusion sont une chose.
Les tentatives d'assassinat, avec cette préméditation, en sont une autre.

J'ai le prochain chapitre qui est déjà quasiment écrit, je le posterai demain, ou ce soir, je ne sais pas s'il sera complètement fini, et vu que vers la fin de semaine je ne serai pas disponible pour écrire, ça risque d'être compliqué.

Désolée Guenièvre 😭

Ah, j'ai fini par me décider pour Eryn. (en discutant avec Loufiction, en effet, ça peut signifier oiseau, mais disons que Guenièvre ne parlant pas vraiment le gallois trouve la sonorité sympathique, et que ça ressemble un peu aussi à Erwein)
Arthur a donc une fille 💖

Chapter 30: Les présentations

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Les présentations officielles avec le nouveau-né avaient été reportées. Arthur ne voulait pas les faire sans Guenièvre à ses côtés. 
Quand à Guenièvre, elle était assignée à leur lit tant que possible. Pas qu'elle rechigne à le faire. Elle dormait la plupart de la journée. 
Quand elle ne dormait pas, elle nourrissait Eryn, ou elle recevait les gens qui venaient la voir. 
Elle avait pu présenter sa fille à ses parents le lendemain de sa naissance. Ils étaient impatients, mais avaient tenu à respecter le repos de leur fille. Eux aussi savaient qu'ils avaient failli la perdre. 

Lorsqu'ils étaient entrés dans la chambre, invités par Arthur, Guenièvre était assise dans le lit, le bébé dans les bras. Elle leur souriait, malgré la fatigue qui la terrassait. 
- Père, mère, je vous présente Eryn. 
Ils s'étaient approchés, pour toucher le nouveau-né. Le bébé s'était mis à crier. Il s’époumonait. Léodagan se mit à rire alors que Guenièvre tentait de calmer l'alarme dans ses bras. 
- Pareil que sa mère à son âge! 
Il tendit les bras, lui demandant de la prendre. Guenièvre le laissa faire. Son père récupéra délicatement sa petite-fille qui continuait à lui hurler dans les oreilles, et la cala contre lui. Elle avait beau pleurer, ça n'effrayait pas Léodagan. Pas plus que Séli, qui s'était approchée à son tour. Le bébé fini par arrêter de pleurer, calmant quelque peu le stress de Guenièvre. 
- Vous avez fait du bon travail, elle a du coffre la petite! 
Son rire tonitruant résonnait dans la chambre. Elle sourit à ses parents, avant de jeter un regard à Arthur. 
Elle n'en pouvait déjà plus.
- Beau-père, votre fille aimerait se reposer. 
Léodagan jeta un regard à Arthur, puis à sa fille. 
- Vous voulez qu'on s'en occupe quelques heures? Comme ça vous vous reposez tranquillement, et je vous la ramène quand elle a faim. ça vous va? 
Elle chercha dans le regard d'Arthur ce qu'elle devait faire. Même confier sa fille à ses parents l'angoissait. 
- Elle a mangé juste avant qu'ils viennent. ça vous fera du bien. Et vous savez comment votre père est niveau sécurité. 


Quand Angharad rentra pour aider la Reine à faire sa toilette, elle resta silencieuse à la porte, avant de ressortir. 
Guenièvre s'était rendormie, et Arthur s'était endormi contre elle, au-dessus des couvertures. Il la tenait étroitement contre lui. La jambe blessée de Guenièvre était apparente au-dessus du drap. 
Elle avait son visage enfoncé contre le torse de son mari. C'était bien un des seuls endroits où elle n'avait pas besoin de s'inquiéter de sa sécurité. 
Les bruits de pas de ses servantes ne la réveillaient plus non plus. Elle les connaissait par cœur. 
Arthur semblait aussi épuisé que sa femme. Il dormait à son rythme, quelques heures à la fois. Il craignait de la lâcher plus de quelques minutes. 
Il lui arrivait de s'endormir, Eryn calé contre lui d'un côté, la main de sa femme dans l'autre. Il était sans doute vulnérable dans ces moments-là, mais peu importait. 

Il avait demandé à Guenièvre de lui parler de ce qui s'était passé. Elle avait refusé, disant que Merlin avait dit tout ce qu'il y avait à dire. 
Il aurait voulu en savoir plus. Si elle avait vu qui l'avait poignardé, par exemple. Pourquoi elle n'avait pas appelé à l'aide. 

Lorsqu'on frappa à la porte, Arthur redressa la tête, encore endormi. Guenièvre, elle, n'avait pas bougé. Il se redressa doucement, lui caressant la joue, avant de couvrir sa jambe découverte. 
- Oui? 
- Votre fille a faim. 
Séli. Arthur grimaça, observant à nouveau Guenièvre. Pour une fois qu'elle semblait dormir paisiblement... Il n'eut pas besoin de se forcer à la réveiller. Les pleurs de leur fille avaient suffi à extraire Guenièvre de ses rêves. Elle lança un regard à Arthur, reconnaissante d'avoir passé du temps dans ses bras. 

La seconde visite fut celle de Perceval. Le chevalier aurait dû passer après Ygerne, mais la mère d'Arthur était toujours sur la route. 
Et puis, le chevalier gallois s'était mis en tête de monter la garde devant leur chambre, malgré les gardes expérimentés qu'Arthur avait choisi pour le faire. Il n'avait demandé aucune autorisation, il l'avait décidé. Arthur ou pas, Roi ou pas, il suivait les directives qu'il se fixait pour protéger le bonheur de son roi. 
La première nuit, il avait fait déguerpir un homme suspect, mais il avait tellement crié qu'il avait réveillé Eryn. Mais depuis, il se tenait à carreaux. 
La salve qu'Arthur lui avait balancé y avait peut-être été pour quelque chose. 

- ...Perceval, vous pouvez venir? 
- Sire. 
Il s'était approché, et Arthur l'avait fait entrer, avant de refermer la porte. 
- Voilà votre brailleur, ma Reine. 
Perceval eut un regard inquiet en se tournant vers la Reine. Elle lui jeta un petit sourire, avant de replonger son regard sur sa fille. 
- Voulez-vous rencontrer la fille du Roi, seigneur Perceval? 
- Ce serait un honneur! 
- Alors approchez. Mais ne criez pas, d'accord? 
Il hocha la tête, puis fit quelques pas. Il distinguait dans les bras de la Reine ce petit être, la peau pâle comme celle de Guenièvre, des cheveux sombres comme ceux du Roi. La petite se tortillait, faisait des grimaces en agitant ses petits poings. 
- Je vous présente Eryn. 
La Reine lui laissa accès à la vision de sa fille, autant que possible. Perceval l'observa, ses yeux grands ouverts, semblant happé par la moindre expression faciale du bébé. 
- On dirait une petite patate. 
Arthur et Guenièvre le fixèrent, surpris, se demandant s'il venait d'insulter la princesse de Kaamelott. 
- Elle est magnifique. ...vous lui avez choisi un prénom gallois? Il est très beau. 
Guenièvre esquissa un sourire. ça la faisait rire de voir Perceval aussi sérieux, et aussi lui
- Seigneur Perceval, connaissez-vous des surnoms pour les enfants? Un petit mot affectueux. 
Perceval se mit à réfléchir. Il jeta un regard à Arthur, puis à Guenièvre. 
- J'en ai bien quelques-uns, mais je ne sais pas si ça irait. 
- Dites-les toujours. 
Il énuméra les noms qu'il avait déjà entendu. Enfys, qui signifiait Arc-en-ciel. Il y avait cariad, qui signifiait aimer. Il réfléchit un peu plus, avant de se pencher vers la Reine. 
- Il y en a un qui est mignon, et qui pourrait vous convenir. Seren
- Et qu'est-ce qu'il signifie? 
- Etoile. 
Elle s'agrippa à son regard. Perceval adorait les étoiles, Arthur lui avait déjà raconté beaucoup d'histoires de ses déboires de Perceval, et de ses idées étranges avec les étoiles. 
Pourtant, il avait touché juste. Arthur la considérait comme son étoile. Eryn était une autre lueur qui faisait le bonheur de son mari. 
- Alors ce sera seren. 
La prononciation lui faisait aussi penser à sereine. Même si Eryn n'était pas encore calme, elle espérait que tout cela lui porterait chance. 
- Vous avez trouvé votre étoile, Arthur. 
Il s'approcha et déposa un baiser sur le front de sa femme. Il n'avait pas les mots pour lui exprimer toute sa gratitude, tout son amour. 
- Est-ce que...vous voulez que je demande à quelqu'un d'autre de venir? 
- Non. ...Perceval, vous aurez une liste de personnes autorisées à entrer dans la chambre. Tout comme les autres gardes. L'état de la Reine nécessite des précautions drastiques. 
Perceval hocha la tête. Arthur fronça les sourcils. 
- La Reine a été attaquée, on pourrait vouloir en profiter. Donc je ne veux aucune personne non autorisée. Ami ou pas. Famille ou pas. C'est clair? 
- Oui. 


Lorsqu'Ygerne traversa le château, son fils la suivait au pas de course. 
- Comment cela se fait-il qu'on ne m’aie pas prévenu plus tôt?! 
- Mère, ralentissez. Il faut que je vous parle avant...
- Vous me parlerez une fois que j'aurai vu votre enfant! D’ailleurs, c'est une fille ou un garçon? 
- Une fille. 
Il s'était presque attendu à ce qu'elle fasse une remarque. Beaucoup espéraient un garçon, un héritier au trône. 
- Et votre femme? Comment s'est passé l'accouchement? 
- ...on a tenté de la tuer. 
Ygerne s'arrêta net. Arthur l'imita. Il n'osait pas passer devant elle. Il ne voyait que son dos droit. Sa voix trembla un instant. 
- Les femmes que je lui avais recommandé? 
Guenièvre ne lui avait pas dit d'où venaient les recommandations qu'elle avait reçu pour les accoucheuses qu'elle voulait. Il aurait peut-être hésité. Pourtant, lorsque Guenièvre les avait rencontré, elle avait insisté pour les avoir elles, malgré que la recommandation vienne d'Ygerne. 
- Non. Le travail a commencé plus tôt que prévu, elles n'étaient pas disponibles. D'autres sont venues à la place. 
Elle tourna la tête vers Arthur. 
- Ces femmes sont toujours en vie? 
- Elles sont questionnées par Léodagan. Nous cherchons à savoir d'où vient la commande. 
- Me permettrez-vous de rencontrer ces femmes? Sous votre escorte si vous voulez. 
- ...vous voulez leur parler? 
- J'aurai peut-être des informations, de femme à femme. 
- Avec moi à vos côtés? 
- Vous n'avez pas idée de mon talent de persuasion. 
De persuasion, en effet. Du niveau de peur qu'elle pouvait inspirer, si. 

Arthur avança, jetant un regard à Perceval. 
- Vous laissez passer Dame Ygerne. 
- oui Sire. 
Elle jeta un regard noir à Perceval, qui lui rendit, malgré le pas qu'il fit en arrière. Ygerne pénétra dans la chambre. Guenièvre n'était pas totalement éveillée, et tenta maladroitement de se redresser. 
- Bonjour Belle-mère. 
- Comment allez-vous? 
- Assez bien, vu les circonstances. 
Elle regarda de loin le berceau. 
- Votre fille. 
- Eryn. Elle s'est endormie il y a peu. 
Ygerne s'avança, doucement, jusqu'au berceau. L'enfant dormait paisiblement, sur le dos. Il lui rappelait Arthur, à sa naissance. Minuscule. 
- Elle a l'air en forme. Contrairement à vous. 
Guenièvre hocha la tête. 
- Elle est en forme, en effet. Quand elle pourra se traîner, il faudra lui courir après. 
- Où ces femmes vous ont-elles attaqué? 
Guenièvre s'arrêta. Ygerne avait les mains refermées sur le berceau. 
- Ces femmes accoucheuses vous ont selon les dires de mon fils attaqué. Que s'est-il passé? 
- Je...j'aimerai ne pas en parler. Le souvenir est encore un peu trop récent pour...
- S'il vous plaît. 
Ygerne n'avait pas l'habitude de s'encombrer de formules de politesses. Guenièvre glissa la main sur sa jambe, sur la couverture. 
- Elles m'ont poignardé à la cuisse. Merlin m'a dit qu'elles avaient sectionné une artère. Ce qui expliquait tout le sang qu'il y avait sur les draps. 
- Et Merlin n'était pas là? 
- Elles avaient interdit les hommes. Ma mère n'était pas là à ce moment. J'ai réussi à faire un garrot de fortune, le temps qu'Eryn sorte. 
- Pourquoi ne pas avoir crié? 
Elle secoua la tête. 
- Ces femmes en avaient après moi. C'est ma mort qu'elles voulaient. Sinon elles auraient frappé ailleurs. 
Elle posa la main sur son ventre. 
- La plus jeune n'était apparemment au courant de rien. Elle était tenue à l'écart, elle apportait les instruments. Et c'est à elle qu'elles ont confié le bébé quand elles se sont retournées vers moi. Je le voyais dans leur regard. Elles ne comprenaient pas que je sois encore en vie. J'ai eu la chance que Merlin et Arthur enfoncent la porte. Merlin s'est de suite occupé de moi, et Arthur a pu récupérer notre fille. 
Ygerne s'avança vers Guenièvre, lâchant le berceau. Guenièvre n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. 

Ygerne venait de passer ses bras autour de sa tête pour la caler en son sein. 
- Vous avez été brillante, Guenièvre. 
Le geste d'affection de sa belle-mère choqua Guenièvre. Elle resta interdite, ne sachant comment réagir. Ygerne la lâcha rapidement, avant de se rapprocher d'Arthur. 
- Nous allons vous laisser vous reposer, je reviendrai plus tard. Puis-je vous emprunter encore quelques heures mon fils? 
- ...bien sûr. 
Ils sortirent de la chambre. Ygerne attendit d'être assez éloignée pour se tourner vers Arthur. Elle glissa sa main sur sa joue. 
- Vous avez trouvé une femme admirable Arthur. Et vous avez enfin ce que vous avez toujours désiré. Une descendance. Ne laissez personne vous l'ôter. 
- ça n'arrivera pas. 
- Que ce soit par crainte, par sécurité, ou peu importe. Ne laissez personne décider pour vous de ce qui doit arriver. Ne faites pas comme moi
Dans le regard d'Ygerne, Arthur vit ce qu'elle n'avait jamais laissé transparaître. Sa mère avait décidé d'envoyer Arthur loin d'elle contre son gré. Elle avait beau répéter que Pendragon aurait tué Arthur, qu'elle avait fait ça pour lui, elle avait dû désespérer de s'en séparer. C'est ce qui en avait fait une femme aux abords durs, à l'attitude glaciale. 
- Je ferai ce qu'il faut pour elles. 
Ygerne lâcha un sourire, puis détourna son regard. 
- Ces femmes, à qui dois-je m'adresser pour les voir? 
- Au Seigneur Léodagan. 


Ygerne avait pu discuter avec Léodagan, qui lui avait autorisé une visite, tant que lui était présent. Arthur, lui, se tenait en retrait. 
- Votre fille dit que la plus jeune ne serait peut-être pas dans le coup. 
- La plus jeune doit à peine être majeure. Elle a peut-être pas pris part à ça, mais je ne suis pas sûr qu'on puisse lui faire complètement confiance. Vous voulez voir laquelle des deux autres? 
- Vous avez des informations? 
- Pas encore. 
- Alors la plus âgée. Et tenez-vous à l'écart. 
La femme fut amenée devant elle, et s'assit sur le tabouret qu'on lui avait installé. Ygerne l'observa longuement, avant de finir par ouvrir la bouche. 
- Vous avez quelque chose à dire pour votre défense ? 
- C'est un malentendu. Je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé. J’étais concentrée sur le bébé. Et la Reine ne criait pas. Je ne me suis rendue compte du problème que lorsque l'Enchanteur est arrivé. 
Ygerne ne la lâchait pas du regard. Cachés par un coin de mur, Arthur et Léodagan écoutaient le plus silencieusement possible. 
- En tant que femme, vous ne pouviez pas passer à côté de cette plaie. Vous avez frappé assez fort pour qu'elle puisse quand même accoucher, mais elle n'aurait pas dû survivre. 
- Je ne comprends pas. 
- Aucun homme n'aurait regardé l'intérieur des cuisses de la Reine, elle aurait été trop faible pour expliquer ce qui lui était arrivé. Sauf que vous n'aviez pas prévu que la femme que vous deviez tuer était pleine de ressources. 
Elle secoua la tête. 
- J'imagine que c'est ma fille qui vous a envoyé. Elle ou son bon à rien de mari. 
Léodagan écarquilla les yeux et se tourna vers Arthur. 
- Sa fille?! 
Arthur hocha la tête. 
- Oui. La femme de Loth. Ma demi-sœur. Vous savez, celle qui veut me tuer depuis des années. Elle me reproche la mort de son père. 
Ygerne se contentait de fixer la femme, attendant une réponse. 
- Est-ce Anna d'Orcanie qui vous a engagé? 
- Non. C'est son mari. 
Arthur serra les poings. Cet homme qu'il avait laissé fuir la queue entre les jambes avait cherché à se venger. 
Ygerne tendit les mains pour saisir celles de la prisonnière. Elle les regardait, les caressait de façon stratégique. 
- Et vos compagnes, elles faisaient parti du plan? La seconde, j'en suis sûre. Et pour la petite? 
- On avait besoin d'une personne de plus. La petite a dû nous accompagner, mais elle n'était pas encore formée complètement. Par contre, elle court vite. Elle aurait pu échapper aux gardes. 
Ygerne hoche la tête. La femme s'approche un peu plus. 
- Vous allez plaider en notre faveur, n'est-ce pas? Le Roi Loth nous a dit que vous défendriez les intérêts de votre fille. 
- Le roi Loth a une éloquence certaine. Il y a pourtant certaines choses qu'il a omis de vous dire. 
Arthur entendit hurler. Il sorti du coin, pour voir la femme se tenir la main, plantée sur la table par un couteau. Ygerne le gardait enfoncé. 
- Premièrement, j’exècre le mari de ma fille plus que je ne saurai l'exprimer. Ensuite, fomenter des coups d'états peut sembler amusant, mais s'en prendre à une femme au moment où elle est le plus vulnérable, je trouve ça d'une lâcheté sans nom. En tant que femme, vous devriez le savoir aussi. C'est une question d'honneur. 
Ygerne retira l'arme blanche de la main de la femme, qui se replia sur sa main en pleurant. 
- Même si vous sortez vivante de ces geôles, cette marque suffira à vous attirer la méfiance des gens. Je laisserai au Roi et à son chef des armées le choix de votre sort. 
- Madame!!! 
Elle s'éloigna, sans un regard pour cette femme, ou pour Arthur. 
- Mère! 
Elle s'arrêta à l'entrée des geôles, et fit face à son fils. 
- Comment vous avez su ? 
Ygerne soupira. 
- Même à moitié crevé au bord d'un gouffre, ce petit pourceau peut vous entraîner dans sa chute. 
- Vous aviez recommandé des femmes à Guenièvre parce que vous aviez des doutes? 
- Il n'y a pas de moment où être Reine vous protège. Quoiqu'en pensent les gens. Estimez-vous heureux d'avoir eu une fille. Si elle avait mis au monde un garçon, ça ne se serait peut-être pas passé de la même façon. 

Il n'avait pas réfléchi à l'idée. Si ces femmes avaient tenté de faire quelque chose à son enfant, Guenièvre aurait sans doute puisé dans ses dernières ressources pour le protéger. Il secoua la tête, pour chasser cette pensée. 
- Indiquez-moi mes appartements, et retournez voir votre femme. 

Quelques jours plus tard, Guenièvre reçu une canne, taillée et gravée, de la part d'Ygerne. Le mot indiquait que c'était pour qu'elle se lève et laisse le Roi dormir la nuit. Elle savait qu'il y avait autre chose, que sa belle-mère n'écrirait jamais. 

Notes:

deux chapitres en une journée, je profite pour le poster.

Comme je disais plus tôt, il n'y aura peut-être pas de chapitre tout de suite, j'ai une semaine chargée

Et sinon, J'ai donc fait la présentation avec Léodagan et Séli, Perceval, et Ygerne.
Je pense qu'on a fait le principal.
J'hésite à faire un chapitre entre Merlin et Guenièvre (et peut-être Arthur).
Pour parler de quoi, je ne sais pas. Mais je trouve qu'on ne voit pas assez Merlin. (il a quand même sauvé Guenièvre)

(et je remercie encore Loufiction pour le surnom Seren, et pour la patate ;) )

Prenez soin de vous et à bientôt,
Yumeka

Chapter 31: Une semaine et trois jours

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Une semaine et trois jours. 
Guenièvre profitait des instants où Arthur sortait pour s'asseoir sur le bord du lit, faire bouger ses orteils. Faire bouger sa jambe. 
Merlin lui avait dit qu'elle mettrait du temps à se remettre. Mais Guenièvre n'avait pas de temps à perdre. 
Elle avait une fille à présent. Elle voulait qu'Arthur reprenne ses fonctions de Roi, qu'il affirme à tous qu'ils étaient invincibles. 
Elle souffrait parfois atrocement quand elle essayait de marcher. Mais elle ne voulait pas laisser tomber. 
Elle avait compris que son petit jeu ne marchait pas avec Merlin. C'était lui qui soignait sa plaie, et elle voyait son regard, à chaque fois. Il ne disait rien quand Arthur était là. Tant qu'elle n'allait pas trop loin. 

Aujourd'hui, par exemple, elle savait qu'elle devrait se confronter à lui et à Arthur. Elle avait tenté de se lever, avec l'aide de la canne qu'Ygerne lui avait offerte, alors qu'Arthur était sorti quelques instants. Elle s'était laissé surprendre, et était tombée. Son genou avait tapé sur les pierres, et elle avait senti sa plaie se rouvrir. Elle avait trop tiré sur les points. Elle s'était réinstallée de son mieux dans le lit. 

- C'est l'heure de vos soins. 
Guenièvre garda son sourire de surface, accueillant Merlin comme chaque matin. Il l'observa, puis secoua la tête. 
- Vous n’êtes pas possible. 
Il la connaissait. Tout autant qu'Arthur, derrière lui. Elle leur lança un petit sourire désolé. 
- Oui, j'ai essayé de me lever. J'y étais presque, hein! 
Merlin roula des yeux, et s'approcha. 
- Je vois pas ce que vous pigez pas quand je vous dis de pas forcer. Votre sang n'est pas complètement refait, entre votre sommeil chaotique et la petite que vous nourrissez. 
- ...je voudrais juste marcher. 
Elle ne supportait pas de devoir réveiller Arthur quand Eryn pleurait et qu'il tombait de sommeil. Elle ne dormait pas de toute façon, pourquoi le faire lever lui? 
- Et vous allez faire quoi, une fois que vous marcherez avec la canne? Vous pensez pouvoir tenir votre fille en même temps? 
Elle n'y avait pas pensé. Elle aurait de toute façon dû demander de l'aide. 
- Faites-moi voir ça. 
Elle défit le drap et s'assit sur le bord du lit. Merlin soupira en voyant le bleu se colorer sur son genou. 
- Et votre plaie? 
- Je crois qu'elle s'est rouverte. 
- Surprenant. 
Arthur, lui, jetait un regard noir à sa femme. C'était bien son style de ne pas écouter. Guenièvre était à nouveau la jeune reine insolente qui ne savait pas quand tenir tête, et quand obéir. Il fulminait, mais une part de lui était ravi de revoir ce bout de femme incorrigible. 
- Vous allez finir emprisonnée dans mes bras à force. 
Guenièvre eut un petit sourire. Il n'y avait plus que comme ça qu'elle dormait vraiment. Arthur s'en était aperçu cette nuit. Dès qu'il la lâchait, pour reposer leur fille, ou se dégourdir les jambes, elle ouvrait les yeux. 
- Je vous aurais bien donné de quoi dormir, mais ce n'est pas forcément parfait pour nourrir votre fille. Et bornée comme vous êtes en ce moment, vous ne les prendriez pas. 
- Non mais je dors hein. 
- Quand je suis là. Et encore. 
Merlin finissait de regarder le bleu, puis soupira à nouveau. 
- Allez, faites voir cette plaie. 
Elle tend la jambe, couvrant de son mieux le reste du bas de son corps. Merlin retira la bande, et grimaça. 
- Vous faites pas semblant quand vous faites sauter vos points. 
Arthur se pencha pour voir à son tour l'étendue des dégâts. 
- Va vraiment falloir vous mettre à écouter quand Merlin vous dit quelque chose. 
Elle baissa la tête, avant que la main d'Arthur ne lui saisisse le menton. 
- Vous devriez écouter votre enchanteur. Vraiment. 
A son geste, elle devinait que la plaie n'était pas belle. 
- Vous pouvez me lâcher, je ne regarderai pas. 
- Si vous baissez ne serait-ce que la tête pour regarder, je vais m'énerver. C'est clair? 
Elle hocha la tête. Elle regardait autour d'elle pendant que Merlin s'occupait d'elle. Jusqu'à ce qu'il appuie à un endroit sensible. 
- Aïe!! 
Elle essaya de baisser la tête, par réflexe. Jusqu'à ce qu'Arthur de le retienne, à nouveau. 
- Je vous ai dit quoi? 
- Mais il m'a fait mal! 
- Et a cause de qui? 
Elle fronça le nez, avant de fermer les yeux. 
- Désolée. 
Elle essayait de se concentrer, d'essayer de deviner à quoi ressemblait la plaie. Dès qu'elle ouvrait les yeux, Arthur était là, à la fixer. 
- C'est fini. 
Merlin replaça une bande, avant de jeter un regard à Arthur. 
- ...je vais vous laisser. 
- Deux minutes. Guenièvre, vous avez nourri Eryn il y a combien de temps? 
- Il y a une bonne demi-heure. 
Il tourna son regard vers Merlin. 
- Vous pouvez faire venir Perceval en partant? 
- Si vous voulez, oui. 
Merlin se hâta de sortir, aussitôt remplacé par le chevalier gallois. 
- Vous m'avez demandé? 
- Angharad et vous allez vous occuper d'Eryn pendant quelques heures. 
Guenièvre écarquilla les yeux. 
- Allez chercher votre future femme, et ensuite vous irez la promener. 
- Quoi?! 
Arthur jeta un regard à sa femme, alors que Perceval partait à la recherche de sa femme. 
- Vous ne voulez quand même pas que votre fille passe son temps enfermé dans cette chambre, si? 
- Mais...le Seigneur Perceval? Vous êtes sûr? 
- Je n'aurai pas confiance s'il était seul. Mais votre dame de compagnie sait gérer un bébé. Et Perceval est très à cheval sur la sécurité de notre fille. 
Elle fini par acquiescer. Perceval était assez spécial, mais elle avait confiance en lui. Même si son mode opératoire était quelque peu...inhabituel. 

Guenièvre observa Angharad emmener Eryn hors de la chambre. Elle lui avait dit qu'ils iraient dans la pièce d'à côté, pour qu'elle ne s'inquiète pas. Dès qu'ils furent seuls, Arthur s'assit sur le lit. 
- Si vous saviez vous tenir tranquille, on en arriverait à bout, vous le savez? 
Elle lui tira la langue. Il ne fallu qu'une seconde pour qu'Arthur ne réagisse et s'empare de ses lèvres. 
- Vous allez me faire le plaisir d'arrêter vos efforts ridicules. D'attendre que Merlin vous donne l'autorisation de marcher, d'appuyer sur votre jambe. 
- Je veux juste... 
Elle s'arrêta. Elle sentit la main d'Arthur sur sa cuisse. A peine posée sur les bandages. Ses doigts brûlants sur sa peau. 
- Vous retardez le moment où je pourrai à nouveau vous toucher. Ou alors vous aimez me faire languir. 
- Non. 
- Il suffit de le demander, si vous voulez que je vous fatigue. 
Elle sentit les doigts d'Arthur se glisser vers son entrejambe. Elle retint son souffle. Arthur, lui, se pencha à son oreille. 
- On va essayer d'être discrets cette fois...entre Perceval et Eryn à côté... 
- Et Angharad... 
- Vous voulez dire celle qui vous a entendu crier un bon nombre de fois en Carmélide? 
Elle rougit violemment. Arthur aimait ramener ça sur le tapis dès qu'ils parlaient d'être discrets. 

Dans la salle d'à côté, Perceval observait Angharad bercer Eryn.
- Vous la trouvez pas adorable? 
- Si. 
Angharad déposa la petite dans son berceau, alors que Perceval l'observa s'asseoir à côté de lui. 
- Tout ça a été effrayant, Seigneur Perceval. 
- De s'occuper d'Eryn? 
- La tentative d'assassinat de la Reine. 
Elle vit le regard bleu de Perceval s'assombrir. 
- C'est des connards ceux qui ont fait ça. La Reine n'a fait de mal à personne.  
Elle acquiesça, se demandant s'il avait entendu la reine parler de tous les saxons qu'elle avait tué. Mais ce n'était pas l’œuvre des saxons. 
- Je ne laisserai rien arriver à leur fille. Arthur est aux aux petits soins pour sa femme, et s'il a besoin d'aide, je serai là. La preuve, ils me font confiance pour garder leur porte! 
- Vous vous êtes quand même pris une soufflante, avec tout le boucan que vous avez fait. 
- Comment je pouvais savoir moi qu'ils entendraient tout?! 


Arthur laissa glisser sa main sur les hanches de Guenièvre, frôler son ventre. Elle respirait vite, il voyait dans le regard de sa femme une envie qu'elle ne voulait même plus cacher. Il commença à embrasser ses lèvres, jusqu'à ce qu'il frôle sa poitrine. ELle grimaça et lui retira les doigts. 
- Pas ici. C'est douloureux. Les montées de lait... 
Il laissa échapper un grognement, avant de l'embrasser de façon plus appuyée. Il la força à s'allonger. Il se pencha pour l'embrasser à nouveau, alors qu'il appuyait sa prise sur ses hanches. 
- SIRE!! 
Arthur se redressa légèrement, pour pouvoir hausser le ton sans crier dans les oreilles de sa femme. 
- Plus tard ! 
- Sire, c'est important!! 
Il jeta un regard à Guenièvre. Il défaisait les boutons de la chemise de sa femme, ignorant la voix d'un de ses chevaliers. 
- Plus important que ma femme... 
Il se pencha un peu plus vers elle, pour s'engouffrer dans son cou. 
- Sire, on a trouvé la piste de Loth d'Orcanie! 
Cette fois, l'annonce eut l'effet escompté. Arthur s'arrêta net. 
- ...excusez-moi. Je dois y aller. 
- ...Quoi?
Guenièvre le regardait, incrédule. Elle était à moitié nue, la chemise ouverte, avec lui au-dessus d'elle, et il allait partir. 
- Donnez-moi quelques minutes, faites sceller les chevaux !
Il recula et se redressa. Guenièvre rattacha de son mieux sa chemise. 
- Attendez-moi. J'arrive. 
- Non. 
Elle vit Arthur replacer ses vêtements. Il lui tournait le dos. Elle sentait sa colère, sa haine. 
- Je reviens dès que je me serai occupé de ça. 
Il commença à s'éloigner du lit. Guenièvre saisit sa canne pour sortir du lit. Trop vite. Encore une fois. Sa canne glissa sur la pierre. La seule chose qui l'empêcha de s'effondrer à nouveau au sol fut l'étreinte de son mari, qui s'était retourné pour la rattraper. 
- Ne vous mêlez pas de ça. S'il vous plaît. 
Le regard d’Arthur était plus noir qu'à son habitude. Quelque chose n'allait pas. 
- Dites-moi ce qui se passe. Dites-moi pourquoi il est si important de le retrouver. 
Arthur recula Guenièvre jusqu'à l'asseoir sur le lit. 
- Je vous interdit de bouger de la chambre. Je vais demander à Perceval et Angharad de veiller sur Eryn et vous. Mais tant que je ne suis pas revenu, vous ne bougez pas d'ici. 
- Expliquez-vous! Je peux vous écouter! 
Arthur voyait le regard de sa femme. Et il savait à quel point sa plaie lui posait soucis. A quel point elle était fatiguée, et à quel point elle se battait, chaque seconde, pour tenter de retrouver sa place auprès de lui. Une place qu'elle n'avait jamais perdu. 
- Je ne répondrai qu'à une seule question avant de partir. Alors choisissez-la bien. 
Guenièvre essaya de scruter son regard, espérant trouver des réponses. Elle n'avait rien qui venait. 
- ...je vous en parlerai quand on l'aura eu. 
Il s'apprêtait à sortir, quand la voix de Guenièvre retrouva le chemin de ses lèvres. 
- Vous reviendrez, hein? Vous me promettez
Il se tourna vers elle et s'approcha, assez pour l'embrasser passionnément. 
- Vous posez des questions stupides. 
- Promettez-le-moi. 
- C'est promis. 
- Attendez. Juste...juste...
- Je n'ai pas le temps. 
Elle lui tendit une petite boite en métal. 
- Ne l'ouvrez pas. Gardez-la juste avec vous, d'accord? 
- ...d'accord. 
Il sorti de la chambre. Guenièvre serra le poing, ravalant les larmes qui menaçaient. Il lui avait promis. 


Arthur avait suivi ses soldats. Ils lui avaient expliqué où avait été aperçu l'ancien roi d'Orcanie. Arthur avait donné ses ordres. L'homme n'avait pas été difficile à capturer. Privé de ses soldats, de sa femme, il n'était pas plus qu'un orateur. 
Heureusement, un des soldats lui avait attrapé les poignets et attaché dans le dos avant qu'il ne tente d'utiliser son sort. 
Arthur était resté dans l'ombre. Il ne voulait pas que Loth l'aperçoive. Pas pour le moment. Alors il avait gardé son capuchon, et avait suivi le cortège. 
Il écoutait Loth tenter de discuter avec les gardes, avec Léodagan. 
- Je vous assure, Seigneur Léodagan, qu'il y a méprise. Comme dit l'adage, Aut nunc, aut numquam. Ce qui veut dire : maintenant ou jamais. 
Un éclair frappa le cheval derrière Loth, qui créa une cohue. Léodagan fut désarçonné, et Loth commença à fuir à travers bois. Jusqu'à ce qu'un homme de l'agrippe, le faisant tomber. Loth essaya de lancer un sort, avant qu'une épée fumante ne se pose sur sa gorge. 
- Je vous déconseille d'essayer ça. 
- Ah, c'est vous Sire... 
- Lui-même. 
- Je ne faisais que passer vous savez. Pas besoin de... 
- Ne dites pas un mot de plus. 
- C'est vous le chef. 
Il se tut. Arthur attendait que les gardes ne les trouvent. Ou alors, il attendait que Loth n'ouvre à nouveau la bouche. 
- SIRE!! 
Il vit les doigts de Loth bouger légèrement. Il appuya sa lame un peu plus fort sur sa gorge. 
- Ne me tentez pas. 
Les doigts se relâchèrent. Deux soldats saisirent les épaules de Loth, alors qu'Arthur se relevait. 
- Ne lui laissez aucun instant sans surveillance. 
- Sire, vous n'avez donc pas la moindre confiance en moi? 
- Je n'ai plus aucune confiance en vous, Loth. 
Ils firent le trajet jusqu'en Carmélide. Arthur voulait discuter dans les geôles de son beau-père. Pas question d'avoir ce fou furieux dans les prisons de Kaamelott, près de sa famille. 

Loth le regardait, les mains enchaînées, assis à une table d'interrogatoire. Arthur avait demandé à être seul avec lui. 
- Vous allez pouvoir me parler un peu Loth. Vous avez des choses à me raconter. 
- J'ai essayé de faire profil bas. Je me suis fait chasser d'Orcanie, le temps de m'organiser...
- ça fait plus d'un an que je vous ai banni des Terres de Logres. Et vous êtes encore là. 
- Un an...vous savez, c'est difficile de repartir de zéro. Sans compter que votre sœur m'en a fait baver. 
- Vous avez des choses à me dire sur vos dernières implications dans un putsch? 
- Je n'ai rien tenté contre vous! Je n'ai plus les moyens. 
- Et contre ma femme? 
- Laquelle? Parce qu'aux dernières nouvelles.... 
Arthur lui lança un regard noir. Loth fut ravi de sa réponse. 
- Je n'ai pas tout suivi. La dernière nouvelle que j'avais eu, c'était la fille de Léodagan, mais vous avez pu en changer en dix ans. 
- Oui, je vous parle de Guenièvre. 
Loth pris quelques instants pour réfléchir. 
- Si j'en crois les rumeurs, elle était enceinte. Est-ce qu'elle s'en est bien sortie? 
Le sourire de Loth le rendait malade. Il vit ses doigts se rapprocher, des éclairs commencer à sortir. Il plaqua la main de Loth sur le bois, avant de lui casser un doigt. 
- Je peux vous casser les doigts un.par.un. Si vous recommencez à essayer de lancer un sort, ou à faire semblant de ne pas comprendre ce que je vous dit. 
- Aliquis non debet esse judex... Nul de peut être juge... 
Arthur cassa un second doigt de Loth, lui grimaça, retenant un cri. 
- Audi, vide, tace si vis vivere
Loth lança un regard surpris à Arthur.
- J'ai été élevé à Rome. Bien sûr qu'on m'a enseigné de latin. Maintenant, expliquez-moi pourquoi vous vous en êtes pris à elle. 
Loth recula, s'étirant le dos avec ce petit sourire qui ne le quittait que rarement. 
- Vu que je suis toujours en vie, vous n'avez pas d'informations. Je ne vois pas pourquoi je vous dirai tout ce que je sais. 
- Les femmes ont parlé. 
- Pardon? 
- Les femmes que vous avez engagé ont avoué. Elles vous ont désigné comme commanditaire du meurtre de Guenièvre. 
Loth se mit à rire. 
- Ces femmes sont admirables, mais n'ont aucune morale! Ne trouvez-vous pas ça superbe, comme plan? S'attaquer à une femme en plein accouchement! Vil, abject, comme mes plans. 
Loth se congratulait de ses actes barbares. 
- J'imagine que votre femme n'était pas encore morte, vu comme vous en parlez. 
- Elle est en vie, en effet. 
- En tout cas quand vous êtes parti. 
Arthur se redressa à son tour sur sa chaise. Loth avait l'air beaucoup trop joyeux pour que ce soit bon signe. 
- Vous pensez vraiment que moi, j'aurai pu prendre cette décision? Trouver les femmes seul? C'est un milieu de femmes. Et votre sœur est tellement plus habile que moi pour ce genre de choses. 
- Vous insinuez quoi ? 
- Je ne sais pas. Que vous m'avez capturé moi, mais que ma femme se trouve peut-être en ce moment-même dans votre forteresse. Qu'elle a peut-être déjà trouvé votre épouse. 
Arthur se leva d'un bond. Il fallait qu'il reparte. Qu'il récupère Guenièvre. Qu'il s'assure qu'elle aille bien. 
Il entendit Loth continuer de baratiner en latin, mais il n'était plus le centre de ses pensées. 
Il avait promis à Guenièvre de rentrer. Il devait la retrouver. 
- Un cheval! Maintenant! 
Léodagan suivit son genre, sans comprendre ce qui se passait, avant de le voir disparaître. Jamais Arthur n'avait poussé un cheval aussi vite, il semblait avoir la mort aux trousses. 

A peine aux portes du château, il se précipita vers la chambre de la Reine. Les gardes gisaient au sol. Il entra dans la chambre, pour voir sa demi-sœur au sol, inconsciente. 
- ...Guenièvre? 
Pas de réponse. Il s'approcha d'Anna, pour voir, un demi mère plus loin, Guenièvre,  elle aussi étendue au sol, près du lit. 
- Guenièvre!! 
Il passa sa main à son poignet. Il ne sentait rien. Il appuya sur son cou, frénétiquement. Enfin, un battement faible se fit sentir. La porte claqua contre le mur, et Arthur sorti son épée. Merlin et Perceval étaient face à lui. 
- Vous êtes revenu ?! 
- Restez où vous êtes Merlin. C'est peut-être encore une ruse. 
- Quoi?! On a pas le temps, il faut soigner la Reine! 
Perceval sorti son épée à son tour. Il était sérieux. 
- Si c'est vous Sire, reculez. Jusqu'à ce que Merlin puisse atteindre la Reine. Sans geste brusque. 
Arthur hésita, mais recula. Perceval accompagna Merlin jusque devant la Reine. 
- ...C'est bien vous, Sire? 
- Oui, c'est moi! Vous le voyez bien! 
- Mes yeux peuvent me tromper. 
Il avait rarement vu Perceval aussi sérieux. Sortir son épée n'était pas non plus dans ses habitudes. 
- le Roi Arthur sait comment je surnomme sa fille. 
- Vous l'avez appelé seren. 
- ça, c'est le nom que le roi lui donne. 
Il s'arrêta, pour regarder Perceval. Il souffla enfin. 
- Une patate. 
Le regard de Perceval s'illumina. Il recula d'un pas. 
- Bordel, j'ai cru que c'était encore votre tarée de sœur et ses poudres bizarres... 
Il tourna la tête vers la femme étendue sur les pierres. 
- Qu'est-ce qui s'est passé?! ...Merlin! 
Il se précipita vers sa femme. Merlin observait la plaie. 
- Elle n'a pas subi de blessures graves. Votre sœur l'a sous-estimé. Elle la pensait à l'article de la mort. 
- ...où est Eryn?! 
Perceval frappa sur une armoire. 
- Vous en faites pas Sire. Elle est en lieu sûr. 
Il ouvrit l'armoire, pour ne trouver que des vêtements. Perceval lui fit signe. Ce n'était pas l'armoire qui abritait sa fille. Angharad était sous le lit, tenant fermement la main de Guenièvre dans la sienne. Eryn était contre elle. 
- ...Arthur... 
Il se précipita devant sa femme. Elle l'observa, lâchant un petit sourire. 
- Vous êtes revenu... 
- A quel prix... 
Elle secoua la tête. 
- Je n'ai que des coupures. Mais j'ai peut-être tué votre sœur. 
Arthur saisit sa femme, et la déposa sur le lit. Elle avait des blessures superficielles sur les bras. A côté de sa demi-sœur se trouvait encore son couteau courbe. Celui avec lequel elle avait voulu l'égorger il y a des années. 
- Si elle n'est pas encore morte, elle sera pendue sous peu. 
Guenièvre déglutit. Arthur s'approcha, pour voir les yeux vides de sa demi-sœur. Il n'y avait pas de sang, mais la lutte avait été acharnée. Il se pencha pour sentir son pouls. Angharad sorti de sous le lit, aidée par Perceval. 
- Et vous, vous étiez où?! 
- ...seigneur Perceval a fait croire qu'il s'enfuyait avec Eryn, pendant qu'Angharad se cachait sous le lit. Quand il est revenu, votre sœur avait commencé à m'attaquer. ...elle s'est tournée vers lui, et j'ai pu frapper avec la canne. 
Elle retient un haut-le-cœur. 
- Elle...elle disait que me tuer vous briserait. Qu’elle n'aurait qu'à observer votre chute. 
Arthur agrippa fort sa femme pour la coller à lui. 
- ...c'est eux, qui avaient organisé ça? 
- Oui. Et elle avait prévu un second plan. 
Arthur observait sa demi-sœur, et la canne qu'avait utilisé Guenièvre pour se défendre. La canne d'Ygerne, à présent brisée en deux. Il n'avait aucune idée de comment il annoncerait ça à sa mère. 
- Vous avez perdu connaissance? 
- Après elle. J'ai fini par m'effondrer. Et...Angharad m'a tenu la main pour éviter qu'on me confonde avec elle. 
Angharad tremblait. Arthur s'approcha pour récupérer la petite, et Perceval pris sa femme dans ses bras pour la calmer. Celle-ci fondit en larmes. 
- J'ai cru que madame allait mourir! ...pardonnez-moi... 
- Tout va bien. Calmez-vous. 
Guenièvre essaya de sourire à Arthur. 
- Quand je vous disais que j'étais en état de marcher... 
Elle se frottait la jambe. Elle s'était fait mal, clairement. Mais elle allait bien. Merlin lui avait assuré que rien ne s'était rouvert. 
- Je discuterai avec ma mère dès demain. En attendant, je fais transférer cette femme dans les prisons, sous bonne garde. Près de son mari, histoire qu'elle profite. 
Léodagan avait été mis au courant de l'histoire dès que les gardes avaient amené Anna dans ses geôles. Elle n'avait pas repris connaissance, mais il ne prendrait pas le risque. Elle avait été attachée étroitement, assez près pour qu'elle et Loth puissent se voir quand elle se réveillerai. 

 

Notes:

Audi, vide, tace si vis vivere. « Écoute, observe et tais-toi, si tu veux vivre. »

Je sors ce chapitre juste avant d'aller dormir, et je pars pour deux jours, donc pas d'écriture pendant ce temps !
J'ai écrit à partir du moment où on parle de Loth jusqu'à la fin quasiment d'une traite.
Du coup, si vous le trouvez brouillon, c'est possible, et je vous présente mes excuses 🙇♀️

J'aurai pu détailler plus, mais me rappeler du latin...brr... ça fait froid dans le dos.
Et pour moi, le roi Loth n'est qu'un pantin aux ordres d'Anna.
Il n'aurait pas pu organiser quelque chose comme ça tout seul.
J'aurai peut-être des idées pendant le trajet, mais là j'avoue être épuisée.
(j'aurai peut-être dû couper le passage avec Anna... ça aurait fait une bonne fin de chapitre, mais je ne voulais pas laisser le chapitre en plan, je sais que je n'aurai pas réussi à relancer avec Anna.)
Peut-être un prochain chapitre avec plus d'explications, je réfléchirai à ça. S'il y a besoin.
N'hésitez pas à demander si vous voulez plus de détails ou une scène plus détaillée.

Yumeka

Chapter 32: Un an

Summary:

Un an s'est écoulé depuis la naissance de leur fille.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Presque un an s'était écoulé depuis la naissance d'Eryn. 
Arthur avait repris ses activités principales. S'occuper de la quête du Graal. Materner ses chevaliers comme il devait le faire pour les voir avancer. 
Il avait aussi appris à déléguer. 
La plupart du temps malgré tout, il se gardait des journées entières sans voir ses chevaliers, sans s'occuper du Graal. 
Parce que son Graal, il l'avait trouvé. 
Sa petite Eryn, qui était à présent la bête noire des nourrices. Elle crapahutait, à quatre pattes, certes, mais elle était rapide. 
La petite avait réussi à rendre folle d'inquiétudes déjà quatre ou cinq nourrices. Il fallait avouer que perdre la fille du Roi valait toute l'angoisse du monde. 

Eryn était un véritable rayon de soleil dans la vie d'Arthur. Son sourire, son rire...
Le rire d'Eryn était une mélodie à ses oreilles. Quand elle s'agrippait à ses cheveux, à ses habits, il sentait une bouffée d'amour l'envahir. Ce petit être pour qui il était le centre du monde, qui l'aimait sans attendre quoi que ce soit en retour, c'était ce qui le faisait avancer. Créer un monde pour sa fille. 

Il avait aussi sa femme. 
Arthur se demandait comment il avait fait pour vivre sans elle. Elle était tellement forte, tellement indispensable à sa vie. 
Elle lisait les traités qu'il ratifiait, elle posait les questions, elle s'intéressait. Même quand Arthur était trop fatigué pour répondre, elle lisait. Parfois, au matin, il voyait les notes de Guenièvre. Des pattes de mouches qu'il avait appris à déchiffrer. 

Alors oui, il avait enfin pris le temps de comprendre ce qu'il espérait réellement. Ce qu'il avait tant espéré, et dont il s'était privé lui-même. L'amour de Guenièvre. Sa moue renfrognée, son sourire doux. Il n'avait besoin que des deux femmes de sa vie pour avancer. 


Il y avait eu beaucoup de discussions, de débats après la capture de Loth. 
Ygerne avait demandé à récupérer sa fille. 
La discussion avait été houleuse. Arthur ne voulait pas prendre le moindre risque après ce qui s'était passé. 
Il s'était aussi disputé avec Guenièvre, lui interdisant de participer à la discussion avec Ygerne. Il ne voulait personne. Même s'il avait dû accepter la présence de Léodagan. Après tout, c'était ses geôles, et il avait menacé le roi d'exécuter sa demi-sœur s'il n'avait pas un droit de regard. 
- Je veux voir ma fille. 
Léodagan avait croisé ses bras. Il avait envie de parler, mais il se retenait pour Arthur. 
- Après ce qui s'est passé, je pense qu'il y a des choses à voir avant qu'on en arrive là. 
- J'ai entendu dire qu'elle avait subi un choc violent à la nuque. Comment va-t-elle? 
- Elle est encore en vie. 
Léodagan observait la mère d'Arthur avec un regard sombre. Guenièvre avait peut-être insisté pour qu'il ne soit pas trop agressif avec Ygerne, mais il n'était pas dans de bonnes dispositions. 
Savoir que sa fille avait échappé une nouvelle fois à une tentative d'assassinat le rendait furieux. 
Arthur avait au moins agi de façon intelligente. Casser les doigts de Loth pour l'empêcher de lancer des sorts. Partir sauver sa femme. 
Guenièvre n'avait pas parlé des coupures qu'Anna lui avait faites. Ce n'était pas plus utile que prudent. Elle savait qu'il serait déjà difficile de convaincre son père, alors donner un argument de plus pour aller dans son sens n'était pas une bonne idée. Elle lui en parlerait plus tard. 
- Par contre, elle est plus très fraîche, si c'est ce que vous demandez. 
Arthur jeta un regard noir, l'arrêtant dans sa phrase. 
- C'est pas faux non plus... disons que pour se défendre, Guenièvre a été un véritable ouragan. Entre sa fille et...
- J'aimerai qu'on n'en parle pas. Je voudrai juste récupérer ma fille. Elle restera enfermée à Tintagel, si un jour elle retrouve l'usage de son corps. 
Arthur esquissa une grimace. Sa demi-sœur avait été enfermée, attachée les premières heures. Jusqu'à ce qu'Elias ne passe la voir. Il avait fait venir une chaise à roulettes, et l'avait installé dessus. 
Bien sûr, elle était toujours attachée dessus. Mais elle ne bougeait pas. Elias était formel. Le cou sur la nuque avait abîmé ses nerfs, peut-être même son cerveau. 
Aucune réaction ne passait dans ses yeux quand quelqu'un s'approchait, quand Arthur passait, lui parlait. Pas plus quand Loth tentait une discussion. 
- Je voudrai récupérer ma fille, Seigneur Léodagan. Je pense que vous comprenez la situation précaire dans laquelle je me trouve. 
Ygerne ne quittait pas son visage glacial. 
- Je m'en tamponne les noyaux, de votre position. Vous allez récupérer votre traîtresse de fille et vous terrer dans votre trou jusqu'à ce qu'elle aille mieux, si jamais ça arrive! J'ai pas l'intention de laisser ma fille vivre dans l'angoisse qu'on essaie de la tuer, de tuer celui qu'elle aime, ou qu'on lui enlève sa fille! 
Arthur essayait vainement de faire taire son beau-père. Il appuyait là où ça faisait mal. Il s'attendait à voir sa mère se mettre à hurler, à menacer d'attaquer la Carmélide et de raser le château. Au lieu de ça, elle restait là, fixant Léodagan. 
- J'entends vos craintes. Ma fille ne sortira jamais plus de Tintagel. Je peux vous en faire le serment. 
- Et vous avez quoi à proposer pour vos dires? Votre parole n'est pas suffisante pour moi. 
- Ma vie. 
Arthur écarquilla les yeux. 
- Vous pouvez faire venir des éclaireurs, des espions quand bon vous semblera. Si ma fille est aperçue en dehors de l'enceinte du château, je vous céderai la juridiction de Tintagel, et si vous voulez m'exécuter pour traîtrise, je me laisserai faire. 
- Mère... 
- Votre beau-père a raison. J'aurai sans doute exécuté la personne qui aurait tenté de tuer ma fille si les rôles étaient inversés. 
Elle observa son fils. 
- Je ne pourrai plus venir vous voir. J'aurai aimé profiter de ma petite fille, mais je ne suis sans doute plus la bienvenue. Et j'aurai sans doute du mal à passer du temps avec votre épouse à présent. 
Arthur ne pouvait qu'acquiescer. Sa mère comprenait le geste de Guenièvre, mais elle ne pouvait pas l'accepter. Il se racla la gorge. 
- La demande de Guenièvre sur ce sujet était de vous autoriser à récupérer votre fille. 
Léodagan se tourna vivement vers lui, outré. 
- Vous lui avez demandé son avis?! 
- Non. Mais elle me l'a donné quand même. Et je vous rappelle que c'est elle que ça concerne. Si elle décide qu'elle peut vivre de cette façon, je lui fais confiance. 
Alors ils se déplacèrent vers le fond des geôles. Celles qui abritaient les pires brigands. Lancelot, Anna et Loth. 
- Et vous faites quoi pour votre gendre? 
- Vous pouvez le pendre. 
L'ancien roi d'Orcanie releva la tête. 
- Sympa la belle-mère. Vous pourriez au moins avoir un poil de compassion. 
Elle l'ignora. Elle se contenta de se pencher vers sa fille, lui touchant le visage. 
- Je suis désolée ma chère fille... si je vous avais trouvé un meilleur mari, vous auriez pu être heureuse. 
- Je vous entends hein. 
Ygerne se redressa , et saisit le dossier de la chaise à roulettes. 
- Me permettez-vous de partir de suite avec elle? Je ne supporte pas de la voir dans les geôles dans cet état. 
- Faites. 
- Non mais faut pas abuser non plus! C'est mes geôles! 
Il ralait pour la forme. Arthur avait vu à quel point l'état d'Anna le mettait mal à l'aise. 
- Barrez-vous avec elle. Et tenez-nous au courant de la moindre évolution. 
- Il sera fait selon vos désirs. 
Aucun des deux hommes n'avait jamais vu Ygerne aussi soumise. Elle ne voulait pas se battre. Récupérer sa fille était le seul but qu'elle s'était fixé. 

Quelques jours plus tard, Loth avait été pendu. Arthur avait assisté à la pendaison, comme il l'avait annoncé. C'était lui qui avait signé l'ordre. 
Pourtant, à ses côtés, Guenièvre n'était pas là. Tout le monde pensait que c'était parce qu'elle s'occupait d'Eryn. Ce n'était pas totalement faux. Guenièvre ne voulait juste pas voir ça. Elle savait qu'il fallait le faire. Pour l'exemple. Mais si elle pouvait ne pas le voir, elle s'en porterait mieux. 


A présent, tout ça était derrière eux. Guenièvre s'occupait de sa broderie en regardant Arthur courir après une petite tornade qui hurlait de rire dès qu'il la touchait. 
Elle avait repris le contrôle quasi total de son corps, en une année. Pourtant, certains jours, elle devait s'appuyer aux murs du château pour avancer. Sa jambe était restée plus faible. 
Arthur en profitait pour la porter dans ses bras. Elle se plaignait d'être un poids pour lui, et il lui rétorquait qu'il était obligé de se maintenir en forme pour ses caprices. 
Ils continuaient à se chamailler comme des enfants lorsque personne ne pouvait les observer. 
Arthur était possessif, c'était un jeune amoureux, mais il était hors de question qu'on le voie ainsi. Il n'y avait que sa femme qui avait droit de le voir sourire, d'entendre ses rires. 

Perceval s'était marié. 
Arthur s'était retrouvé en témoin tout comme Guenièvre. 
La scène était surréaliste. Perceval était comme un gamin, peut-être plus heureux d'avoir Arthur à ses côtés que d'épouser sa femme. Et pourtant, quand il tournait les yeux vers Angharad, on voyait à quel point il l'aimait. 
Au dîner, Perceval s'était avancé près du Roi. Ils avaient discuté un peu, jusqu'à ce que Perceval ne se penche un peu plus. 
- Vous pourriez pas me donner des conseils Sire? 
- Des conseils, je peux, après ça dépend pour quoi. 
- Pour que ma femme ai autant de plaisir que la vôtre. Parce qu'avec les cris qu'elle pousse... 
Arthur recracha sa bière par le nez, et se retourna vivement pour se nettoyer. Il était rouge, comme un adolescent qu'on a surpris à se découvrir pour la première fois. 
- ça va pas Sire? 
Il toussa un moment, puis essaya de retrouver sa consistance. 
- Vous...vous avez entendu la Reine? 
- Non, je me serai pas permis. C'est Angharad qui m'a raconté ça. Elle m'a demandé d'en parler à personne, mais vous, vous êtes pas personne. Et je me disais...que vous pourriez me donner des conseils. 
Il aurait étranglé Angharad. Et Perceval avec. Il regardait sa femme rire avec son ancienne servante. 
- Perceval, je ne vous donnerai qu'un seul conseil là-dessus, alors ouvrez bien vos esgourdes. 
Perceval s'approcha un peu plus du roi. Arthur pris une grande inspiration. 
- Prêtez toute votre attention à ses réactions. A ce qu'elle vous dit. Suivez ses indications si elle vous en donne. Et laissez-vous guider. 
Il buvait ses paroles. Il hocha la tête. 
- Donc, là, si j'ai envie d'aller embrasser ma femme...
- C'est à vous de voir mon petit père. Je suis pas dans votre tête. 
Perceval s'était relevé pour aller embrasser sa femme. Elle avait rougi, mais avait accepté avec plaisir ce geste. 


Arthur était heureux. Vraiment. 
Il ne savait pas si le bonheur durerait éternellement. Alors il en profitait tant que possible. 

Notes:

Je pense avoir raconté la plupart de ce que j'avais à raconter sur cette histoire.
J'hésite à la marquer en finie, et à lancer un autre "travail", où là ce serait surtout des passages sans vraiment de liens avec les autres.
(à la base, cette histoire était sensé n'être que ça)
Mais je suis nulle pour trouver des titres aux histoires, alors j'hésite.

(je me suis plongée dans l'histoire de TheHappyEgg (Un jour après l'autre) avant de finir mon chapitre, et j'ai aussi mes histoires persos que j'ai beaucoup (totalement) délaissée)
ça m'a donné envie d'écrire des petits chapitres.
ça sera sans doute mieux si je le faisais à part.
Peut-être...

Voici donc la fin de notre histoire, pour l'instant. Je pense que je pourrai toujours la remettre en route si j'ai d'autres choses à raconter, mais cet Arthur et cette Guenièvre ont assez vécu de péripéties pour avoir le droit d'être heureux sans moi qui leur mets des bâtons dans les roues.
Longue vie aux amoureux <3

(Et promis, un de mes prochains chapitres sera chaud. Y'a trop de tension avec tout ce que j'ai lu ces dernières heures!)

A bientôt j'espère,
Yumeka

PS : merci à vous de m'avoir suivie, ça m'a fait beaucoup de bien d'écrire, de reprendre un peu confiance dans mon écriture 💖💖

Notes:

ça fait longtemps que je n'ai pas écrit de fanfics, mais Kaamelott reste un énorme coup de coeur...