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Kaz Brekker n'était pas faible

Summary:

Kaz Brekker – ou Dirtyhands, comme l'appelaient les autres – régnait sur le Barrel. C'était une vérité indiscutable. Et personne n’allait oser le contredire ou l’affronter. Ou presque. Car dans l’ombre, certains rêvaient encore de sa chute. Surtout depuis la chute de Pekka Rollins.

Au-delà de Kaz Brekker lui même, tout le Barrel savait que personne ne devait toucher ses corbeaux. Inej Ghafa, Jesper Fahey et son compagnon Wylan Van Eck et même Nina Zenik et Matthias Helvar. Quiconque osait les approcher sans invitation risquait d’y laisser les doigts… ou la vie.. C’était une règle implicite à Ketterdam. Nul ne savait vraiment ce qui les liait. Mais ce lien, si discret soit-il, avait suffi à fissurer l’armure de Dirtyhands.

En public il était toujours froid, glacial même, provocateur et arrogant. Mais toute personne le connaissant un minimum, notamment les anciens de Ketterdam qui avaient vu Brekker construire sa réputation, voyait le changement. Ses gestes n’étaient plus seulement stratégiques. Ils devenaient instinctifs, presque émotionnels. Plus humains… et donc plus dangereux.

Chapter 1: Kaz

Chapter Text

Le Barrel pouvait bien s’écrouler, certaines choses restaient immuables. Comme les fins d’après-midi au manoir Van Eck, où la lumière dorée filtrait à travers les grandes vitres et les planchers grinçaient sous les pas des visiteurs — ou des intrus, selon Kaz.

Aujourd’hui, l’intrusion était volontaire. Et chaleureuse.

Dans le salon principal, un feu crépitait doucement dans la cheminée. Jesper, étalé de tout son long sur un canapé, la tête posée sur les cuisses de Wylan, agita paresseusement une main en direction d’Inej, qui venait de s’asseoir près d’eux avec une assiette de dattes et d’amandes.

— Si on m’avait dit un jour que je partagerais un plateau avec une ancienne acrobate, un ex-drüskelle, un génie des bombes, une grisha tueuse et Dirtyhands en personne, dit-il en étouffant un bâillement, je me serais sans doute endormi de joie.

— Tu l’as fait, répondit Kaz, assis raide dans un fauteuil, son manteau toujours sur les épaules comme si le confort était une faiblesse. Au moins, il était présent. Et Kaz considérait déjà cela comme un exploit. Surtout quand une tonne de contrats l'attendait au slat. 

Matthias était adossé au chambranle de la porte, les bras croisés, observant Nina d’un air amusé alors qu’elle tentait de convaincre Inej de goûter une nouvelle pâtisserie ravkanne.

— C’est fourré au miel. C’est quasiment un péché de ne pas y goûter, arguait-elle, la bouche pleine.

— Je n’ai jamais aimé les douceurs, murmura Inej, mais elle se pencha malgré tout pour croquer un morceau dans la main de Nina.

Kaz détourna brièvement les yeux. Il ne supportait pas quand les autres avaient l’air… heureux. Détendus. Il avait l’impression que le chaos se préparait toujours dans le dos du calme. Ou peut-être était-il trop simplement habitué à ne pas avoir de vie tranquille. 

Et comme pour lui donner raison, la porte d’entrée s’ouvrit brusquement avec un claquement sec.

Anika.

Essoufflée, les joues rougies par la course, elle s’arrêta net dans le hall, son regard parcourant les visages rassemblés dans le salon.

— Vous devez venir. Tout de suite.

Un silence tendu s’abattit.

— Une livraison vient d’arriver au port quatre, annonça-t-elle, le souffle court. Pour les Black Tips. Et ce n’était pas… normal. Du tout.